Texte intégral
Interview au Figaro :
Q - Quels résultats le gouvernement français peut-il espérer du Sommet de Johannesburg ?
R - Le Sommet de Johannesburg doit être celui de la mise en uvre des grands principes édictés à Rio sur lesquels tout le monde est tombé peu ou prou d'accord. Nous sommes donc à un tournant et face à de grandes difficultés. Nous n'attendons pas de miracles, mais ce sont les petites rivières qui finissent par faire les grands fleuves. Le thème du développement durable, au cur du Sommet, est transversal. Il déborde tous les sujets en englobant l'économie, le social et l'environnement. C'est en fait une nouvelle vision du monde qui doit s'imposer à nous. Il faut que chacun prenne ses responsabilités avec lucidité et courage ; c'est l'heure de vérité pour la redéfinition des rapports entre le Nord et le Sud. Le fil rouge de la démarche de la France et son ambition sont la lutte contre la pauvreté. Nous devons maîtriser le processus de globalisation qui a retardé l'application des grands principes de Rio. La mondialisation doit, de mon point de vue, être maintenant source de partage.
Q - Que propose concrètement la France ?
R - Pour nous, l'objectif de réduction de la pauvreté est lié à la bonne gouvernance. Le président Chirac s'est prononcé pour une organisation mondiale de l'environnement parallèle à celle de l'Organisation mondiale du commerce. Notre politique est de tenir le langage de la vérité. Je ne mésestime cependant pas les écueils. Je reviens de la conférence préparatoire au Sommet de Bali où l'affrontement entre les pays du Sud et du Nord a été vif. Le Nord doit cesser son attitude paternaliste et modifier son discours sur le développement durable lorsqu'il s'adresse à des pays qui ont la tête sous l'eau. Le fossé entre les uns et les autres ne cesse de se creuser, alors que l'aide au développement ne fait que baisser. Le Nord doit avoir le courage de faire son autocritique et se demander s'il a commencé à appliquer les méthodes de développement durable qu'il veut imposer aux autres.
Q - Pensez-vous réellement pouvoir modifier l'attitude des pays du Sud ?
R - La France a un partenariat privilégié avec l'Afrique. Une de nos priorités à Johannesburg sera de renforcer ses liens, notamment à travers le Nepad (NDRL : le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, adopté en 2001). Mais nous ne pouvons pas leur imposer notre modèle de société et notre mode de consommation. Si nous arrivons avec nos clichés, ce sera le dialogue de sourds. Il ne faut pas oublier que 80 % des ressources naturelles sont consommées par 20 % de la population mondiale.
Q - Comment analysez-vous l'absence du président des Etats-Unis ?
R - Je suis très déçue par l'attitude de George Bush. Les Etats-Unis risquent de se marginaliser, même si une importante délégation américaine est présente. Cela n'empêchera pas l'Europe, qui est plus proche des pays du G77, de faire entendre sa voix. Il est anormal que sur les grands sujets de l'avenir planétaire, George Bush n'envoie que des signaux négatifs.
Q - Comment s'est déroulée la préparation du côté français ? Est-ce que ce ministère ne risque pas de se transformer en vitrine médiatique ?
R - Je suis très satisfaite de la participation de la société civile et des ONG. Je pense que nous sommes à un tournant et que le développement durable est petit à petit pris en charge par l'ensemble de la société. Ma priorité reste l'information du citoyen. Pour cela, je compte m'appuyer sur la société civile et notamment sur les femmes, dont je me réjouis qu'elles soient très nombreuses à participer au Sommet. Je conçois ce ministère comme "le poil à gratter" du gouvernement. C'est un rôle ingrat. Mais si l'on veut renverser les tendances, c'est maintenant qu'il faut le faire. La France est le premier pays à avoir un ministère de ce type. Je ne serai un alibi que si je reste inerte.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 2002)
Q - Quels résultats le gouvernement français peut-il espérer du Sommet de Johannesburg ?
R - Le Sommet de Johannesburg doit être celui de la mise en uvre des grands principes édictés à Rio sur lesquels tout le monde est tombé peu ou prou d'accord. Nous sommes donc à un tournant et face à de grandes difficultés. Nous n'attendons pas de miracles, mais ce sont les petites rivières qui finissent par faire les grands fleuves. Le thème du développement durable, au cur du Sommet, est transversal. Il déborde tous les sujets en englobant l'économie, le social et l'environnement. C'est en fait une nouvelle vision du monde qui doit s'imposer à nous. Il faut que chacun prenne ses responsabilités avec lucidité et courage ; c'est l'heure de vérité pour la redéfinition des rapports entre le Nord et le Sud. Le fil rouge de la démarche de la France et son ambition sont la lutte contre la pauvreté. Nous devons maîtriser le processus de globalisation qui a retardé l'application des grands principes de Rio. La mondialisation doit, de mon point de vue, être maintenant source de partage.
Q - Que propose concrètement la France ?
R - Pour nous, l'objectif de réduction de la pauvreté est lié à la bonne gouvernance. Le président Chirac s'est prononcé pour une organisation mondiale de l'environnement parallèle à celle de l'Organisation mondiale du commerce. Notre politique est de tenir le langage de la vérité. Je ne mésestime cependant pas les écueils. Je reviens de la conférence préparatoire au Sommet de Bali où l'affrontement entre les pays du Sud et du Nord a été vif. Le Nord doit cesser son attitude paternaliste et modifier son discours sur le développement durable lorsqu'il s'adresse à des pays qui ont la tête sous l'eau. Le fossé entre les uns et les autres ne cesse de se creuser, alors que l'aide au développement ne fait que baisser. Le Nord doit avoir le courage de faire son autocritique et se demander s'il a commencé à appliquer les méthodes de développement durable qu'il veut imposer aux autres.
Q - Pensez-vous réellement pouvoir modifier l'attitude des pays du Sud ?
R - La France a un partenariat privilégié avec l'Afrique. Une de nos priorités à Johannesburg sera de renforcer ses liens, notamment à travers le Nepad (NDRL : le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, adopté en 2001). Mais nous ne pouvons pas leur imposer notre modèle de société et notre mode de consommation. Si nous arrivons avec nos clichés, ce sera le dialogue de sourds. Il ne faut pas oublier que 80 % des ressources naturelles sont consommées par 20 % de la population mondiale.
Q - Comment analysez-vous l'absence du président des Etats-Unis ?
R - Je suis très déçue par l'attitude de George Bush. Les Etats-Unis risquent de se marginaliser, même si une importante délégation américaine est présente. Cela n'empêchera pas l'Europe, qui est plus proche des pays du G77, de faire entendre sa voix. Il est anormal que sur les grands sujets de l'avenir planétaire, George Bush n'envoie que des signaux négatifs.
Q - Comment s'est déroulée la préparation du côté français ? Est-ce que ce ministère ne risque pas de se transformer en vitrine médiatique ?
R - Je suis très satisfaite de la participation de la société civile et des ONG. Je pense que nous sommes à un tournant et que le développement durable est petit à petit pris en charge par l'ensemble de la société. Ma priorité reste l'information du citoyen. Pour cela, je compte m'appuyer sur la société civile et notamment sur les femmes, dont je me réjouis qu'elles soient très nombreuses à participer au Sommet. Je conçois ce ministère comme "le poil à gratter" du gouvernement. C'est un rôle ingrat. Mais si l'on veut renverser les tendances, c'est maintenant qu'il faut le faire. La France est le premier pays à avoir un ministère de ce type. Je ne serai un alibi que si je reste inerte.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 2002)