Texte intégral
R. Elkrief.- Une centaine de réfugiés se trouvent toujours dans l'église Saint-Pierre-Saint-Paul à Calais. Vous les évacuerez par la force s'ils ne la quittent pas ?
- "Non, je me plierai à la décision de l'Eglise."
Vous attendez qu'elle vous demande d'intervenir ?
- "Si l'Eglise me demande d'intervenir, nous interviendrons."
Dans une demi-heure, vous recevez les élus du Nord. Ils sont inquiets, ils ont le sentiment que c'est le même scénario qui se répète, qu'on fait un Sangatte Bis.
- "Non, absolument pas. D'abord, si vous me permettez juste un mot : qu'est-ce que c'est que Sangatte ? Sangatte est un hangar, dans lequel je me suis rendu deux fois, dans lequel depuis quatre ans, arrivent des milliers, voire des dizaines de milliers de réfugiés du bout du monde, avec une seule obsession : non pas rester en France, non pas demander le statut de réfugié politique en France, mais partir en Angleterre. Pourquoi ai-je pris la décision d'arrêter les nouveaux entrants ? Pour deux raisons. C'est que la semaine dernière, il s'est passé un événement très important : c'est qu'à la demande de la France, la Grande-Bretagne a bien voulu faire évoluer sa loi sur l'immigration. Pour faire simple, quelqu'un qui vient en Grande-Bretagne aujourd'hui, qui demande le statut de réfugié de politique, n'a plus un droit de travail automatique. Donc, la première raison, la plus forte, qui attirait dans le Calaisie, à Sangatte, ces malheureux venus du bout du monde, elle est terminée. Il y a une deuxième raison : c'est que pendant quatre ans, on a laissé prospérer, à l'intérieur même du hangar - vous entendez bien, à l'intérieur du hangar - des réseaux mafieux qui faisaient venir des malheureux, en leur extorquant le peu qu'ils avaient. Ces réseaux étaient au nombre de six, ils ont été éradiqués par l'action remarquable de la Police de l'air et des frontières française, en collaboration avec la police britannique. Que fallait-il que je fasse ? Que j'attende qu'ils se reconstituent ? Et enfin, troisième point, alors qu'il y a 1.800 personnes environ sous le hangar, nous avons distribué 5.000 cartes. Alors, il y a eu une petite polémique : pourquoi ai-je recensé les gens ? Savez-vous qu'en quatre ans, on ne s'était même pas donné la peine de savoir qui était sous le hangar ? Il y a 55 nationalités, on a notamment trouvé 180 Soudanais - personne n'avait jamais entendu parlé de Soudanais à Sangatte. Et je demande à tous ceux qui donnent des leçons de droit de l'homme ou de générosité, sans d'ailleurs rien faire, je leur demande de réfléchir à cela : comment puis-je aider ces malheureux sans savoir d'où ils viennent et ce qu'ils veulent ?"
Ce qui vous est reproché aujourd'hui, ou en tout cas les questions qui se posent, c'est pourquoi est-ce que vous avez anticipé cette fermeture ? Est-ce que ce n'était pas un décalage ? Les gens ne sont pas encore au courant que les nouvelles lois sont passées et c'était peut-être prévisible ?
- "Voilà qui est bien révélateur du climat politique français ! On me dit que j'ai anticipé la fermeture : ça fait quatre ans que les habitants de Sangatte vivent avec un hangar ! Avez-vous été à Sangatte ? Il y a une rue, et ça fait quatre ans que les gens qui s'y trouvent voient des hordes de Kurdes, d'Afghans, qui ne parlent pas un mot de français, qui n'ont qu'une seule idée, partir en Angleterre, déambuler dans la seule grande rue. Pensez-vous à ces gens qui habitent là-bas et croyez-vous qu'eux-mêmes ne sont pas victimes ? Et pensez-vous qu'eux-mêmes disent que j'ai anticipé ? J'avais pris un engagement avec les Anglais : changez la loi, on arrêtera de prendre des nouveaux. Fallait-il que je ne tienne pas la promesse qui avait été prise au nom de la France vis à vis des Anglais ?"
Quel est votre espoir ? Que le flot se tarisse tout doucement, que ces gens restent dans cette église et la quittent doucement, progressivement ? Comment voyez-vous les choses ?
- "Je rassure d'abord tous ceux qui nous écoutent : je savais parfaitement bien que Sangatte, c'était difficile. D'ailleurs, si ce n'était pas très difficile, on se demande bien pourquoi nos prédécesseurs n'auraient rien fait. Je sais que c'est complexe. Alors, il y a deux réactions face à un problème complexe. Il y a ceux qui disent qu'il vaut mieux ne rien faire, "cachez-moi cette douleur que je ne veux pas voir.""
Vous ne sur-réagissez pas, à l'inverse ?
- "Vous savez, compte tenu des immobilismes en France, croyez bien qu'on a besoin d'actions pour résoudre les problèmes. Mais qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que j'attende qu'il y en ait 10.000 ? Aujourd'hui, les flots d'arrivée se tarissent. Nous étions à environ 250 personnes interpellées chaque nuit, nous sommes tombés, si j'ose dire, à 50 ou 60. Mais il est tout à fait normal qu'il y en ait qui continuent, parce que certains sont partis du Kurdistan depuis six mois..."
Donc, pour vous, cela va s'arrêter doucement, tranquillement ?
- "Non, il y a des immigrés en situation irrégulière partout en France, à Bordeaux ou ailleurs, et ce n'est pas pour ça qu'on crée des Sangatte à chaque fois. Au nom de quoi les habitants du Pas-de-Calais devraient-ils supporter un Sangatte ou un Sangatte Bis ou un Sangatte Ter ? Il y a des centres administratifs qui sont pour cela dans toute la France, il n'y a pas besoin que les uns occupent un gymnase ou que les autres occupent une église. Nous pouvons recevoir tous ces malheureux et qu'est-ce que nous ferons ? Nous allons réfléchir pour voir quelle est leur situation. Ceux qui peuvent bénéficier d'un statut de réfugié politique l'auront, et ceux qui n'ont pas à rester sur notre territoire seront raccompagnés. Et il faut être clair là-dessus : il faut qu'il n'y ait que deux catégories d'étrangers en France, ceux qui ont vocation à rester et à s'intégrer avec les droits qui sont attachés à toute personne humaine et les autres"
Et les autres qui seront expulsés ?
- "Qui seront raccompagnés chez eux. Il est quand même assez normal que la France puisse être maître des personnes qui sont sur son territoire ou pas. J'ajoute qu'il restera les 5.000 de Sangatte. Je pars à Londres - c'est une information - les 1er et 2 décembre, pour discuter avec D. Blunkett, le ministre de l'Intérieur britannique, pour savoir ce qu'on fait des 5.000. Et ceux qui me disent que j'ai anticipé la suppression des entrées, oublient que 5.000 cas à régler, ce n'est pas rien, car naturellement je me suis engagé, comme D. Blunkett, à régler Sangatte. Oui, c'est une situation très difficile, très douloureuse, qui demande du calme. J'ai beaucoup travaillé, on y a beaucoup réfléchi, main dans la main avec les Anglais. J'ai même fait venir le ministre de l'immigration Afghan. Savez-vous que nous avons mis en place un programme d'aide au retour ? Il n'y a qu'une dizaine d'Afghans qui sont revenus. J'ai été une fois à Copenhague, une fois à Genève, pour installer le HCR à Sangatte. Comme vous le voyez, c'est un gros travail."
Vous parliez de Bordeaux il y a un instant. La justice a libéré 39 Bulgares qui avaient été arrêtés, qui étaient là clandestinement. Vous êtes en colère ?
- "Non, vous savez la colère n'amène rien. J'essaye de résoudre les problèmes et notamment les problèmes de la France. La situation de Bordeaux est extravagante. Il y avait en vérité 150 Bulgares, dont 39 étaient en situation totalement irrégulière, à ma connaissance..."
Ils ont été relâchés, ils sont aujourd'hui dans Bordeaux...
- "Attendez... A ma connaissance, la Bulgarie n'est pas une dictature. Nous avons été autorisés par le juge à les mettre en rétention administrative, pour travailler sur leurs dossiers et voir s'il y avait une raison ou une autre de les accepter en France. Un autre magistrat a donc décidé qu'il fallait que nous les relâchions. Savez-vous pourquoi il l'a décidé ? Ces Bulgares vivaient dans des conditions épouvantables, dans les docks de Bordeaux, on a vu des reportages à la télévision, on les a entendus à la radio, sans aucune précaution sanitaire. Savez-vous ce qu'on nous a reproché ? La police n'aurait pas dû intervenir dans les docks de Bordeaux qui sont assimilés à la violation d'un domicile privé !"
Donc vous êtes en colère quand même !
- "Non. Dans la situation qui est la mienne, je n'ai ni à être en colère ni à être agité, ni à être fâché. J'ai à tirer les conséquences de situations incohérentes. Je voudrais vous donner une autre information : j'avais pris contact avec le gouvernement néerlandais, qui organise son 17ème retour groupé de Bulgares en situation irrégulière. J'avais convenu avec le gouvernement néerlandais que l'avion viendrait à Bordeaux avec des Bulgares, qui se trouvaient dans ce pays, pour les emmener en Bulgarie. Voilà que tout ceci n'est pas possible. Je trouverai donc d'autres solutions. Nous sommes le seul pays - et il faut que ça change -, où n'importe qui puisse venir s'installer en France, sans que nous n'ayons même le droit de faire des commentaires et de surcroît, la France devrait s'excuser de ne pas accueillir tout le monde."
Il y a quelques semaines, vous étiez beaucoup plus serein. Depuis plusieurs jours, on s'inquiète des menaces terroristes. Comme T. Blair hier soir à Londres, on dit les fêtes de Noël, le Jour de l'An seront peut-être difficiles. Il y a des informations précises ?
- "Beaucoup plus "serein" ? Je n'ai jamais été très serein sur cette question du terrorisme, qui est une des questions les plus difficiles qui soient ! Il se trouve que la police française et les services de renseignements ont procédé à des interpellations et remis aux juges antiterroristes, qui font un travail tout à fait remarquable"
Comme ce matin, avec la famille Nawar...
- "Oui, de véritables réseaux... Ce qui est extrêmement préoccupant : à la fois, c'est un succès pour les forces de l'ordre et les services de renseignements et, en même temps, nous sommes préoccupés. Nous ne sommes pas plus préoccupés que les autres, mais pas moins non plus. C'est une vigilance de tous les instants, une mobilisation de tous les instants. Vous savez, la guerre contre le terrorisme n'est pas terminée."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 novembre 2002)
- "Non, je me plierai à la décision de l'Eglise."
Vous attendez qu'elle vous demande d'intervenir ?
- "Si l'Eglise me demande d'intervenir, nous interviendrons."
Dans une demi-heure, vous recevez les élus du Nord. Ils sont inquiets, ils ont le sentiment que c'est le même scénario qui se répète, qu'on fait un Sangatte Bis.
- "Non, absolument pas. D'abord, si vous me permettez juste un mot : qu'est-ce que c'est que Sangatte ? Sangatte est un hangar, dans lequel je me suis rendu deux fois, dans lequel depuis quatre ans, arrivent des milliers, voire des dizaines de milliers de réfugiés du bout du monde, avec une seule obsession : non pas rester en France, non pas demander le statut de réfugié politique en France, mais partir en Angleterre. Pourquoi ai-je pris la décision d'arrêter les nouveaux entrants ? Pour deux raisons. C'est que la semaine dernière, il s'est passé un événement très important : c'est qu'à la demande de la France, la Grande-Bretagne a bien voulu faire évoluer sa loi sur l'immigration. Pour faire simple, quelqu'un qui vient en Grande-Bretagne aujourd'hui, qui demande le statut de réfugié de politique, n'a plus un droit de travail automatique. Donc, la première raison, la plus forte, qui attirait dans le Calaisie, à Sangatte, ces malheureux venus du bout du monde, elle est terminée. Il y a une deuxième raison : c'est que pendant quatre ans, on a laissé prospérer, à l'intérieur même du hangar - vous entendez bien, à l'intérieur du hangar - des réseaux mafieux qui faisaient venir des malheureux, en leur extorquant le peu qu'ils avaient. Ces réseaux étaient au nombre de six, ils ont été éradiqués par l'action remarquable de la Police de l'air et des frontières française, en collaboration avec la police britannique. Que fallait-il que je fasse ? Que j'attende qu'ils se reconstituent ? Et enfin, troisième point, alors qu'il y a 1.800 personnes environ sous le hangar, nous avons distribué 5.000 cartes. Alors, il y a eu une petite polémique : pourquoi ai-je recensé les gens ? Savez-vous qu'en quatre ans, on ne s'était même pas donné la peine de savoir qui était sous le hangar ? Il y a 55 nationalités, on a notamment trouvé 180 Soudanais - personne n'avait jamais entendu parlé de Soudanais à Sangatte. Et je demande à tous ceux qui donnent des leçons de droit de l'homme ou de générosité, sans d'ailleurs rien faire, je leur demande de réfléchir à cela : comment puis-je aider ces malheureux sans savoir d'où ils viennent et ce qu'ils veulent ?"
Ce qui vous est reproché aujourd'hui, ou en tout cas les questions qui se posent, c'est pourquoi est-ce que vous avez anticipé cette fermeture ? Est-ce que ce n'était pas un décalage ? Les gens ne sont pas encore au courant que les nouvelles lois sont passées et c'était peut-être prévisible ?
- "Voilà qui est bien révélateur du climat politique français ! On me dit que j'ai anticipé la fermeture : ça fait quatre ans que les habitants de Sangatte vivent avec un hangar ! Avez-vous été à Sangatte ? Il y a une rue, et ça fait quatre ans que les gens qui s'y trouvent voient des hordes de Kurdes, d'Afghans, qui ne parlent pas un mot de français, qui n'ont qu'une seule idée, partir en Angleterre, déambuler dans la seule grande rue. Pensez-vous à ces gens qui habitent là-bas et croyez-vous qu'eux-mêmes ne sont pas victimes ? Et pensez-vous qu'eux-mêmes disent que j'ai anticipé ? J'avais pris un engagement avec les Anglais : changez la loi, on arrêtera de prendre des nouveaux. Fallait-il que je ne tienne pas la promesse qui avait été prise au nom de la France vis à vis des Anglais ?"
Quel est votre espoir ? Que le flot se tarisse tout doucement, que ces gens restent dans cette église et la quittent doucement, progressivement ? Comment voyez-vous les choses ?
- "Je rassure d'abord tous ceux qui nous écoutent : je savais parfaitement bien que Sangatte, c'était difficile. D'ailleurs, si ce n'était pas très difficile, on se demande bien pourquoi nos prédécesseurs n'auraient rien fait. Je sais que c'est complexe. Alors, il y a deux réactions face à un problème complexe. Il y a ceux qui disent qu'il vaut mieux ne rien faire, "cachez-moi cette douleur que je ne veux pas voir.""
Vous ne sur-réagissez pas, à l'inverse ?
- "Vous savez, compte tenu des immobilismes en France, croyez bien qu'on a besoin d'actions pour résoudre les problèmes. Mais qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que j'attende qu'il y en ait 10.000 ? Aujourd'hui, les flots d'arrivée se tarissent. Nous étions à environ 250 personnes interpellées chaque nuit, nous sommes tombés, si j'ose dire, à 50 ou 60. Mais il est tout à fait normal qu'il y en ait qui continuent, parce que certains sont partis du Kurdistan depuis six mois..."
Donc, pour vous, cela va s'arrêter doucement, tranquillement ?
- "Non, il y a des immigrés en situation irrégulière partout en France, à Bordeaux ou ailleurs, et ce n'est pas pour ça qu'on crée des Sangatte à chaque fois. Au nom de quoi les habitants du Pas-de-Calais devraient-ils supporter un Sangatte ou un Sangatte Bis ou un Sangatte Ter ? Il y a des centres administratifs qui sont pour cela dans toute la France, il n'y a pas besoin que les uns occupent un gymnase ou que les autres occupent une église. Nous pouvons recevoir tous ces malheureux et qu'est-ce que nous ferons ? Nous allons réfléchir pour voir quelle est leur situation. Ceux qui peuvent bénéficier d'un statut de réfugié politique l'auront, et ceux qui n'ont pas à rester sur notre territoire seront raccompagnés. Et il faut être clair là-dessus : il faut qu'il n'y ait que deux catégories d'étrangers en France, ceux qui ont vocation à rester et à s'intégrer avec les droits qui sont attachés à toute personne humaine et les autres"
Et les autres qui seront expulsés ?
- "Qui seront raccompagnés chez eux. Il est quand même assez normal que la France puisse être maître des personnes qui sont sur son territoire ou pas. J'ajoute qu'il restera les 5.000 de Sangatte. Je pars à Londres - c'est une information - les 1er et 2 décembre, pour discuter avec D. Blunkett, le ministre de l'Intérieur britannique, pour savoir ce qu'on fait des 5.000. Et ceux qui me disent que j'ai anticipé la suppression des entrées, oublient que 5.000 cas à régler, ce n'est pas rien, car naturellement je me suis engagé, comme D. Blunkett, à régler Sangatte. Oui, c'est une situation très difficile, très douloureuse, qui demande du calme. J'ai beaucoup travaillé, on y a beaucoup réfléchi, main dans la main avec les Anglais. J'ai même fait venir le ministre de l'immigration Afghan. Savez-vous que nous avons mis en place un programme d'aide au retour ? Il n'y a qu'une dizaine d'Afghans qui sont revenus. J'ai été une fois à Copenhague, une fois à Genève, pour installer le HCR à Sangatte. Comme vous le voyez, c'est un gros travail."
Vous parliez de Bordeaux il y a un instant. La justice a libéré 39 Bulgares qui avaient été arrêtés, qui étaient là clandestinement. Vous êtes en colère ?
- "Non, vous savez la colère n'amène rien. J'essaye de résoudre les problèmes et notamment les problèmes de la France. La situation de Bordeaux est extravagante. Il y avait en vérité 150 Bulgares, dont 39 étaient en situation totalement irrégulière, à ma connaissance..."
Ils ont été relâchés, ils sont aujourd'hui dans Bordeaux...
- "Attendez... A ma connaissance, la Bulgarie n'est pas une dictature. Nous avons été autorisés par le juge à les mettre en rétention administrative, pour travailler sur leurs dossiers et voir s'il y avait une raison ou une autre de les accepter en France. Un autre magistrat a donc décidé qu'il fallait que nous les relâchions. Savez-vous pourquoi il l'a décidé ? Ces Bulgares vivaient dans des conditions épouvantables, dans les docks de Bordeaux, on a vu des reportages à la télévision, on les a entendus à la radio, sans aucune précaution sanitaire. Savez-vous ce qu'on nous a reproché ? La police n'aurait pas dû intervenir dans les docks de Bordeaux qui sont assimilés à la violation d'un domicile privé !"
Donc vous êtes en colère quand même !
- "Non. Dans la situation qui est la mienne, je n'ai ni à être en colère ni à être agité, ni à être fâché. J'ai à tirer les conséquences de situations incohérentes. Je voudrais vous donner une autre information : j'avais pris contact avec le gouvernement néerlandais, qui organise son 17ème retour groupé de Bulgares en situation irrégulière. J'avais convenu avec le gouvernement néerlandais que l'avion viendrait à Bordeaux avec des Bulgares, qui se trouvaient dans ce pays, pour les emmener en Bulgarie. Voilà que tout ceci n'est pas possible. Je trouverai donc d'autres solutions. Nous sommes le seul pays - et il faut que ça change -, où n'importe qui puisse venir s'installer en France, sans que nous n'ayons même le droit de faire des commentaires et de surcroît, la France devrait s'excuser de ne pas accueillir tout le monde."
Il y a quelques semaines, vous étiez beaucoup plus serein. Depuis plusieurs jours, on s'inquiète des menaces terroristes. Comme T. Blair hier soir à Londres, on dit les fêtes de Noël, le Jour de l'An seront peut-être difficiles. Il y a des informations précises ?
- "Beaucoup plus "serein" ? Je n'ai jamais été très serein sur cette question du terrorisme, qui est une des questions les plus difficiles qui soient ! Il se trouve que la police française et les services de renseignements ont procédé à des interpellations et remis aux juges antiterroristes, qui font un travail tout à fait remarquable"
Comme ce matin, avec la famille Nawar...
- "Oui, de véritables réseaux... Ce qui est extrêmement préoccupant : à la fois, c'est un succès pour les forces de l'ordre et les services de renseignements et, en même temps, nous sommes préoccupés. Nous ne sommes pas plus préoccupés que les autres, mais pas moins non plus. C'est une vigilance de tous les instants, une mobilisation de tous les instants. Vous savez, la guerre contre le terrorisme n'est pas terminée."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 novembre 2002)