Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur les résultats de l'élection présidentielle de mai 2002, le projet d'assouplissement de la loi sur les 35 heures et d'harmonisation des différents niveaux du SMIC, les propositions de la CGT en faveur d'une réforme du système des retraites et du système de santé, la préparation des élections prud'homales de décembre 2002, Bordeaux le 10 octobre 2002.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Meeting de la CGT à Bordeaux le 10 octobre 2002

Texte intégral

Chers amis, chers camarades,
Je vous remercie d'avoir répondu si nombreux à l'invitation de la CGT.
Cette rentrée 2002 est marquée par la mise sur la table de questions économiques et sociales fondamentales. La question de l'emploi reste la source d'inquiétude la plus constante des salariés de notre pays, inquiétude que celle de l'avenir des retraites vient redoubler. Le gouvernement brandit à nouveau les privatisations alors qu'elles ont été partout discréditées. La Sécurité sociale, notamment à travers le déficit de l'Assurance maladie continue à nourrir des projets dangereux.
La situation inédite issue des consultations politiques d'avant l'été nous oblige à réfléchir ensemble pour affiner nos analyses, affermir leur cohérence et affirmer notre détermination à agir dans ce contexte nouveau. Le gouvernement a pris de premières orientations et décisions pour le moins contestables. Le MEDEF harcèle la nouvelle majorité politique, façon habile de manifester sa distance ou sa différence tout en réclamant son dû.
Cette rentrée est enfin marquée par la perspective maintenant très proche des élections prud'homales. Lancé le 10 septembre à Paris notre tour de France se terminera à Toulouse le 3 décembre, une semaine avant la tenue du scrutin. Vous le savez, ces élections constituent un moment décisif pour affirmer la représentativité du mouvement syndical en général et celle de la CGT en particulier.
Après PARIS, RENNES, STRASBOURG et LILLE, nous faisons étape aujourd'hui à BORDEAUX, capitale de l'AQUITAINE. L'AQUITAINE, c'est la rencontre du midi et de l'océan, des terroirs prestigieux et une forêt immense, une ouverture sur la mer et sur le monde, une culture et un art de vivre de longue tradition.
C'est aussi un recul sensible de l'emploi industriel, le développement d'emplois tertiaires très disparates, la percée encore incertaine des hautes technologies. Là comme ailleurs, la crise de l'emploi dure depuis près de 30 ans. Le chômage persiste à un taux élevé, notamment chez les jeunes. Hormis quelques professions à très haut niveau de qualification, il en résulte une situation très défavorable aux salariés, ayant entraîné la stagnation et même la récession des salaires d'embauche : le fossé s'est accentué entre les générations.
Aujourd'hui, un jeune qui veut prendre l'ascenseur social doit commencer par descendre au sous sol, il doit s'attendre à des pannes et à des accidents dont parfois il ne pourra pas se remettre. Cette évolution est d'autant plus inacceptable, qu'entre-temps le revenu national a continué de croître, et que les jeunes sont toujours plus diplômés. L'angoisse et la désillusion sont énormes pour beaucoup de parents qui voient ou redoutent de voir leurs enfants "galérer" pour s'insérer dans le monde du travail.
Les directions d'entreprise offrent peu de perspectives de progrès, la plupart des parcours professionnels sont étriqués et constituent de grands facteurs de blocage pour les salariés. La France se singularise, en Europe, par le peu de moyens que les entreprises consacrent à la formation continue, ainsi que par l'inégale répartition de celle ci au profit de ceux qui sont déjà les plus qualifiés : dans notre pays, un ouvrier ou un employé a 4 fois moins de chances qu'un cadre de bénéficier d'une action de formation.
Ce constat doit évidemment être rapproché du fait que le développement de l'emploi peu qualifié est demeuré la priorité affichée des gouvernements depuis quinze ans. Résultat : nous sommes un des pays d'Europe où les inégalités de salaires sont les plus importantes et où la concentration des salariés est la plus forte en bas de la hiérarchie, tout en conservant un taux de chômage très élevé.
La réalité sociale c'est que pour des millions de femmes et d'hommes il y a urgence à sortir au plus vite des schémas dans lesquels on les enferme depuis des années. La proposition et la mobilisation syndicales offrent un des principaux moyens pour y parvenir. Il faut nous en convaincre et nous en saisir avec lucidité et avec détermination.
Avec lucidité d'abord.
Nous avons souligné l'ampleur de la crise révélée par le scrutin présidentiel qualifié par de nombreux commentateurs de " séisme ". Nous ne considérons pas que cet événement ne serait qu'une mauvaise passe, une saute d'humeur passagère destinée à ne rester qu'un mauvais souvenir. Le scrutin présidentiel du 21 avril a d'abord fonctionné comme un révélateur puissant et dramatique de la dégradation du vécu social d'une grande partie de la société française, notamment de ceux qui vivent au jour le jour des difficultés matérielles et des humiliations personnelles ou collectives, des angoisses professionnelles ou familiales, toutes les souffrances ordinaires d'une précarité banalisée. Ce fait social constitue la manifestation la plus brutale et la plus nette d'un sentiment d'inquiétude qui atteint, à des degrés divers, une très large part de la société française.
Rappelons brièvement les trois caractéristiques majeures du nouveau contexte politique résultant du scrutin présidentiel : le poids de l'extrême droite, un président élu dans des circonstances exceptionnelles et l'échec de la gauche.
La première est la capacité de l'extrême droite à réunir de nombreux suffrages en mettant en relation, sur fond de racisme et de xénophobie, le processus de mondialisation, l'immigration et la sécurité.
La CGT a affirmé et continuera à affirmer que l'extrême droite incarne un système de pensée totalement opposé aux valeurs sociales et humaines qui sont au coeur du combat syndical. Il n'y a aucune place, ni dans notre point de vue ni dans notre pratique, pour le racisme, la xénophobie, l'autoritarisme, la morgue ou l'étroitesse chauvines, l'exacerbation des peurs collectives et la manipulation démagogique des désarrois sociaux.
Si l'échec du couple MEGRET à Vitrolles constitue une des meilleures nouvelles de l'automne, ne nous méprenons pas sur ce qu'il signifie. En l'occurrence, il faut y voir davantage un coup d'arrêt à une ambition personnelle que le symptôme d'un reflux de l'influence de l'extrême droite. Cette région reste travaillée par la crise de l'emploi, la superposition de forts courants d'immigration originaires de l'ensemble des rives de la Méditerranée et une corruption latente de la vie politique. Sans une action tenace de toutes les forces démocratiques, elle continuera à être un terreau favorable aux manipulations des politiciens populistes.
Prenons y bien garde, le Front National peut capter durablement et sans complexe l'adhésion importante des salariés les plus exposés au durcissement de l'exploitation du travail et les plus assujettis à la précarité de l'emploi. Sa consolidation dans le paysage politique français et le risque de sa normalisation progressive constituent une menace directe contre l'efficacité de notre combat pour l'unité et la solidarité entre tous les salariés.
Deuxième fait essentiel des consultations politiques intervenues avant l'été :.
La CGT est bien placée pour le savoir, Jacques CHIRAC, désormais Président de la République, n'a pas été élu avec 82 % des voix sur la base de son programme économique et social ! Le Président est élu par la mobilisation républicaine contre le candidat d'extrême droite présent au deuxième tour et dans un contexte d'abstention record pour ce type de consultation.
Le gouvernement qu'il a désigné semble avoir déjà oublié cette évidence, puisqu'il justifie son action par la mise en oeuvre de réformes qui à aucun moment n'ont recueilli le soutien massif et explicite de la population.
La majorité parlementaire qui le soutient, enivrée par un résultat qui doit plus à la providence qu'à ses mérites, brûle de profiter des commodités d'une victoire pléthorique. Notre mobilisation sera sans doute nécessaire afin de cantonner des ambitions dangereuses et de calmer certaines ardeurs.
Le troisième fait majeur est évidemment l'échec de la gauche.
Les partis de gauche se livrent à leur propre analyse des événements pour élucider les causes de cette nouvelle alternance politique. Pour la CGT une des principales causes réside dans leur incapacité à proposer une véritable alternative à la dérive dangereuse dans laquelle s'engage le monde capitaliste, c'est-à-dire le monde entier, à travers la domination des logiques de rentabilité financière.
Lors du lancement de la " refondation " sociale, dont il est un des brillants promoteurs, Denis KESSLER, le n° 2 du MEDEF, expliquait, je le cite : " Les impératifs de l'économie moderne sont incompatibles avec les exigences de sécurité et de protection qu'attendent les salariés des entreprises ".
Voilà un homme qui parle d'or, surtout quand il parle d'argent !
Mais lui c'est un patron qui prie pour sa chapelle, son credo se résume à : " laissez nous les mains libres pour faire des salariés flexibles, ne nous soumettez pas à des obligations pour les rémunérations et délivrez nous des cotisations sociales en abaissant les charges patronales. Ainsi soit il ! "
Le plus grave c'est qu'à gauche, trop d'analystes politiques et économiques ont cru à ce catéchisme ou se sont résignés à n'y voir qu'un regrettable mais inéluctable tribut à payer au nom de la sacro-sainte efficacité de l'économie concurrentielle de marché.
On a renâclé à mettre en cause le développement de l'emploi précaire. On a trop facilement accepté le principe de l'irresponsabilité des entreprises vis-à-vis des dégâts sociaux provoqués par leurs objectifs, leurs critères ou leurs erreurs de gestion. On en est même venu à prôner la réduction des prélèvements fiscaux et sociaux indispensables tant à la justice sociale qu'à l'efficacité de l'économie.
Quelles que soient leurs conclusions, parce que cela fait pleinement partie de nos prérogatives syndicales, nous leur disons tranquillement que, si les opinions, les analyses, les propositions formulées par la CGT sur de nombreux plans avaient été plus souvent prises en considération, alors, alors peut-être, les choses auraient été différentes.
Mais l'on ne refait pas l'histoire ! Et c'est dans les circonstances d'aujourd'hui que la CGT doit assumer ses missions syndicales.
Nous sommes donc pleinement lucides sur nos responsabilités mais certainement pas culpabilisés par des choix et des positions qui n'ont pas été de la compétence ou de la responsabilité de la CGT. Le syndicalisme a une tâche immense à assumer et notre syndicalisme en particulier. C'est là notre priorité.
Car, " Rien ne va plus " au casino du capitalisme triomphant. L'été a vu s'amplifier une crise financière sans précédent. Le CAC 40 a perdu 40 % de sa valeur depuis début janvier. Les bourses de Londres, de New York, de Francfort n'arrêtent pas leur dégringolade , provoquant des faillites en chaîne, déstabilisant les firmes, des banques, parfois des pays entiers.
Nous qui sommes plus que critiques à l'égard du rôle des marchés financiers nous pourrions être tentés de nous réjouir d'une telle déconfiture. Mais voilà, on connaît bien le coup ! Quand la bourse monte il faut supprimer des emplois et comprimer les salaires pour que ça continue à monter ! C'est le théorème de Michelin version an 2000. Mais, si elle baisse, il faut dégraisser, il faut assainir ! C'est le théorème Alcatel version 2002. Dans tous les cas le travail, l'emploi, les besoins sociaux sont les " variables d'ajustement " et c'est nous tous qui nous retrouvons avec les plans de licenciement.
Le Président de la République a dit "il faut permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus ".
Nous disons il faut d'abord permettre de gagner plus à ceux qui travaillent déjà beaucoup ! Apparemment c'est ce qui a été fait séance tenante pour les ministres ! Pour d'autres, gagner plus c'est d'abord la condition pour mieux vivre.
Il faut en finir avec la vision réductrice du salaire et des cotisations sociales comme coût pour l'entreprise.
Il n'y aura pas de relance durable de la croissance sans une dynamique salariale nouvelle. Nous n'avons pas attendu cette rentrée pour le dire. C'est cela que nous voulons. Il faut négocier partout sur les salaires dans les branches et avec le gouvernement.
Ne nous trompons pas, nous ne sommes pas face à la crise finale d'un capitalisme moribond, mais bien devant un formidable échec de celui-ci à affronter les problèmes nouveaux posés au développement humain. L'avenir de la planète, tout comme la sécurité des biens et des personnes sont déjà parmi les victimes de cette crise.
La situation internationale reste extrêmement tendue.
Les Etats unis, même s'ils doivent jouer serré, continuent à fourbir leurs armes contre l'Irak, en invoquant la lutte contre le terrorisme là où il n'y a qu'un paravent à leur stratégie pétrolière. À l'ombre de cette guerre annoncée, et dans l'impunité que lui vaut son rôle présent et à venir dans le dispositif politique et militaire de l'hégémonie américaine au proche orient, l'actuel gouvernement israélien se sent autorisé à détruire les derniers vestiges de l'autonomie palestinienne.
Il est heureux que 250 000 citoyens de Grande Bretagne aient manifesté contre la guerre en Irak et marqué ainsi leur distance avec l'attitude de Tony BLAIR, car la paix est la plus grande aspiration de l'humanité et la condition première de toute forme de développement durable. Je note avec satisfaction que cette question a été au centre des élections allemandes, et que la droite la plus réactionnaire a été finalement mise en échec sur cette base.
La CGT est partie prenante de la manifestation du 12 octobre à Paris, avec d'autres organisations syndicales, politiques, associatives, s'opposant à la guerre dite " préventive " contre l'Irak.
Le gouvernement des Etats unis a également méprisé le sommet de Johannesburg sur le développement durable, marquant une fois de plus son refus ou son incapacité à prendre en compte un point de vue différent du sien.
Des questions essentielles pour l'avenir de nos sociétés, de la planète toute entière, se jouent autour de la gestion des " biens publics collectifs " comme l'eau, la sécurité alimentaire, la préservation de l'environnement, les grands réseaux d'énergie, de transport et de télécommunications, la stabilité et l'accessibilité des systèmes de financement, la santé, la connaissance.
Les entreprises qui exercent leurs activités dans ces secteurs ne peuvent pas être considérées comme des entreprises comme les autres. Il est indispensable que, sous des formes diverses, leurs modalités de direction laissent une large place à l'intervention publique et citoyenne, celle de la puissance publique, celle des salariés organisés dans l'entreprise, et celle des utilisateurs.
Aux Etats-Unis, ce sont les grandes compagnies d'aviation qui sont dans le rouge et viennent se placer les unes après les autres sous la protection des autorités politiques. En Angleterre : on allait voir ce qu'on allait voir, les marchés financiers allaient faire "mieux rouler les trains" ou " améliorer la fourniture d'électricité ". Résultat le gouvernement de Tony BLAIR est contraint de reprendre le contrôle de la société Railtrack parce qu'elle est en faillite et cumule les problèmes et les accidents. Et quant à British Energy, l'équivalent privatisé d'EDF, la valeur de son titre a perdu 70 % en 12 mois et le gouvernement a du intervenir pour éviter la faillite.
Et l'on veut nous resservir la privatisation des services publics comme la recette miracle !
Des choix politiques et sociaux qui marqueront notre société pendant les décennies à venir vont devoir être faits maintenant. Si tout ne relève pas de la compétence syndicale, il est clair que notre vigilance et notre action sont décisives pour que le débat ait lieu au grand jour, pour que chaque analyse et chaque décision prennent en compte les intérêts du monde du travail.
Hier, à Bruxelles, nous avons fait le point à la Confédération Européenne des Syndicats avec l'ensemble de nos camarades des différents pays européens. Manifestement la situation sociale en Europe se dégrade, tant du point de vue de l'emploi que des droits des salariés qui sont l'objet de remises en cause suivant des approches similaires, qu'il s'agisse de l'indemnisation du chômage en Espagne, du Code du travail en Italie, du temps de travail en France.
Je peux vous dire l'unanimité qui s'est dégagée entre nous pour programmer, dans les mois qui viennent, une série d'initiatives et un programme d'action coordonnée entre les syndicats européens.
Tout le monde ressent la nécessité d'articuler les mobilisations nationales et la pression internationale pour obtenir, à chaque niveau, des avancées dans le domaine social.
Il y aura ainsi des suites aux manifestations européennes de Porto, Nice, Barcelone et Bruxelles. La CGT s'en félicite et va s'y préparer.
Ce débat appelle une franche confrontation et celle ci a commencé.
Elle a été lancée le 3 octobre par les dizaines de milliers d'électriciens et gaziers, mobilisés dans l'unité la plus large, qui, de toute la France, sont venus manifester à Paris. D'importantes délégations d'autres entreprises publiques, SNCF, La Poste, France Télécom, RATP, Air France, sont venus affirmer leurs convergences et leur solidarité avec ceux d'EDF/GDF. Tous ensemble, ils ont exprimé le caractère d'ordre public de services vitaux pour la santé de l'économie et la cohésion de la société française.
D'autres actions se profilent, des dates sont arrêtées :
o Grève le 17 octobre dans l'Education Nationale et la Recherche à l'appel de toutes les organisations syndicales du secteur,
o Le 21 octobre, les intermittents du spectacle seront à nouveau sur le devant de la scène,
o 14 novembre, journée nationale d'action dans la métallurgie sur l'emploi, les salaires et les retraites, 26 novembre, manifestation nationale unitaire des cheminots actifs et retraités.
L'action paie, et ce ne sont pas les salariés d'AIRBORNE à Mérignac et ceux de la SCREG SUD OUEST qui me démentiront ! C'est aussi, j'en suis sûr, la conviction des salariés des Monnaies et Médailles qui se battent dans l'unité syndicale pour maintenir le volume et la maîtrise publique de la production de la monnaie européenne.
Tout cela témoigne de prises de conscience et de mobilisations qui peuvent changer le cours des choses.
Le 3 octobre une double démonstration a été faite : celle de la vitalité du service public et celle de l'efficacité de l'unité. A l'appel de toutes leurs organisations syndicales, des salariés se sont mobilisés massivement pour défendre une véritable réussite économique et sociale, dont la formule n'a rien de magique, mais dont la recette est éprouvée : un service public de qualité ouvert à tous, des entreprises performantes et un statut du personnel solide.
Cette combinaison gagnante fait d'EDF/GDF non pas un modèle mais une référence nationale et internationale qui constitue un atout pour l'Europe.
Car la politique énergétique doit devenir une véritable politique publique au niveau européen. Une telle orientation est incompatible avec la poursuite du mouvement de déréglementation qui, parti des Etats-Unis, continue à déstabiliser les services publics en Europe. Elle est a contrario parfaitement compatible avec un secteur public fort en France et ailleurs, nouant des accords de coopération internationale et jouant la carte de la démocratisation de sa gestion.
Des réponses efficaces et durables impliquent des politiques publiques et des pratiques démocratiques participatives. Elles ne signifient pas une étatisation mais un immense effort de démocratie publique. C'est " dans la proximité ", en les articulant à chaque niveau territorial, que se joueront de pair le développement de l'économie et de la démocratie, à l'intérieur de chaque pays comme au sein d'un ensemble coordonné de pays comme l'Europe.
Il y a un besoin impérieux de (re)solidariser fortement territoires et entreprises dans tous les domaines : activités de Recherche/développement, productions, services, règles sociales applicables, financements, fiscalités, respect de l'environnement
Dans un document publié par un Conseil économique et social régional, j'ai relevé une formule très très forte et que nous approuvons sans réserves. Je vous la cite :
" Les collectivités ne doivent pas être considérées que comme pourvoyeuses de subventions ou comme service des urgences, mais comme des partenaires vis-à-vis desquels les entreprises font preuve de transparence et de loyauté : chacun dans la société a des droits et des devoirs. Les relations entre le social et l'économique se resserrent : les entreprises les plus dynamiques se développent dans les milieux où toutes les composantes de la société progressent de concert ".
Alors c'est une devinette. De quel Conseil économique et social régional s'agit il ? Ce n'est pas celui d'Aquitaine, non, mais ce n'est pas très loin d'ici...
Eh bien oui, il s'agit du CESR Poitou-Charentes !
Je le dis tranquillement au premier Ministre, il serait utile que ce bon conseil d'en bas devienne rapidement une réalité de l'action publique d'en haut !
Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, entre haut et bas il est souvent marqué fragile ! Eh bien il y en a qui, avec des airs de ne pas y toucher, ne répugnent pas à la casse !
Ainsi, ce jour, l'Assemblée nationale doit se prononcer sur le projet que nous devons à Monsieur FILLON. Avec sa première loi dite " sociale ", le nouveau gouvernement et son distingué Ministre du Travail ont décidé de s'attaquer d'un coup d'un seul au temps de travail, au volume et à la rémunération des heures supplémentaires, à l'évolution du SMIC avec, pour graisser la mécanique, plusieurs milliards d'euros accordés sans aucune contrepartie aux employeurs.
Au fil du débat parlementaire, et cette nuit en particulier, la majorité de droite s'est efforcée d'aggraver la portée du texte en redéfinissant les modalités de décompte pour le travail en astreinte.
Malheureusement, une grande partie du mouvement syndical français s'est obstiné à rester inerte, oubliant que seuls les combats que l'on ne mène pas sont perdus d'avance...
Pour notre part, nous avons poursuivi notre campagne d'information et de mobilisation sous de multiples formes ; un rassemblement s'est tenu devant l'Assemblée Nationale.
Mais la bataille ne s'arrête pas là. Une bonne partie du projet de loi renvoie à la négociation . Un enjeu essentiel relève donc de la responsabilité directe des confédérations syndicales.
En adoptant ensemble une attitude ferme et unitaire au niveau des branches professionnelles, en refusant ensemble l'augmentation du nombre d'heures supplémentaires autorisées et la diminution de leur indemnisation, une bonne partie du projet FILLON, en l'occurrence la plus mauvaise, peut être rendue caduque.
Il y a peu, le candidat CHIRAC, l'infatigable spécialiste de la fracture sociale, s'inquiétait des disparités entre salariés, selon que l'on est dans une grande ou une petite entreprise... Moralité, son gouvernement et sa majorité torpillent le processus RTT alors qu'un salarié sur deux n'y accède pas encore, principalement dans les petites entreprises !
Tout cela témoigne d'un manque de lucidité sur l'évolution des besoins sociaux. La relation entre temps de travail, temps privé et temps social doit être repensée, et le processus 35 heures a permis de remettre durablement l'organisation du travail au centre de l'activité revendicative. La flexibilisation, les flux tendus, l'extension du travail posté, du travail des samedis et des dimanches et du temps partiel contraint, et la mise sous tension permanente du personnel d'encadrement ne sont pas un tribut éternel à payer au nom de la concurrence et de la modernité. Les exigences et les méfaits d'une conception intensive de la productivité deviendront progressivement insupportables : si pour certains " le temps c'est de l'argent ", pour un salarié son temps c'est sa vie.
N'en déplaise à nos détracteurs, la modernité n'est pas dans le camp de ceux qui vantent les mérites d'une logique économique qui sème précarité, exclusion, subordination, inégalités et discrimination.
Lors de mon passage à Bordeaux il y a un peu plus d'un an, j'avais rencontré avec certains d'entre vous les salariés du groupe SOLECTRON, champion de la sous-traitance et de l'emploi d'intérimaires. C'est-à-dire qu'en permanence il pompe, il pressure, il rejette, tout en encaissant le bénéfice des exonérations de cotisations et autres subventions.
En cas de difficultés conjoncturelles ne comptez pas sur la direction du groupe SOLECTRON pour chercher à consolider les activités existantes, développer des activités nouvelles, bref préparer l'avenir. Non, ils ne savent que flinguer sans sommation : 1000 emplois supprimés en rayant de la carte deux sites, l'un dans le Pas de Calais et l'autre dans le Finistère. À Bordeaux en février de cette année, c'est 300 emplois permanents supprimés et 250 intérimaires embauchés que la direction ne fait pas figurer sur le registre du personnel ! Tout cela s'accompagne de mesures d'intimidation, de chantage.
Les salariés attendent d'autres perspectives que l'adaptation incessante à des exigences de rentabilité démesurées, ou aux soubresauts provoqués par l'irresponsabilité et l'instabilité des marchés financiers. Contester les processus de déréglementation qui font du travail la variable d'ajustement, défendre pied à pied le salarié, mais aussi reconstruire une dynamique globale et cohérente de développement, c'est l'enjeu de société central de la période, pour lequel le syndicat a un rôle décisif à jouer.
Nous voulons garantir à chaque salarié tout au long de sa vie des droits qui lui permettent d'exercer un travail, de se former, et d'avoir le parcours professionnel et le déroulement de carrière auxquels il aspire. Cette garantie - transférable d'une entreprise à l'autre et opposable à chaque employeur - permettrait à chaque individu d'être respecté, de ne plus subir l'événement, de toujours bénéficier individuellement des droits attachés à la solidarité collective du travail. C'est cela que nous appelons la " sécurité sociale professionnelle ", véritable armature d'un socle de garanties définissant et fondant le statut du travail salarié.
Que les françaises et les français, les salarié(e)s en particulier attendent du changement, c'est une évidence ; mais qu'on cesse de les prendre pour des analphabètes ou des imbéciles.
Le changement qu'ils appellent de leurs voeux, ne consiste pas à contourner ou saper le droit du travail, brader le service public, démolir les statuts, bousiller les retraites et tailler des croupières à la Sécu !
En matière de retraites justement, les salariés ont bien perçu que nous sommes rentrés dans une phase décisive. Le gouvernement a fixé son calendrier. Les négociations s'ouvriront après les élections prud'homales. Il n'est pas besoin d'être devin pour pronostiquer une sérieuse confrontation. Chacun se prépare avec, au centre, l'avenir de notre système de retraite par répartition et donc l'avenir pour des millions de retraités d'aujourd'hui et des salariés qui le seront demain.
Les enjeux sont en effet considérables.
Entre un SEILLIERE tel l'oncle PICSOU qui nous dit : " Pas un centime supplémentaire pour les retraites ", et un KESSLER RAPETOU qui salive en lorgnant sur le pactole de la protection sociale, nous avons quelques raisons d'être inquiets. Car ce qui est à la clé c'est une baisse très importante des 13 retraites versées, et un espace idéal ainsi ouvert aux fonds de pension, avec son cortège de risques, d'inégalités mais aussi de profiteurs et de prédateurs.
C'est pourquoi nous allons, ensemble, devoir nous mobiliser comme jamais. Au plan des objectifs, nous sommes au diapason de l'écrasante majorité des français. Nous mettons en avant la garantie pour tous du droit à la retraite à 60 ans avec un niveau de la retraite représentant au moins 75 % du salaire. Il s'agit d'assurer la continuité du niveau de vie des salariés lors du passage à la retraite : c'est la clef de voûte du système par répartition. 60 ans et 75 %, c'est cela qui sera au coeur de l'affrontement dans la négociation.
Il faut revoir les modalités et la durée de cotisation par rapport à ce double objectif. Ne nous limitons pas à la revendication d'un retour aux 37 années et demi pour tous, car il ne garantirait pas à la grande majorité des salariés du public et du privé d'obtenir le plein de leurs droits à 60 ans. En effet, la règle des annuités, telle quelle est appliquée aujourd'hui, condamne les salariés qui commencent à travailler de plus en plus tard et subissent de plus en plus des périodes de précarité dans leur emploi, à achever leur carrière professionnelle avec une retraite très largement amputée. C'est déjà le cas pour 15 % des hommes et 55 % des femmes. C'est pour nous inacceptable !
C'est la raison pour laquelle la CGT revendique de nouvelles modalités pour l'acquisition des droits à la retraite. Il faut prendre en compte les périodes de formation, d'apprentissage, de recherche de premier emploi dès l'âge de 18 ans ou 16 ans. Il faut garantir de nouveaux droits pour les précaires, les intérimaires et les salariés contraints au temps partiel. Il faut prendre en compte la pénibilité du travail pour certaines professions.
La CGT est pour le maintien de la diversité des systèmes dans un cadre d'égalité et de solidarité.
Le gouvernement a choisi de modifier les règles de compensation entre les régimes de retraite. Le choix de ponctionner de 830 000 euros supplémentaires la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse cherche à attiser directement la division entre salariés du public et du privé. Cette opération dissimule le fait que l'Etat fait les poches de tous les principaux régimes de retraite, ceux du public comme ceux du privé, pour diminuer les charges qu'il devrait assumer. Près de 10 milliards d'euros sont ainsi prélevés sur la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse, la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales, le régime des fonctionnaires de l'Etat, celui de la RATP...
Nous sommes opposés au système de manipulation comptable qui aboutit à faire main basse sur les excédents temporaires des régimes pour venir suppléer les carences du budget de l'Etat.
Une telle opération si elle devait être maintenue augurerait mal de la négociation à venir sur les retraites.
Nous tenons à une négociation globale tripartite, syndicats, patronat, gouvernement, articulée à des négociations spécifiques pour le secteur privé, pour les fonctionnaires, pour les entreprises publiques.
Nous avons toutes les raisons de nous battre pour assurer la pérennité de notre système de retraite.
Soyons-en sûrs, on n'améliorera pas la retraite par une dose de capitalisation ! La retraite, c'est la répartition ; elle a besoin d'être dynamisée, pas dynamitée.
La fermeté de la CGT sur ce dossier sera sans faille. L'objectif est bien de parvenir à garantir notre système de retraite pour toutes les générations, ceux qui vont bientôt prendre leur retraite, comme les millions de jeunes qui débutent leur activité professionnelle.
Je sais bien qu'il ne faut pas parler de corde dans la maison d'un pendu, mais Bordeaux, c'est un bon endroit pour parler de la Sécurité sociale.
Le MEDEF regrettait dernièrement qu'en 95 ce qu'il appelle le " camp des conservateurs " soit entré en résistance et ait réussi finalement à l'emporter. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que la CGT sera effectivement entrée en résistance et elle en est fière.
A entendre ces messieurs, il faudrait toujours se plier à leurs conceptions : c'est d'ailleurs ce qu'ils appellent la flexibilité ! Et bien non, la CGT ne se plie pas et elle invite les salariés à bien conserver la faculté de rester debout.
1995, 2002, 7 ans ont passé. D'après les professions de foi de quelques hommes liges du Chevalier de la Maison bleue, ce serait " 7 ans de réflexion ". Si mes souvenirs sont bons c'est le titre d'un excellent film... Mais d'autres rêvent de jouer un autre scénario. N'oublions jamais que Denis KESSLER, le mauvais génie qui fait bouillir le chaudron à idées du MEDEF, est le patron des patrons des assurances. Son obstination à détruire ou à dépecer la Sécurité Sociale ne relève sans doute pas d'une simple coïncidence ! Cet homme a les dents longues. Ses 15 films préférés à lui ce serait plutôt le Bal des vampires, Mortel Transfert ou Terminator ! Je reprendrais volontiers à mon compte et à son sujet l'excellente formule de l'écrivain irlandais Oscar WILDE : " Un cynique est l'homme qui connaît le prix de toutes choses et la valeur d'aucune ! "
Le droit à la santé est un droit fondamental, un enjeu de société.
Aujourd'hui, parmi les foyers disposant des plus faibles revenus, un sur quatre, c'est-à-dire des millions de gens, renonce à des soins. Améliorer l'état de santé de la population pose les bases même de la nature de la société que l'on veut construire.
Les besoins de santé augmentent. La population vit plus longtemps et souhaite évidemment le faire dans de bonnes conditions. De nouvelles pathologies apparaissent, de nouvelles technologies se développent. Plus encore, chacun d'entre nous veut éviter la maladie. Chacun sent que de grands pas pourraient être effectués pour prévenir les risques et les affections. C'est un immense progrès de civilisation qui se profile, à condition d'instaurer une véritable politique publique de santé, dans toutes ses dimensions : prévention, soins, recherche, médicaments, santé au travail.
Revenons sur ce qu'a été la gestion de ce secteur ces dix dernières années. Le Plan Juppé de 95, tout le monde s'en souvient et ce soir, à Bordeaux, j'en connais un qui doit avoir les oreilles qui sifflent ! La loi hospitalière de 91, la mise en place des Agences régionales hospitalières et d'un système technocratique de l'évaluation des coûts et des performances, la loi sur la restructuration de la transfusion sanguine, les lois successives de financement de la Sécurité sociale et des hôpitaux ont toutes été hantées par une obsession : celle de la compression des dépenses de l'Assurance maladie.
Trois siècles après Molière, nos dirigeants en sont restés à la saignée et à la purge ! Là comme partout, le travail a été la variable d'ajustement. Les directions des hôpitaux et des cliniques ont ainsi été poussées à restructurer, transférer, fusionner, privatiser, sous-traiter, précariser. Les politiques menées depuis plus de vingt ans dans le pays, ont provoqué une cascade de conséquences néfastes pour notre système public, dont une grave pénurie de personnels de santé qualifiés.
Ce n'est pas ailleurs qu'il faut chercher l'origine des conflits qui ont traversé le monde de la santé toutes ces dernières années : les hôpitaux, les cliniques, les internes, les urgences, les cadres, les médecins et non médecins dans le monde libéral. Je pense aussi à ceux qu'on oublie parfois, et dont la mission est aussi essentielle, comme les pompiers, les ambulanciers et les personnels des services de secours.
La santé n'est pas d'abord un coût mais bien tout à la fois un besoin et un champ essentiels de développement économique et social. C'est cela qui justifie un grand débat démocratique pour construire un système de santé ancré sur la réponse aux besoins et la réduction des inégalités. Sait-on qu'un ouvrier a trois fois plus de risques de mourir d'une affection cardio-vasculaire avant 55 ans qu'un cadre supérieur ! Sait-on qu'il a aussi trois fois plus de risques de mourir d'une tumeur ! Sait-on que cet écart ne cesse de grandir : la mortalité due à ces affections baisse deux fois moins vite chez les ouvriers et employés ! Les inégalités régionales sont tout aussi fortes comme vient de le montrer une remarquable étude de l'INSERM.
Le service public hospitalier est la cheville ouvrière de notre système de soins. Lieu d'excellence assumant des soins de haute technicité, il est aussi le recours pour les ménages les plus modestes. Il forme tous les professionnels de santé pour l'ensemble du système sanitaire, et reste un lieu de recherche de haut niveau. Fondé sur l'égalité d'accès, la solidarité, la qualité professionnelle, il doit être modernisé, développé, doté de moyens humains et budgétaires à la hauteur de ses missions et conformes à ses valeurs.
Une des priorités de santé publique, en France, est d'augmenter massivement le nombre de professionnels, toutes catégories confondues. Nous demandons l'ouverture de négociations immédiates sur un véritable plan d'urgence afin de résorber la pénurie de personnels qualifiés. Nous exigeons l'augmentation immédiate du nombre des places dans les écoles d'infirmiers et d'infirmières, et le recrutement de formateurs.
Réorienter la politique de santé de manière à prévenir les risques, développer la médecine scolaire, l'éducation sanitaire, la protection maternelle infantile, la médecine du travail, ce sont autant de chantiers stratégiques qu'il faut ouvrir.
La santé au travail doit être considérée comme un des volets de la santé publique. Après le scandale de l'amiante, face à un MEDEF qui exige de voir limitée la responsabilité des directions, nous demandons une réelle reconnaissance des maladies professionnelles et des accidents du travail pour inciter le patronat à une véritable politique de prévention.
Le médicament se vend et s'achète. Il ne peut pas pour autant être assimilé à une marchandise ordinaire. L'accès aux soins, aux traitements jugés médicalement nécessaires, doit prévaloir sur les stratégies de remboursement et de prise en charge. On sait qui ferait les frais d'une limitation de la couverture sociale collective. Ce n'est ni à Neuilly ni à Primerose que cela poserait problème ! Parallèlement, il faut revoir les conditions dans lesquelles une spécialité de médicament est mise sur le marché. Mais tout produit à la fois autorisé et reconnu comme un médicament doit être remboursé.
La recomposition de l'offre de soins doit être axée sur la réponse aux besoins. Elle ne peut obéir à une démarche de profits qui sélectionnerait les seules populations ayant les moyens. Il faut donc évaluer les besoins par localité, département et région, s'abstenir de toute fermeture de structures avant d'avoir vérifié que ceux ci sont effectivement couverts. Il faut repenser le système de soins, pour traiter les urgences courantes dans la proximité, diagnostiquer rapidement et sûrement les urgences lourdes et les orienter vers des hôpitaux bien équipés et disponibles pour y faire face. Il faut resserrer les liens entre l'hôpital et la médecine de ville, développer des services d'hospitalisation à domicile rattachés aux hôpitaux, mettre en place des services de rééducation et d'insertion devenus indispensables.
Le gouvernement a promis de présenter une loi de programmation santé en 2003. Les attentes sont fortes, il faut que les usagers, les professionnels de notre système de santé puissent en débattre publiquement. À cet effet, l'État devrait se saisir de cette occasion pour instaurer, préalablement et sous sa responsabilité, un véritable exercice de démocratie participative. Y a-t-il quelque chose qui relève plus de l'utilité publique qu'un bon système de santé ? Pourquoi ce qui est fait pour un projet de ligne de TGV ne le serait pas pour la programmation de la politique de santé ?
Ce processus devrait déboucher sur l'élection par les assurés sociaux de leurs représentants dans les conseils d'administration de la Sécurité sociale et sur la représentation des usagers, des assurés sociaux et des professionnels à tous les niveaux où s'élaborent les décisions et s'évaluent les résultats.
Chers camarades,
Il va y avoir des élections syndicales, et cela sous-entend une certaine compétition entre les organisations en présence. Nous n'avons pas l'intention, pour ce qui nous concerne, de la conduire en tirant à vue sur le voisin.
À aucun moment nous n'oublierons que sur des enjeux comme celui de la retraite et de la Sécu, la perspective d'un mouvement syndical divisé est redoutable. Dans toutes nos actions, nous avons présents à l'esprit que l'unité syndicale est bien la question stratégique que nous avons à résoudre et à laquelle il va falloir consacrer beaucoup d'effort dans les jours et les semaines à venir. Car, si les organisations syndicales vont à la négociation divisées, elles seront toutes en situation de faiblesse, et les salariés avec elles !
Il faut cependant que ceux-ci connaissent les raisons qui conduisent chaque organisation à défendre telle ou telle position.
Il faut que chaque salarié puisse se faire librement son propre jugement sur le comportement des uns ou des autres pendant et à la fin des négociations.
Avons-nous eu tort ou raison en refusant la dernière convention d'indemnisation du chômage qui laisse à la charge de la collectivité 60 % des chômeurs ?
Avons nous eu tort ou raison de bannir le système répressif que le patronat voulait imposer aux chômeurs avec sa version du PARE ?
Aujourd'hui, en proposant de renégocier l'assurance chômage, le MEDEF revient à la charge. Il n'a pas renoncé à se servir de l'UNEDIC pour évincer le service public de l'emploi et opérer à sa guise un contrôle du marché du travail.
Avons-nous eu tort ou raison, à l'époque, de demander au gouvernement d'être plus précis et plus directif sur la mise en place des 35 heures dans les entreprises ?
Avons-nous eu tort ou raison de rejeter, après la mobilisation de janvier 2001, le texte sur les retraites complémentaires qui stipule expressément qu'il faudrait, à l'avenir, privilégier un nouvel allongement de la durée de cotisations des salariés dans la réforme des retraites ?
C'est aussi sur tout cela qu'il faudra se prononcer le 11 décembre.
Combien de décisions unilatérales des employeurs ou des pouvoirs publics ?
Combien de lois ou de décrets sans même consulter l'opinion des salariés et de leurs représentants, alors qu'on intervient sur leurs conditions de vie et de travail ?
Combien d'atteintes portées aux libertés syndicales, au droit de se syndiquer au syndicat de son choix, à l'organisation des élections des représentants du personnel, à la création de nouvelles sections syndicales.
Il n'y a pas si longtemps, certains, notamment chez PEUGEOT, FORD et CITROEN, s'étaient fait une spécialité d'éliminer la CGT par la menace, les voies de fait et même le crime. Payés par les directions d'entreprise, un ramassis d'individus à la fois activistes de la droite factueuse et truands du patronat, s'était ainsi constitué en une organisation qui, après s'être appelée CFT, répondait au nom usurpé de CONFEDERATION DES SYNDICATS LIBRES ;
Une dépêche datant d'hier nous apprend que cette organisation vient en quelque sorte de se dissoudre, sans doute parce que ses sponsors ont décidé de changer de tactique ou de cheval. Mais qu'elle n'a pas été notre surprise de constater que ses dirigeants invitent les adhérents du syndicat CSL à rejoindre FORCE OUVRIERE, à retirer leurs listes aux prud'homales après avoir négocié des places pour eux sur les listes présentées par FORCE OUVRIERE.
Chaque organisation est bien sûr maître de ses alliances et de ses accointances. Mais on ne m'empêchera pas de penser que, même toilettés ou pasteurisés, il y a des gens infréquentables pour des syndicalistes attachés réellement aux valeurs de solidarité, d'indépendance et de dignité des luttes sociales.
La lutte pour l'emploi, la lutte pour la dignité et les libertés, c'est bien un seul et même combat par la démocratie, pour la démocratie.
Combien de négociations qui se concluent par la signature d'accords minoritaires qui ne tiennent pas compte de l'opinion des salariés ?
Le patronat a beau jeu de vouloir négocier les droits sociaux par entreprise, voire même par établissement. Lorsqu'il rencontre une présence syndicale - ce qui est malheureusement loin d'être le cas partout - il sait pouvoir contourner l'obstacle puisqu'il lui suffit d'obtenir une signature de l'une des 5 confédérations pour mettre en oeuvre un accord.
Cette situation n'est plus tenable. Il aurait été salutaire que le gouvernement précédent ait le courage et l'audace d'ouvrir le chantier de la démocratie sociale. Il est urgent que le nouveau gouvernement s'attelle à cette réforme, sinon son 20 discours sur le dialogue social s'avérera n'être que du verbiage ou de la poudre aux yeux. !
Il faut tenir compte de ce que disent les salariés aux élections professionnelles. Ainsi, seuls doivent être mis en oeuvre les accords signés par des organisations syndicales représentant une majorité des salariés concernés par la négociation.
Vous savez, comme moi, que d'autres confédérations ne souhaitent pas changer des règles qui apparemment ont créé des facilités et des habitudes.
Pourquoi avoir peur de la démocratie ?
Assez d'atermoiements, l'entreprise ne peut plus rester le no man's land de la démocratie. Si le paysage syndical français doit évoluer, c'est d'abord aux salariés d'en décider.
Chacun comprend, dans les circonstances actuelles, combien les élections prud'homales du 11 décembre représentent un rendez-vous de première importance pour notre avenir à tous.
L'enjeu est multiple, chacun doit en prendre la mesure.
Il concerne bien sûr, la qualité des juges salariés qui seront élus à l'issue de cette consultation nationale.
Nos listes de candidates et candidats seront représentatives de la réalité sociale de la région, des diversités culturelles et professionnelles.
Nous confirmerons, je l'espère, une place et un nombre plus important de femmes éligibles sur nos listes.
Les militantes et les militants présentés par la CGT peuvent s'appuyer sur une organisation qui a l'expérience et l'expertise nécessaires.
Dans les différentes sections, nous pouvons nous servir de notre propre bilan pour mettre en évidence que dans bien des cas, nous avons contribué à réparer des préjudices à sanctionner des employeurs voulant ignorer le droit.
Mais l'enjeu dépasse largement l'élection de conseillers prud'hommes. Ils s'agit en effet du seul rendez-vous permettant aux salariés de s'exprimer ensemble sur des listes syndicales, une opération vérité, en quelque sorte, de la 21 représentativité des uns et des autres. C'est la seule occasion, qui se renouvelle tous les 5 ans, offerte aux chômeurs, aux salariés des petites entreprises qui n'ont ni Délégué du Personnel, ni Comité d'Entreprise, d'exprimer leur opinion. Quelles que soient leur nationalité, leur branche professionnelle, leur place dans l'entreprise, tous peuvent voter.
Le 11 décembre, les salariés procéderont à des élections et, dans le même temps, ils adresseront plusieurs messages.
Par leur vote, ils apporteront indirectement leur soutien à une démarche et à des objectifs syndicaux.
En ce sens, la question que chaque salarié devra aussi se poser au moment de voter c'est : "dans les circonstances présentes, quel peut être le vote le plus efficace, quel est le syndicat qui me semble le plus pertinent, à qui dois-je donner mon soutien sachant que cela aura des conséquences pour ma situation et celle de mes proches" ?.
A cette question, il va nous falloir convaincre que c'est la CGT la bonne réponse.
Le bulletin de vote qui va porter le progrès social, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin de vote qui fera réfléchir le gouvernement et le MEDEF à deux fois, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour l'avenir des retraites, de la sécu, des salaires et des 35 heures, pour la démocratie sociale, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin utile pour construire un rapport de forces qui permette aux salariés d'être écoutés et respectés avant d'avoir recours aux prud'hommes, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour le tous ensemble, pour l'unité, pour l'efficacité, c'est le bulletin CGT.
Tout le monde est donc concerné par les répercussions de ce grand rendez-vous social. Ceux qui sont électeurs comme ceux qui ne le sont pas , je pense aux retraités ou aux titulaires de la Fonction Publique qui peuvent apporter leur pierre à la campagne nationale pour gagner le vote CGT.
Nous n'avons que quelques semaines devant nous pour appeler à une mobilisation générale afin de contrarier ceux qui redoutent le verdict et qui espèrent, en secret, que l'institution serait condamnée si d'aventure la participation au scrutin était largement minoritaire.
On ne nous facilitera sans doute pas la tâche, mais en nous y mettant tous nous relèverons ce défi.
Chacun de vous, militant, syndiqué, sympathisant va devoir, dans son entourage familial, professionnel, aller chercher les voix une à une pour que la participation au vote progresse et que le nombre de bulletins CGT soit plus important encore.
Près de 17 millions d'électeurs inscrits, des centaines de milliers d'inscrits en plus qu'en 1997, notamment dans l'encadrement et les activités diverses, cela nécessite un déploiement en conséquence.
Si des millions d'électeurs affirment leur confiance dans la CGT et confirment sa place en approuvant sa combativité et les principes de son action revendicative, le 11 décembre s'avérera, à sa manière, une des plus grandes journées d'action nationale interprofessionnelle que nous ayons construite ensemble.
Il faut que chacune de nos fédérations, chacune de nos Unions départementales, chacun de nos syndicats perçoive cette évidence de bon sens :un bon score pour la CGT et c'est un immense ballon d'oxygène pour toutes les revendications.
Le 11 décembre peut paraître lointain et pourtant c'est dès maintenant, avec votre engagement, qu'il se prépare :
* En allant largement à la rencontre des salariés de toutes catégories dans les entreprises, les zones d'activité. En allant là où il n'y a pas ou peu de syndicats implantés,
* En vérifiant que les salariés sont bien inscrits sur les bonnes listes électorales,
* En faisant respecter pour tous le droit de vote pendant le temps de travail le 11 décembre, une date que chaque salarié doit tout de suite cocher sur son agenda.
Nous le ferons d'autant mieux que nous aurons la préoccupation de faire de cette campagne un tremplin pour renforcer notre organisation.
Dans ces milliers de rencontres et de contacts, nous ne devons pas hésiter à solliciter chacun pour qu'il s'engage davantage, qu'il se syndique, qu'il nous aide à implanter de nouvelles bases syndicales, qu'il participe à la construction du syndicalisme revendicatif, unitaire et démocratique dont le monde du travail a le plus grand besoin.
Je le dis très amicalement à ceux d'entre vous qui hésitent encore. Votre soutien et votre présence nous sont précieux. Vous avez besoin de la CGT, mais la CGT a aussi besoin de vous.
Alors,
Venez prendre part à la défense de vos intérêts.
Venez voir la CGT de l'intérieur et vous verrez, comme tant d'autres, qu'elle n'est pas ce que ses adversaires disent d'elle.
Venez vous informer chaque semaine, notre journal, la Nouvelle Vie Ouvrière, est fait pour cela.
Venez, avec nous, construire votre meilleure force pour l'avenir.
Venez et vous participerez, comme les autres syndiqués de la CGT, à la réflexion collective, aux débats, aux décisions qui seront prises lors du prochain congrès de la CGT en mars prochain.
Je veux vous dire, pour conclure, ma conviction et plus largement celle de la direction de la CGT.
Si nous y mettons toute notre détermination, notre confiance, si dans les jours et les semaines qui viennent nous nous engageons résolument, sur chaque lieu de travail, dans la mobilisation et la campagne et bien, tous ensemble, nous gagnerons sur les revendications et aux élections du 11 décembre.

COMPLEMENT D'ACTUALITE
Il n'y a pas si longtemps, certains, notamment chez PEUGEOT, FORD et CITROEN, s'étaient fait une spécialité d'éliminer la CGT par la menace, les voies de fait et même le crime. Payés par les directions d'entreprise, un ramassis d'individus à la fois activistes de la droite factueuse et truands du patronat, s'était ainsi constitué en une organisation qui, après s'être appelée CFT, répondait au nom usurpé de CONFEDERATION DES SYNDICATS LIBRES ;
Une dépêche datant d'hier nous apprend que cette organisation vient en quelque sorte de se dissoudre, sans doute parce que ses sponsors ont décidé de changer de tactique ou de cheval. Mais qu'elle n'a pas été notre surprise de constater que ses dirigeants invitent les adhérents du syndicat CSL à rejoindre FORCE OUVRIERE, à retirer leurs listes aux prud'homales après avoir négocié des places pour eux sur les listes présentées par FORCE OUVRIERE.
Chaque organisation est bien sûr maître de ses alliances et de ses accointances. Mais on ne m'empêchera pas de penser que, même toilettés ou pasteurisés, il y a des gens infréquentables pour des syndicalistes attachés réellement aux valeurs de solidarité, d'indépendance et de dignité des luttes sociales.
(source http://www.cgt.fr, le 25 novembre 2002)