Texte intégral
A. Hausser L'audit des finances publiques sera connu ce matin mais on sait déjà par des fuites, que le déficit sera de 2,3 à 2,6 % du PIB. En février dernier, L. Fabius avait annoncé un déficit probable se situant entre 1,6 et 1,9 %. Qu'est-ce qui s'est passé en dehors de l'absence de rentrées fiscales ? Quelqu'un a raconté des histoires... ?
- "Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment pouvez-vous poser cette question, vous avez oublié le 11 septembre ?! Vous avez oublié la chute..."
Au mois de février, le 11 septembre était arrivé.
- "Ce sont les conséquences du 11 septembre. Vous avez oublié la chute de la croissance. Aujourd'hui, nous avons des chiffres qui traduisent cela, et notamment du côté des comptes sociaux. Il est évident qu'à partir du moment où il y a eu chute de la croissance, il y a un effet immédiat sur les comptes sociaux, sur les comptes de la Sécurité sociale. Il n'y a pas seulement moins de rentrées fiscales, il y a aussi moins de cotisations. Donc, ça se retrouve dans les chiffres."
Au mois de février, on pouvait voir tout ça. Est-ce qu'on fait dire ce qu'on veut aux chiffres ?
- "Non, pas du tout."
Cela vaut aussi pour aujourd'hui d'ailleurs...
- "Ce que nous avions espéré, c'était une reprise plus rapide de la croissance après les événements du 11 septembre. Souvenez-vous de ce traumatisme, de l'impact terrible sur nos économies. Et donc, au fond, on va rendre des comptes qui montrent que la situation de la France n'est pas mauvaise puisque J. Chirac lui-même dit que pour l'année prochaine, il est optimiste, qu'il pense que nous allons atteindre 3 % de croissance. Donc, si la situation n'était pas saine, cet objectif ne pourrait pas être atteint. Ce que je voudrais vous dire ce matin, c'est qu'il ne faudrait pas que le Gouvernement utilise cet audit pour se défausser, parce qu'il est empêtré dans ses promesses et il va donc sans doute s'en servir pour dire : "on ne peut pas faire tout ce que l'on avait promis"... Donc, on voit bien le discours que va tenir le Gouvernement."
Ce matin, vous êtes en mesure de dire que le Gouvernement ne pourra pas tenir toutes ses promesses ?
- "Cela commence déjà : le Smic, pas d'augmentation, pas de coup de pouce."
Cela n'avait pas été promis.
- "Les bas salaires ont été un des thèmes de la campagne de J. Chirac et de la droite aux élections législatives. On a beaucoup parlé de la France d'en bas. Donc, la France d'en bas, c'est aussi beaucoup de petits salaires, pas seulement les gens payés au Smic, beaucoup de petits revenus aussi. Elle est vite oubliée : au bout de cinq jours. C'est un peu comme la fracture sociale ; on avait mis un peu plus de temps.... Donc, ça donne un peu le ton. Pour autant, le Gouvernement va baisser l'impôt des plus riches, c'est clair, il va le faire. Et puis, il faudra bien qu'il finance l'augmentation des consultations des médecins à 20 euros. Qui va payer ? Encore une fois, sans doute la CSG. Il va falloir qu'on nous dise qui fait quoi, qui va être un peu victime de toutes ces promesses fallacieuses. On avait quand même mis en garde. Car J. Chirac et ses amis sont les spécialistes des promesses à tout le monde et jamais tenues."
Apparemment, ça n'a pas marché...
- "Ca n'a pas marché mais la réalité, la dure réalité revient. Et ça commence maintenant."
Vous vous contenterez de jouer les Cassandre ?
- "Pas du tout. Le PS a subi un échec qui est pour nous douloureux, après cinq ans de gouvernement de L. Jospin et beaucoup de réformes - de grandes réformes. En même temps, la lutte contre le chômage, la baisse très importante du chômage ; la qualification de la France pour l'euro. Malgré cela, nous n'avons pas recueilli la confiance des Français comme nous aurions pu l'espérer. Donc qu'est-ce qui s'est passé ? C'est la question que nous devons nous poser, nous, et faire des propositions. Nous devons nous opposer mais aussi faire des propositions pour l'avenir."
Manifestement, le PS est traversé de courants et de mouvements divers. Ils ont commencé un peu en sourdine, au moment de l'élection du président du groupe socialiste à l'Assemblée. Il y a maintenant une recomposition du secrétariat national qui est en train de s'ébaucher et manifestement, il y a problème autour de certaines personnes. Certains ont quitté la direction en disant : "pas question de faire entrer L. Fabius" ; "pas question de le nommer porte-parole". C'est une affaire de personnes uniquement ?
- "Je crois qu'il faut arrêter ce spectacle, il est grand temps de se ressaisir. Si les dirigeants socialistes se comportent comme des maréchaux d'empire, se disputant l'héritage de l'Empire après la Berezina...."
Il n'y a plus d'empereur...
- "...Ce sera un très mauvais service rendu à la gauche. Parce que nous avons une responsabilité énorme, je vous l'ai dit tout à l'heure, pour préparer l'avenir. Et ce qu'attendent nos militants, nos sympathisants, nos électeurs qui nous ont confié ce mandat du premier tour des législatives, où le PS apparaît très nettement en tête de la gauche. Donc, ce qu'il faut, c'est vite resserrer, réaliser autour de F. Hollande, qui a la légitimité de diriger le parti, une direction qui rassemble tout le monde. Mais qui sera une direction qui préparera le congrès du PS qui pourrait avoir lieu au printemps prochain, et qui devrait être précédé par la parole à tous les militants, les sympathisants, les citoyens de gauche qui veulent préparer avec nous l'avenir. C'est ce qu'il faut faire : redonner la parole à la base, tout en donnant l'exemple en haut de l'unité et du rassemblement, sans ostracisme à l'égard de quiconque."
Sans ostracisme ?
- "Absolument. C'est mon état d'esprit. En tout cas, au groupe socialiste à l'Assemblée nationale, je fais fonctionner le groupe de cette façon. Chacun a sa place, avec son talent, pour les plus connus comme pour les moins connus."
Il faut que toutes les sensibilités soient représentées à la direction ?
- "Mais oui, c'est important."
Pas seulement au niveau du groupe mais au parti.
- "Absolument. C'est important que tout le monde y soit. Mais surtout avec un objectif qui est celui de donner la parole à la base, aux citoyens, puis au parti pour le congrès. C'est là que sera définie la ligne du PS pour l'avenir - on ne va pas la prédéfinir. Il faut faire ce travail, c'est indispensable."
J. Lang dit qu'il faut un PS beaucoup plus à gauche.
- "J'ai vu ses formules, un peu à l'emporte-pièce. Ce qu'il faut, c'est être en phase avec notre identité de gauche. J'ai employé cette formule, pour ma part, il y a quelques jours : "Ni blairisme, ni molletisme". Donc, il y a la place, en France et en Europe, pour un socialisme de notre temps. C'est cela qu'il faut qu'on invente, qu'on imagine, qu'on présente aux Français. C'est tout le travail que nous avons à faire. Il faut effectivement - c'est là où J. Lang a raison -, de l'audace. Mais en même temps, avoir les pieds dans la réalité."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 juin 2002)
- "Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment pouvez-vous poser cette question, vous avez oublié le 11 septembre ?! Vous avez oublié la chute..."
Au mois de février, le 11 septembre était arrivé.
- "Ce sont les conséquences du 11 septembre. Vous avez oublié la chute de la croissance. Aujourd'hui, nous avons des chiffres qui traduisent cela, et notamment du côté des comptes sociaux. Il est évident qu'à partir du moment où il y a eu chute de la croissance, il y a un effet immédiat sur les comptes sociaux, sur les comptes de la Sécurité sociale. Il n'y a pas seulement moins de rentrées fiscales, il y a aussi moins de cotisations. Donc, ça se retrouve dans les chiffres."
Au mois de février, on pouvait voir tout ça. Est-ce qu'on fait dire ce qu'on veut aux chiffres ?
- "Non, pas du tout."
Cela vaut aussi pour aujourd'hui d'ailleurs...
- "Ce que nous avions espéré, c'était une reprise plus rapide de la croissance après les événements du 11 septembre. Souvenez-vous de ce traumatisme, de l'impact terrible sur nos économies. Et donc, au fond, on va rendre des comptes qui montrent que la situation de la France n'est pas mauvaise puisque J. Chirac lui-même dit que pour l'année prochaine, il est optimiste, qu'il pense que nous allons atteindre 3 % de croissance. Donc, si la situation n'était pas saine, cet objectif ne pourrait pas être atteint. Ce que je voudrais vous dire ce matin, c'est qu'il ne faudrait pas que le Gouvernement utilise cet audit pour se défausser, parce qu'il est empêtré dans ses promesses et il va donc sans doute s'en servir pour dire : "on ne peut pas faire tout ce que l'on avait promis"... Donc, on voit bien le discours que va tenir le Gouvernement."
Ce matin, vous êtes en mesure de dire que le Gouvernement ne pourra pas tenir toutes ses promesses ?
- "Cela commence déjà : le Smic, pas d'augmentation, pas de coup de pouce."
Cela n'avait pas été promis.
- "Les bas salaires ont été un des thèmes de la campagne de J. Chirac et de la droite aux élections législatives. On a beaucoup parlé de la France d'en bas. Donc, la France d'en bas, c'est aussi beaucoup de petits salaires, pas seulement les gens payés au Smic, beaucoup de petits revenus aussi. Elle est vite oubliée : au bout de cinq jours. C'est un peu comme la fracture sociale ; on avait mis un peu plus de temps.... Donc, ça donne un peu le ton. Pour autant, le Gouvernement va baisser l'impôt des plus riches, c'est clair, il va le faire. Et puis, il faudra bien qu'il finance l'augmentation des consultations des médecins à 20 euros. Qui va payer ? Encore une fois, sans doute la CSG. Il va falloir qu'on nous dise qui fait quoi, qui va être un peu victime de toutes ces promesses fallacieuses. On avait quand même mis en garde. Car J. Chirac et ses amis sont les spécialistes des promesses à tout le monde et jamais tenues."
Apparemment, ça n'a pas marché...
- "Ca n'a pas marché mais la réalité, la dure réalité revient. Et ça commence maintenant."
Vous vous contenterez de jouer les Cassandre ?
- "Pas du tout. Le PS a subi un échec qui est pour nous douloureux, après cinq ans de gouvernement de L. Jospin et beaucoup de réformes - de grandes réformes. En même temps, la lutte contre le chômage, la baisse très importante du chômage ; la qualification de la France pour l'euro. Malgré cela, nous n'avons pas recueilli la confiance des Français comme nous aurions pu l'espérer. Donc qu'est-ce qui s'est passé ? C'est la question que nous devons nous poser, nous, et faire des propositions. Nous devons nous opposer mais aussi faire des propositions pour l'avenir."
Manifestement, le PS est traversé de courants et de mouvements divers. Ils ont commencé un peu en sourdine, au moment de l'élection du président du groupe socialiste à l'Assemblée. Il y a maintenant une recomposition du secrétariat national qui est en train de s'ébaucher et manifestement, il y a problème autour de certaines personnes. Certains ont quitté la direction en disant : "pas question de faire entrer L. Fabius" ; "pas question de le nommer porte-parole". C'est une affaire de personnes uniquement ?
- "Je crois qu'il faut arrêter ce spectacle, il est grand temps de se ressaisir. Si les dirigeants socialistes se comportent comme des maréchaux d'empire, se disputant l'héritage de l'Empire après la Berezina...."
Il n'y a plus d'empereur...
- "...Ce sera un très mauvais service rendu à la gauche. Parce que nous avons une responsabilité énorme, je vous l'ai dit tout à l'heure, pour préparer l'avenir. Et ce qu'attendent nos militants, nos sympathisants, nos électeurs qui nous ont confié ce mandat du premier tour des législatives, où le PS apparaît très nettement en tête de la gauche. Donc, ce qu'il faut, c'est vite resserrer, réaliser autour de F. Hollande, qui a la légitimité de diriger le parti, une direction qui rassemble tout le monde. Mais qui sera une direction qui préparera le congrès du PS qui pourrait avoir lieu au printemps prochain, et qui devrait être précédé par la parole à tous les militants, les sympathisants, les citoyens de gauche qui veulent préparer avec nous l'avenir. C'est ce qu'il faut faire : redonner la parole à la base, tout en donnant l'exemple en haut de l'unité et du rassemblement, sans ostracisme à l'égard de quiconque."
Sans ostracisme ?
- "Absolument. C'est mon état d'esprit. En tout cas, au groupe socialiste à l'Assemblée nationale, je fais fonctionner le groupe de cette façon. Chacun a sa place, avec son talent, pour les plus connus comme pour les moins connus."
Il faut que toutes les sensibilités soient représentées à la direction ?
- "Mais oui, c'est important."
Pas seulement au niveau du groupe mais au parti.
- "Absolument. C'est important que tout le monde y soit. Mais surtout avec un objectif qui est celui de donner la parole à la base, aux citoyens, puis au parti pour le congrès. C'est là que sera définie la ligne du PS pour l'avenir - on ne va pas la prédéfinir. Il faut faire ce travail, c'est indispensable."
J. Lang dit qu'il faut un PS beaucoup plus à gauche.
- "J'ai vu ses formules, un peu à l'emporte-pièce. Ce qu'il faut, c'est être en phase avec notre identité de gauche. J'ai employé cette formule, pour ma part, il y a quelques jours : "Ni blairisme, ni molletisme". Donc, il y a la place, en France et en Europe, pour un socialisme de notre temps. C'est cela qu'il faut qu'on invente, qu'on imagine, qu'on présente aux Français. C'est tout le travail que nous avons à faire. Il faut effectivement - c'est là où J. Lang a raison -, de l'audace. Mais en même temps, avoir les pieds dans la réalité."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 juin 2002)