Déclaration de M. Ernest-Antoine Seillière, président du MEDEF, sur le projet d'augmentation du SMIC sur les 3 prochaines années et les différents niveaux du SMIC, Paris le 2 septembre 2002.

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Circonstance : Rencontre entre M. François Fillon, ministre des affaires sociales, et le MEDEF à Paris le 2 septembre 2002

Texte intégral

Au terme de sa rencontre avec le ministre des affaires sociales, le MEDEF considère que la situation est très préoccupante. Des lois et des règlements ont été pris toutes ces dernières années, qui portent tort aux entreprises françaises. Nous n'avons pas cessé de demander tout au long de ces années qu'on les réforme pour être en mesure de reprendre la voie de la croissance et de l'emploi et être en mesure de développer le dialogue social auquel le MEDEF appelle sans relâche.
Nous venons d'être consultés par le ministre des affaires sociales sur un ensemble de dispositions qui ne correspondent pas aux attentes des entreprises que nous représentons, attentes que nous avons exprimées tout au long de ces derniers mois. Le projet d'augmentation du Smic de plus de 5% par an dans les trois prochaines années c'est à dire de plus de 15%, environ 16% programmés sur trois ans, détruirait de nombreux emplois peu qualifiés, menacerait la hiérarchie des salaires et provoquerait l'inflation en France au lendemain de la mise en place de l'euro. Une telle hausse des salaires nuirait gravement à la compétitivité de notre pays dans la conjoncture hésitante où nous nous trouvons. La programmation de ces hausses de salaires dans un monde incertain est une erreur.
Le ministre, par ailleurs, hésite à rendre par décret de son ressort la capacité aux entreprises de faire plus d'heures supplémentaires. Les entreprises, cela, elles ne le comprennent pas.
Le gouvernement ne semble pas non plus envisager de pérenniser les dispositions transitoires qui s'appliquent aujourd'hui aux entreprises de moins de vingt salariés. Quant aux allègements de charges mis en place par le précédent gouvernement, on ne voit pas comment on peut prétendre qu'elles pourraient aussi compenser la hausse du Smic. La compensation de la hausse du Smic par une baisse des charges dans le projet actuel est illusoire. Enfin, le ministre ne semble pas pressé d'abroger la loi dite de " modernisation sociale " qui empêche la nécessaire adaptation des entreprises et leur restructuration.
Ces projets ne servent pas dans leurs orientations actuelles la croissance et l'emploi. Notre pays a besoin de réformes en profondeur, que le MEDEF appelle de ses vux. Il faut donc poursuivre le dialogue et la concertation. J'en appelle au gouvernement pour qu'il réexamine les problèmes que nous avons passés en revue avec le ministre des affaires sociales. Nous lui ferons parvenir des propositions détaillées dans les heures qui viennent sur l'ensemble de ces sujets.

(Source http://www.medef.fr, le 3 septembre 2002)