Texte intégral
A. Hausser -. Il y a des élections aujourd'hui, les prud'homales. Est-ce que vous oseriez un pari sur la participation ?
- "J'ai un regret ou un remords - je ne sais pas ce qu'il faut dire -, c'est que la gauche n'ait pas instauré le vote dans les entreprises, parce que je crois que tant qu'il n'y aura pas le vote dans les entreprises, on aura des taux d'abstention élevés, ce qui est regrettable, parce que majoritairement, les salariés font confiance aux syndicats. En plus, on apprend tous que ce scrutin a été organisé dans des conditions un peu catastrophiques."
Vous avez beaucoup de regrets sur l'action de la gauche.
- "J'ai fait ce que j'ai pu. J'ai essayé de faire passer une loi sur le financement public des syndicats. Ce n'est pas arrivé à terme ; donc, j'en prends aussi ma part de responsabilité."
Vous avez aussi des regrets à propos de France Télécom ?
- "C'est différent, ce n'est pas le même sujet. Là, j'ai des regrets, mais d'une autre nature. Moi, je n'ai jamais été un adepte de l'ouverture du capital de France Télécom."
Vous croyez que c'est l'ouverture du capital qui a provoqué le déficit ?
- "Je constate qu'il y a des déficits ailleurs. Mais ce que je constate, c'est que là, ce sont les contribuables qui vont payer 9 milliards d'euros, contrairement à ce que racontent J.-P. Raffarin ou F. Mer. Parce que, en réalité, l'emprunt consenti par l'ERAP va être remboursé par la vente du capital. Donc, c'est bien le patrimoine des Français qui va diminuer de 9 milliards d'euros, c'est-à-dire de 56 milliards de francs. Donc, je ne considère pas que ce soit un exploit, ni sur le plan des missions de service public ni sur le plan financier. Je pense d'ailleurs que personne ne considère que c'est un exploit."
Hier, à l'Assemblée, il y a eu un échange assez vif entre votre collègue A. Montebourg et le Premier ministre, à propos d'une éventuelle chasse aux sorcières. Pour vous, est-ce qu'il y a chasse aux sorcières ou alternance ?
- "Je crois que le Parti socialiste, et l'opposition en général, devraient commencer à faire les comptes des mutations et des changements qui interviennent. Je crois que c'est assez systématique et assez brutal dans certains cas, oui."
Plus qu'en 1997 ?
- "Oui. En 1997, vous parliez tout à l'heure de France Télécom, M. Bon était déjà là avant qu'on arrive et il était là après qu'on parte, comme vous le savez."
Là, c'est une question d'administration, pas d'entreprise publique.
- "Il y a les deux. M. Lebègue, ce n'est pas une administration. C'est de lui qu'il s'agissait hier, le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Comme on dit, ça nettoie."
Vous-même, au Parti socialiste, vous vivez un peu votre vie à l'intérieur du PS. A l'intérieur ou à côté, puisque maintenant vous avez un nouveau logo ?
- "On vit dedans ; on n'a jamais été à côté. Que je sache, il y a toujours eu des courants dans le Parti socialiste."
Y compris avec des logos ?
- "Bien sûr : la gauche socialiste avait son logo ; je vois des sites Internet : tout le monde a son logo. Cela fait partie des modes modernes de communication. Je ne sais pas si c'est bon ou mauvais. C'est une question dont on n'a pas le temps d'en parler. Mais nous, on vit dans le Parti socialiste et on travaille pour modifier l'orientation politique du Parti socialiste. Donc, je ne vois pas comment on travaillerait en dehors pour changer l'orientation en dedans. Cela n'a jamais été notre objectif. Nous n'avons qu'un objectif - je le répète -, c'est de rendre à nouveau la gauche capacitaire. Pour ça, il faut qu'elle puisse être rassemblée. Et pour pouvoir se rassembler, il faut qu'elle ait une ligne politique, que le PS ait une ligne politique qui permette ce rassemblement. C'est le seul objectif."
Un rassemblement, en général, c'est quelque chose de large. Et vous, vous voulez mettre le curseur à gauche ?
- "Oui, plutôt à gauche, parce qu'il me semble que ce sont les électeurs qui ont manqué à gauche. Ce n'est pas à droite qu'ils ont manqué, c'est à gauche. Quand on regarde et les municipales de 2001 et les résultats du 21 avril, je veux bien qu'on triche avec la réalité, mais il n'y a pas photo. Ce sont bien certaines catégories populaires qui ont fait défaut et aussi des membres de la fonction publique, assez largement. Donc, c'est cet électorat qu'il faut reconquérir. Comment reconquérir un électorat ? En se mettant à la portée de ses attentes et de ses espérances. Ou bien on incarne ces attentes et ces espérances ou on le fait pas. Nous, nous pensons que certaines dérives, non seulement n'ont pas incarné ces espérances, mais en plus..."
A quelles dérives pensez-vous exactement ?
- "Je l'ai déjà dit et je le répète - non pas avec plaisir parce que j'aurais préféré m'en passer : le changement de cap du Parti socialiste sur la fiscalité, avec la baisse de l'impôt sur le revenu - d'abord, fallait-il baisser les impôts ? C'est déjà une question en soi... Ensuite, fallait-il choisir l'impôt sur le revenu au lieu de la TVA ? A l'évidence, non. L'ouverture du capital des entreprises publiques, les fonds de pension à la française, la prime à l'emploi, la baisse de la fiscalité sur les stock-options, le sommet de Barcelone qui a laissé planer un doute sur l'âge de la retraite... A la dernière réunion publique que j'ai faite, j'ai eu 22 questions ; il y en avait 14 sur l'âge de la retraite. Quand on vient m'expliquer après que les causes seraient ailleurs, j'écoute avec beaucoup d'attention, mais je préfère quand même les questions que me posent les gens dans les salles."
Et là, vous serez impitoyable ?
- "Il faut être clair sur ce sujets. Les salariés aujourd'hui - j'étais dans le bassin de Montbéliard il n'y a pas longtemps - ne comprennent pas qu'on ait dit à Barcelone qu'il fallait allonger l'âge de la retraite à 63 ans, alors que pendant ce temps-là, les grandes entreprises pratiquent une politique où on met les salariés quasiment en préretraite à 56 ans. Ils ne comprennent plus rien."
Le Parti peut s'entendre là-dessus, ce n'est pas un clivage ?
- "Le Parti peut peut-être s'entendre, mais à Barcelone, on ne m'a pas demandé mon avis avant d'entériner ce genre de texte. Alors, on peut s'entendre à condition qu'on nous consulte. A l'époque, cela n'a pas été le cas."
F. Hollande n'était pas à Barcelone.
- "Moi, j'ai protesté avec d'autres. Je ne l'ai pas entendu... Sur les stock-options, sur la fiscalité, nous avons eu un vote au Parti socialiste - je m'en souviens - et je préfère ne pas donner les chiffres.
Mais dites-les !
- "On était sept à être contre, contre plus de 100 qui ont trouvé cela normal. Quand on va aujourd'hui devant les militants et qu'on leur explique qu'une des urgences du Parti socialiste, cela a été la baisse de la fiscalité sur les stock-options, laissez-moi vous dire que deux ans après, ça ne manque pas de sel !"
Vous demandez que la France fasse valoir son droit de veto à l'ONU ?
- "Le Parti socialiste a, je crois, une position très claire désormais sur le conflit au Moyen-Orient. Sur cette question, il y a eu un débat intéressant. Nous avons fait cette proposition au mois de septembre, c'est-à-dire que la France, en aucun cas, ne participe à ce conflit. Et deuxièmement, qu'elle utilise son droit de veto à l'ONU. Troisièmement, évidemment, si elle décidait d'intervenir malgré tout, qu'il y ait un débat au Parlement, pour qu'on puisse au moins faire valoir notre point de vue. Là-dessus, je crois qu'il y a eu, hier soir, au Parti socialiste, une forme d'unanimité qui était bien agréable d'ailleurs."
Vous semblez regretter l'unanimité ?
- "Pas du tout ; je viens de vous dire que c'était bien agréable. Là, vous extrapolez."
Non, vous regrettez qu'il n'y ait pas unanimité sur tout...
- "Au mois de septembre, avec quelques camarades, j'avais fait cette proposition. On nous a dit : "On verra, c'est trop tôt". Je suis ravi qu'au mois de décembre, l'ensemble du Parti socialiste soit sur cette position. Parce que je crois que s'il y a conflit au Moyen-Orient, ce sera catastrophique, non seulement sur le plan de la sécurité par rapport au terrorisme, mais aussi sur le plan économique."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 décembre 2002)
- "J'ai un regret ou un remords - je ne sais pas ce qu'il faut dire -, c'est que la gauche n'ait pas instauré le vote dans les entreprises, parce que je crois que tant qu'il n'y aura pas le vote dans les entreprises, on aura des taux d'abstention élevés, ce qui est regrettable, parce que majoritairement, les salariés font confiance aux syndicats. En plus, on apprend tous que ce scrutin a été organisé dans des conditions un peu catastrophiques."
Vous avez beaucoup de regrets sur l'action de la gauche.
- "J'ai fait ce que j'ai pu. J'ai essayé de faire passer une loi sur le financement public des syndicats. Ce n'est pas arrivé à terme ; donc, j'en prends aussi ma part de responsabilité."
Vous avez aussi des regrets à propos de France Télécom ?
- "C'est différent, ce n'est pas le même sujet. Là, j'ai des regrets, mais d'une autre nature. Moi, je n'ai jamais été un adepte de l'ouverture du capital de France Télécom."
Vous croyez que c'est l'ouverture du capital qui a provoqué le déficit ?
- "Je constate qu'il y a des déficits ailleurs. Mais ce que je constate, c'est que là, ce sont les contribuables qui vont payer 9 milliards d'euros, contrairement à ce que racontent J.-P. Raffarin ou F. Mer. Parce que, en réalité, l'emprunt consenti par l'ERAP va être remboursé par la vente du capital. Donc, c'est bien le patrimoine des Français qui va diminuer de 9 milliards d'euros, c'est-à-dire de 56 milliards de francs. Donc, je ne considère pas que ce soit un exploit, ni sur le plan des missions de service public ni sur le plan financier. Je pense d'ailleurs que personne ne considère que c'est un exploit."
Hier, à l'Assemblée, il y a eu un échange assez vif entre votre collègue A. Montebourg et le Premier ministre, à propos d'une éventuelle chasse aux sorcières. Pour vous, est-ce qu'il y a chasse aux sorcières ou alternance ?
- "Je crois que le Parti socialiste, et l'opposition en général, devraient commencer à faire les comptes des mutations et des changements qui interviennent. Je crois que c'est assez systématique et assez brutal dans certains cas, oui."
Plus qu'en 1997 ?
- "Oui. En 1997, vous parliez tout à l'heure de France Télécom, M. Bon était déjà là avant qu'on arrive et il était là après qu'on parte, comme vous le savez."
Là, c'est une question d'administration, pas d'entreprise publique.
- "Il y a les deux. M. Lebègue, ce n'est pas une administration. C'est de lui qu'il s'agissait hier, le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Comme on dit, ça nettoie."
Vous-même, au Parti socialiste, vous vivez un peu votre vie à l'intérieur du PS. A l'intérieur ou à côté, puisque maintenant vous avez un nouveau logo ?
- "On vit dedans ; on n'a jamais été à côté. Que je sache, il y a toujours eu des courants dans le Parti socialiste."
Y compris avec des logos ?
- "Bien sûr : la gauche socialiste avait son logo ; je vois des sites Internet : tout le monde a son logo. Cela fait partie des modes modernes de communication. Je ne sais pas si c'est bon ou mauvais. C'est une question dont on n'a pas le temps d'en parler. Mais nous, on vit dans le Parti socialiste et on travaille pour modifier l'orientation politique du Parti socialiste. Donc, je ne vois pas comment on travaillerait en dehors pour changer l'orientation en dedans. Cela n'a jamais été notre objectif. Nous n'avons qu'un objectif - je le répète -, c'est de rendre à nouveau la gauche capacitaire. Pour ça, il faut qu'elle puisse être rassemblée. Et pour pouvoir se rassembler, il faut qu'elle ait une ligne politique, que le PS ait une ligne politique qui permette ce rassemblement. C'est le seul objectif."
Un rassemblement, en général, c'est quelque chose de large. Et vous, vous voulez mettre le curseur à gauche ?
- "Oui, plutôt à gauche, parce qu'il me semble que ce sont les électeurs qui ont manqué à gauche. Ce n'est pas à droite qu'ils ont manqué, c'est à gauche. Quand on regarde et les municipales de 2001 et les résultats du 21 avril, je veux bien qu'on triche avec la réalité, mais il n'y a pas photo. Ce sont bien certaines catégories populaires qui ont fait défaut et aussi des membres de la fonction publique, assez largement. Donc, c'est cet électorat qu'il faut reconquérir. Comment reconquérir un électorat ? En se mettant à la portée de ses attentes et de ses espérances. Ou bien on incarne ces attentes et ces espérances ou on le fait pas. Nous, nous pensons que certaines dérives, non seulement n'ont pas incarné ces espérances, mais en plus..."
A quelles dérives pensez-vous exactement ?
- "Je l'ai déjà dit et je le répète - non pas avec plaisir parce que j'aurais préféré m'en passer : le changement de cap du Parti socialiste sur la fiscalité, avec la baisse de l'impôt sur le revenu - d'abord, fallait-il baisser les impôts ? C'est déjà une question en soi... Ensuite, fallait-il choisir l'impôt sur le revenu au lieu de la TVA ? A l'évidence, non. L'ouverture du capital des entreprises publiques, les fonds de pension à la française, la prime à l'emploi, la baisse de la fiscalité sur les stock-options, le sommet de Barcelone qui a laissé planer un doute sur l'âge de la retraite... A la dernière réunion publique que j'ai faite, j'ai eu 22 questions ; il y en avait 14 sur l'âge de la retraite. Quand on vient m'expliquer après que les causes seraient ailleurs, j'écoute avec beaucoup d'attention, mais je préfère quand même les questions que me posent les gens dans les salles."
Et là, vous serez impitoyable ?
- "Il faut être clair sur ce sujets. Les salariés aujourd'hui - j'étais dans le bassin de Montbéliard il n'y a pas longtemps - ne comprennent pas qu'on ait dit à Barcelone qu'il fallait allonger l'âge de la retraite à 63 ans, alors que pendant ce temps-là, les grandes entreprises pratiquent une politique où on met les salariés quasiment en préretraite à 56 ans. Ils ne comprennent plus rien."
Le Parti peut s'entendre là-dessus, ce n'est pas un clivage ?
- "Le Parti peut peut-être s'entendre, mais à Barcelone, on ne m'a pas demandé mon avis avant d'entériner ce genre de texte. Alors, on peut s'entendre à condition qu'on nous consulte. A l'époque, cela n'a pas été le cas."
F. Hollande n'était pas à Barcelone.
- "Moi, j'ai protesté avec d'autres. Je ne l'ai pas entendu... Sur les stock-options, sur la fiscalité, nous avons eu un vote au Parti socialiste - je m'en souviens - et je préfère ne pas donner les chiffres.
Mais dites-les !
- "On était sept à être contre, contre plus de 100 qui ont trouvé cela normal. Quand on va aujourd'hui devant les militants et qu'on leur explique qu'une des urgences du Parti socialiste, cela a été la baisse de la fiscalité sur les stock-options, laissez-moi vous dire que deux ans après, ça ne manque pas de sel !"
Vous demandez que la France fasse valoir son droit de veto à l'ONU ?
- "Le Parti socialiste a, je crois, une position très claire désormais sur le conflit au Moyen-Orient. Sur cette question, il y a eu un débat intéressant. Nous avons fait cette proposition au mois de septembre, c'est-à-dire que la France, en aucun cas, ne participe à ce conflit. Et deuxièmement, qu'elle utilise son droit de veto à l'ONU. Troisièmement, évidemment, si elle décidait d'intervenir malgré tout, qu'il y ait un débat au Parlement, pour qu'on puisse au moins faire valoir notre point de vue. Là-dessus, je crois qu'il y a eu, hier soir, au Parti socialiste, une forme d'unanimité qui était bien agréable d'ailleurs."
Vous semblez regretter l'unanimité ?
- "Pas du tout ; je viens de vous dire que c'était bien agréable. Là, vous extrapolez."
Non, vous regrettez qu'il n'y ait pas unanimité sur tout...
- "Au mois de septembre, avec quelques camarades, j'avais fait cette proposition. On nous a dit : "On verra, c'est trop tôt". Je suis ravi qu'au mois de décembre, l'ensemble du Parti socialiste soit sur cette position. Parce que je crois que s'il y a conflit au Moyen-Orient, ce sera catastrophique, non seulement sur le plan de la sécurité par rapport au terrorisme, mais aussi sur le plan économique."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 décembre 2002)