Texte intégral
De toute part, j'entends dire que le système de santé de notre pays est malade. Qu'en est-il réellement? De quelle refondation noire système de santé a-t-il besoin ? Les Français ont raison de demander des réponses à ces interrogations, Mon devoir de ministre de ta Santé est d'exposer les lignes directrices de la politique que je veux impulser et conduire dans la durée, sous l'autorité do Jean-Pierre Raffarin.
Notre système de santé souffre d'un paradoxe. Peu de pays au inonde investissent au tant que la France (près d'un euro sur dix) pour soigner ses concitoyens. L'organisation mondiale de la santé (OMS) nous situe parmi les plus performants en raison notamment de la grande accessibilité de nos services de soins par rapport à ceux des autres pays. Les patients disent également leur satisfaction à l'égard des professionnels de santé. Pourtant l'ampleur des tensions jamais apaisées et des conflits mal réglés est considérable et la situation set tendue, en particulier en ce qui concerne les comptes sociaux et de l'assurance-maladie, qui connaissent des déficits très importants malgré les années de croissance.
S'il en est ainsi, c'est que notre système n'est clairement pins adapte à son nouvel environnement. Celui-ci est caractéristique par le vieillissement de notre population, le développement rapide des pathologies chroniques, comme le cancer, le diabète ou les maladies cardiovasculaires, la croissance remarquable du progrès médical - pensez aux médicaments issus des biotechnologies ou à l'imagerie médicale - et, enfin, l'aspiration au mieux-être et au mieux-vivre des citoyens, y compris des professionnels de santé...
Je me tiendrai à quelques exemples des dysfonctionnements auxquels nous devons nous attaquer. Qui n'est frappé de constater combien les responsabilités des nombreux acteurs sont confuses, en particulier en matière de financement? Le régime général et l'assurance-maladie sont devenus au fil des ans le domaine de tuyauteries complexes et opaques que seuls quelques experts cavent déchiffrer. Cela est profondément démotivant, Si l'on veut ré former, il faut trouver graduelle ment des solutions qui redonnent de la lisibilité à nos finances sociales et qui répondent aux attentes des partenaires sociaux.
De même, si nous sommes parmi les meilleurs pour le soin et l'accès aux soins, nous sommes très en retard dans le domaine de la prévention la moitié de la mortalité des jeunes Français de 25 a 44 ans pourrait être évitée par des politiques ciblées sur les accidents et les suicides.
Notre système tolère également trop de dépenses sans réelle utilité sanitaire. Pourquoi ? Nous n'avons pas fait collectivement de choix explicites sur ce que nous pensons justifier que la solidarité nationale prenne en charge. Nous n'avons pas donné non plus assez de place à l'exigence de qua- lite du service rendu. Certains d'entre nous se comportent aussi en consommateurs abusifs. Tout cela contribue à une croissance rapide et mal maîtrisée des dépenses d'assurance- maladie. Pourtant, les ressources de la sécurité sociale ne sont pas infinies. Cette situation menace notre système de santé.
Il faut donc changer de regard sur le monde de la santé et laisser la place o une nouvelle donne, o une nouvelle logique. Il est grand temps de refonder notre système de santé en y associant tous les professionnels, les partenaires sociaux. Les élus et les patients, qui doivent être au coeur du dispositif.
Nous avons déjà, par l'accord du 5juin sur le C (Consultation chez un médecin généraliste.) à 20 euros, suivi de l'accord avec les pédiatres, ainsi que grâce aux premières mesures décidées à. l'hôpital, commencé à rétablir un climat de confiance. J'en suis heureux. le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale va traduire les objectifs de la politique à conduire au cours des prochaines années. Pour autant, il est exclu de remettre en quelques mois dans le bon sens ce que nos prédécesseurs ne sont pas parvenue à réaliser ou, même, ont contribué à détériorer en cinq ans Tout n'est pas possible tout de suite, en dépit des attentes et des frustrations qui sont très fortes. 2003 sera nécessairement une armée de transition portant encore la trace du passé mais aussi l'empreinte du futur.
Les lignes directrices de la nouvelle politique de santé que je propose sont simples. Priorité à la prévention et à la santé publique. C'est le sens de la grande loi de programmation en santé publique que nous préparons pour le premier semestre 2003. Elle fixera les responsabilités des acteurs. Elle déterminera les objectifs prioritaires de santé à atteindre dans les cinq prochaines années et indiquera les moyens d'y parvenir. Elle va faire l'objet, dès les prochaines semaines, de réunions de consultations dans les régions aux quelles je participerai. Elle intégrera également deux des grands chantiers voulus par le président de la République la lutte contre le cancer, qui frappe 250 000 Français chaque année, et la lutte contre l'insécurité routière, qui a fait, entre 1993 et 2000, 66 000 morts et 1 400 0000 blessés.
Il faut ensuite une nouvelle gouvernance pour notre système de santé et d'assurance- maladie, c'est-à-dire créer les conditions de revitalisation de la gestion paritaire de notre Sécurité sociale. Cela requiert une clarification des rôles respectifs do l'Etat et de l'assurance-maladie, encore trop intriqués et ambigus. Cela exige aussi de simplifier et de stabiliser progressivement le financement de l'assurance-maladie, c'est-à-dire de répartir les ressources et les charges entre l'Etat et sécurité sociale en fonction des missions de chacun. Une nouvelle gouvernance, c'est également davantage de proximité dans le cadre régional, grâce à des agences régionales de saute qui, à compter de 2004, rendront plus lisible, plus cohérent et plus démocratique le fonctionnement de notre système de santé.
Soutenir l'innovation et placer l'excellence au coeur de la politique de santé encore. Une vraie politique de qualité est nécessaire dans le domaine des pratiques professionnelles, des filières et des réseaux ainsi que des établissements. L'évaluation des pratiques ne peut pas être faite par l'Etat cule payeur elle doit relever des professionnels eux-mêmes. Mais il faut les aider à s'organiser, dans un cadre régional, et inciter plutôt que pénaliser.
Plus de qualité et davantage d'innovation, c'est également une politique du médicament qui soit centrée sur le service médical rendu, qui encourage les nouveaux produits et les bio- technologies, qui respecte un secteur industriel important pour notre économie mais qui soit soucieuse du bon emploi des deniers publics et développe donc massivement les génériques. C'est enfin la réforme de l'hospitalisation publique et privée, qui repose sur la relance de l'effort d'équipement, l'évolution du mode de financement grâce a la tarification à l'activité, et à l'assouplissement des modalités de gestion au bénéfice de tous.
Les attentes sont nombreuses, je le sais. Nous voulons oeuvrer en confiance avec les professionnels de santé. Le plus difficile est devant nous, Mais également le plus passionnant: adapter notre système de santé aux exigences du siècle qui s'ouvre. C'est ainsi que je veux continuer de servir la médecine et la santé dans notre pays, en mariant l'humanisme, le progrès scientifique et les réalités économiques.
(source http://www.rpr.org, le 2 octobre 2002)
Notre système de santé souffre d'un paradoxe. Peu de pays au inonde investissent au tant que la France (près d'un euro sur dix) pour soigner ses concitoyens. L'organisation mondiale de la santé (OMS) nous situe parmi les plus performants en raison notamment de la grande accessibilité de nos services de soins par rapport à ceux des autres pays. Les patients disent également leur satisfaction à l'égard des professionnels de santé. Pourtant l'ampleur des tensions jamais apaisées et des conflits mal réglés est considérable et la situation set tendue, en particulier en ce qui concerne les comptes sociaux et de l'assurance-maladie, qui connaissent des déficits très importants malgré les années de croissance.
S'il en est ainsi, c'est que notre système n'est clairement pins adapte à son nouvel environnement. Celui-ci est caractéristique par le vieillissement de notre population, le développement rapide des pathologies chroniques, comme le cancer, le diabète ou les maladies cardiovasculaires, la croissance remarquable du progrès médical - pensez aux médicaments issus des biotechnologies ou à l'imagerie médicale - et, enfin, l'aspiration au mieux-être et au mieux-vivre des citoyens, y compris des professionnels de santé...
Je me tiendrai à quelques exemples des dysfonctionnements auxquels nous devons nous attaquer. Qui n'est frappé de constater combien les responsabilités des nombreux acteurs sont confuses, en particulier en matière de financement? Le régime général et l'assurance-maladie sont devenus au fil des ans le domaine de tuyauteries complexes et opaques que seuls quelques experts cavent déchiffrer. Cela est profondément démotivant, Si l'on veut ré former, il faut trouver graduelle ment des solutions qui redonnent de la lisibilité à nos finances sociales et qui répondent aux attentes des partenaires sociaux.
De même, si nous sommes parmi les meilleurs pour le soin et l'accès aux soins, nous sommes très en retard dans le domaine de la prévention la moitié de la mortalité des jeunes Français de 25 a 44 ans pourrait être évitée par des politiques ciblées sur les accidents et les suicides.
Notre système tolère également trop de dépenses sans réelle utilité sanitaire. Pourquoi ? Nous n'avons pas fait collectivement de choix explicites sur ce que nous pensons justifier que la solidarité nationale prenne en charge. Nous n'avons pas donné non plus assez de place à l'exigence de qua- lite du service rendu. Certains d'entre nous se comportent aussi en consommateurs abusifs. Tout cela contribue à une croissance rapide et mal maîtrisée des dépenses d'assurance- maladie. Pourtant, les ressources de la sécurité sociale ne sont pas infinies. Cette situation menace notre système de santé.
Il faut donc changer de regard sur le monde de la santé et laisser la place o une nouvelle donne, o une nouvelle logique. Il est grand temps de refonder notre système de santé en y associant tous les professionnels, les partenaires sociaux. Les élus et les patients, qui doivent être au coeur du dispositif.
Nous avons déjà, par l'accord du 5juin sur le C (Consultation chez un médecin généraliste.) à 20 euros, suivi de l'accord avec les pédiatres, ainsi que grâce aux premières mesures décidées à. l'hôpital, commencé à rétablir un climat de confiance. J'en suis heureux. le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale va traduire les objectifs de la politique à conduire au cours des prochaines années. Pour autant, il est exclu de remettre en quelques mois dans le bon sens ce que nos prédécesseurs ne sont pas parvenue à réaliser ou, même, ont contribué à détériorer en cinq ans Tout n'est pas possible tout de suite, en dépit des attentes et des frustrations qui sont très fortes. 2003 sera nécessairement une armée de transition portant encore la trace du passé mais aussi l'empreinte du futur.
Les lignes directrices de la nouvelle politique de santé que je propose sont simples. Priorité à la prévention et à la santé publique. C'est le sens de la grande loi de programmation en santé publique que nous préparons pour le premier semestre 2003. Elle fixera les responsabilités des acteurs. Elle déterminera les objectifs prioritaires de santé à atteindre dans les cinq prochaines années et indiquera les moyens d'y parvenir. Elle va faire l'objet, dès les prochaines semaines, de réunions de consultations dans les régions aux quelles je participerai. Elle intégrera également deux des grands chantiers voulus par le président de la République la lutte contre le cancer, qui frappe 250 000 Français chaque année, et la lutte contre l'insécurité routière, qui a fait, entre 1993 et 2000, 66 000 morts et 1 400 0000 blessés.
Il faut ensuite une nouvelle gouvernance pour notre système de santé et d'assurance- maladie, c'est-à-dire créer les conditions de revitalisation de la gestion paritaire de notre Sécurité sociale. Cela requiert une clarification des rôles respectifs do l'Etat et de l'assurance-maladie, encore trop intriqués et ambigus. Cela exige aussi de simplifier et de stabiliser progressivement le financement de l'assurance-maladie, c'est-à-dire de répartir les ressources et les charges entre l'Etat et sécurité sociale en fonction des missions de chacun. Une nouvelle gouvernance, c'est également davantage de proximité dans le cadre régional, grâce à des agences régionales de saute qui, à compter de 2004, rendront plus lisible, plus cohérent et plus démocratique le fonctionnement de notre système de santé.
Soutenir l'innovation et placer l'excellence au coeur de la politique de santé encore. Une vraie politique de qualité est nécessaire dans le domaine des pratiques professionnelles, des filières et des réseaux ainsi que des établissements. L'évaluation des pratiques ne peut pas être faite par l'Etat cule payeur elle doit relever des professionnels eux-mêmes. Mais il faut les aider à s'organiser, dans un cadre régional, et inciter plutôt que pénaliser.
Plus de qualité et davantage d'innovation, c'est également une politique du médicament qui soit centrée sur le service médical rendu, qui encourage les nouveaux produits et les bio- technologies, qui respecte un secteur industriel important pour notre économie mais qui soit soucieuse du bon emploi des deniers publics et développe donc massivement les génériques. C'est enfin la réforme de l'hospitalisation publique et privée, qui repose sur la relance de l'effort d'équipement, l'évolution du mode de financement grâce a la tarification à l'activité, et à l'assouplissement des modalités de gestion au bénéfice de tous.
Les attentes sont nombreuses, je le sais. Nous voulons oeuvrer en confiance avec les professionnels de santé. Le plus difficile est devant nous, Mais également le plus passionnant: adapter notre système de santé aux exigences du siècle qui s'ouvre. C'est ainsi que je veux continuer de servir la médecine et la santé dans notre pays, en mariant l'humanisme, le progrès scientifique et les réalités économiques.
(source http://www.rpr.org, le 2 octobre 2002)