Déclaration de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, sur l'ambition, les priorités de sa mission et les méthodes de travail mises au service de la diplomatie française, Paris le 27 août 2002.

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Circonstance : Réunion de la Xème conférence des Ambassadeurs à Paris le 27 août 2002

Texte intégral

Permettez-moi de vous dire combien je suis heureux et fier d'appartenir à cette équipe pilotée par Dominique de Villepin. Combien je suis heureux et fier d'être membre du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Combien je suis heureux et fier de pouvoir servir la France sous l'autorité du président de la République, Jacques Chirac.
Issu de la Société civile, je suis un pur produit politique animé par une passion : celle d'un médecin au service de la collectivité. Elevé par un père déporté à Dachau, petit-fils de l'Amiral Muselier qui donna la croix de Lorraine à la France libre. La grandeur de la France et la liberté ont beaucoup d'importance à mes yeux. Docteur en médecine, je sais que l'écoute, l'humilité, la tolérance et la compétence sont indispensables pour soulager la souffrance et éradiquer la maladie. Un bon diagnostic permet de poser un traitement efficace, pas l'inverse.
En politique, c'est pareil. Elu trois fois député des Bouches-du-Rhône, premier adjoint de la deuxième ville de France, Marseille, je suis un élu de "la France d'en bas" géographiquement parlant. Cette merveilleuse cité phocéenne qui a fêté ses 2600 ans l'an passé, est une ville aux nombreux jumelages, ouverte sur le monde, festive, enthousiaste, au tempérament fort. Elle ne laisse personne indifférent et se doit de retrouver son rang et son rôle sur l'espace méditerranéen. Marseille est le carrefour du dialogue euro-méditerranéen (ancienne porte de l'Orient).
Le président de la République et le ministre ont souhaité donner à notre politique étrangère un nouveau souffle, une nouvelle ampleur et une nouvelle dimension. C'est dans cet esprit que j'entends assurer auprès du ministre mes fonctions de secrétaire d'Etat.
Comme vous le savez, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, il n'y avait pas de secrétaire d'Etat sous cette forme depuis dix ans. Il existe un cruel manque de France dans un très grand nombre de pays. Par exemple, j'ai déjeuné avec les ambassadeurs de l'ASEAN. La plupart d'entre eux n'avaient pas vu le ministre depuis plus de cinq ans. Or, la voix de la France se doit d'être présente partout.
Alors quelques grands axes de la mission en découlent :
1. Suppléer le ministre. Je vais résumer : "Dominique de Villepin fait tout, je fais le reste ". Et même s'il en fait beaucoup et souvent l'essentiel, il en reste encore.
2. Relayer les préoccupations de nos partenaires étrangers, des élus, des Français à l'étranger.
3. Ouvrir de nouvelles perspectives et assurer le suivi de notre action diplomatique. La qualité de vie, l'humanitaire, les intérêts économiques, la paix, le développement durable, le rayonnement de la France sont des pôles d'intérêts majeurs et qui méritent un travail continu.
4. Renforcer notre présence dans les enceintes multilatérales. Pour assumer cette fonction, il nous faut avec conviction donner de l'ordre et du sens à notre puissance au service de notre conscience.
Mais une ambition nécessite la mise en oeuvre de moyens. Il faut exploiter le capital temps en organisant des visites dans nos départements avec le ministre, conformément au souhait du Premier ministre.
Je pars d'un constat, la diplomatie française apparaît aux yeux de nos compatriotes comme un exercice essentiellement parisien. Or, la vie quotidienne de nos régions est aujourd'hui étroitement dépendante de l'environnement international du fait de la construction de l'Europe et la mondialisation.
Il nous faut rappeler l'importance et l'influence de la France dans le monde et la chance que nous avons de vivre libres dans un pays riche et démocratique. Il nous faut en même temps recueillir les préoccupations de nos concitoyens et de nos entreprises confrontés aux défis du monde dans lequel nous vivons.
Il faut aussi exploiter le capital temps, dans les visites de pays importants sans se limiter aux capitales. Il faut davantage ouvrir les missions à l'étranger aux non-fonctionnaires (entrepreneurs, milieux culturels, élus), en fait à tous ceux qui ont des intérêts directs qu'il faut soutenir, aider ou promouvoir.
Autant que possible, ces missions soigneusement préparées à l'avance, doivent s'articuler autour de thèmes précis. Le message politique, la sécurité de nos compatriotes, la présence économique de la France, l'influence culturelle.
On peut optimiser cette ambition en relançant la pratique des conférences régionales d'ambassadeurs. Je souhaite, pour ma part, m'impliquer personnellement dans cet exercice important pour la cohérence de notre diplomatie et le renouvellement de nos méthodes de travail.
Je ne veux pas conclure sans avoir une pensée toute particulière pour nos deux millions de compatriotes qui vivent à l'étranger dans des conditions parfois extrêmement difficiles mais qui portent avec fierté notre drapeau... Même si parfois notre pays paraît loin et compliqué, lourd et rigide, il est grand, beau, fort et influent. N'oublions jamais la chance que nous avons d'être français mais c'est aussi une exigence.
Dans cet état d'esprit, je vous offre ma disponibilité pour toutes les missions que le ministre voudra bien me confier. Faites-moi connaître vos souhaits. Nous établirons ensemble les priorités de l'action. Nous devons activer tous les réseaux de notre présence pour amplifier notre influence. Je me rends compte combien votre métier a évolué en quelques années, même si souvent il peut être dangereux, pénible ou déracinant. C'est une mission exaltante et prestigieuse. Vous êtes ambassadeur de la France. Vous pouvez et devez en être fier. Avec 1équipe composée autour du ministre Dominique de Villepin, avec mes collègues, Mme Lenoir et Pierre-André Wiltzer, nous allons tous ensemble faire du très bon travail.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 août 2002)