Texte intégral
N'est-ce pas un peu dur pour vous depuis le 21 avril ?
L'essentiel est d'être assuré de son parcours et de faire face.
Dans quel camp doit-on vous situer aujourd'hui ?
Toute ma vie politique, depuis le congrès d'Epinay il y a trente ans, s'enracine à gauche dans un combat pour la justice sociale et contre la domination de l'argent, mais aussi pour la France et pour la République. En bref, ma famille politique c'est la gauche, ma patrie c'est la France.
Cela n'a pas toujours été très clair
Quelque fonction que j'aie occupée dans l'Etat, je me suis toujours déterminé en dernier ressort à l'aune de l'intérêt national ! C'est pourquoi j'ai toujours rassemblé au-delà de la gauche. Et j'entends bien continuer. Qui ne voit que, au moins depuis Maastricht, le clivage entre la droite et le parti socialiste relève de plus en plus de l'imposture dans la mesure où le PS, quand il est au pouvoir, ne s'oppose pas à la mondialisation libérale et à la domination des grands intérêts financiers ?
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez fait perdre Jospin et la gauche ?
Il est trop facile et plutôt lâche pour le parti socialiste de me transformer en bouc émissaire de son échec. C'est vouloir occulter, sous un faux procès, un vrai débat d'idées ! C'est oublier que j'ai été forcé de quitter le gouvernement à l'été 2000 pour ne pas cautionner un démantèlement de l'Etat républicain. Démantèlement que le gouvernement Raffarin poursuit en Corse et ailleurs à travers un projet de pseudo décentralisation que les socialistes critiquent aujourd'hui avec mes propres arguments ! La gauche plurielle est morte de son absence de projet. C'était une construction purement tacticienne dès le départ, elle l'est restée jusqu'à la fin : qui se souvient aujourd'hui du projet porté par le candidat socialiste ? L'avenir de la gauche n'est ni dans le social libéralisme, ni dans l'agitation brouillonne d'un soi-disant " pôle de radicalité ". Il est dans la redécouverte d'un projet pour la France et pour l'Europe au XXIème siècle.
Vous arrive-t-il quand même de regretter vos critiques des socialistes ?
Je ne me suis pas résigné au vide, voilà mon grand tort aux yeux de la bien-pensance dite " de gauche ". J'ai essayé d'inventer : je me suis placé du point de vue de la République pour faire en tous domaines des propositions qui franchement ne me situaient pas à la droite de Lionel Jospin. Non, je ne suis pas dans la repentance. On ne me fera renier ni mon parcours, ni mon positionnement. J'entends rester moi-même, ce qui d'ailleurs peut être la meilleure manière d'aider la gauche à retrouver ses repères, si elle en est capable.
Vous voulez aider la gauche ? Comment ?
Je suis pour la refondation de la République, face à la mondialisation libérale. Je suis donc disponible pour une refondation républicaine de la gauche si elle s'avère possible. Cela dit, je ne veux pas m'immiscer dans la préparation du congrès du PS. Bon courage donc à la " fraise des bois " qui le dirige pour éviter d'être écrasée par la patte des éléphants ! (NDLR : " On ne cache pas un éléphant derrière une fraise des bois " a dit Laurent Fabius dimanche dernier au grand jury RTL/Le Monde). Le débat sur l'organisation de la gauche n'a pas d'intérêt, c'est dans le débat d'idées qu'il faut opérer le ressourcement. Pour que le PS puisse se redire " de gauche ", il devrait inévitablement remettre en cause sa soumission à l'orthodoxie libérale et à l'hégémonie américaine. Je n'y crois guère.
On dit que la droite prend la gauche à contre pied, qu'en pensez-vous ?
Ce qui est vraiment neuf, c'est le positionnement de notre diplomatie à l'ONU dans l'affaire irakienne. J'approuve Jacques Chirac de n'avoir pas placé d'emblée notre pays dans une logique de guerre, comme en d'autres temps. S'il refuse d'associer la France à la guerre américaine contre l'Irak, tous ceux qui ont le souci de l'intérêt national et ne veulent pas d'une guerre de civilisations qui se répercuterait inévitablement sur notre sol doivent le soutenir. Nous n'avons pas à jouer les petits toutous de M. Bush. Etre républicain, c'est refuser la démagogie : Si le gouvernement unifie les SMIC vers le haut, s'il fait voter deux lois de programmation sur la sécurité et la justice que j'ai été le premier à réclamer, je ne vais pas sombrer comme d'autres dans une critique politicienne et systématique. Mais, sur l'essentiel, le gouvernement Raffarin est un gouvernement de la droite libérale. Il privatise : Air France, le Crédit Lyonnais, EDF, sans vue d'ensemble pour l'avenir de notre économie. Il s'attaque aux services publics. Il abandonne la priorité à la recherche. Il brade les compétences de l'Etat à travers une décentralisation pour les riches. Ses reculades sur la Corse font le jeu des indépendantistes, qui ont déjà obtenu la corsisation des emplois et d'assurer eux-mêmes la garde de leurs détenus. Et maintenant ils préparent, au vu et au su de tous, un corps électoral corse ! Les attentats redoublent : que fait donc M. Sarkozy ? Le gouvernement est incapable de se dégager des contraintes monétaires et budgétaires du traité de Maastricht qui empêchent l'Europe de sortir de la crise. Enfin, le projet de Constitution européenne signerait la fin de la France, transformée en province d'une Europe pseudo-fédérale qui serait d'abord l'Europe des Etats-Unis. Mais, vous le voyez, tous ces reproches pourraient s'adresser aussi bien à un gouvernement " social-libéral " ? hélas !
Allez-vous vraiment " aider " la gauche en créant un nouveau parti ?
J'aiderai la France et son peuple. Un million 520 000 électeurs (5,34 %) m'ont apporté leur voix le 21 avril. Soit plus d'un électeur sur vingt. Le courant républicain a obtenu d'emblée plus d'écho que les Verts, le PCF, le PRG ou DL. Le " pôle républicain " qui tiendra un congrès fondateur les 25 et 26 janvier à Saint-Pol-Sur-Mer (Nord) s'adressera aussi et d'abord aux abstentionnistes et protestataires du 21 avril. Il y a un immense effort de pédagogie républicaine à mener. Cet effort s'inscrit dans la durée. Une campagne présidentielle ne suffit pas, il faut le travail d'un parti de militants pour ouvrir une voie réellement nouvelle, loin des débats de connivence !
(source http://www.pole-republicain.org, le 12 décembre 2002)
L'essentiel est d'être assuré de son parcours et de faire face.
Dans quel camp doit-on vous situer aujourd'hui ?
Toute ma vie politique, depuis le congrès d'Epinay il y a trente ans, s'enracine à gauche dans un combat pour la justice sociale et contre la domination de l'argent, mais aussi pour la France et pour la République. En bref, ma famille politique c'est la gauche, ma patrie c'est la France.
Cela n'a pas toujours été très clair
Quelque fonction que j'aie occupée dans l'Etat, je me suis toujours déterminé en dernier ressort à l'aune de l'intérêt national ! C'est pourquoi j'ai toujours rassemblé au-delà de la gauche. Et j'entends bien continuer. Qui ne voit que, au moins depuis Maastricht, le clivage entre la droite et le parti socialiste relève de plus en plus de l'imposture dans la mesure où le PS, quand il est au pouvoir, ne s'oppose pas à la mondialisation libérale et à la domination des grands intérêts financiers ?
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez fait perdre Jospin et la gauche ?
Il est trop facile et plutôt lâche pour le parti socialiste de me transformer en bouc émissaire de son échec. C'est vouloir occulter, sous un faux procès, un vrai débat d'idées ! C'est oublier que j'ai été forcé de quitter le gouvernement à l'été 2000 pour ne pas cautionner un démantèlement de l'Etat républicain. Démantèlement que le gouvernement Raffarin poursuit en Corse et ailleurs à travers un projet de pseudo décentralisation que les socialistes critiquent aujourd'hui avec mes propres arguments ! La gauche plurielle est morte de son absence de projet. C'était une construction purement tacticienne dès le départ, elle l'est restée jusqu'à la fin : qui se souvient aujourd'hui du projet porté par le candidat socialiste ? L'avenir de la gauche n'est ni dans le social libéralisme, ni dans l'agitation brouillonne d'un soi-disant " pôle de radicalité ". Il est dans la redécouverte d'un projet pour la France et pour l'Europe au XXIème siècle.
Vous arrive-t-il quand même de regretter vos critiques des socialistes ?
Je ne me suis pas résigné au vide, voilà mon grand tort aux yeux de la bien-pensance dite " de gauche ". J'ai essayé d'inventer : je me suis placé du point de vue de la République pour faire en tous domaines des propositions qui franchement ne me situaient pas à la droite de Lionel Jospin. Non, je ne suis pas dans la repentance. On ne me fera renier ni mon parcours, ni mon positionnement. J'entends rester moi-même, ce qui d'ailleurs peut être la meilleure manière d'aider la gauche à retrouver ses repères, si elle en est capable.
Vous voulez aider la gauche ? Comment ?
Je suis pour la refondation de la République, face à la mondialisation libérale. Je suis donc disponible pour une refondation républicaine de la gauche si elle s'avère possible. Cela dit, je ne veux pas m'immiscer dans la préparation du congrès du PS. Bon courage donc à la " fraise des bois " qui le dirige pour éviter d'être écrasée par la patte des éléphants ! (NDLR : " On ne cache pas un éléphant derrière une fraise des bois " a dit Laurent Fabius dimanche dernier au grand jury RTL/Le Monde). Le débat sur l'organisation de la gauche n'a pas d'intérêt, c'est dans le débat d'idées qu'il faut opérer le ressourcement. Pour que le PS puisse se redire " de gauche ", il devrait inévitablement remettre en cause sa soumission à l'orthodoxie libérale et à l'hégémonie américaine. Je n'y crois guère.
On dit que la droite prend la gauche à contre pied, qu'en pensez-vous ?
Ce qui est vraiment neuf, c'est le positionnement de notre diplomatie à l'ONU dans l'affaire irakienne. J'approuve Jacques Chirac de n'avoir pas placé d'emblée notre pays dans une logique de guerre, comme en d'autres temps. S'il refuse d'associer la France à la guerre américaine contre l'Irak, tous ceux qui ont le souci de l'intérêt national et ne veulent pas d'une guerre de civilisations qui se répercuterait inévitablement sur notre sol doivent le soutenir. Nous n'avons pas à jouer les petits toutous de M. Bush. Etre républicain, c'est refuser la démagogie : Si le gouvernement unifie les SMIC vers le haut, s'il fait voter deux lois de programmation sur la sécurité et la justice que j'ai été le premier à réclamer, je ne vais pas sombrer comme d'autres dans une critique politicienne et systématique. Mais, sur l'essentiel, le gouvernement Raffarin est un gouvernement de la droite libérale. Il privatise : Air France, le Crédit Lyonnais, EDF, sans vue d'ensemble pour l'avenir de notre économie. Il s'attaque aux services publics. Il abandonne la priorité à la recherche. Il brade les compétences de l'Etat à travers une décentralisation pour les riches. Ses reculades sur la Corse font le jeu des indépendantistes, qui ont déjà obtenu la corsisation des emplois et d'assurer eux-mêmes la garde de leurs détenus. Et maintenant ils préparent, au vu et au su de tous, un corps électoral corse ! Les attentats redoublent : que fait donc M. Sarkozy ? Le gouvernement est incapable de se dégager des contraintes monétaires et budgétaires du traité de Maastricht qui empêchent l'Europe de sortir de la crise. Enfin, le projet de Constitution européenne signerait la fin de la France, transformée en province d'une Europe pseudo-fédérale qui serait d'abord l'Europe des Etats-Unis. Mais, vous le voyez, tous ces reproches pourraient s'adresser aussi bien à un gouvernement " social-libéral " ? hélas !
Allez-vous vraiment " aider " la gauche en créant un nouveau parti ?
J'aiderai la France et son peuple. Un million 520 000 électeurs (5,34 %) m'ont apporté leur voix le 21 avril. Soit plus d'un électeur sur vingt. Le courant républicain a obtenu d'emblée plus d'écho que les Verts, le PCF, le PRG ou DL. Le " pôle républicain " qui tiendra un congrès fondateur les 25 et 26 janvier à Saint-Pol-Sur-Mer (Nord) s'adressera aussi et d'abord aux abstentionnistes et protestataires du 21 avril. Il y a un immense effort de pédagogie républicaine à mener. Cet effort s'inscrit dans la durée. Une campagne présidentielle ne suffit pas, il faut le travail d'un parti de militants pour ouvrir une voie réellement nouvelle, loin des débats de connivence !
(source http://www.pole-republicain.org, le 12 décembre 2002)