Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je souhaite, pour commencer, associer mes remerciements à ceux de Jean-François Mattéi et féliciter l'ensemble de la Commission pour le remarquable travail de bilan, de réflexion et de proposition qui ont mené à ce document que nous vous présentons aujourd'hui.
Je remercie tout particulièrement Lucien Abenhaïm et Daniel Louvard d'avoir accepté la présidence et la vice-présidence de cette commission et d'avoir été si disponibles pour nous informer avec précision, Jean-François Mattéi et moi, de l'avancement des travaux quand nous l'avons souhaité.
Du point de vue du Ministère chargé de la recherche, le rapport remis aujourd'hui montre que l'ensemble de la problématique " cancer " a été prise en compte, notamment pour ce qui concerne la dimension recherche et transfert de résultats vers les acteurs publics de santé, les médecins, les malades, le grand public en vue de la prévention et vers les industriels de l'instrumentation, du diagnostic, du médicament. Même si tous les fronts ne pourront certainement pas être ouverts en même temps et progresser au même rythme, ce souci d'exhaustivité va permettre d'élaborer une stratégie globale qui hiérarchisera au mieux les priorités.
En ce qui concerne spécifiquement la recherche, plusieurs constats et propositions de la Commission peuvent être relevés d'emblée en raison de leur forte pertinence.
Je pense à la nécessité de renforcer la coordination entre les différents acteurs : organismes publics de recherche, hôpitaux, associations caritatives et de patients, industriels.
Je pense aussi à la nécessité d'améliorer l'attractivité des carrières de la recherche, en particulier pour les médecins, les pharmaciens et les ingénieurs spécialisés dans des domaines de haute technicité (bio-informatique, imagerie, etc.).
Ces deux premiers constats concernent en fait l'ensemble de la recherche biomédicale. Les solutions que nous aurons expérimentées dans le cadre du plan cancer pourront ainsi nous servir de modèle pour une évolution plus globale de ce domaine, dans le cadre d'un " chantier de la science " portant sur les synergies entre établissements publics de recherche.
Je pense enfin à la nécessité de se donner au niveau national des objectifs clairs et orientés vers l'innovation médicale, dans le domaine diagnostic ou thérapeutique, en gardant présente à l'esprit l'importance de redynamiser notre secteur industriel de la pharmacie et de la biotechnologie.
Au delà de ces premiers constats, les propositions de la Commission méritent une analyse approfondie, qui sera menée dans les jours à venir.
Trois points forts retiennent cependant immédiatement l'attention :
Tout d'abord, les priorités thématiques mises en avant semblent incontournables. Il apparaît, en effet, indispensable de renforcer la recherche en épidémiologie, santé publique et sciences sociales, autant de champs clairement sous-développés dans notre pays par rapport à ce qui se fait dans d'autres grands pays européens ; la génomique fonctionnelle du cancer, dont les outils d'exploration commencent à être maîtrisés grâce à l'effort du Ministère chargé de la recherche sur le programme génomique, est, quant à elle, un pivot conceptuel autour duquel la recherche biologique doit se structurer ; la recherche clinique, notamment les essais thérapeutiques, doit enfin être pilotée par une stratégie nationale transparente, afin de tirer le meilleur de l'investissement des médecins, des scientifiques et des patients.
Par ailleurs, la proposition de structurer des cancéropôles, dont la vocation serait de conduire des recherches visibles sur le plan européen et mondial, avec une masse critique suffisante et au contact des centres cliniques de référence, semble extrêmement intéressante. Il faudra bien sûr, dans la réflexion sur la mise en place de ces pôles d'excellence, s'appuyer sur la structuration des génopôles issues du programme génomique.
Enfin, la proposition de créer un Institut National du Cancer mérite une attention particulière. La mission de recherche et de transfert apparaît au premier plan des missions de cet Institut.
Il paraît intéressant de se doter d'une structure nationale capable de coordonner les recherches sur le cancer, à la fois au travers des cancéropôles, qui seraient créées en régions, et par la gestion de programmes incitatifs et de ressources centralisées. L'association de cette mission de recherche avec les autres missions d'expertise, d'observation et d'évaluation, orientées vers les soins aux malades, pourrait permettre de mieux articuler les priorités de recherches et les besoins en soins.
Une question cruciale, que nous devons nous poser dès aujourd'hui, est le positionnement d'une telle structure par rapport aux établissements publics de recherche existants. Comme le rapport l'évoque brièvement, deux modes de mise en oeuvre peuvent être envisagés : soit la création d'un nouvel établissement public spécialisé, aboutissant à terme à ce type d'organisation pour l'ensemble des grandes pathologies ; soit l'inclusion du nouvel Institut dans un établissement public existant, et nous pensons ici naturellement à l'Inserm qui serait légitime par son large positionnement sur le champ de la recherche médicale et de la santé.
Le choix entre ces deux options est stratégique car il conditionne à terme l'évolution du paysage de la recherche biomédicale en France.
Le rapport que nous avons reçu aujourd'hui n'est pas destiné au seul usage des Ministères. Il a aussi vocation à être diffusé dans la communauté scientifique et le public, afin de recueillir, au-delà des nombreuses consultations déjà effectuées par la Commission, des commentaires, des propositions alternatives et des suggestions pour la mise en oeuvre d'un plan d'action sur ce grand chantier présidentiel de la lutte contre le cancer. Les deux ministères, chargés de la santé et de la recherche, sont mobilisés sur ce dossier afin d'aboutir rapidement à une synthèse et à des mesures concrètes permettant de décliner un plan d'action.
Nous sommes maintenant à votre disposition, avec les membres de la Commission, pour répondre à vos questions sur ce rapport.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 17 janvier 2003)