Texte intégral
Je voudrais faire une déclaration sur deux points :
1. En ce qui concerne la question des sanctions, je voudrais dire que mon pays est favorable à une action humanitaire par rapport à la Yougoslavie, qui puisse englober des actions dans le domaine de l'énergie et du chauffage. Compte tenu de la situation avant l'hiver cela nous parait indispensable. Compte tenu du climat, cela nous parait compatible avec les décisions que nous avons prises. Nous en avons parlé avec les principaux leaders de l'opposition en Serbie et nous avons acquis la conviction que cette attitude humanitaire ne profiterait pas au régime, mais profiterait tout simplement à la société serbe qui a déjà beaucoup souffert.
2. Deuxième point, qui n'a pas de rapport avec la question des sanctions, mais qui est important régionalement, c'est la question du Danube. L'avenir du Danube devient très sérieux. Le Danube est obstrué, la circulation y est impossible. C'est une question d'importance régionale qui ne concerne pas spécialement la Yougoslavie, qui concerne une dizaine de pays. Nous estimons que la liberté de circulation sur le Danube doit être rétablie et nous estimons que personne ne devrait s'y opposer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 1999)
Mesdames et Messieurs,
Je vais d'abord adresser toutes mes félicitations à mon ami M. Papandreou avant que lui-même ne conclût cette rencontre. Je serai assez bref et en même temps, assez précis.
Je voudrais d'abord vous dire que je crois beaucoup à l'utilité de ce genre de rencontre. A priori, on pourrait penser que c'est presque superflu tellement il y a de rencontres dans le monde d'aujourd'hui entre les uns et les autres. Mais, en réalité, nous nous rencontrons énormément pour prendre des décisions, avec des ordres du jour très chargés, pour le moment à 15 en attendant à 20 ou à 25. Ce ne sont pas des rencontres pour réfléchir. Ce sont des rencontres pour décider. Ce qui ne veut pas dire que nous ne réfléchissons pas ici, mais ce n'est pas tout à fait le même exercice.
Je crois beaucoup à l'utilité de ce travail et je pense que, ce n'est pas parce que nous sommes dans une Europe à Quinze, ce n'est pas parce que nous avons pris des engagements multilatéraux, notamment en matière de Politique étrangère et de sécurité commune, que nous devons renoncer à la richesse extraordinaire que représentent ces travaux dans lesquels deux, trois ou quatre pays se réunissent, se mettent ensemble pour réfléchir sur des points de ce type. Nous, Français, nous avons une expérience depuis un an ou deux en travaillant avec nos amis britanniques sur l'Afrique, en travaillant avec les Italiens sur cette région du monde, avec les Allemands sur d'autres sujets et je crois qu'il faut rétablir cette dimension entre l'approche nationale et l'approche multilatérale. Il faut réutiliser cette formidable richesse que représente l'expérience historique, le savoir-faire, la connaissance diplomatique de tous ces pays d'Europe mais il ne faut pas pour cela se remettre dans des situations de décisions unilatérales car cela durcit les positions de chacun et empêche de faire de la prospective. Ce que j'ai entendu dans les comptes-rendus, et je remercie à cet égard M. Foucher et M. Ailianes, m'apparaît extrêmement riche. C'est un sujet dont on a beaucoup parlé depuis un an et plus, malheureusement, c'est un sujet que nos amis grecs connaissent extraordinairement bien, et c'est un pays que la France connaît moins bien mais connaît quand même.
Je trouve qu'en relativement peu de temps, peut-être parce que cela a été très bien préparé, et certainement en raison de la qualité des participants, vous avez dit des choses extraordinairement précises et utiles et les réflexions des personnes qui ont conclu sur chaque point, je les trouve toutes intéressantes et toutes utiles. Et précisément, lorsque l'on compare les suggestions qui sont faites aux conclusions que nous adoptons à Quinze, on voit bien que ces suggestions sont riches, beaucoup plus opérationnelles. C'est normal. C'est plus facile de faire la synthèse entre deux pays intéressés, engagés et volontaires pour se rencontrer que de faire la synthèse entre quinze pays encore très différents sur tous les sujets d'actualité. C'est la preuve de ce que je disais avant.
Je trouve sur chaque pays, chaque problème transversal de la région du sud-est de l'Europe ou sur chaque point précis, chaque analyse et chaque point sont à reprendre.
Je voudrais exprimer ma satisfaction car cette affaire du sud de l'Europe est très importante et très difficile aussi longtemps que nous pouvons le prévoir. Nous avons à l'accompagner, à la négocier, nous avons à gérer les choses et c'est cela qu'explique la grande ambition du Pacte de stabilité qui est une forme de tuyauterie. Ensuite, il faut mettre de l'énergie dans la machine, de l'argent bien sûr mais aussi des idées, des concepts, des projets.
Tout cela m'apparaît comme étant très bienvenu. Je pense que nous sommes obligés de partager cette approche qui mêle pessimisme et optimisme. C'est certainement la seule façon de prendre les choses. Il faut déterminer un engagement de longue durée ; il faut être très conscient de cela, et il faut savoir comment peser sur chaque problème, comment peser sur chaque pays, comment conditionner notre action aux moyens, à des engagements qui soient progressifs, qui correspondent à des choses que chacun est susceptible de faire, petit à petit, sans être donneur de leçons, d'irréalisme, mais en étant très stimulant et très tenace...
Je souhaite par conséquent, pour conclure deux choses :
D'abord, je souhaite que les deux appareils diplomatiques au sens classique du terme soient capables de comprendre les conflits et de faire des propositions très précises que nous pourrions injecter dans la réflexion de nos amis de l'Union européenne. Il y a bien des propositions à faire, je le souhaite vivement et je pense que c'est utile pour la prochaine réunion du Conseil Affaires générales, pour le Conseil européen également.
Deuxièmement, je souhaite que nous poursuivions entre Grecs et Français ces exercices, parce que la démonstration est très positive. Il faut poursuivre sur cette question ou sur d'autres sujets.
Je souhaite une transformation concrète des conclusions de ce colloque pour notre travail politique et diplomatique. Voilà pourquoi il faut poursuivre ce genre de travail et je félicite tous ceux qui y ont apporté leur contribution.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le14 octobre 1999)
Je suis très heureux du succès et du caractère fécond et concret de ce séminaire. Je le dis après avoir entendu les conclusions, cela démontre l'intérêt qu'il y a pour la Grèce et la France à travailler ensemble sur cette question du sud-est de l'Europe, cela démontre que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, que nous pouvons élaborer ensemble des conclusions, des propositions, des suggestions qui seront très utiles aux Quinze de l'Union européenne, Ce sera aussi très utile pour les responsables du Pacte de stabilité, cela démontre l'intérêt qu'il y a pour deux pays qui sont très engagés ensemble dans la politique européenne et qui seront constamment et dans des contextes plus formels ou dans des réunions multilatérales où il faut décider. Cela démontre l'utilité de ce séminaire qui rassemble des intellectuels, des experts, des diplomates des responsables pour faire ce travail de réflexion et de prospective, et en même temps, une prospective très encrée dans la réalité du moment.
Je suis donc vraiment très satisfait de cette formule du travail et je redis ici, devant la presse ce que je disais il y a quelques instants, je souhaite qu'on leur donne une suite concrète à l'intérieur du travail diplomatique européen, et je souhaite par ailleurs que nous continuons à travailler entre Grecs et Français sur d'autres sujets d'intérêts communs et il n'en manque pas. Même s'il nous paraissait évident qu'il fallait commencer par les Balkans, par ce que l'on appelle aujourd'hui le sud-est de l'Europe, puisque c'est un sujet "chaud", qui va nous occuper encore longtemps et sur lequel nous devons être présents, très engagés, très patient, persévérant car les problèmes ne vont pas se régler du jour au lendemain. Il y a un travail de démocratisation, de sécurité, un travail de stabilité des frontières, un travail d'évolution des mentalités, une coopération entre les uns et les autres ; mais il faut créer avant tout un climat de tolérance, nous savons tous que c'est une tâche gigantesque, mais nous y sommes engagés, et ce séminaire de Salonique est une bonne étape à la fois sur le plan intellectuel et sur le plan diplomatique.
Maintenant, je suis prêt à répondre à d'éventuelles questions.
Q - Compte tenues des relations privilégiées qui existent entre la Grèce et la France, j'aimerai savoir quelle est votre analyse quand à la robustesse du régime serbe actuel et quand aux chances de succès de contestations démocratiques. Et au-delà de ce diagnostic, j'aimerai savoir si vous considérez comme légitime le pouvoir en place ?
J'aimerai vous demander s'il y a une souveraineté en Yougoslavie, au Kosovo, comment cette souveraineté est-elle exercée, et si votre pays est décidé à aider à l'exercice de cette souveraineté. Comme vous le voyez, il y a un certain retrait de la Yougoslavie au Kosovo ?
R - Ma réponse est très simple, elle est contenue dans la résolution 1244 qui est la loi qui s'applique à tous les pays membres des Nations unies. C'est la source de la légalité internationale qui a confirmé la souveraineté yougoslave sur le Kosovo. Compte tenu de ce qui s'est passé, que chacun connaît très bien ici, nous avons décidé de confier cette souveraineté au Secrétaire général des Nations Unies qui a délégué ses responsabilités à un représentant spécial qui dirige sur place la MINUK. Il n'y a aucune ambiguïté sur ce point et cette situation est la conséquence directe de la politique menée par les autorités de Belgrade depuis dix ans, plus particulièrement depuis un an ou deux, s'agissant du Kosovo.
Ce que font la MINUK d'une part et la KFOR au Kosovo c'est de mettre en oeuvre cette politique, de rétablir et de reconstruire la sécurité au Kosovo, de rétablir les conditions d'une coexistence entre les différentes communautés et de donner une consistance à l'autonomie, puisque c'est le parti qui a été adopté par le Conseil de sécurité. Tout le reste n'est que spéculations. Il y a déjà assez de travail pour atteindre cet objectif.
Q - (...)
R - Je suis tout à fait d'accord avec cette réponse. L'objectif d'une Yougoslavie démocratique mais aussi pacifique, ayant renoncé à cette forme de nationalisme qui a produit tant de conséquences tragiques depuis des années pour de nombreux peuples de la région, y compris le peuple serbe, voilà notre objectif pour une Yougoslavie différente. Mais, ce n'est pas possible avec ce régime et ce n'est pas possible avec ces dirigeants qui sont responsables de tout ce qui s'est passé et qui sont responsables de cette situation de blocage actuelle. Tous les pays d'Europe, sans parler d'autres pays qui adressent le même message aux forces d'oppositions démocratiques en Yougoslavie en les incitant à adopter ensemble une plate-forme dans laquelle l'opinion yougoslave pourrait trouver le commencement d'une réponse à cette situation.
Nous avons dit et redit qu'il y avait, dans l'Europe de demain, une place pour la Yougoslavie et en quelque sorte cette place lui est réservée mais à condition qu'elle réussisse cette mutation dont nous avons parlé. Je crois que les pays d'Europe sont très cohérents convergeant dans cette politique.
Q - J'aimerai poser une question quand à la situation entre la Turquie et la Grèce, à quel point la France qui à plusieurs reprises avait une attitude amicale vis-à-vis de la Turquie, à quel point donc la France va-t-elle donc faire pression sur la Turquie afin qu'elle fasse quelques démarches de bonne volonté demandées par la Grèce afin de pouvoir tirer avantage de cette confiance qui, malgré les conditions néfastes des tremblements de terre a quand même permis d'avoir une meilleure ambiance entre nos deux pays ?
R - En ce qui me concerne, je me bornerai à dire que mon pays souhaite très sincèrement et très vivement une amélioration des relations entre la Grèce et la Turquie, un rapprochement même entre les deux pays ; nous espérons que cette évolution ouvre des perspectives très positives pour tous les peuples de la région et pour l'Europe toute entière. Nous soutenons donc ces évolutions qui nous donnent de l'espoir et je voudrais saluer à cet égard, le travail qui est fait par M. Papandreou qui est remarquable.
Q - (...)
R - Concernant la Serbie, je voudrais dire que mon pays est favorable à une action humanitaire par rapport à la Yougoslavie qui puisse englober des actions dans le domaine de l'énergie et du chômage compte tenu du climat de la situation avant l'hiver, cela nous paraît indispensable, cela nous paraît compatible avec les décisions que nous avons prises, nous en avons parlé avec de nombreux leaders de l'opposition en Serbie, et nous avons acquit la conviction que cette attitude humanitaire ouverte ne profiterait pas au régime mais, profiterait tout simplement à la société serbe qui a déjà beaucoup souffert; C'est le premier point, je voudrais ajouter une deuxième chose qui n'a pas de rapport avec les sanctions, mais elle est importante régionalement, c'est la question du Danube. L'affaire du Danube devient très sérieuse le Danube est obstrué, la circulation y est impossible comme vous le savez et c'est une question d'importance régionale qui ne concerne pas simplement la Yougoslavie mais qui concerne une dizaine de pays. Nous estimons que la liberté de circulation sur le Danube doit être rétablie et nous estimons que personne ne devrait s'y opposer. Les deux points sont distinctes, ce n'est pas une question qui relève de la problématique des sanctions mais qui relève d'une décision politique plus large qui rejoint d'ailleurs ce dont nous avons parlé : le sud-est- de l'Europe, le Pacte de stabilité etc.... .
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 octobre 1999)
1. En ce qui concerne la question des sanctions, je voudrais dire que mon pays est favorable à une action humanitaire par rapport à la Yougoslavie, qui puisse englober des actions dans le domaine de l'énergie et du chauffage. Compte tenu de la situation avant l'hiver cela nous parait indispensable. Compte tenu du climat, cela nous parait compatible avec les décisions que nous avons prises. Nous en avons parlé avec les principaux leaders de l'opposition en Serbie et nous avons acquis la conviction que cette attitude humanitaire ne profiterait pas au régime, mais profiterait tout simplement à la société serbe qui a déjà beaucoup souffert.
2. Deuxième point, qui n'a pas de rapport avec la question des sanctions, mais qui est important régionalement, c'est la question du Danube. L'avenir du Danube devient très sérieux. Le Danube est obstrué, la circulation y est impossible. C'est une question d'importance régionale qui ne concerne pas spécialement la Yougoslavie, qui concerne une dizaine de pays. Nous estimons que la liberté de circulation sur le Danube doit être rétablie et nous estimons que personne ne devrait s'y opposer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 1999)
Mesdames et Messieurs,
Je vais d'abord adresser toutes mes félicitations à mon ami M. Papandreou avant que lui-même ne conclût cette rencontre. Je serai assez bref et en même temps, assez précis.
Je voudrais d'abord vous dire que je crois beaucoup à l'utilité de ce genre de rencontre. A priori, on pourrait penser que c'est presque superflu tellement il y a de rencontres dans le monde d'aujourd'hui entre les uns et les autres. Mais, en réalité, nous nous rencontrons énormément pour prendre des décisions, avec des ordres du jour très chargés, pour le moment à 15 en attendant à 20 ou à 25. Ce ne sont pas des rencontres pour réfléchir. Ce sont des rencontres pour décider. Ce qui ne veut pas dire que nous ne réfléchissons pas ici, mais ce n'est pas tout à fait le même exercice.
Je crois beaucoup à l'utilité de ce travail et je pense que, ce n'est pas parce que nous sommes dans une Europe à Quinze, ce n'est pas parce que nous avons pris des engagements multilatéraux, notamment en matière de Politique étrangère et de sécurité commune, que nous devons renoncer à la richesse extraordinaire que représentent ces travaux dans lesquels deux, trois ou quatre pays se réunissent, se mettent ensemble pour réfléchir sur des points de ce type. Nous, Français, nous avons une expérience depuis un an ou deux en travaillant avec nos amis britanniques sur l'Afrique, en travaillant avec les Italiens sur cette région du monde, avec les Allemands sur d'autres sujets et je crois qu'il faut rétablir cette dimension entre l'approche nationale et l'approche multilatérale. Il faut réutiliser cette formidable richesse que représente l'expérience historique, le savoir-faire, la connaissance diplomatique de tous ces pays d'Europe mais il ne faut pas pour cela se remettre dans des situations de décisions unilatérales car cela durcit les positions de chacun et empêche de faire de la prospective. Ce que j'ai entendu dans les comptes-rendus, et je remercie à cet égard M. Foucher et M. Ailianes, m'apparaît extrêmement riche. C'est un sujet dont on a beaucoup parlé depuis un an et plus, malheureusement, c'est un sujet que nos amis grecs connaissent extraordinairement bien, et c'est un pays que la France connaît moins bien mais connaît quand même.
Je trouve qu'en relativement peu de temps, peut-être parce que cela a été très bien préparé, et certainement en raison de la qualité des participants, vous avez dit des choses extraordinairement précises et utiles et les réflexions des personnes qui ont conclu sur chaque point, je les trouve toutes intéressantes et toutes utiles. Et précisément, lorsque l'on compare les suggestions qui sont faites aux conclusions que nous adoptons à Quinze, on voit bien que ces suggestions sont riches, beaucoup plus opérationnelles. C'est normal. C'est plus facile de faire la synthèse entre deux pays intéressés, engagés et volontaires pour se rencontrer que de faire la synthèse entre quinze pays encore très différents sur tous les sujets d'actualité. C'est la preuve de ce que je disais avant.
Je trouve sur chaque pays, chaque problème transversal de la région du sud-est de l'Europe ou sur chaque point précis, chaque analyse et chaque point sont à reprendre.
Je voudrais exprimer ma satisfaction car cette affaire du sud de l'Europe est très importante et très difficile aussi longtemps que nous pouvons le prévoir. Nous avons à l'accompagner, à la négocier, nous avons à gérer les choses et c'est cela qu'explique la grande ambition du Pacte de stabilité qui est une forme de tuyauterie. Ensuite, il faut mettre de l'énergie dans la machine, de l'argent bien sûr mais aussi des idées, des concepts, des projets.
Tout cela m'apparaît comme étant très bienvenu. Je pense que nous sommes obligés de partager cette approche qui mêle pessimisme et optimisme. C'est certainement la seule façon de prendre les choses. Il faut déterminer un engagement de longue durée ; il faut être très conscient de cela, et il faut savoir comment peser sur chaque problème, comment peser sur chaque pays, comment conditionner notre action aux moyens, à des engagements qui soient progressifs, qui correspondent à des choses que chacun est susceptible de faire, petit à petit, sans être donneur de leçons, d'irréalisme, mais en étant très stimulant et très tenace...
Je souhaite par conséquent, pour conclure deux choses :
D'abord, je souhaite que les deux appareils diplomatiques au sens classique du terme soient capables de comprendre les conflits et de faire des propositions très précises que nous pourrions injecter dans la réflexion de nos amis de l'Union européenne. Il y a bien des propositions à faire, je le souhaite vivement et je pense que c'est utile pour la prochaine réunion du Conseil Affaires générales, pour le Conseil européen également.
Deuxièmement, je souhaite que nous poursuivions entre Grecs et Français ces exercices, parce que la démonstration est très positive. Il faut poursuivre sur cette question ou sur d'autres sujets.
Je souhaite une transformation concrète des conclusions de ce colloque pour notre travail politique et diplomatique. Voilà pourquoi il faut poursuivre ce genre de travail et je félicite tous ceux qui y ont apporté leur contribution.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le14 octobre 1999)
Je suis très heureux du succès et du caractère fécond et concret de ce séminaire. Je le dis après avoir entendu les conclusions, cela démontre l'intérêt qu'il y a pour la Grèce et la France à travailler ensemble sur cette question du sud-est de l'Europe, cela démontre que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, que nous pouvons élaborer ensemble des conclusions, des propositions, des suggestions qui seront très utiles aux Quinze de l'Union européenne, Ce sera aussi très utile pour les responsables du Pacte de stabilité, cela démontre l'intérêt qu'il y a pour deux pays qui sont très engagés ensemble dans la politique européenne et qui seront constamment et dans des contextes plus formels ou dans des réunions multilatérales où il faut décider. Cela démontre l'utilité de ce séminaire qui rassemble des intellectuels, des experts, des diplomates des responsables pour faire ce travail de réflexion et de prospective, et en même temps, une prospective très encrée dans la réalité du moment.
Je suis donc vraiment très satisfait de cette formule du travail et je redis ici, devant la presse ce que je disais il y a quelques instants, je souhaite qu'on leur donne une suite concrète à l'intérieur du travail diplomatique européen, et je souhaite par ailleurs que nous continuons à travailler entre Grecs et Français sur d'autres sujets d'intérêts communs et il n'en manque pas. Même s'il nous paraissait évident qu'il fallait commencer par les Balkans, par ce que l'on appelle aujourd'hui le sud-est de l'Europe, puisque c'est un sujet "chaud", qui va nous occuper encore longtemps et sur lequel nous devons être présents, très engagés, très patient, persévérant car les problèmes ne vont pas se régler du jour au lendemain. Il y a un travail de démocratisation, de sécurité, un travail de stabilité des frontières, un travail d'évolution des mentalités, une coopération entre les uns et les autres ; mais il faut créer avant tout un climat de tolérance, nous savons tous que c'est une tâche gigantesque, mais nous y sommes engagés, et ce séminaire de Salonique est une bonne étape à la fois sur le plan intellectuel et sur le plan diplomatique.
Maintenant, je suis prêt à répondre à d'éventuelles questions.
Q - Compte tenues des relations privilégiées qui existent entre la Grèce et la France, j'aimerai savoir quelle est votre analyse quand à la robustesse du régime serbe actuel et quand aux chances de succès de contestations démocratiques. Et au-delà de ce diagnostic, j'aimerai savoir si vous considérez comme légitime le pouvoir en place ?
J'aimerai vous demander s'il y a une souveraineté en Yougoslavie, au Kosovo, comment cette souveraineté est-elle exercée, et si votre pays est décidé à aider à l'exercice de cette souveraineté. Comme vous le voyez, il y a un certain retrait de la Yougoslavie au Kosovo ?
R - Ma réponse est très simple, elle est contenue dans la résolution 1244 qui est la loi qui s'applique à tous les pays membres des Nations unies. C'est la source de la légalité internationale qui a confirmé la souveraineté yougoslave sur le Kosovo. Compte tenu de ce qui s'est passé, que chacun connaît très bien ici, nous avons décidé de confier cette souveraineté au Secrétaire général des Nations Unies qui a délégué ses responsabilités à un représentant spécial qui dirige sur place la MINUK. Il n'y a aucune ambiguïté sur ce point et cette situation est la conséquence directe de la politique menée par les autorités de Belgrade depuis dix ans, plus particulièrement depuis un an ou deux, s'agissant du Kosovo.
Ce que font la MINUK d'une part et la KFOR au Kosovo c'est de mettre en oeuvre cette politique, de rétablir et de reconstruire la sécurité au Kosovo, de rétablir les conditions d'une coexistence entre les différentes communautés et de donner une consistance à l'autonomie, puisque c'est le parti qui a été adopté par le Conseil de sécurité. Tout le reste n'est que spéculations. Il y a déjà assez de travail pour atteindre cet objectif.
Q - (...)
R - Je suis tout à fait d'accord avec cette réponse. L'objectif d'une Yougoslavie démocratique mais aussi pacifique, ayant renoncé à cette forme de nationalisme qui a produit tant de conséquences tragiques depuis des années pour de nombreux peuples de la région, y compris le peuple serbe, voilà notre objectif pour une Yougoslavie différente. Mais, ce n'est pas possible avec ce régime et ce n'est pas possible avec ces dirigeants qui sont responsables de tout ce qui s'est passé et qui sont responsables de cette situation de blocage actuelle. Tous les pays d'Europe, sans parler d'autres pays qui adressent le même message aux forces d'oppositions démocratiques en Yougoslavie en les incitant à adopter ensemble une plate-forme dans laquelle l'opinion yougoslave pourrait trouver le commencement d'une réponse à cette situation.
Nous avons dit et redit qu'il y avait, dans l'Europe de demain, une place pour la Yougoslavie et en quelque sorte cette place lui est réservée mais à condition qu'elle réussisse cette mutation dont nous avons parlé. Je crois que les pays d'Europe sont très cohérents convergeant dans cette politique.
Q - J'aimerai poser une question quand à la situation entre la Turquie et la Grèce, à quel point la France qui à plusieurs reprises avait une attitude amicale vis-à-vis de la Turquie, à quel point donc la France va-t-elle donc faire pression sur la Turquie afin qu'elle fasse quelques démarches de bonne volonté demandées par la Grèce afin de pouvoir tirer avantage de cette confiance qui, malgré les conditions néfastes des tremblements de terre a quand même permis d'avoir une meilleure ambiance entre nos deux pays ?
R - En ce qui me concerne, je me bornerai à dire que mon pays souhaite très sincèrement et très vivement une amélioration des relations entre la Grèce et la Turquie, un rapprochement même entre les deux pays ; nous espérons que cette évolution ouvre des perspectives très positives pour tous les peuples de la région et pour l'Europe toute entière. Nous soutenons donc ces évolutions qui nous donnent de l'espoir et je voudrais saluer à cet égard, le travail qui est fait par M. Papandreou qui est remarquable.
Q - (...)
R - Concernant la Serbie, je voudrais dire que mon pays est favorable à une action humanitaire par rapport à la Yougoslavie qui puisse englober des actions dans le domaine de l'énergie et du chômage compte tenu du climat de la situation avant l'hiver, cela nous paraît indispensable, cela nous paraît compatible avec les décisions que nous avons prises, nous en avons parlé avec de nombreux leaders de l'opposition en Serbie, et nous avons acquit la conviction que cette attitude humanitaire ouverte ne profiterait pas au régime mais, profiterait tout simplement à la société serbe qui a déjà beaucoup souffert; C'est le premier point, je voudrais ajouter une deuxième chose qui n'a pas de rapport avec les sanctions, mais elle est importante régionalement, c'est la question du Danube. L'affaire du Danube devient très sérieuse le Danube est obstrué, la circulation y est impossible comme vous le savez et c'est une question d'importance régionale qui ne concerne pas simplement la Yougoslavie mais qui concerne une dizaine de pays. Nous estimons que la liberté de circulation sur le Danube doit être rétablie et nous estimons que personne ne devrait s'y opposer. Les deux points sont distinctes, ce n'est pas une question qui relève de la problématique des sanctions mais qui relève d'une décision politique plus large qui rejoint d'ailleurs ce dont nous avons parlé : le sud-est- de l'Europe, le Pacte de stabilité etc.... .
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 octobre 1999)