Déclaration de M. Georges Sarre, président délégué du Mouvement des citoyens, sur l'annonce par l'Allemagne de l'abandon à terme du nucléaire et sur le bien-fondé de la politique nucléaire de la France, Paris le 3 juillet 2000.

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L'abandon du nucléaire par le gouvernement allemand
L'indépendance énergétique est plus que jamais une priorité nationale. Je déplore que les Allemands aient pris la décision d'abandonner le nucléaire sans daigner en informer la France. Un minimum de concertation s'imposait dès lors qu'une part importante des déchets nucléaires allemands sont retraités par la filière française. Plus largement, notre pays dispose d'un formidable savoir-faire en matière d'énergie nucléaire qui intéresse aujourd'hui d'autres pays tels que le Japon. Je pense donc que ce choix doit être maintenue. Il est un fait auquel la décision allemande ne changera rien : le sous-sol français est pauvre en énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). D'autre part, les possibilités de déployer sur une grande échelle des sources d'énergies dites alternatives - telles que l'éolienne - restent à prouver. Je reste pour ma part convaincu que l'énergie nucléaire présente un intérêt stratégique : il permet au pays de se soustraire aux variations du prix des matières premières. Et il faut rappeler avec force que le choix de la filière électronucléaire a permis de spécialiser dans ce domaine un pan de l'industrie nationale.
La France compte 57 réacteurs nucléaires qui fournissent 76% de la production électrique et 16% sont exportés vers d'autres pays. Le gouvernement actuel est conscient de ces enjeux. Il ne faut pas perdre de vue non plus que l'environnement est une préoccupation gouvernementale. De ce point de vue aussi, le nucléaire est plus performant : il assure une meilleure maîtrise des émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère. La pollution vient du charbon et du pétrole, pas du nucléaire. Ce paramètre a-t-il bien été pris en compte par les Allemands ? Reste la question des déchets qui peut tout à fait être résolue. Mais on comprend que les écologistes attaquent ce dossier par les déchets car s'ils gagnent là-dessus, c'est la filière toute entière qui peut être bloquée. C'est un peu facile de montrer le nucléaire du doigt.
Or on ne peut pas, comme le font les écologistes, à la fois se battre pour la taxe Tobin (que je défends également) et limiter la croissance et l'accès au nucléaire civil des pays en développement. Il faut au contraire permettre à ces derniers de rattraper leur retard économique et social afin d'endiguer la misère et la pauvreté dont ils sont victimes. En matière de politique énergétique, l'Europe n'existe pas. C'est la République qui constitue la garantie la plus sûre et c'est à l'Etat de mener des politiques sur le long terme sans céder aux peurs.
(Source http://www.mdc-France.org, le 31 janvier 2001)