Texte intégral
R. Sicard-. On va parler, ce matin, des élections prud'homales qui auront lieu la semaine prochaine et qui sont le grand rendez-vous, pour les syndicats. Mais d'abord, une question d'actualité brûlante : demain, les chômeurs organisent leur journée nationale d'action et, ce matin, J.-P. Raffarin annonce que la prime de Noël pour les chômeurs sera reconduite et qu'elle sera de 150 euros. Cela vous paraît une bonne chose ?
- "Oui. 150 euros, c'est un peu moins du tiers de la revendication. Donc, nous souhaitons, avec d'autres associations, que nos comités locaux fassent valoir cette revendication. D'autant plus que nous allons vers une négociation sur l'indemnisation du chômage, qui s'annonce, elle aussi, très difficile. Plusieurs déclarations du Medef, du Gouvernement nous annoncent des décisions courageuses qu'il faudrait prendre, s'agissant de l'indemnisation du chômage. Chacun aura compris que l'on risque de nous annoncer de nouvelles mauvaises nouvelles en fin d'année. Mais pour ça, on attend l'après élection prud'homales. "
Cela dit, 150 euro, c'est ce qu'avait décidé le Gouvernement de gauche, l'année dernière, à peu de chose près ?
- "Bien évidemment, c'est mieux que rien. Mais s'agissant des chômeurs, leur situation est précaire, ils sont plus nombreux que les chiffres ne le laissent apparaître et je crois que le Premier ministre reconnaît lui-même qu'il faut relativiser les statistiques. La situation de l'emploi est loin d'être satisfaisante. L'indemnisation du chômage est loin d'être satisfaisante. La revendication, maintenant ancienne, d'une prime de Noël ne vise qu'à compenser, en partie, cette faiblesse d'indemnisation. "
Il faudrait qu'elle soit automatique cette prime, selon vous ?
- "Je pense qu'elle devrait être plus forte et marquée de manière exceptionnelle, à une période exceptionnelle de l'année. Une compensation, un système d'indemnisation qu'il faudrait revoir, assez profondément. "
Autre dossier social très chaud : les retraites. La négociation va commencer le mois prochain. J.-P. Raffarin a dit que rien n'était décidé mais, pour le patronat, c'est clair, il va falloir augmenter la durée des cotisations ; certains parlent même de six ans de plus de cotisations. C'est une base de négociations pour vous ?
- "C'est une base difficile de la négociation. A chaque fois que nous changeons de représentant patronal, la proposition s'aggrave, puisque M. Sarkozy, qui est donc le négociateur désigné en titre"
Monsieur Sarkozy mais pas Nicolas Sarkozy...
- "Le frère - à eux deux, ils vont occuper une part importante de l'actualité dans les semaines à venir. Il nous propose ni plus ni moins que d'avoir, à l'avenir, la retraite à 70 ans dans notre pays, puisque l'allongement à 6 ans, 46 ans de cotisations, si on l'écoute, pour avoir droit à la retraite, équivaut pour les futures générations à avoir une retraite autour de 70 ans. C'est-à-dire une proposition qui est présentée, aussi, par les fonds de pension, en demande au gouvernement anglais. C'est, bien évidemment, tout à fait inacceptable d'avoir une négociation s'orientant dans ce sens. Donc, élections prud'homales la semaine prochaine et je pense, de ce point de vue là, que l'utilisation du bulletin de vote CGT peut être utile, pour influer ces futures négociations. Et dès après les élections, nous travaillons à la mobilisation, pour la fin du mois de janvier, le début du mois de février - nous en discutons avec les autres organisations syndicales. Mais ces prises de position confirment bien qu'il va y avoir besoin de se mobiliser. "
Vous parlez de mobilisation de tous les syndicats mais sur les retraites, les syndicats ne sont pas tous d'accord. Par exemple, il y a un autre dossier très épineux, qui est l'égalité entre privé et public, autrement dit, que dans le public on cotise aussi longtemps que dans le privé, 40 ans ; la CFDT trouve que c'est normal, pas vous. Comment vous allez vous mettre d'accord ?
- "Nous sommes en train de discuter des conditions à réunir pour définir, pourquoi pas, une plate-forme commune à la base de la mobilisation que nous proposons. Les contacts sont en cours. Beaucoup ne veulent pas encore se dévoiler avant les élections prud'homales. En tout état de cause, la CGT prendra ses responsabilités. Il nous semble qu'il nous faut être les plus nombreux possibles à agir avant l'ouverture des négociations. Sinon, si l'on s'en tient aux déclarations des uns et des autres, nous serions en position de faiblesse. Donc, pour ce qui me concerne, je suis encore confiant sur la capacité des organisations syndicales à définir, ensemble, des bases communes. Ce qui ne veut pas dire uniformisation des positions sur tous les aspects de la négociation, mais des bases communes fortes qui nous rassembleraient et qui nous permettraient d'appeler, ensemble, la mobilisation des actifs comme des retraités. "
Cela dit, sur ce problème des retraites, il y a le vieillissement de la population et tout le monde sait bien que si on ne fait rien, le système ne peut qu'exploser. Quelles concessions, vous les syndicats, et notamment la CGT, vous êtes prêts à faire ?
- "On ne va pas à une négociation en parlant déjà de concessions. Oui, il y a des réformes à faire, il faut revenir sur les dispositions qui frappent le secteur privé. Si on laisse en l'état le mode de calcul des annuités de cotisations, les 40 ans dont vous faites état pour avoir une retraite, équivalent à 50 % du salaire versé, ce n'est pas tenable. On aurait des retraités qui s'approcheraient du seuil de pauvreté dans notre pays."
Tout cela, ça va coûter encore plus cher, il va bien falloir trouver de l'argent !
- "Il va falloir aussi réformer l'assiette des cotisations, on ne pourra pas, à l'avenir, avoir suffisamment de moyens si on s'en tient aux formes de financement actuel. "
Vous voulez que qui paient plus ? "
- "Il faut, par exemple, faire en sorte que d'autres revenus que ceux du travail, participent à réunir les moyens financiers, mais ça, bien sûr, le patronat ne veut pas que les revenus du capital, les revenus immobiliers puissent y contribuer. Nous proposons un système qui ouvre les droits dès l'âge de 16 ou 18 ans, pour tenir compte des périodes de formation. Bref, il faut avoir une vraie négociation sur le sujet et pas simplement - d'ailleurs, je le dis au passage - une concertation. Nous ne sommes pas là simplement pour donner un avis pour que le Gouvernement décide après. Sur ce sujet, le Gouvernement doit s'installer avec l'objectif d'une véritable négociation qui tienne compte des élections et des résultats qui vont sortir des urnes. "
Vous sentez le Gouvernement plus proche du patronat ou plus proche des syndicats sur ce sujet ?
- "Pour l'instant, avec des déclarations, des démentis parfois, ou soutenues de temps en temps, je pense que le Gouvernement reste davantage à l'écoute comme sur d'autres sujets, malheureusement, un peu plus sensible aux arguments du Medef. Mais je ne désespère pas, si les salariés confirment qu'ils sont très présents, très préoccupés mais aussi mobilisés sur ce sujet, qu'il se rende davantage à la raison et à l'écoute de ce qu'attendent les salariés qui sont, entre autres, très attachés au maintien de la retraite par répartition et à la retraite à 60 ans. "
Parlons des élections prud'homales : ce sont des élections où les salariés désignent les juges qui vont trancher les conflits du travail. Paradoxalement, ce sont des élections qui passionnent très peu les gens. La dernière fois, il y a eu 65 % d'abstentions. Comment vous expliquez ce désintérêt ?
- "Ce n'est pas un désintérêt, c'est un manque d'information. Se mon point de vue, si on avait une organisation de ce scrutin qui était entourée d'autant de modalités d'information, de préparation que les élections professionnelles, où le taux de participation est de plus de 70 %, je pense que nous aurions une bonne participation pour les élections prud'homales. Peu de salariés - donc je le rappelle - savent que le scrutin a lieu le 11 décembre, que tout le monde a le droit de vote dans le secteur privé, quelle que soit la taille de l'entreprise, y compris ceux qui n'ont pas de délégué du personnel, de comité d'entreprise. Ce vote peut s'exercer sur le temps de travail, ou par correspondance, avec des modalités qui sont étendues..."
Vous faites de l'instruction civique ?
- "Oui, mais je profite des quelques minutes d'antenne qui me sont proposées pour informer parce qu'il y a un déficit d'information. Les employeurs bien souvent, malheureusement, ne jouent pas leur rôle d'information sur ce droit citoyen, donc j'en profite. Et, nous allons faire en sorte que, dans les jours à venir, nous informions tous ceux qui ne connaissent pas encore ce rendez-vous et, bien évidemment, nous allons essayer de promotionner le vote CGT qui, de mon point de vue, est le résultat qui peut modifier la donne dans les semaines et dans les mois à venir. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 décembre 2002)
- "Oui. 150 euros, c'est un peu moins du tiers de la revendication. Donc, nous souhaitons, avec d'autres associations, que nos comités locaux fassent valoir cette revendication. D'autant plus que nous allons vers une négociation sur l'indemnisation du chômage, qui s'annonce, elle aussi, très difficile. Plusieurs déclarations du Medef, du Gouvernement nous annoncent des décisions courageuses qu'il faudrait prendre, s'agissant de l'indemnisation du chômage. Chacun aura compris que l'on risque de nous annoncer de nouvelles mauvaises nouvelles en fin d'année. Mais pour ça, on attend l'après élection prud'homales. "
Cela dit, 150 euro, c'est ce qu'avait décidé le Gouvernement de gauche, l'année dernière, à peu de chose près ?
- "Bien évidemment, c'est mieux que rien. Mais s'agissant des chômeurs, leur situation est précaire, ils sont plus nombreux que les chiffres ne le laissent apparaître et je crois que le Premier ministre reconnaît lui-même qu'il faut relativiser les statistiques. La situation de l'emploi est loin d'être satisfaisante. L'indemnisation du chômage est loin d'être satisfaisante. La revendication, maintenant ancienne, d'une prime de Noël ne vise qu'à compenser, en partie, cette faiblesse d'indemnisation. "
Il faudrait qu'elle soit automatique cette prime, selon vous ?
- "Je pense qu'elle devrait être plus forte et marquée de manière exceptionnelle, à une période exceptionnelle de l'année. Une compensation, un système d'indemnisation qu'il faudrait revoir, assez profondément. "
Autre dossier social très chaud : les retraites. La négociation va commencer le mois prochain. J.-P. Raffarin a dit que rien n'était décidé mais, pour le patronat, c'est clair, il va falloir augmenter la durée des cotisations ; certains parlent même de six ans de plus de cotisations. C'est une base de négociations pour vous ?
- "C'est une base difficile de la négociation. A chaque fois que nous changeons de représentant patronal, la proposition s'aggrave, puisque M. Sarkozy, qui est donc le négociateur désigné en titre"
Monsieur Sarkozy mais pas Nicolas Sarkozy...
- "Le frère - à eux deux, ils vont occuper une part importante de l'actualité dans les semaines à venir. Il nous propose ni plus ni moins que d'avoir, à l'avenir, la retraite à 70 ans dans notre pays, puisque l'allongement à 6 ans, 46 ans de cotisations, si on l'écoute, pour avoir droit à la retraite, équivaut pour les futures générations à avoir une retraite autour de 70 ans. C'est-à-dire une proposition qui est présentée, aussi, par les fonds de pension, en demande au gouvernement anglais. C'est, bien évidemment, tout à fait inacceptable d'avoir une négociation s'orientant dans ce sens. Donc, élections prud'homales la semaine prochaine et je pense, de ce point de vue là, que l'utilisation du bulletin de vote CGT peut être utile, pour influer ces futures négociations. Et dès après les élections, nous travaillons à la mobilisation, pour la fin du mois de janvier, le début du mois de février - nous en discutons avec les autres organisations syndicales. Mais ces prises de position confirment bien qu'il va y avoir besoin de se mobiliser. "
Vous parlez de mobilisation de tous les syndicats mais sur les retraites, les syndicats ne sont pas tous d'accord. Par exemple, il y a un autre dossier très épineux, qui est l'égalité entre privé et public, autrement dit, que dans le public on cotise aussi longtemps que dans le privé, 40 ans ; la CFDT trouve que c'est normal, pas vous. Comment vous allez vous mettre d'accord ?
- "Nous sommes en train de discuter des conditions à réunir pour définir, pourquoi pas, une plate-forme commune à la base de la mobilisation que nous proposons. Les contacts sont en cours. Beaucoup ne veulent pas encore se dévoiler avant les élections prud'homales. En tout état de cause, la CGT prendra ses responsabilités. Il nous semble qu'il nous faut être les plus nombreux possibles à agir avant l'ouverture des négociations. Sinon, si l'on s'en tient aux déclarations des uns et des autres, nous serions en position de faiblesse. Donc, pour ce qui me concerne, je suis encore confiant sur la capacité des organisations syndicales à définir, ensemble, des bases communes. Ce qui ne veut pas dire uniformisation des positions sur tous les aspects de la négociation, mais des bases communes fortes qui nous rassembleraient et qui nous permettraient d'appeler, ensemble, la mobilisation des actifs comme des retraités. "
Cela dit, sur ce problème des retraites, il y a le vieillissement de la population et tout le monde sait bien que si on ne fait rien, le système ne peut qu'exploser. Quelles concessions, vous les syndicats, et notamment la CGT, vous êtes prêts à faire ?
- "On ne va pas à une négociation en parlant déjà de concessions. Oui, il y a des réformes à faire, il faut revenir sur les dispositions qui frappent le secteur privé. Si on laisse en l'état le mode de calcul des annuités de cotisations, les 40 ans dont vous faites état pour avoir une retraite, équivalent à 50 % du salaire versé, ce n'est pas tenable. On aurait des retraités qui s'approcheraient du seuil de pauvreté dans notre pays."
Tout cela, ça va coûter encore plus cher, il va bien falloir trouver de l'argent !
- "Il va falloir aussi réformer l'assiette des cotisations, on ne pourra pas, à l'avenir, avoir suffisamment de moyens si on s'en tient aux formes de financement actuel. "
Vous voulez que qui paient plus ? "
- "Il faut, par exemple, faire en sorte que d'autres revenus que ceux du travail, participent à réunir les moyens financiers, mais ça, bien sûr, le patronat ne veut pas que les revenus du capital, les revenus immobiliers puissent y contribuer. Nous proposons un système qui ouvre les droits dès l'âge de 16 ou 18 ans, pour tenir compte des périodes de formation. Bref, il faut avoir une vraie négociation sur le sujet et pas simplement - d'ailleurs, je le dis au passage - une concertation. Nous ne sommes pas là simplement pour donner un avis pour que le Gouvernement décide après. Sur ce sujet, le Gouvernement doit s'installer avec l'objectif d'une véritable négociation qui tienne compte des élections et des résultats qui vont sortir des urnes. "
Vous sentez le Gouvernement plus proche du patronat ou plus proche des syndicats sur ce sujet ?
- "Pour l'instant, avec des déclarations, des démentis parfois, ou soutenues de temps en temps, je pense que le Gouvernement reste davantage à l'écoute comme sur d'autres sujets, malheureusement, un peu plus sensible aux arguments du Medef. Mais je ne désespère pas, si les salariés confirment qu'ils sont très présents, très préoccupés mais aussi mobilisés sur ce sujet, qu'il se rende davantage à la raison et à l'écoute de ce qu'attendent les salariés qui sont, entre autres, très attachés au maintien de la retraite par répartition et à la retraite à 60 ans. "
Parlons des élections prud'homales : ce sont des élections où les salariés désignent les juges qui vont trancher les conflits du travail. Paradoxalement, ce sont des élections qui passionnent très peu les gens. La dernière fois, il y a eu 65 % d'abstentions. Comment vous expliquez ce désintérêt ?
- "Ce n'est pas un désintérêt, c'est un manque d'information. Se mon point de vue, si on avait une organisation de ce scrutin qui était entourée d'autant de modalités d'information, de préparation que les élections professionnelles, où le taux de participation est de plus de 70 %, je pense que nous aurions une bonne participation pour les élections prud'homales. Peu de salariés - donc je le rappelle - savent que le scrutin a lieu le 11 décembre, que tout le monde a le droit de vote dans le secteur privé, quelle que soit la taille de l'entreprise, y compris ceux qui n'ont pas de délégué du personnel, de comité d'entreprise. Ce vote peut s'exercer sur le temps de travail, ou par correspondance, avec des modalités qui sont étendues..."
Vous faites de l'instruction civique ?
- "Oui, mais je profite des quelques minutes d'antenne qui me sont proposées pour informer parce qu'il y a un déficit d'information. Les employeurs bien souvent, malheureusement, ne jouent pas leur rôle d'information sur ce droit citoyen, donc j'en profite. Et, nous allons faire en sorte que, dans les jours à venir, nous informions tous ceux qui ne connaissent pas encore ce rendez-vous et, bien évidemment, nous allons essayer de promotionner le vote CGT qui, de mon point de vue, est le résultat qui peut modifier la donne dans les semaines et dans les mois à venir. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 décembre 2002)