Texte intégral
E. Martichoux - Les temps sont durs pour l'image du sport de haut niveau... On va commencer par cette incroyable affaire du patinage qui mélange médaille d'or, mafia russe, écoutes téléphoniques... Se contenter de dire que "c'est rocambolesque", "c'est ridicule", comme l'ont fait hier D. Gailhaguet et les deux grands champions français, n'est-ce pas un peu léger quand même ?
- "Avant de parler de ce dossier, il faut rappeler ce qu'est la danse sur glace : c'est avant tout la prédominance du jugement artistique sur le jugement athlétique. Alors évidemment, cela permet un certain nombre de luttes d'intérêts, d'influence. On l'a vu et on l'a entendu ces dernières années, où de nombreux patineurs se sont plaints de l'organisation de blocs de tels pays contre d'autres pays, sans véritablement pouvoir avancer des preuves. Mais en tout cas, cette impression qu'on choisissait avant ou qu'on hiérarchisait les couples avant même que la compétition ne commence. D'ailleurs, le Comité international olympique et la Fédération internationale de danse sur glace ont tenté d'apporter un certain nombre de réponses. Encore faut-il que ces réponses soient efficaces alors que la saison va recommencer courant novembre-décembre, avec des compétitions internationales. Les faits, aujourd'hui, sont des faits extrêmement graves, en tout cas les informations qui nous arrivent. Pour ce qui me concerne, qu'il ne m'appartient pas d'improviser des commentaires sur cette affaire. Mais véritablement, si la danse sur glace n'arrive pas à mettre plus de transparence dans son jugement, je crois que c'est une discipline qui est amenée à disparaître des programmes des grandes compétitions internationales."
Parce qu'il y a une telle subjectivité pour juger cette épreuve, c'est vrai, vous le disiez... Cela fait des années quand même que le soupçon pèse sur cette discipline olympique...
- "Oui, que l'interprétation est sujette à..."
...que si on ne change pas les règles, vous dites qu'elle va mourir ?
- "Voilà, que l'interprétation est sujette à caution. J'ai donné un exemple : c'est comme si on demandait à P. Dupont d'intégrer le programme olympique et de nous faire des entrechats et de participer au programme. On voit bien la difficulté du jugement. Donc, si on n'amène pas beaucoup de transparence dans cette logique du jugement, je crois que malheureusement, le travail effectué par ces champions et par leurs entraîneurs est voué à l'échec."
C'est au CIO de régler cette affaire, cet arbitrage ?
- "C'est au CIO et aussi à la Fédération internationale."
Pour revenir sur l'affaire qui nous occupe, concernant quand même - et l'enjeu n'est pas mince - une médaille d'or française, est-ce que vous connaissiez monsieur Tokhtakhounov ?
- "Non, je ne le connais pas. Simplement, ce que je sais, c'est que cette personne est peu recommandable."
C'est-à-dire "peu recommandable" ? Est-ce que les services français ont eu affaire à lui ?
- "En tout cas, il suffit de lire la presse pour voir que cette personne était peu recommandable et qu'il ne fallait pas s'en approcher."
Mais vous, en tant que champion olympique - évidemment, je ne vous mets pas en cause personnellement -, mais dans les milieux olympiques, vous n'avez pas entendu parler de sa présence ?
- "Non, jamais."
Quelque chose donc ne tourne plus rond dans le patinage, vous le disiez. Que feriez-vous au niveau de votre responsabilité ministérielle en France pour secouer le cocotier du CIO ?
- "Le cocotier du CIO s'est secoué lui-même puisque J. Rogge, le président du CIO, a demandé une enquête au travers du Comité olympique français - le COF. Une enquête qui va, malheureusement, avoir du mal à aboutir puisque le COF n'a que peu d'éléments à sa disposition, si ce n'est d'entendre le président de la Fédération et les athlètes eux-mêmes. Encore une fois, il faut laisser maintenant la justice faire son travail, que ce soit au niveau italien, au niveau américain. Et puis voir la véracité des faits qui sont avancés."
S'agissant de D. Gailhaguet, le président de la Fédération française des sports de glace, qui est exclu par la Fédération internationale, il n'y a pas quand même - et là encore, on parle de l'image de ce sport - un problème d'image, puisqu'il incarne aujourd'hui... ?
- "D. Gailhaguet a été réélu à la Fédération française des sports de glace, il y a quelques semaines. Encore une fois, je pense que les membres de la Fédération ont choisi leur président et ont donc décidé qu'il continue sa mission au sein de la Fédération. Au-delà de ce problème de la Fédération française des sports de glace, je crois que c'est plutôt une réflexion sur le modèle fédéral qu'il nous importe de lancer. D'ailleurs, dans le cadre des états généraux du sport que je vais mettre en place dès le début de septembre, en relation étroite..."
C'est votre grand chantier de l'automne ?
- "...Oui, c'est le grand chantier de l'automne. Il sera d'ailleurs fait en partenariat avec le mouvement sportif. Et la réflexion va porter sur le modèle fédéral."
Et notamment sur le mode de désignation puisque vous venez de dire que D. Gailhaguet a été réélu président de la Fédération. Là encore, vous voulez peut-être changer un peu les règles, non ?
- "L'idée c'est surtout de voir si le président d'une fédération, qui est un bénévole - il faut bien le rappeler -, et qui donc consacre le temps qu'il lui reste, son temps de libre, à la gestion d'une fédération, si ce système est encore adaptable à la problématique économique de la gestion d'une fédération aujourd'hui, qui représente soit des chiffres d'affaires importants, soit à gérer un nombre de licenciés importants. Est-ce que là, encore une fois, le positionnement de l'équipe dirigeante est compatible avec un environnement économique réglementaire de gestion, d'un nombre de licenciés important, est en adéquation avec cette capacité d'offrir une partie de son temps à la gestion de la Fédé."
C'est une des questions qui sera posée cet automne, au cours des états généraux qui vont réunir tous les acteurs du sport pendant trois mois. On va évidemment parler de l'affaire Rumsas. G. Cahour disait que l'épouse du champion vient de passer une nouvelle nuit en prison ; Rumsas ne veut pas venir en France. Vous n'êtes pas un peu troublé que celui qui est monté sur la troisième marche du podium refuse de venir s'expliquer ?
- "Il faudra qu'il vienne ou qu'on aille le voir. Il va falloir qu'il s'exprime rapidement sur ce que les douaniers ont trouvé dans les valises de son épouse. Ce serait plus simple puisqu'il a donné quelques explications sur le sujet. Ce serait bien qu'il le dise à la police et qu'on en sache plus là-dessus."
On est frappé par un contraste une nouvelle fois, c'est que le Tour a été déclaré propre officiellement. Il n'y a eu que des tests négatifs au cours de la compétition. Et comme en 1998, comme pour l'affaire Festina, c'est la police - les douanes en l'occurrence - qui révèle le soupçon de dopage.
- "Tout à fait. Cela démontre bien que la lutte contre le dopage, ce sont trois éléments, mais trois éléments complémentaires. Le premier, c'est ce qu'on appelle "le suivi médical". En résumé, on suit un athlète tout au long de sa préparation, tout au long de l'année, par des contrôles réguliers."
Mais pas suffisamment semble-t-il ?
- "Il y a trois ou quatre contrôles."
On dit que ce serait l'arme absolue de pouvoir contrôler chez lui le champion.
- "Ce n'est pas un contrôle, c'est un suivi. Ce n'est pas du tout pareil."
C'est savoir si sa santé est bonne ?
- "Voilà, c'est surtout un problème de préservation de la santé. En gros, on lui détermine un profil physiologique et on vérifie que ce profil soit toujours le même quelle que soit la quantité d'entraînement ou de compétition qu'il est capable de supporter. Le deuxième point, c'est le contrôle anti-dopage. Pendant les compétitions, ce sont des contrôles inopinés, [il y en a aussi] chez lui, sur son lieu d'entraînement, etc... C'est le deuxième volet. Et le troisième volet, c'est celui qu'on a vécu autrefois, c'est la répression du trafic des produits dopants. Là, il faut véritablement que l'ensemble des services - Intérieur, Finances puisque les douanes dépendent des Finances, Justice et Sport - travaillent ensemble. A ce propos, il se trouve que la loi sur la dopage comportait ce volet de coordination des services et qu'un décret devait être rédigé. Ce décret n'a pas été rédigé ; je m'engage à ce que, pour l'automne, ce décret soit pris et puisse donc déterminer une meilleure coordination des services. C'est un des éléments de la lutte anti-dopage."
Mais public est très attaché à la lutte anti-dopage. Les analyses médicales risquent d'avoir toujours du retard sur les produits ?
- "Oui et non. C'est le laboratoire de Châtenay qui a détecté l'EPO pour la première fois. Les progrès sont faits. Mais c'est vrai que c'est toujours cette course permanente contre le nouveau produit qui arrive sur le terrain. Mais cela passera avant tout et également par une éducation au niveau des gamins, de leurs parents, des éducateurs eux-mêmes, des formateurs. Le deuxième point le plus important, c'est une harmonisation au niveau mondial."
Là, c'est le maquis absolu ! On assiste à une guéguerre entre l'UCI - l'Union cycliste internationale - et l'Agence mondiale anti-dopage. Verbrugen claque la porte... Ce n'est pas sérieux !
- "Pour tout vous dire, cela ne fait vraiment pas sérieux, effectivement. Je suis vraiment engagé derrière l'AMAP - Agence mondiale anti-dopage - pour la rédaction du Code mondial anti-dopage, qui sera un peu la référence en termes de prescription et de liste de produits."
Ce sera un code unique qui s'appliquera à toutes les fédérations, toutes les disciplines ?
- "Et à tous les gouvernements ; c'est cela le plus important. C'est-à-dire que tout autant au niveau du mouvement sportif que du Gouvernement, ce code sera applicable. Normalement, il devrait sortir en avril 2003. Je compte vraiment à ce que l'ensemble du mouvement sportif et des gouvernements travaillent dans ce sens."
Vous avez suivi une étape du Tour et pour la première fois, des spectateurs insultaient certains coureurs en les traitant de "dopés".
- "Ils étaient peu nombreux quand même."
Oui, mais cela ne vous fait pas mal, vous qui êtes en charge de la morale publique en matière de sport ?
- "Si, justement. Il ne faut pas d'interprétation de ces listes et des prescriptions de ces produits. Il faut vraiment quelque chose de très clair."
Vous allez recevoir sans doute demain, comme tous les ministres, votre lettre-plafond qui définit votre budget pour 2003. On sait le Gouvernement a besoin d'économies : la Recherche devrait être réduite, on parle de l'Equipement. Et le Sport ?
- "Le Sport, d'après les premiers arbitrages, aura de quoi identifier un ministère des Sports à plein pour la première fois, alors qu'avant on avait un ministère de la Jeunesse et des Sports. Donc un ministère avec un budget qui lui permettra de s'engager sur un certain nombre de priorités : les états généraux du sport, et une des priorités qui était la lutte contre les incivilités et la violence dans les stades, avec, en partenariat avec le mouvement sportif, des actions fortes qui seront entre autres ciblées autour des arbitres."
Un qualificatif qui vous vient à l'esprit pour cette première phase de votre engagement au Gouvernement.
- "Quinze jours d'apesanteur qui m'ont surpris dans l'apprentissage de ce nouveau métier. Et après, beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de dynamique ; le Gouvernement a été vite en ordre de marche, le rythme des réformes a été important. Cette démarche, ce dynamisme a donné confiance aux Français dans ce Gouvernement."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 août 2002)
- "Avant de parler de ce dossier, il faut rappeler ce qu'est la danse sur glace : c'est avant tout la prédominance du jugement artistique sur le jugement athlétique. Alors évidemment, cela permet un certain nombre de luttes d'intérêts, d'influence. On l'a vu et on l'a entendu ces dernières années, où de nombreux patineurs se sont plaints de l'organisation de blocs de tels pays contre d'autres pays, sans véritablement pouvoir avancer des preuves. Mais en tout cas, cette impression qu'on choisissait avant ou qu'on hiérarchisait les couples avant même que la compétition ne commence. D'ailleurs, le Comité international olympique et la Fédération internationale de danse sur glace ont tenté d'apporter un certain nombre de réponses. Encore faut-il que ces réponses soient efficaces alors que la saison va recommencer courant novembre-décembre, avec des compétitions internationales. Les faits, aujourd'hui, sont des faits extrêmement graves, en tout cas les informations qui nous arrivent. Pour ce qui me concerne, qu'il ne m'appartient pas d'improviser des commentaires sur cette affaire. Mais véritablement, si la danse sur glace n'arrive pas à mettre plus de transparence dans son jugement, je crois que c'est une discipline qui est amenée à disparaître des programmes des grandes compétitions internationales."
Parce qu'il y a une telle subjectivité pour juger cette épreuve, c'est vrai, vous le disiez... Cela fait des années quand même que le soupçon pèse sur cette discipline olympique...
- "Oui, que l'interprétation est sujette à..."
...que si on ne change pas les règles, vous dites qu'elle va mourir ?
- "Voilà, que l'interprétation est sujette à caution. J'ai donné un exemple : c'est comme si on demandait à P. Dupont d'intégrer le programme olympique et de nous faire des entrechats et de participer au programme. On voit bien la difficulté du jugement. Donc, si on n'amène pas beaucoup de transparence dans cette logique du jugement, je crois que malheureusement, le travail effectué par ces champions et par leurs entraîneurs est voué à l'échec."
C'est au CIO de régler cette affaire, cet arbitrage ?
- "C'est au CIO et aussi à la Fédération internationale."
Pour revenir sur l'affaire qui nous occupe, concernant quand même - et l'enjeu n'est pas mince - une médaille d'or française, est-ce que vous connaissiez monsieur Tokhtakhounov ?
- "Non, je ne le connais pas. Simplement, ce que je sais, c'est que cette personne est peu recommandable."
C'est-à-dire "peu recommandable" ? Est-ce que les services français ont eu affaire à lui ?
- "En tout cas, il suffit de lire la presse pour voir que cette personne était peu recommandable et qu'il ne fallait pas s'en approcher."
Mais vous, en tant que champion olympique - évidemment, je ne vous mets pas en cause personnellement -, mais dans les milieux olympiques, vous n'avez pas entendu parler de sa présence ?
- "Non, jamais."
Quelque chose donc ne tourne plus rond dans le patinage, vous le disiez. Que feriez-vous au niveau de votre responsabilité ministérielle en France pour secouer le cocotier du CIO ?
- "Le cocotier du CIO s'est secoué lui-même puisque J. Rogge, le président du CIO, a demandé une enquête au travers du Comité olympique français - le COF. Une enquête qui va, malheureusement, avoir du mal à aboutir puisque le COF n'a que peu d'éléments à sa disposition, si ce n'est d'entendre le président de la Fédération et les athlètes eux-mêmes. Encore une fois, il faut laisser maintenant la justice faire son travail, que ce soit au niveau italien, au niveau américain. Et puis voir la véracité des faits qui sont avancés."
S'agissant de D. Gailhaguet, le président de la Fédération française des sports de glace, qui est exclu par la Fédération internationale, il n'y a pas quand même - et là encore, on parle de l'image de ce sport - un problème d'image, puisqu'il incarne aujourd'hui... ?
- "D. Gailhaguet a été réélu à la Fédération française des sports de glace, il y a quelques semaines. Encore une fois, je pense que les membres de la Fédération ont choisi leur président et ont donc décidé qu'il continue sa mission au sein de la Fédération. Au-delà de ce problème de la Fédération française des sports de glace, je crois que c'est plutôt une réflexion sur le modèle fédéral qu'il nous importe de lancer. D'ailleurs, dans le cadre des états généraux du sport que je vais mettre en place dès le début de septembre, en relation étroite..."
C'est votre grand chantier de l'automne ?
- "...Oui, c'est le grand chantier de l'automne. Il sera d'ailleurs fait en partenariat avec le mouvement sportif. Et la réflexion va porter sur le modèle fédéral."
Et notamment sur le mode de désignation puisque vous venez de dire que D. Gailhaguet a été réélu président de la Fédération. Là encore, vous voulez peut-être changer un peu les règles, non ?
- "L'idée c'est surtout de voir si le président d'une fédération, qui est un bénévole - il faut bien le rappeler -, et qui donc consacre le temps qu'il lui reste, son temps de libre, à la gestion d'une fédération, si ce système est encore adaptable à la problématique économique de la gestion d'une fédération aujourd'hui, qui représente soit des chiffres d'affaires importants, soit à gérer un nombre de licenciés importants. Est-ce que là, encore une fois, le positionnement de l'équipe dirigeante est compatible avec un environnement économique réglementaire de gestion, d'un nombre de licenciés important, est en adéquation avec cette capacité d'offrir une partie de son temps à la gestion de la Fédé."
C'est une des questions qui sera posée cet automne, au cours des états généraux qui vont réunir tous les acteurs du sport pendant trois mois. On va évidemment parler de l'affaire Rumsas. G. Cahour disait que l'épouse du champion vient de passer une nouvelle nuit en prison ; Rumsas ne veut pas venir en France. Vous n'êtes pas un peu troublé que celui qui est monté sur la troisième marche du podium refuse de venir s'expliquer ?
- "Il faudra qu'il vienne ou qu'on aille le voir. Il va falloir qu'il s'exprime rapidement sur ce que les douaniers ont trouvé dans les valises de son épouse. Ce serait plus simple puisqu'il a donné quelques explications sur le sujet. Ce serait bien qu'il le dise à la police et qu'on en sache plus là-dessus."
On est frappé par un contraste une nouvelle fois, c'est que le Tour a été déclaré propre officiellement. Il n'y a eu que des tests négatifs au cours de la compétition. Et comme en 1998, comme pour l'affaire Festina, c'est la police - les douanes en l'occurrence - qui révèle le soupçon de dopage.
- "Tout à fait. Cela démontre bien que la lutte contre le dopage, ce sont trois éléments, mais trois éléments complémentaires. Le premier, c'est ce qu'on appelle "le suivi médical". En résumé, on suit un athlète tout au long de sa préparation, tout au long de l'année, par des contrôles réguliers."
Mais pas suffisamment semble-t-il ?
- "Il y a trois ou quatre contrôles."
On dit que ce serait l'arme absolue de pouvoir contrôler chez lui le champion.
- "Ce n'est pas un contrôle, c'est un suivi. Ce n'est pas du tout pareil."
C'est savoir si sa santé est bonne ?
- "Voilà, c'est surtout un problème de préservation de la santé. En gros, on lui détermine un profil physiologique et on vérifie que ce profil soit toujours le même quelle que soit la quantité d'entraînement ou de compétition qu'il est capable de supporter. Le deuxième point, c'est le contrôle anti-dopage. Pendant les compétitions, ce sont des contrôles inopinés, [il y en a aussi] chez lui, sur son lieu d'entraînement, etc... C'est le deuxième volet. Et le troisième volet, c'est celui qu'on a vécu autrefois, c'est la répression du trafic des produits dopants. Là, il faut véritablement que l'ensemble des services - Intérieur, Finances puisque les douanes dépendent des Finances, Justice et Sport - travaillent ensemble. A ce propos, il se trouve que la loi sur la dopage comportait ce volet de coordination des services et qu'un décret devait être rédigé. Ce décret n'a pas été rédigé ; je m'engage à ce que, pour l'automne, ce décret soit pris et puisse donc déterminer une meilleure coordination des services. C'est un des éléments de la lutte anti-dopage."
Mais public est très attaché à la lutte anti-dopage. Les analyses médicales risquent d'avoir toujours du retard sur les produits ?
- "Oui et non. C'est le laboratoire de Châtenay qui a détecté l'EPO pour la première fois. Les progrès sont faits. Mais c'est vrai que c'est toujours cette course permanente contre le nouveau produit qui arrive sur le terrain. Mais cela passera avant tout et également par une éducation au niveau des gamins, de leurs parents, des éducateurs eux-mêmes, des formateurs. Le deuxième point le plus important, c'est une harmonisation au niveau mondial."
Là, c'est le maquis absolu ! On assiste à une guéguerre entre l'UCI - l'Union cycliste internationale - et l'Agence mondiale anti-dopage. Verbrugen claque la porte... Ce n'est pas sérieux !
- "Pour tout vous dire, cela ne fait vraiment pas sérieux, effectivement. Je suis vraiment engagé derrière l'AMAP - Agence mondiale anti-dopage - pour la rédaction du Code mondial anti-dopage, qui sera un peu la référence en termes de prescription et de liste de produits."
Ce sera un code unique qui s'appliquera à toutes les fédérations, toutes les disciplines ?
- "Et à tous les gouvernements ; c'est cela le plus important. C'est-à-dire que tout autant au niveau du mouvement sportif que du Gouvernement, ce code sera applicable. Normalement, il devrait sortir en avril 2003. Je compte vraiment à ce que l'ensemble du mouvement sportif et des gouvernements travaillent dans ce sens."
Vous avez suivi une étape du Tour et pour la première fois, des spectateurs insultaient certains coureurs en les traitant de "dopés".
- "Ils étaient peu nombreux quand même."
Oui, mais cela ne vous fait pas mal, vous qui êtes en charge de la morale publique en matière de sport ?
- "Si, justement. Il ne faut pas d'interprétation de ces listes et des prescriptions de ces produits. Il faut vraiment quelque chose de très clair."
Vous allez recevoir sans doute demain, comme tous les ministres, votre lettre-plafond qui définit votre budget pour 2003. On sait le Gouvernement a besoin d'économies : la Recherche devrait être réduite, on parle de l'Equipement. Et le Sport ?
- "Le Sport, d'après les premiers arbitrages, aura de quoi identifier un ministère des Sports à plein pour la première fois, alors qu'avant on avait un ministère de la Jeunesse et des Sports. Donc un ministère avec un budget qui lui permettra de s'engager sur un certain nombre de priorités : les états généraux du sport, et une des priorités qui était la lutte contre les incivilités et la violence dans les stades, avec, en partenariat avec le mouvement sportif, des actions fortes qui seront entre autres ciblées autour des arbitres."
Un qualificatif qui vous vient à l'esprit pour cette première phase de votre engagement au Gouvernement.
- "Quinze jours d'apesanteur qui m'ont surpris dans l'apprentissage de ce nouveau métier. Et après, beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de dynamique ; le Gouvernement a été vite en ordre de marche, le rythme des réformes a été important. Cette démarche, ce dynamisme a donné confiance aux Français dans ce Gouvernement."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 août 2002)