Texte intégral
L'Afrique pose un problème majeur au monde d'aujourd'hui.
- Vieille terre de civilisation, elle est frappée par la disette, les maladies, les guerres, voire le génocide comme au Rwanda. Le développement y est insuffisant et la démocratie doit y être confortée.
- Les Africains, qui étaient une centaine de millions en 1900, sont aujourd'hui plus de 600 millions et la population du continent aura doublé dans moins de 30 ans.
- Cette situation exige des grands pays industrialisés un effort majeur de solidarité.
- D'abord pour des raisons morales : nous ne pourrons pas longtemps prétendre défendre les Droits de l'Homme, la démocratie, qui implique l'égalité des droits et l'égalité des chances, et laisser dériver des centaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants vers une misère croissante.
- Pour des raisons politiques et économiques ensuite : il va de soi que si nous ne créons pas en Afrique les conditions du développement, nous ne fixerons pas les populations qui n'auront d'autres ressources que d'émigrer massivement vers les pays considérés comme riches.
- Face à cette situation nous constatons une forte tendance au désengagement des pays industrialisés par rapport aux exigences du développement des pays pauvres et notamment de l'Afrique.
-En témoignent les difficultés rencontrées récemment pour reconstituer les ressources de l'Association internationale pour le Développement (AID) ou pour fixer le montant du 8ème Fonds européen de Développement (FED).
- "L'Afrique sera-t-elle terre de confusion ou de raison, de misère ou de prospérité, de servitude ou de liberté" ? Cette interrogation formulée par le Général de Gaulle en 1961 reste d'actualité.
- La France quant à elle croit à l'avenir de l'Afrique, elle croit au développement de ce continent, elle croit qu'il peut avoir demain une place importante dans le monde. Elle entend apporter sa contribution à ce grand dessein.
Pour commencer, le monde a besoin d'entendre, et la France a besoin de dire quelques vérités positives :
- Depuis quelques années, nombreux sont les pays qui ont consenti de réels efforts, au plan intérieur ou dans le domaine international, pour s'intégrer dans le concert des nations : une vie démocratique est apparue, perfectible sans doute, comme d'ailleurs dans tous les pays du monde, mais qui prend chaque jour ses marques et s'inscrit dans un paysage aux contours nouveaux ; de multiples partis politiques sont nés ; une place est reconnue aux oppositions ; une presse parfois exubérante accompagne cette évolution ; une attention plus grande est portée aux droits des personnes : l'état de droit est en chemin.
- Des progrès sont faits dans le domaine de la gestion économique et financière : la nécessité de l'ajustement est mieux perçue, des rééquilibrages sont engagés pour réduire les charges improductives, les gaspillages, les évasions diverses, et pour concentrer les ressources sur les secteurs essentiels de la vie nationale. Un effort méritoire a été fait par les pays de la zone franc pour accompagner la dévaluation du france CFA décidée en janvier 1994.
- La dimension sociale du développement est mieux prise en compte, et les vraies interrogations apparaissent. Sur l'urbanisation incontrôlée, avec l'accroissement corrélatif des "maux de la ville" : destructuration de la cellule familiale, délinquance, drogue, prostitution. Sur les immenses problèmes de l'éducation et de la formation, de la santé publique.
- Ces premiers acquis, ces efforts, ces prises de conscience, la France les observe avec satisfaction.
- Ces acquis ont besoin d'être consolidés, d'abord par l'action des Africains eux-mêmes, ensuite par un effort international accru.
- L'Afrique aspire à la stabilité, après des décennies marquées par les crises économiques, les désordres politiques, les conflits. La stabilité, c'est l'Etat de droit, c'est la bonne gestion des ressources, c'est aussi la paix extérieure, qui passe par la coopération régionale et la diplomatie préventive. La France veut y contribuer.
- La stabilité passe par la poursuite des efforts vers une démocratie équilibrée où la légitimité politique est le fruit du débat et de la consultation de la population ; où l'opposition voit sa place et ses droits garantis dans les institutions publiques ; où progresse une justice efficace et indépendante ; où l'Etat de droit se renforce.
- Naturellement, chaque pays ira à sa manière et selon son rythme vers ces objectifs ; il n'existe aucun modèle universel - qui serait, du reste, réducteur des originalités culturelles -, mais il existe des valeurs universelles de référence.
- Nos partenaires trouveront la France à leur disposition pour les aider à atteindre ces objectifs.
- Le rétablissement des équilibres financiers, la bonne gestion, la transparence, la responsabilité constituent autant de conditions du développement. Il faut absolument, en Afrique comme dans les autres parties du monde en voie de développement, redonner à l'aide internationale, bilatérale ou multilatérale, sa vraie place et sa vraie raison d'être, celle d'un complément, et non le fondement essentiel d'une politique économique.
Tous les pays se soumettent à des ajustements structurels et à des réformes économiques ; la France s'y engage aujourd'hui pour rétablir ses équilibres internes. C'est le devoir de chaque gouvernement.
- Les institutions financières internationales ne sont pas les ennemies des pays où elles opèrent. Elles négocient les termes d'accords permettant d'assurer, progressivement, le mieux-être des nations. Il y a des exigences incontournables et les gouvernements doivent les comprendre. Il y a aussi, parfois, des intransigeances maladroites : la négociation de programmes d'ajustement devrait, dans nombre de cas, parvenir à les atténuer.
- Le cadre régional est un vaste champ de progrès : il permet de développer des solidarités, accroît les espaces économiques, donne les dimensions nécessaires pour obtenir les meilleurs résultats en concentrant les moyens d'une politique. Les efforts d'intégration régionale, développés avec succès notamment en Afrique de l'ouest ainsi qu'en Afrique australe, et qui s'amorcent en Afrique centrale, doivent être soutenus.
- Il est enfin un terrain sur lequel des actions doivent être résolument, inlassablement, conduites en commun : celui de la diplomatie préventive, une idée neuve dont nos partenaires africains perçoivent l'intérêt. La paix est aussi une question de responsabilité collective : se concerter entre Etats, trouver, à temps, les éléments de solutions équilibrées, en définir les étapes, mettre en place des dispositifs de sécurité, avec des concours internationaux au besoin, c'est arracher les racines de la guerre.
- L'ONU est le forum privilégié de cette diplomatie préventive. Les Etats africains devraient y être plus présents et plus actifs.
- Mais il faut aussi appuyer les efforts de l'Organisation de l'Unité africaine dont les débats se recentrent aujourd'hui autour des problèmes de la préservation de la paix. Les organisations sous-régionales pourraient en être d'utiles relais.
- La France, avec d'autres pays, et d'abord avec ceux de l'Union européenne, veut appuyer les efforts de ces diverses organisations, donner l'écho nécessaire à leurs positions, leur apporter des concours à sa mesure.
- C'est donc dans un projet marqué par la fidélité à ses amis de toujours, par l'ouverture vers les pays qui n'ont pas eu avec elle de liens tissés par l'histoire, par la modernité dans ses relations avec le continent, que la France entend inscrire sa politique africaine.
- Déjà, sous l'impulsion de son gouvernement, elle a mis en chantier la rénovation de ses outils de coopération, pour les rendre plus simples et plus efficaces.
- La France invite ses partenaires à partager avec elle cette ambition pour l'Afrique. Elle les invite à envisager son avenir avec confiance et à accroître leur engagement sur ce continent.
- Vieille terre de civilisation, elle est frappée par la disette, les maladies, les guerres, voire le génocide comme au Rwanda. Le développement y est insuffisant et la démocratie doit y être confortée.
- Les Africains, qui étaient une centaine de millions en 1900, sont aujourd'hui plus de 600 millions et la population du continent aura doublé dans moins de 30 ans.
- Cette situation exige des grands pays industrialisés un effort majeur de solidarité.
- D'abord pour des raisons morales : nous ne pourrons pas longtemps prétendre défendre les Droits de l'Homme, la démocratie, qui implique l'égalité des droits et l'égalité des chances, et laisser dériver des centaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants vers une misère croissante.
- Pour des raisons politiques et économiques ensuite : il va de soi que si nous ne créons pas en Afrique les conditions du développement, nous ne fixerons pas les populations qui n'auront d'autres ressources que d'émigrer massivement vers les pays considérés comme riches.
- Face à cette situation nous constatons une forte tendance au désengagement des pays industrialisés par rapport aux exigences du développement des pays pauvres et notamment de l'Afrique.
-En témoignent les difficultés rencontrées récemment pour reconstituer les ressources de l'Association internationale pour le Développement (AID) ou pour fixer le montant du 8ème Fonds européen de Développement (FED).
- "L'Afrique sera-t-elle terre de confusion ou de raison, de misère ou de prospérité, de servitude ou de liberté" ? Cette interrogation formulée par le Général de Gaulle en 1961 reste d'actualité.
- La France quant à elle croit à l'avenir de l'Afrique, elle croit au développement de ce continent, elle croit qu'il peut avoir demain une place importante dans le monde. Elle entend apporter sa contribution à ce grand dessein.
Pour commencer, le monde a besoin d'entendre, et la France a besoin de dire quelques vérités positives :
- Depuis quelques années, nombreux sont les pays qui ont consenti de réels efforts, au plan intérieur ou dans le domaine international, pour s'intégrer dans le concert des nations : une vie démocratique est apparue, perfectible sans doute, comme d'ailleurs dans tous les pays du monde, mais qui prend chaque jour ses marques et s'inscrit dans un paysage aux contours nouveaux ; de multiples partis politiques sont nés ; une place est reconnue aux oppositions ; une presse parfois exubérante accompagne cette évolution ; une attention plus grande est portée aux droits des personnes : l'état de droit est en chemin.
- Des progrès sont faits dans le domaine de la gestion économique et financière : la nécessité de l'ajustement est mieux perçue, des rééquilibrages sont engagés pour réduire les charges improductives, les gaspillages, les évasions diverses, et pour concentrer les ressources sur les secteurs essentiels de la vie nationale. Un effort méritoire a été fait par les pays de la zone franc pour accompagner la dévaluation du france CFA décidée en janvier 1994.
- La dimension sociale du développement est mieux prise en compte, et les vraies interrogations apparaissent. Sur l'urbanisation incontrôlée, avec l'accroissement corrélatif des "maux de la ville" : destructuration de la cellule familiale, délinquance, drogue, prostitution. Sur les immenses problèmes de l'éducation et de la formation, de la santé publique.
- Ces premiers acquis, ces efforts, ces prises de conscience, la France les observe avec satisfaction.
- Ces acquis ont besoin d'être consolidés, d'abord par l'action des Africains eux-mêmes, ensuite par un effort international accru.
- L'Afrique aspire à la stabilité, après des décennies marquées par les crises économiques, les désordres politiques, les conflits. La stabilité, c'est l'Etat de droit, c'est la bonne gestion des ressources, c'est aussi la paix extérieure, qui passe par la coopération régionale et la diplomatie préventive. La France veut y contribuer.
- La stabilité passe par la poursuite des efforts vers une démocratie équilibrée où la légitimité politique est le fruit du débat et de la consultation de la population ; où l'opposition voit sa place et ses droits garantis dans les institutions publiques ; où progresse une justice efficace et indépendante ; où l'Etat de droit se renforce.
- Naturellement, chaque pays ira à sa manière et selon son rythme vers ces objectifs ; il n'existe aucun modèle universel - qui serait, du reste, réducteur des originalités culturelles -, mais il existe des valeurs universelles de référence.
- Nos partenaires trouveront la France à leur disposition pour les aider à atteindre ces objectifs.
- Le rétablissement des équilibres financiers, la bonne gestion, la transparence, la responsabilité constituent autant de conditions du développement. Il faut absolument, en Afrique comme dans les autres parties du monde en voie de développement, redonner à l'aide internationale, bilatérale ou multilatérale, sa vraie place et sa vraie raison d'être, celle d'un complément, et non le fondement essentiel d'une politique économique.
Tous les pays se soumettent à des ajustements structurels et à des réformes économiques ; la France s'y engage aujourd'hui pour rétablir ses équilibres internes. C'est le devoir de chaque gouvernement.
- Les institutions financières internationales ne sont pas les ennemies des pays où elles opèrent. Elles négocient les termes d'accords permettant d'assurer, progressivement, le mieux-être des nations. Il y a des exigences incontournables et les gouvernements doivent les comprendre. Il y a aussi, parfois, des intransigeances maladroites : la négociation de programmes d'ajustement devrait, dans nombre de cas, parvenir à les atténuer.
- Le cadre régional est un vaste champ de progrès : il permet de développer des solidarités, accroît les espaces économiques, donne les dimensions nécessaires pour obtenir les meilleurs résultats en concentrant les moyens d'une politique. Les efforts d'intégration régionale, développés avec succès notamment en Afrique de l'ouest ainsi qu'en Afrique australe, et qui s'amorcent en Afrique centrale, doivent être soutenus.
- Il est enfin un terrain sur lequel des actions doivent être résolument, inlassablement, conduites en commun : celui de la diplomatie préventive, une idée neuve dont nos partenaires africains perçoivent l'intérêt. La paix est aussi une question de responsabilité collective : se concerter entre Etats, trouver, à temps, les éléments de solutions équilibrées, en définir les étapes, mettre en place des dispositifs de sécurité, avec des concours internationaux au besoin, c'est arracher les racines de la guerre.
- L'ONU est le forum privilégié de cette diplomatie préventive. Les Etats africains devraient y être plus présents et plus actifs.
- Mais il faut aussi appuyer les efforts de l'Organisation de l'Unité africaine dont les débats se recentrent aujourd'hui autour des problèmes de la préservation de la paix. Les organisations sous-régionales pourraient en être d'utiles relais.
- La France, avec d'autres pays, et d'abord avec ceux de l'Union européenne, veut appuyer les efforts de ces diverses organisations, donner l'écho nécessaire à leurs positions, leur apporter des concours à sa mesure.
- C'est donc dans un projet marqué par la fidélité à ses amis de toujours, par l'ouverture vers les pays qui n'ont pas eu avec elle de liens tissés par l'histoire, par la modernité dans ses relations avec le continent, que la France entend inscrire sa politique africaine.
- Déjà, sous l'impulsion de son gouvernement, elle a mis en chantier la rénovation de ses outils de coopération, pour les rendre plus simples et plus efficaces.
- La France invite ses partenaires à partager avec elle cette ambition pour l'Afrique. Elle les invite à envisager son avenir avec confiance et à accroître leur engagement sur ce continent.