Texte intégral
A. Hausser Vous avez été réélu président du groupe communiste à l'Assemblée, on va en parler dans un instant. Vous avez entendu le discours de G. Bush, on dit qu'il lâche Y. Arafat ; il demande des dirigeants palestiniens qui ne soient pas liés au terrorisme.
- "G. Bush, on le sait, rêve de diriger et de régenter le monde entier, y compris le Moyen-Orient. Qu'il faille condamner le terrorisme, nous l'avons fait et Y. Arafat l'a fait. Je pense qu'on doit respecter la liberté du peuple palestinien de décider qui seront les dirigeants demain. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir un tel totalitarisme de la part du président américain. C'est inacceptable à mes yeux."
Vous pensez qu'il va y avoir bientôt une conférence pour la paix ?
- "Nous souhaitons depuis longtemps, en ce qui nous concerne, qu'il y ait un tel rendez-vous, pour pouvoir régler ce problème pour que le peuple palestinien puisse disposer d'un Etat et puisse diriger son pays comme il l'entend, en cohabitation avec Israël, et ce dans le cadre d'un monde en paix. Il faut donc condamner fortement le terrorisme et trouver les solutions pacifiques. Cela ne peut se trouver que par la voie diplomatique, bien entendu."
Et des élections peut-être ?
- "Bien entendu, évidemment."
On en revient aux affaires franco-françaises. Vous avez retrouvé votre fauteuil de président du groupe communiste. Cet après-midi, c'est le président de l'Assemblée qui va être élu. Vous allez rentrer dans bataille, puisque E. Balladur présente sa candidature devant l'Assemblée ?
- "En ce qui nous concerne, nous n'allons pas nous mêler de ce qui se passe à droite. Les premiers déchirements publics indiquent bien que c'était une union de façade pour gagner les élections. Pour ce qui nous concerne, nous, groupe communiste, nous nous sommes installés hier. Nous avons un groupe de 22 membres avec les apparentés et nous avons présenté la candidature, symbolique bien entendu, de notre amie M. Jacquin, qui est à la fois une députée chevronnée, une femme et une ouvrière. Nous allons donc faire notre travail en tant que groupe autonome et indépendant au sein de cette Assemblée nationale."
Qui aurait votre préférence ? C'est une vie un peu codée à l'Assemblée ; on est quand même obligé de cohabiter avec les présidents de groupes et avec le président.
- "Pour moi, pour reprendre une vieille formule, Debré-Balladur, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Donc, je choisis ni l'un ni l'autre."
Le travail ne serait pas plus facile avec l'un qu'avec l'autre ?
- "Le président de l'Assemblée nationale, quand il sera élu, aura à respecter certaines règles déontologiques de respect de l'ensemble des députés et de l'ensemble des groupes. Je n'ai pas à choisir entre l'un et l'autre."
Vous avez donc été candidat unique à la présidence de votre groupe. M. Gremetz, qui voulait se présenter, ne l'a pas fait finalement. Il a dit qu'il voulait faire une provocation. Une provocation à quoi ? Le Parti communiste va mal, on l'a vu, vous êtes rescapés, sauvés des urnes ; tout le monde s'attendait à ce qu'il n'y ait pas de groupe communiste. Le parti est engagé dans une grande réflexion. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Le gouvernement précédent vous a tués ?
- "La vie montre que contrairement à toutes les prédictions, il y a un groupe communiste. Cela veut dire quelque chose à mon sens ; cela a une grande signification. Cela veut dire que dans notre pays, les électrices et les électeurs considèrent que nous sommes utiles et nécessaires à la France. C'est une première chose. Ensuite, qu'il y ait un débat et des discussions serrées au Parti communiste, il ne peut pas en être autrement après ce qui s'est passé, après la bourrasque des présidentielles, après les difficultés connues, y compris le résultat maigre au niveau des législatives."
Et de la présidentielle...
- "Et de la présidentielle, je l'ai dit. La bourrasque des présidentielles, la défaite des présidentielles pour ce qui concerne la gauche et le Parti communiste, et aux élections législatives. Mais le fait qu'il y ait un groupe communiste, c'est un atout à mon avis. Qu'il y ait un débat, cela me paraît tout à fait évident. Il y a la conférence nationale qui se tient à partir de demain ; il y aura fort probablement un congrès."
Qu'est-ce que vous attendez de cette conférence ?
- "Ce que j'attends, c'est qu'on ouvre les portes et les fenêtres pour faire rentrer la vie réelle dans notre société d'aujourd'hui, en France, dans les discussions et dans la réflexion des communistes. Je ne pense pas que c'est seulement au niveau de la tête, par le texte de l'un ou le texte de l'autre qu'on va régler et résoudre les problèmes. C'est en faisant une vraie immersion dans le peuple réel de France, comme nous l'avons fait au moment des législatives - je l'ai fait pour ma part et mes collègues et amis députés l'ont fait au plus profond du terrain. Nous avons des choses à discuter parce que quand 5 % d'ouvriers votent pour les communistes, 3 % de chômeurs, mais que par contre 30 % à la présidentielle votent Le Pen, cela interpelle un parti qui se veut un parti populaire, un parti de transformation de la société et qui se veut un parti proche des gens."
Vos électeurs ne vous ont pas compris ?
- "Le résultat en témoigne."
La direction n'a pas su leur parler clairement.
- "On termine un cycle d'une vingtaine d'années. Depuis 1981, on a vécu la gauche, la droite, la gauche, la droite, parfois la gauche et la droite ensemble avec la cohabitation. La droite va aggraver la situation et ne va rien résoudre, c'est clair. Il y a un problème de perspective, d'alternative qui est posé. Et cette alternative, il faut la faire avec le peuple tel qu'il est, avec ses contradictions, avec ses aspirations, avec les difficultés qu'il rencontre, mais avec quand même des ressources de notre peuple. Son histoire a des ressources et j'ai une confiance, j'ai un optimisme. Mais il y a beaucoup de travail à faire et beaucoup de réflexion."
Vous écoutez avec envie le discours d'un O. Besancenot ou d'A. Laguiller qui ont su trouver les mots pour que les électeurs viennent à eux ?
- "Il y a le résultat de la présidentielle, il y a eu effectivement l'effet médiatique de certaines candidatures. Mais si on met tout bout à bout, on s'aperçoit que la sensibilité communiste dans le pays, la volonté de transformation de la société, existe profondément. Et nous, Parti communiste, pour transformer et moderniser, nous avons un rôle à jouer, un rôle de rassemblement, un rôle d'action. On doit être plus que jamais, en ce qui nous concerne, un parti d'action. Et c'est dans cet esprit, à mon avis, qu'il faut réfléchir."
Vous auriez dû changer de nom ?
- "Je ne crois pas que ce soit une question de nom.
C'est aussi une preuve de transformation souvent.
- "Les transformations de look ou d'apparence, ce n'est pas, à mon avis, ce qui peut conduire à des résultats positifs - on l'a un peu vécu d'ailleurs. Je pense plutôt que c'est dans l'action concrète sur le terrain, avec les gens, avec une perspective politique de rassemblement de notre peuple pour les transformations sociales qui s'imposent, que l'on va s'en sortir. Je ne pense pas que ce soit par des changements de nom, d' image. Je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen pour le faire."
Et plus jamais le gouvernement ?
- "C'est une autre question. Nous avons toujours décidé de participer là où nous pouvions pour transformer les choses. Mais pas dans les conditions qu'on vient de vivre depuis cinq ans, bien entendu."
On ne vous l'a pas entendu dire à ce moment-là.
- "Si, j'ai déjà fait des remarques, ici même d'ailleurs, devant vous, et des critiques et des réserves."
Vous n'êtes jamais allé jusqu'au bout.
- "Probablement qu'on aurait dû aller jusqu'au bout. C'est comme dans tout : il faut aller jusqu'au bout."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juin 2002)
- "G. Bush, on le sait, rêve de diriger et de régenter le monde entier, y compris le Moyen-Orient. Qu'il faille condamner le terrorisme, nous l'avons fait et Y. Arafat l'a fait. Je pense qu'on doit respecter la liberté du peuple palestinien de décider qui seront les dirigeants demain. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir un tel totalitarisme de la part du président américain. C'est inacceptable à mes yeux."
Vous pensez qu'il va y avoir bientôt une conférence pour la paix ?
- "Nous souhaitons depuis longtemps, en ce qui nous concerne, qu'il y ait un tel rendez-vous, pour pouvoir régler ce problème pour que le peuple palestinien puisse disposer d'un Etat et puisse diriger son pays comme il l'entend, en cohabitation avec Israël, et ce dans le cadre d'un monde en paix. Il faut donc condamner fortement le terrorisme et trouver les solutions pacifiques. Cela ne peut se trouver que par la voie diplomatique, bien entendu."
Et des élections peut-être ?
- "Bien entendu, évidemment."
On en revient aux affaires franco-françaises. Vous avez retrouvé votre fauteuil de président du groupe communiste. Cet après-midi, c'est le président de l'Assemblée qui va être élu. Vous allez rentrer dans bataille, puisque E. Balladur présente sa candidature devant l'Assemblée ?
- "En ce qui nous concerne, nous n'allons pas nous mêler de ce qui se passe à droite. Les premiers déchirements publics indiquent bien que c'était une union de façade pour gagner les élections. Pour ce qui nous concerne, nous, groupe communiste, nous nous sommes installés hier. Nous avons un groupe de 22 membres avec les apparentés et nous avons présenté la candidature, symbolique bien entendu, de notre amie M. Jacquin, qui est à la fois une députée chevronnée, une femme et une ouvrière. Nous allons donc faire notre travail en tant que groupe autonome et indépendant au sein de cette Assemblée nationale."
Qui aurait votre préférence ? C'est une vie un peu codée à l'Assemblée ; on est quand même obligé de cohabiter avec les présidents de groupes et avec le président.
- "Pour moi, pour reprendre une vieille formule, Debré-Balladur, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Donc, je choisis ni l'un ni l'autre."
Le travail ne serait pas plus facile avec l'un qu'avec l'autre ?
- "Le président de l'Assemblée nationale, quand il sera élu, aura à respecter certaines règles déontologiques de respect de l'ensemble des députés et de l'ensemble des groupes. Je n'ai pas à choisir entre l'un et l'autre."
Vous avez donc été candidat unique à la présidence de votre groupe. M. Gremetz, qui voulait se présenter, ne l'a pas fait finalement. Il a dit qu'il voulait faire une provocation. Une provocation à quoi ? Le Parti communiste va mal, on l'a vu, vous êtes rescapés, sauvés des urnes ; tout le monde s'attendait à ce qu'il n'y ait pas de groupe communiste. Le parti est engagé dans une grande réflexion. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Le gouvernement précédent vous a tués ?
- "La vie montre que contrairement à toutes les prédictions, il y a un groupe communiste. Cela veut dire quelque chose à mon sens ; cela a une grande signification. Cela veut dire que dans notre pays, les électrices et les électeurs considèrent que nous sommes utiles et nécessaires à la France. C'est une première chose. Ensuite, qu'il y ait un débat et des discussions serrées au Parti communiste, il ne peut pas en être autrement après ce qui s'est passé, après la bourrasque des présidentielles, après les difficultés connues, y compris le résultat maigre au niveau des législatives."
Et de la présidentielle...
- "Et de la présidentielle, je l'ai dit. La bourrasque des présidentielles, la défaite des présidentielles pour ce qui concerne la gauche et le Parti communiste, et aux élections législatives. Mais le fait qu'il y ait un groupe communiste, c'est un atout à mon avis. Qu'il y ait un débat, cela me paraît tout à fait évident. Il y a la conférence nationale qui se tient à partir de demain ; il y aura fort probablement un congrès."
Qu'est-ce que vous attendez de cette conférence ?
- "Ce que j'attends, c'est qu'on ouvre les portes et les fenêtres pour faire rentrer la vie réelle dans notre société d'aujourd'hui, en France, dans les discussions et dans la réflexion des communistes. Je ne pense pas que c'est seulement au niveau de la tête, par le texte de l'un ou le texte de l'autre qu'on va régler et résoudre les problèmes. C'est en faisant une vraie immersion dans le peuple réel de France, comme nous l'avons fait au moment des législatives - je l'ai fait pour ma part et mes collègues et amis députés l'ont fait au plus profond du terrain. Nous avons des choses à discuter parce que quand 5 % d'ouvriers votent pour les communistes, 3 % de chômeurs, mais que par contre 30 % à la présidentielle votent Le Pen, cela interpelle un parti qui se veut un parti populaire, un parti de transformation de la société et qui se veut un parti proche des gens."
Vos électeurs ne vous ont pas compris ?
- "Le résultat en témoigne."
La direction n'a pas su leur parler clairement.
- "On termine un cycle d'une vingtaine d'années. Depuis 1981, on a vécu la gauche, la droite, la gauche, la droite, parfois la gauche et la droite ensemble avec la cohabitation. La droite va aggraver la situation et ne va rien résoudre, c'est clair. Il y a un problème de perspective, d'alternative qui est posé. Et cette alternative, il faut la faire avec le peuple tel qu'il est, avec ses contradictions, avec ses aspirations, avec les difficultés qu'il rencontre, mais avec quand même des ressources de notre peuple. Son histoire a des ressources et j'ai une confiance, j'ai un optimisme. Mais il y a beaucoup de travail à faire et beaucoup de réflexion."
Vous écoutez avec envie le discours d'un O. Besancenot ou d'A. Laguiller qui ont su trouver les mots pour que les électeurs viennent à eux ?
- "Il y a le résultat de la présidentielle, il y a eu effectivement l'effet médiatique de certaines candidatures. Mais si on met tout bout à bout, on s'aperçoit que la sensibilité communiste dans le pays, la volonté de transformation de la société, existe profondément. Et nous, Parti communiste, pour transformer et moderniser, nous avons un rôle à jouer, un rôle de rassemblement, un rôle d'action. On doit être plus que jamais, en ce qui nous concerne, un parti d'action. Et c'est dans cet esprit, à mon avis, qu'il faut réfléchir."
Vous auriez dû changer de nom ?
- "Je ne crois pas que ce soit une question de nom.
C'est aussi une preuve de transformation souvent.
- "Les transformations de look ou d'apparence, ce n'est pas, à mon avis, ce qui peut conduire à des résultats positifs - on l'a un peu vécu d'ailleurs. Je pense plutôt que c'est dans l'action concrète sur le terrain, avec les gens, avec une perspective politique de rassemblement de notre peuple pour les transformations sociales qui s'imposent, que l'on va s'en sortir. Je ne pense pas que ce soit par des changements de nom, d' image. Je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen pour le faire."
Et plus jamais le gouvernement ?
- "C'est une autre question. Nous avons toujours décidé de participer là où nous pouvions pour transformer les choses. Mais pas dans les conditions qu'on vient de vivre depuis cinq ans, bien entendu."
On ne vous l'a pas entendu dire à ce moment-là.
- "Si, j'ai déjà fait des remarques, ici même d'ailleurs, devant vous, et des critiques et des réserves."
Vous n'êtes jamais allé jusqu'au bout.
- "Probablement qu'on aurait dû aller jusqu'au bout. C'est comme dans tout : il faut aller jusqu'au bout."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juin 2002)