Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-polonaises, la réforme des institutions européennes et l'élargissement de l'Union, Paris le 15 juillet 1998.

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Circonstance : Entretien de M. Védrine avec M. Brosnilaw Geremek, ministre polonais des affaires étrangères, à Paris le 15 juillet 1998

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'ai eu le grand plaisir d'accueillir aujourd'hui, au Quai d'Orsay, M. Brosnilaw Geremek avec lequel nous avons fait le point de toutes les questions actuelles qui intéressent la France et la Pologne. Nous avons, méthodiquement, fait le point de nos relations bilatérales, avec la volonté commune et bien arrêtée de les développer. C'est d'ailleurs ce qui se passe puisque, sur tous les plans, ce sont des relations qui connaissent une phase de très fort développement. Nous entendons bien intensifier cette tendance.
Nous avons longuement parlé des questions européennes. Nous avons longuement parlé des négociations d'élargissement qui ont été lancées au mois de mars dernier entre l'Union européenne et un certain nombre de pays au premier rang desquels il y a bien sûr la Pologne. Nous entendons faire tout ce qu'il faut pour que ces négociations et cet élargissement soient réussis car c'est la condition d'une Europe forte, efficace et utile pour tous ses membres à l'avenir. Nous avons fait un tour d'horizon des problèmes qui, par ailleurs, se posent à l'Europe comme bien sûr, malheureusement, le Kossovo, compte tenu de l'engagement de la France dans le Groupe de contact, et du rôle de la Pologne en tant que présidente de l'OSCE.
Je vous dis les choses brièvement et rapidement parce que M. Geremek doit bientôt aller chez M. le Premier ministre. Il effectue une visite extrêmement importante à Paris où tout le monde veut le recevoir. Nous avons placé cette rencontre sous le signe d'une cordialité et d'une amitié constante.
Q - M. Geremek nous a dit que, selon la Pologne, il n'est peut-être pas très bien de lier l'élargissement de l'Union à la réussite de la réforme institutionnelle parce que, si je le cite bien, cela peut rendre plus difficile cette réforme car les pays qui ne sont pas partisans de l'élargissement peuvent, d'une certaine façon saboter cette réforme. Que pensez-vous de cette position polonaise ?
R - Je dirais qu'il n'y a pas de condition, de précondition ou de lien. Il y a des nécessités absolues qui sont toutes sur le même plan, pour l'avenir de l'Europe, pour que l'Europe soit forte, que chacun y ait sa place - notamment la Pologne - et qu'elle puisse fonctionner. Il faut à la fois que l'Union européenne arrive à régler ses problèmes de financement actuels - c'est la question de l'Agenda 2000 - et qu'elle réussisse à réformer ses institutions de façon à pouvoir fonctionner. Les pays candidats veulent entrer dans une Europe qui marche. Il faut que l'on négocie et que l'on règle bien toutes les questions liées à l'élargissement. Ce sont des nécessités absolues qui se placent sur le même plan et la période que nous avons devant nous permet de tout faire. Il n'y a pas de problème par rapport au calendrier sur ces trois plans.
Q - Autrement dit, si la réforme n'est pas achevée avant la fin des négociations, l'élargissement va précéder la réforme ?
R - Nous le ferons, parce que nous en avons absolument besoin. C'est une nécessité absolue pour les Quinze aujourd'hui comme pour les pays candidats.
Q - Nous avons bien compris que vous voulez bien des nouveaux membres à condition que l'Union soit réformée ?
R - L'Union européenne a absolument besoin de réformer ses institutions. Il ne faut pas du tout interpréter cela comme une sorte de tactique pour compliquer l'élargissement. Les choses ne s'opposent pas.
Q - C'est une inquiétude plusieurs fois exprimée par M. Geremek ?
R - On ne peut pas se permettre de laisser de côté un des deux dossiers. On a besoin de régler le problème de financement à 15, donc le financement à 20 ou plus. On a besoin de réussir la négociation d'élargissement.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 octobre 2001)