Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, à Agen le 26 octobre 2002, sur le rôle des associations et organisations non gouvernementales dans le cadre des relations nord sud, de l'aide au développement et de la politique de coopération.

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Circonstance : Déplacement de Pierre-André Wiltzer pour le 20è anniversaire du Forum des Solidarités Nord Sud à Agen le 26 octobre 2002

Texte intégral

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je tiens tout d'abord à saluer les personnalités qui m'ont accueilli, notamment :
le Docteur Alain Veyret, maire d'Agen,
Monsieur le Ministre Jean Francois-Poncet, président du Conseil général
du Lot-et-Garonne,
Monsieur Jean Dionis du Sejour, député,
Monsieur le Préfet,
Monsieur François d'Arthuys, président du Comité de soutien du Forum,
Monsieur Patrick Edel, délégué général du Forum des Solidarités Nord-Sud et de la Guide européenne du Raid.
Je les remercie de leurs paroles de bienvenue. Et je salue aussi, très chaleureusement les élus, les représentants des autorités, et les personnalités qui illustrent l'action humanitaire, comme le Père Ceyrac.
C'est avec plaisir et beaucoup d'intérêt que j'ai accepté leur invitation à participer à une des séquences de ce Forum d'Agen, qui célèbre son 20ème anniversaire.
Le Forum d'Agen, au cours de ces 20 ans, est devenu un grand rendez-vous, un rendez-vous incontournable des associations qui uvrent en faveur de la solidarité Nord-Sud. Ma présence témoigne de l'importance que le gouvernement accorde à cette initiative. Elle a aussi pour but de réaffirmer la volonté du ministère des Affaires étrangères de poursuivre et de développer le partenariat qui le lie à nombre d'organisations qui participent à cette rencontre.
Sur le plan plus personnel, j'ajoute que c'est avec plaisir et une pointe d'émotion que je retrouve Agen, qui est ma ville natale, et plusieurs amis de longue date, notamment Jean Francois-Poncet et Paul Chollet.
Je viens de citer Jean Francois-Poncet, président du Conseil général du Lot-et-Garonne ; c'est l'occasion pour moi de lui rendre hommage ainsi qu'au Département du Lot-et-Garonne et à ses élus qui, avec la ville d'Agen ont accueilli et toujours soutenu les actions du Forum et apporté leur contribution financière à des opérations de solidarité internationale présentées dans le cadre de cette manifestation, et, plus généralement, de rendre hommage aux collectivités territoriales qui soutiennent les initiatives des associations qui uvrent dans ce domaine.
Enfin, je tiens à saluer tous les acteurs de la solidarité réunis dans ce Forum, et particulièrement les représentants de deux organisations non-gouvernementales lauréates du Prix Nobel de la Paix, "Handicap-International" avec M. Philippe Chabasse et "Médecins sans frontières " avec M. Rony Brauman.
Le réseau que constituent les associations qui participent à ce Forum est important. J'ai pu en prendre la mesure en parcourant les stands qu'elles présentent. Au-delà de la diversité des actions entreprises, c'est une inspiration commune qui les anime, celle de la solidarité avec les plus démunis, quels qu'ils soient, où qu'ils soient, confrontés à tous les maux qui accablent l'humanité souffrante à travers le monde.
Je veux, avant tout, exprimer ma reconnaissance et mon admiration aux femmes et aux hommes qui offrent leur dévouement, leurs compétences, leur temps, pour que cette solidarité se traduise en actes, avec une pensée particulière pour les jeunes volontaires.
Vos actions et celles des pouvoirs publics sont de natures différentes, mais elles sont, dans les faits, à la fois convergentes et complémentaires : l'Etat intervient pour financer de grandes opérations, donner l'impulsion générale ; de votre côté, vous êtes là pour soutenir, aider, mettre en uvre et intervenir aussi là où l'Etat, pour diverses raisons, ne peut pas agir directement.
Mêmes si les méthodes d'intervention sont forcément différentes, les valeurs et les principes qui fondent la coopération sont fondamentalement les mêmes pour les ONG ou pour le gouvernement : face à des richesses toujours plus accumulées au Nord, il y a un devoir essentiel de solidarité envers le Sud.
Cette solidarité repose sur quelques principes : le respect de l'être humain, la nécessité pour chaque homme et chaque femme de recevoir une éducation de base, de bénéficier d'un système de soins, la sensibilité à la détresse de son prochain, la reconnaissance de l'égale dignité des cultures qui implique leur nécessaire dialogue. Sur ce dernier point, il faut se féliciter de la mobilisation constatée lors du Sommet de Beyrouth.
Je ne peux que me féliciter que vous ayez maintenu avec dynamisme votre engagement, même quand l'Etat diminuait l'aide publique. Aujourd'hui le contexte est redevenu favorable puisque le président de la République, M. Jacques Chirac, a pris l'engagement d'augmenter l'Aide publique au développement de 50 % en 5 ans. Le budget 2003 commencera à traduire cette volonté dans la réalité. Enfin, les grandes organisations internationales se soucient du développement durable, de la lutte contre le Sida et des autres grandes pandémies, des ressources en eau, etc. L'Afrique prend en main son destin avec le NEPAD ; les regards des grandes institutions internationales se tournent enfin vers les régions du monde qui regroupent la majeure partie de l'humanité et où la population manque de l'essentiel.
Dans ces nouvelles circonstances, je me réjouis que votre action soit essentiellement une action de terrain. Que ce soit dans les situations humanitaires d'urgence ou dans les opérations de développement qui portent sur le long terme, tous les jours vous uvrez contre la pauvreté, la misère, la maladie, directement, là où se font sentir les besoins. Nous sommes heureux que nos financements, choisis avec l'appui de la Guilde du Raid, soient directement destinés à des micro-projets de terrain.
C'est pour cette raison qu'en présentant, cet été, les nouvelles orientations de la politique française de coopération, j'ai fait figurer, parmi les dix axes prioritaires de cette politique, la volonté d'accentuer le travail avec la société civile et particulièrement avec les organisations non-gouvernementales.
Juste un mot enfin sur une forme particulière d'engagement : la démarche du volontariat. On dit souvent qu'il manque à la jeunesse un projet mobilisateur.
Or, la jeunesse peut trouver, dans le volontariat, une réponse à son désir d'engagement, à son aspiration à plus de générosité, à sa volonté de rendre le monde meilleur et plus juste.
Ce n'est pas de tourisme qu'il s'agit. C'est d'échanges au sens noble du terme. L'ouverture sur le monde extérieur est une nécessité pour les nouvelles générations. Connaître le monde, aller à la rencontre des hommes et des femmes qui l'habitent est une manière intelligente, féconde et utile de vivre la mondialisation.
La philosophie de l'action a néanmoins changé : il ne s'agit pas seulement "d'aller voir" ou d'aller faire à la place des populations locales ce que nous croyons bien pour elles ; le respect de l'autre doit conduire à les aider à se construire et à prendre en main leur propre développement. C'est ce que nous appelons : passer de la logique de substitution ou d'assistance à celle du partenariat.
Je sais que le cadre législatif actuel du volontariat ne répond pas à toutes vos attentes, surtout depuis la fin du service national. J'ai donc souhaité ouvrir avec les représentants de vos associations, notamment dans le cadre de la Coordination-Sud une réflexion sur l'amélioration du statut de volontaire.
Je vous propose de reprendre, et de mener à bien une concertation sur ce sujet dont je connais l'importance. J'insiste sur l'implication de la jeunesse car c'est de notre cohésion sociale qu'il s'agit. La qualité du programme Solidarités-Etudiantes de la Guilde du Raid mérite en ce sens tout notre soutien.
Mesdames, Messieurs,
Mes derniers mots, pour conclure ce propos avant d'ouvrir le débat avec vous, sont pour souhaiter que nous puissions ensemble poursuivre et accentuer nos efforts en faveur d'une solidarité internationale toujours plus efficace et plus partagée.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)