Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, sur les actions menées en faveur de la création d'entreprises innovantes, Paris le 11 juillet 2002.

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Circonstance : Remise des prix du quatrième concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes, Paris le 11 juillet 2002

Texte intégral

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureuse de vous rejoindre en ce haut lieu, du savoir universitaire et de la recherche pour saluer les acteurs de l'innovation, féliciter les lauréats du 4ème Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes et leur remettre ce prix.
Dans une économie de plus en plus ouverte et concurrentielle, l'innovation est le principal moteur de la compétitivité et de la croissance.
Cet effort d'innovation doit s'appuyer sur une synergie forte entre la recherche publique et les entreprises afin d'irriguer l'économie des résultats de la recherche académique.
Dans cette perspective, la création d'entreprises innovantes devient un facteur essentiel de croissance.
- Le soutien à la création d'entreprises innovantes
Le Ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche, et moi-même souhaitons mener une politique globale de soutien à l'innovation, en favorisant le partenariat entre la recherche publique et les entreprises et en accompagnant les créateurs d'entreprises innovantes.
En ce qui concerne la création d'entreprises innovantes, la loi sur l'innovation et la recherche de 1999 - votée à l'unanimité par le Parlement, en illustrant ainsi la perception partagée des enjeux de l'innovation - constitue un cadre général favorable au partenariat entre le monde de la recherche publique et le secteur économique. Elle permet, en outre, aux chercheurs de créer eux mêmes une entreprise pour valoriser les résultats de leurs travaux - et ceci dans des conditions de parfaite sécurité juridique.
Parallèlement, le Ministère a mis en place des mesures incitatives pour favoriser la création et le développement d'entreprises innovantes en installant des incubateurs et en participant à la création de fonds d'amorçage.
- La création d'entreprises innovantes, pilier de l'innovation et des transferts technologiques
La création d'entreprises innovantes est ainsi un des principaux piliers de la politique d'innovation et de transferts technologiques. Outre qu'elle constitue un excellent véhicule pour les transferts technologiques - puisque l'entreprise nouvellement créée valorise dans une logique concurrentielle un brevet possédé conjointement, ou non avec le laboratoire d'origine - elle est un maillon essentiel dans la mise en place d'un réseau économique à la frontière entre recherche publique et recherche industrielle.
Aux liens qui unissent ces entreprises nouvelles entre elles, s'ajoutent ceux qui s'établissent entre ces entreprises et les laboratoires ou organismes publics d'où leurs créateurs sont issus. Les collaborations et partenariats mis en place dans cette logique de complémentarité favorisent ainsi le rapprochement entre recherche publique et recherche industrielle.
- Les incubateurs publics
31 incubateurs publics ont été mis en place sur l'ensemble du territoire national pour accompagner et soutenir les porteurs de projets et favoriser la création d'entreprises liées à la recherche publique.
Ces incubateurs, portés par des organismes de recherche ou des universités, sont des lieux d'accueil et d'accompagnement qui fournissent conseils, appui et hébergement initial aux porteurs de projets. Comme tels, ils favorisent la mise en place d'un réseau entre nouvelles sociétés : l'unité de lieu permet une entraide de proximité entre les différentes entreprises innovantes, ainsi qu'un partage de leur expertise et de leurs technologies.
A ce jour, ces incubateurs - parmi lesquels certains ont démarré très récemment - ont accueilli plus de 550 projets et ont déjà permis la création de plus de 240 entreprises et 950 emplois.
Le Gouvernement précédent avait prévu un financement des incubateurs sur les 3 premières années de fonctionnement, financement qui va s'achever dans 6 mois pour certains d'entre eux. J'ai demandé à ce que soit examinée attentivement - au cas par cas et en fonction des résultats de chacun - la possibilité de prolonger le soutien de l'Etat. Nous veillerons à conduire cette action en étroite coopération avec les régions et les autres collectivités territoriales.
Un suivi de ces nouvelles entreprises devrait également se mettre en place : il permettrait de mieux évaluer leurs réussites comme leurs difficultés, afin d'identifier leurs besoins et de leur apporter - si nécessaire - un soutien supplémentaire.
- Les fonds d'amoçage
Créer une entreprise innovante nécessite évidemment des capitaux. Pour faciliter les débuts des jeunes entrepreneurs en participant à leur premier tour de table financier, 23 Millions d'euros ont été mobilisés par l'Etat pour créer 3 fonds d'amorçage nationaux thématiques et 7 fonds d'amorçage régionaux.
Grâce à cet effet de levier, le capital levé par ces 10 fonds atteint 135 Millions d'euros - multipliant ainsi par 7 la dotation de l'Etat. Cinq de ces fonds ont déjà effectué leurs premiers investissements.
Toutefois, il apparaît déjà que ces outils financiers ne permettront pas de financer à la hauteur nécessaire toutes les entreprises technologiques que nous souhaitons voir se développer. Une réflexion est en cours, avec, notamment, le Ministère chargé des finances pour compléter le dispositif.
- Le 4ème Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes
Le Ministère a souhaité faciliter la détection des meilleurs projets et leur accompagnement en créant le Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes. Ce concours est devenu une des pièces majeures du dispositif de soutien à l'innovation.
Il permet, en effet, à des porteurs de projet de faire émerger des idées neuves et de se lancer dans une aventure de création d'entreprise grâce à l'attribution d'un soutien financier spécifique.
La dotation de ce concours est cette année de 30 Millions d'euros, financée par le Ministère chargé de la Recherche et des Nouvelles Technologies, mais également par l'ANVAR et une participation du Fonds social européen.
Deux types de projets sont concernés :
D'une part, des projets classés "en émergence", qui sont au stade de l'idée ou de la préfiguration, nécessitant d'être approfondis aux plans technologique, organisationnel, juridique, commercial ou financier ;
D'autre part, des projets classés en "création-développement", plus avancés, pour lesquels la création d'une société est possible à court terme.
Cette année, près de 1 500 candidatures ont été déposées. Les jurys régionaux ont présélectionné 345 projets et le jury national, présidé par Mme Anne LAUVERGEON, a finalement retenu 224 lauréats :
106 dans la catégorie "émergence", qui recevront chacun une aide moyenne de 32 200 euros ;
118 dans la catégorie "création-développement ", qui, eux, recevront une aide moyenne de 225 500 euros.
J'attire votre attention sur un point : parmi les lauréats "création-développement" de cette année, 40 % sont des lauréats "en émergence" des concours précédents dont le projet a suffisamment mûri pour leur permettre d'envisager la création de leur entreprise à très court terme.
Enfin, 9 des 224 projets sélectionnés ont particulièrement retenu l'attention du jury national. Ils obtiennent des prix spéciaux, dont un prix "spécial sport" doté par le Ministère des Sports.
- La répartition des projets
Ces projets lauréats concernent l'ensemble des secteurs économiques ; ils se répartissent de la façon suivante :
Biotechnologies et pharmacie 26 %
Mécanique, chimie et matériaux 23 %
Services informatiques 22 %
Electronique, télécommunications 20 %
Génie des procédés 9 %
On constate cette année une forte hausse de l'innovation dans les secteurs dits traditionnels, qui se placent au 2ème rang derrière les sciences du vivant.
- Bilan global des 4 éditions du concours
Depuis 1999 ce sont, au total, 6 664 candidats qui ont participé à ce Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes. 1 002 lauréats ont été distingués, dont 434 en "création-développemen" et 568 "en émergence".
Ce Concours a déjà permis de créer plus de 350 entreprises et 2 500 emplois - auxquels viendront s'ajouter toutes les futures créations des lauréats de cette année.
Le Concours constitue également un label pour les créateurs et leur ouvre de nombreuses portes. Il a aussi démontré sa capacité à assurer le lien entre la recherche publique et l'économie : 47 % des lauréats 2002 sont issus de la recherche publique et leur niveau de formation est particulièrement élevé avec 53 % de docteurs et 17 % d'ingénieurs.
- La synergie entre les mesures incitatives à la création d'entreprises
Par ailleurs, ce Concours présente une forte synergie avec les autres mesures incitatives mises en place par le Ministère, puisque plus de 30 % des projets lauréats ont bénéficié d'un hébergement dans un incubateur public et que plusieurs ont déjà pu être financés par un des fonds d'amorçage soutenus par l'Etat.
De plus, c'est avec satisfaction que l'on peut noter que la recherche publique joue pleinement son rôle dans ce dispositif, puisqu'on constate que près de 50 % des entreprises ayant bénéficié d'une de ces mesures en proviennent. Il en résulte un accroissement considérable du nombre de création d'entreprises issues des organismes publics de recherche, des universités et grandes écoles.
- Les futurs développements
Le Concours a franchi en 2002 le seuil symbolique des 1 000 lauréats ; il faut consolider ce succès. L'accompagnement global des lauréats est une priorité afin de répondre à leurs attentes de conseils, de contacts spécialisés et de recherche de financement.
C'est dans cet esprit que, cette année, la remise des prix se tient quelques jours à peine après la réunion du jury national et que, dès cet après midi, ici-même, un forum de premiers contacts sera organisé pour informer les lauréats et les préparer au plus vite à finaliser leur projet de création dans les meilleures conditions.
Des forums spécialisés pour la recherche de financement prendront ensuite le relais de cet accompagnement des lauréats. Nous ferons tout pour qu'ils aient les meilleurs chances de succès. Le Ministère participera à l'organisation de ces forums dès cet automne.
Enfin, au-delà du dispositif général mis en place par le Ministère pour favoriser la création d'entreprises innovantes, je souhaite qu'un effort particulier soit appliqué à la sensibilisation et à la formation des jeunes à l'entrepreneuriat.
Le Ministère a déjà engagé des réflexions sur ce sujet, notamment avec la Conférence des Présidents d'Université (CPU) ; un observatoire des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat (OPPE) a été créé l'an dernier, avec le Ministère chargé de l'Industrie, l'Agence pour la création d'entreprises et l'Académie de l'entrepreneuriat. Il faut maintenant pérenniser cet observatoire pour qu'il puisse accomplir pleinement ses missions.
Par ailleurs, il est nécessaire de mettre en place de façon très concrète des opérations de sensibilisation à l'entrepreneuriat dès le lycée, et notamment dans l'enseignement technique.
Pour conclure, le Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes s'impose comme une mesure clé de la politique d'incitation à la création d'entreprises innovantes. Aussi, je peux vous assurer que je souhaite le voir renouvelé l'an prochain, et que je forme le vu qu'il fasse toujours émerger un grand nombre de bons projets et donc de lauréats.
Je voudrais, avant de remettre les prix, remercier toutes les personnes présentes et en particulier les "anciens lauréats" venus faire part de leur expérience.
Je félicite de nouveau les lauréats d'aujourd'hui qui représentent l'espoir de demain et la confiance dans la création d'une "société de l'innovation".
J'adresse enfin mes très vifs remerciements à Madame Anne LAUVERGEON, qui a bien voulu, cette année encore, présider le jury national, en y apportant toute son expérience et son dynamisme. Je remercie également pour leurs disponibilité et pour leur important travail d'analyse et de sélection les membres du jury national et les membres des jurys régionaux. Je remercie aussi l'ensemble des membres de l'ANVAR, qui a assisté très efficacement le ministère dans cette opération. Et naturellement, je remercie tous les collaborateurs du ministère.
Nous allons maintenant procéder à la remise des prix spéciaux de cette quatrième édition du Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes dont je me réjouis de féliciter les brillants candidats.

(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 15 juillet 2002)