Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
A l'issue du voyage qui m'a conduit en Tunisie, je ne saurais trop rappeler l'excellence de la coopération tuniso-française ; le large accord qui existe entre nos deux pays et leurs gouvernements sur un certain nombre de problèmes fondamentaux ; la nécessité d'oeuvrer de concert, de part et d'autre des deux rives de la Méditerranée, pour un développement solidaire ; la nécessité de travailler à l'apaisement des tensions, au développement économique et social, de renforcer notre coopération dans tous les domaines, y compris ceux qui relèvent de nos deux ministères de l'Intérieur, celui de M. Chaouch, à l'invitation duquel je me rendais, et le ministère de l'Intérieur français.
Comme vous le savez, j'ai été reçu, dès mon arrivée, par le président de la République, M. Ben Ali. Nous avons pu avoir des échanges tout à fait intéressants et fructueux. Ces entretiens se sont poursuivis avec M. Chaouch, d'abord, en petit comité, puis au sein des trois commissions mixtes qui se réunissaient pour approfondir notre coopération dans des domaines très divers : l'administration territoriale, les collectivités locales, la sécurité civile et la sécurité tout court, c'est-à-dire très largement la police.
Dans ces trois domaines, nous avons marqué des intentions très positives puisque nous avons plus particulièrement signé un accord visant à développer des actions de formation dans le domaine de la police - s'agissant de la lutte contre la grande criminalité, le vol de voitures, le blanchiment d'argent sale, le recrutement et les relations sociales avec le monde de la police, le recrutement des policiers, la lutte contre le terrorisme - et naturellement des formations techniques dans le domaine de la police scientifique et technique.
En matière administrative, des échanges importants ont lieu : envoi de missions de part et d'autre, accueil en France de gouverneurs tunisiens, mais notre coopération ne concerne pas que la coopération territoriale. Elle touche également les collectivités décentralisées, et je crois que c'est une dimension d'avenir que de favoriser les échanges entre nos communes, nos départements, nos régions. C'est déjà largement le cas pour certaines d'entre elles mais il s'agit d'amplifier le mouvement pour permettre le développement d'une coopération, j'allais dire, au "ras du sol".
Quelques mots en matière de sécurité civile. Nous avons également prévu des formations techniques. Un certain nombre de dispositifs ou d'équipements peuvent également permettre d'assurer une meilleure sécurité par rapport à tous les risques qui peuvent exister, risques naturels ou risques technologiques.
Nous avons également abordé les problèmes de la lutte contre le terrorisme. Un sommet doit avoir lieu à Naples, entre les ministres des pays riverains de la Méditerranée occidentale, au mois de mai. Il s'agit des trois pays du Maghreb, de l'Italie, de la France, de l'Espagne et du Portugal. C'est un sommet qu'on appelle 3 + 4 ;. on pourrait dire 4 + 3 mais on dit 3 + 4 ; c'est comme cela !. C'est un sommet à Sept. On pourrait encore élargir, mais, jusqu'à présent, cela concerne la Méditerranée occidentale. Je pense que l'on irait vers l'Orient. Pourquoi pas, après tout ?
Ont également été abordées les questions relatives aux flux migratoires, à la politique des visas, à la nouvelle législation RESEDA, relative au droit d'entrée et de séjour des étrangers et au droit d'asile, qui sera définitivement approuvée en dernière lecture par l'Assemblée nationale, le 8 avril prochain. Ces textes, d'ores et déjà adaptés, ne sont plus susceptibles d'être à nouveau amendés. Donc on sait ce que sera le contenu de cette législation, qui va entrer en vigueur dans le courant de mai-juin. Nous avons eu un échange de vue sur la manière de poser les problèmes de ces flux migratoires, notamment dans l'optique du codéveloppement, parce qu'il est évidemment essentiel que nous concevions ensemble la manière de travailler à un développement des deux rives de la Méditerranée.
Je dois dire que, pour ma part, je constate avec un très grand plaisir l'essor de la Tunisie. Je suis venu assez souvent dans votre pays, et chaque fois que je viens en Tunisie, je constate que, tant sur le plan agricole que sur le plan industriel, sur le plan des services, sur le plan de l'habitat, de l'architecture, la Tunisie progresse. Tunis apparaît comme un grand chantier.
Je me trouvais, ce matin, avec M. Sassi, secrétaire d'Etat au Fonds national de solidarité. Nous sommes allés dans un village du gouvernorat de Bizerte qui s'appelle Beni Brahim. Nous avons pu voir un certain nombre de réalisations de terrain diverses : adduction d'eau, d'électricité - nous avons pu voir un barrage aussi, en revenant - et puis logement, aide à l'élevage, qu'il s'agisse de vache ou de brebis, un certain nombre d'actions qui effectivement permettent d'effacer ce que M. Sassi appelle des zones d'ombre, c'est-à-dire des zones de sous-développement relatif, d'exclusion relative.
Je ne serais pas complet si je n'avais pas cité la visite que j'ai faite hier - vous voyez que mon emploi du temps était très chargé - au Centre national d'informatique et d'identification, au Bardo, pour voir les technologies mises en oeuvre, notamment pour la confection de la carte d'identité tunisienne infalsifiable.
Ensuite, nous nous sommes rendus à la Zitouna, où nous avons pu discuter avec le recteur, avec un certain nombre de professeurs. J'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre des Affaires religieuses au déjeuner et nous avons pu aborder le problème de l'Islam, la question de son adaptation dans le contexte de la France où, naturellement, il s'agit d'une religion minoritaire, mais qui est tout de même embrassée par deux millions de nos concitoyens. Nous avons étudié la manière dont les programmes d'enseignement avaient été revus - j'avais vu M. Charfi à l'époque, en 1991 - et celle dont les choses s'appliquaient. Nous avons eu un échange et certains de mes conseillers ont pu poursuivre cet échange sur la place de l'Islam dans nos sociétés à l'heure de ce que l'on appelle, à tort ou à raison, la mondialisation.
Ce matin, j'ai pu visiter les locaux du consulat général de France à Tunis qui sont actuellement en plein travaux puisque nous sommes en train, sous l'impulsion de notre ambassadeur, l'amiral Lanxade, de remodeler les conditions de l'accueil. J'ai pu, en m'entretenant avec les employés du consulat, voir les problèmes concrets auxquels ils pouvaient se heurter. Donc, toute cette politique est en voie d'être assouplie et revue.
Ensuite, nous avons rencontré le président de l'Assemblée nationale, M. Fouad Mebazaa. Nous avons pu nous entretenir des conditions du fonctionnement du Parlement tunisien, des rapports entre la majorité - le RCD - et les partis d'opposition, de leur évolution future. Et nous avons eu un échange approfondi sur les conditions de développement de la vie politique en Tunisie.
J'ai également rencontré, avec M. Chaouch, le ministre de l'Emploi et aujourd'hui même, un certain nombre d'écrivains, de professeurs, d'éditeurs, de personnalités de la vie culturelle tunisienne. Enfin, joignant l'utile à l'agréable, j'ai fait un petit tour à la Médina et à Sidi Bou Saïd où nous avons visité le Centre de musique arabe et méditerranéenne.
Q - Les ministres de l'Intérieur des pays méditerranéens devaient se réunir à Barcelone à l'automne dernier. Avez-vous dépassé les divergences qui ont empêché cette réunion ?
R - Je ne crois pas que c'était la réunion des ministres de l'Intérieur. La réunion dite "3 + 4" se tient annuellement. L'an dernier, elle a eu lieu à Paris au mois d'avril mais, comme vous le savez peut-être, je n'étais pas à l'époque ministre de l'Intérieur, et cette année, elle se tient à Naples, au mois de mai. Donc, elle se déroule indépendamment de ce qu'on appelle le Processus de Barcelone, qui est plus vaste que la Méditerranée occidentale et qui englobe l'ensemble des pays de la Méditerranée, à deux exceptions près, que je regrette d'ailleurs.
Q - Les 22 pays arabes, au niveau des ministres de l'Intérieur, sont arrivés, au bout de 24 mois, à définir la notion de terrorisme. Nous avons des relations avec le nord de la Méditerranée, avec l'Union européenne, mais nous n'arrivons pas à voir la notion de terrorisme définie par le Nord et cela devrait entraver toute action entre les deux rives concernant le terrorisme...
R - Je ne veux pas engager le Nord - d'ailleurs je ne sais pas très bien où s'arrête le Nord et je ne veux pas, au risque de le perdre, m'approprier un concept aussi flou - mais disons que pour la France, une activité terroriste est très facile à qualifier. Il s'agit d'actes visant généralement à tuer ou à assassiner son prochain, au service de finalités politiques. Notre concept démocratique est très clair. Autant toute opinion est légitime et doit pouvoir s'exprimer dans l'espace démocratique, autant il y a des formes qu'elle ne peut pas prendre, en particulier la forme de revolver ou du bâton de dynamite. Donc, le terrorisme est très facile à qualifier, c'est une donnée de fait.
Q - Monsieur le Ministre, vous vous êtes entretenu avec le président de la République tunisienne, M. Ben Ali. Vous avez abordé, entre autres, l'Islam et les flux migratoires. Vous me permettrez deux questions à ce sujet : vous avez visité ce matin la Zitouna et discuté avec le recteur, le doyen et les professeurs. Ces discussions vous ont-elles permis de vous faire une idée plus précise de ce que pourrait être la place de l'Islam en France ?
R - Oui, merci. Votre question me donne l'occasion de préciser deux choses. D'une part, s'agissant de l'enseignement, il est clair que la France et la Tunisie ne sont pas dans le même cas de figure. La France se veut une République laïque et, par conséquent, si nous envisageons de créer un Institut des hautes études islamiques, vraisemblablement à la rentrée, c'est pour dispenser un enseignement qui, naturellement, n'a pas pour vocation même de former des imams, mais simplement d'offrir à ceux qui s'intéressent aux choses de la religion un aperçu aussi scientifique que possible. De ce point de vue-là, je dois dire que ce que nous ont dit les professeurs et le recteur de la Zitouna nous a beaucoup intéressé parce qu'eux-mêmes professent qu'il faut donner de l'Islam la version la plus scientifique possible. Par conséquent, il y a une aspiration commune à ne pas voir l'Islam détourné de son sens à des fins idéologiques et politiques.
Mais le statut ne peut pas être le même. Par exemple, il est évident qu'en France, le ministre de l'Intérieur - ou n'importe quel autre ministre d'ailleurs, le ministre de l'Education nationale ou de l'Enseignement supérieur - ne peut pas créer des écoles qui seraient des écoles de formation religieuse. Ce n'est pas dans les attributs de l'Etat républicain français qui, naturellement souhaite au contraire que se développe un Islam de France qui sera près de ce souci de rigueur et de scientificité pour faire en sorte que nos concitoyens de tradition musulmane puissent pratiquer leur culte à l'égal des autres.
Nous considérons que cet Islam de France sera le plus sûr rempart contre le détournement de la religion à des fins idéologiques et politiques. Et il ne nous appartient pas de prendre la place des Musulmans. En plus, je ne pourrais pas, vous l'imaginez bien, fixer les programmes en cette matière. Je ne suis pas vraiment le plus compétent.
Q - La deuxième question porte sur les flux migratoires dont vous avez parlé. Vous avez présenté un nouveau texte de loi qui va notamment motiver le refus du visa dans certains cas pour nos compatriotes. Pensez-vous que ce projet de loi, une fois adopté, et donc entré en vigueur, aura assez d'effet pour mettre fin aux tracasseries administratives parce que le problème du regroupement reste aujourd'hui un problème de tracasserie administrative ?
R - Je voudrais distinguer le problème du visa du problème regroupement familial.
Q - Mais le visa est nécessaire pour les personnes qui font un regroupement familial aussi !
R - La règle qui est posée est à peu près celle-ci : tous ceux qui, normalement, ont droit au séjour doivent pouvoir obtenir un visa, sauf motivation contraire. Donc, le refus devra être motivé pour ces catégories de visa, ce qui devrait faciliter leur octroi. Mais il peut y avoir des cas où néanmoins, pour des raisons d'ordre public, ce visa ne sera pas accordé. Mais, ce seront des cas très limitativement énumérés, et qui devront être mentionnés. Voilà ce qui est prévu.
Je voudrais quand même vous faire observer que le regroupement familial touche, aujourd'hui, beaucoup moins de monde qu'il y a une quinzaine d'années. Cela concerne, si mes souvenirs sont bons, 13 ou 14 000 personnes par an. S'agissant des visas, comme je vous l'ai dit, dès lors que quelqu'un, pour des raisons qui tiennent au droit de vivre en famille, aura droit à un titre de séjour, le visa qui conditionne le séjour sera accordé.
Q - La France a réussi jusqu'ici de manière efficace à resserrer l'étau sur les réseaux terroristes qui évoluent sur son territoire, notamment ceux qui se cachent derrière l'intégrisme religieux. Dernièrement, des opérations similaires ont eu lieu en Belgique, par exemple. Comment la France pourrait-elle convaincre ses partenaires, européens en particulier, de limiter l'action de l'activisme intégriste, surtout lorsque les intégristes se cachent derrière des activités politiques ou deviennent une menace pour le pays qui les abrite ou leur accorde le droit d'asile ?
R - C'est assez simple. Il y a quand même des actes délictueux ou criminels qui ont été commis. Il est à peu près démontré qu'un certain nombre de gens sont impliqués dans ces actes, soit directement soit indirectement par leur participation à des réseaux de soutien logistique essentiellement. A partir de là, il y a des mécanismes qui jouent qui sont notamment des mécanismes d'extradition, des commissions rogatoires internationales, et c'est sur le plan de la coopération policière mais aussi judiciaire, que cette solidarité peut s'exprimer. Et je dois dire que des progrès importants ont été faits. De même, une vigilance beaucoup plus grande est apportée aujourd'hui à ces questions.
Q - Notamment au niveau des frontières françaises ?
R - Pas seulement au niveau des frontières. Au niveau de la connaissance des réseaux aussi.
Q - Pendant vos entretiens à Tunis et en préparation au Sommet de Naples, avez-vous abordé les questions de sécurité dans la région, et notamment ce qui se passe en Algérie ? Où en est la situation ?
R - Les autorités tunisiennes ont une appréciation relativement positive du sens de l'évolution. Chacun souhaite que l'Algérie puisse retrouver la paix, son équilibre et une identité moderne accordée aux besoins de notre temps. J'ajoute que c'est un enjeu majeur pour le développement du Maghreb tout entier. La Tunisie a réussi à dominer ce risque, notamment par un développement social important. Je crois que c'est un exemple à bien des égards. Je dirais que la capacité de répondre aux besoins sociaux, élévation du niveau d'éducation, du niveau de vie également. Tout cela, je crois, est la meilleure médecine contre certaines tentations que vous avez évoquées.
Q - Sur la visite de M. Bill Clinton en Afrique. On se pose des questions maintenant. La France va-t-elle perdre ses positions en Afrique ?
R - Je pense que la France ne craint absolument pas de perdre ses "positions" comme vous dites, je mets cela entre guillemets, pour une raison extrêmement simple. D'une part, l'Afrique doit relever des défis qui sont extrêmement importants et si d'autres pays doivent aider l'Afrique à relever ces défis, je dis très franchement : c'est tant mieux !
La question qui se pose, est de savoir si, effectivement, d'autres pays veulent aider l'Afrique ou d'autres pays, par exemple le monde arabe, à relever les défis qui sont devant eux. Sur ce point, je ne pourrais pas vous dire que nous sommes forcément toujours d'accord. Nous pouvons avoir des appréciations différentes. Nous l'avons vu dans la dernière affaire du Golfe, où nous n'avons pas eu très exactement la même appréciation. Même si on peut considérer a posteriori que la France, par sa diplomatie qui a facilité l'envoi de M. Kofi Annan à Bagdad, aura finalement aidé les Etats-Unis à ne pas se fourvoyer. C'est ainsi que nous concevons les relations internationales. L'amitié ne va pas sans une robuste franchise.
Q - A l'approche de la Coupe du monde et suite à l'arrestation en Belgique d'un groupe de personnes soupçonnées de planifier des attentats peut-être lors de la Coupe du monde, quelle est l'attitude de la France vis-à-vis de la question sécuritaire, au vu de l'énorme flux de gens attendu dans votre pays à l'occasion de cet événement mondial ?
Par ailleurs, on sait que les gens ayant acheté des billets de stade seront soumis à un traitement spécial pour ce qui est de l'octroi des visas. Et les autres qui désirent partir en France à cette même période, comment seront-ils traités ?
R - Vous posez un vrai problème, du point de vue de l'égalité entre ceux qui sont des amateurs de football et ceux qui ne le sont pas. Jusqu'à présent, je n'avais jamais entendu s'exprimer aussi clairement la voix des gens que le football ne concerne pas particulièrement, et je pense qu'ils existent. On entend toujours les amateurs de football et jamais les autres. Vous posez un problème extrêmement judicieux et je me tourne vers M. l'ambassadeur et vers le Quai d'Orsay. Je ne manquerai pas de poser la question à mon collègue puisque, comme vous le savez, les visas ne dépendent pas du ministère de l'Intérieur, mais du ministère des Affaires étrangères, afin de voir comment on peut concilier ces deux flux. En principe, pour assister à un match de la Coupe du monde de football, il faut d'abord avoir un billet. Quand on a un billet, on peut avoir un visa. Cela dit, pour avoir un visa, il n'est pas absolument indispensable d'avoir un billet. Vous n'êtes pas obligés d'acheter un billet pour aller au grand stade par exemple ! Si vous voulez venir en France, il vous suffit de demander un visa. Ce sont des choses distinctes. Les gens qui n'aiment pas le football ne souffriront pas de la concurrence. Je pense que l'information est intégrée et nous savons très bien qu'il y a, je crois, 12 500 billets pour la Tunisie, je n'ai pas le chiffre précis en tête, qui viendront en plus.
Q - Nous n'avez pas répondu à la question sécuritaire en France.
R - Nous devons être extrêmement vigilants et franchement, comme c'est de ma responsabilité, je vais vous dire que je suis particulièrement vigilant. Je sais que c'est une période où je devrai être particulièrement sur mes gardes. Je peux vous dire que dès maintenant, je le suis, qu'un certain nombre de contacts ont été pris, notamment entre les différentes polices de tous les pays concernés, de façon à ce qu'il y ait la meilleure observation possible de ce qui peut se passer. C'est normal ! Vous pensez bien que les attentats aveugles seront évidemment inacceptables.
Q - Y aura-t-il un plan vigipirate ?
R - Il existe toujours, mais il a été réduit. Disons qu'il n'a plus la même intensité qu'au lendemain des attentats de 1995. Mais rien n'empêcherait de le réactiver. Je chercher à trouver un juste équilibre entre la nécessité de la sécurité et celle de la convivialité, car nous voulons aussi faire que cet événement soit une fête, qui sera d'ailleurs marquée par de grands spectacles dans les dix villes concernées.
Q - Une question d'ordre personnel. Est-ce que vous aimez le football ?
R - J'allais vous répondre que, sur les questions personnelles, j'avais le droit de ne pas vous répondre mais je m'attendais à pire. Il est vrai que j'ai joué jadis comme ailier dans une équipe de football amateur, pendant mes études supérieures. J'ose à peine vous dire que j'étais souvent ailier droit.
Q - Quel serait votre pronostic pour la Coupe du monde ?
R - Bien évidemment la Tunisie !
Q - Monsieur le Ministre, vous n'avez pas parlé de contacts avec les pays concernés à propos de la dernière question sur la sécurité. Vous savez bien que la Tunisie fait partie des pays concernés.
R - Il n'y a pas de limite au souci légitime de la sécurité. Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2001)
A l'issue du voyage qui m'a conduit en Tunisie, je ne saurais trop rappeler l'excellence de la coopération tuniso-française ; le large accord qui existe entre nos deux pays et leurs gouvernements sur un certain nombre de problèmes fondamentaux ; la nécessité d'oeuvrer de concert, de part et d'autre des deux rives de la Méditerranée, pour un développement solidaire ; la nécessité de travailler à l'apaisement des tensions, au développement économique et social, de renforcer notre coopération dans tous les domaines, y compris ceux qui relèvent de nos deux ministères de l'Intérieur, celui de M. Chaouch, à l'invitation duquel je me rendais, et le ministère de l'Intérieur français.
Comme vous le savez, j'ai été reçu, dès mon arrivée, par le président de la République, M. Ben Ali. Nous avons pu avoir des échanges tout à fait intéressants et fructueux. Ces entretiens se sont poursuivis avec M. Chaouch, d'abord, en petit comité, puis au sein des trois commissions mixtes qui se réunissaient pour approfondir notre coopération dans des domaines très divers : l'administration territoriale, les collectivités locales, la sécurité civile et la sécurité tout court, c'est-à-dire très largement la police.
Dans ces trois domaines, nous avons marqué des intentions très positives puisque nous avons plus particulièrement signé un accord visant à développer des actions de formation dans le domaine de la police - s'agissant de la lutte contre la grande criminalité, le vol de voitures, le blanchiment d'argent sale, le recrutement et les relations sociales avec le monde de la police, le recrutement des policiers, la lutte contre le terrorisme - et naturellement des formations techniques dans le domaine de la police scientifique et technique.
En matière administrative, des échanges importants ont lieu : envoi de missions de part et d'autre, accueil en France de gouverneurs tunisiens, mais notre coopération ne concerne pas que la coopération territoriale. Elle touche également les collectivités décentralisées, et je crois que c'est une dimension d'avenir que de favoriser les échanges entre nos communes, nos départements, nos régions. C'est déjà largement le cas pour certaines d'entre elles mais il s'agit d'amplifier le mouvement pour permettre le développement d'une coopération, j'allais dire, au "ras du sol".
Quelques mots en matière de sécurité civile. Nous avons également prévu des formations techniques. Un certain nombre de dispositifs ou d'équipements peuvent également permettre d'assurer une meilleure sécurité par rapport à tous les risques qui peuvent exister, risques naturels ou risques technologiques.
Nous avons également abordé les problèmes de la lutte contre le terrorisme. Un sommet doit avoir lieu à Naples, entre les ministres des pays riverains de la Méditerranée occidentale, au mois de mai. Il s'agit des trois pays du Maghreb, de l'Italie, de la France, de l'Espagne et du Portugal. C'est un sommet qu'on appelle 3 + 4 ;. on pourrait dire 4 + 3 mais on dit 3 + 4 ; c'est comme cela !. C'est un sommet à Sept. On pourrait encore élargir, mais, jusqu'à présent, cela concerne la Méditerranée occidentale. Je pense que l'on irait vers l'Orient. Pourquoi pas, après tout ?
Ont également été abordées les questions relatives aux flux migratoires, à la politique des visas, à la nouvelle législation RESEDA, relative au droit d'entrée et de séjour des étrangers et au droit d'asile, qui sera définitivement approuvée en dernière lecture par l'Assemblée nationale, le 8 avril prochain. Ces textes, d'ores et déjà adaptés, ne sont plus susceptibles d'être à nouveau amendés. Donc on sait ce que sera le contenu de cette législation, qui va entrer en vigueur dans le courant de mai-juin. Nous avons eu un échange de vue sur la manière de poser les problèmes de ces flux migratoires, notamment dans l'optique du codéveloppement, parce qu'il est évidemment essentiel que nous concevions ensemble la manière de travailler à un développement des deux rives de la Méditerranée.
Je dois dire que, pour ma part, je constate avec un très grand plaisir l'essor de la Tunisie. Je suis venu assez souvent dans votre pays, et chaque fois que je viens en Tunisie, je constate que, tant sur le plan agricole que sur le plan industriel, sur le plan des services, sur le plan de l'habitat, de l'architecture, la Tunisie progresse. Tunis apparaît comme un grand chantier.
Je me trouvais, ce matin, avec M. Sassi, secrétaire d'Etat au Fonds national de solidarité. Nous sommes allés dans un village du gouvernorat de Bizerte qui s'appelle Beni Brahim. Nous avons pu voir un certain nombre de réalisations de terrain diverses : adduction d'eau, d'électricité - nous avons pu voir un barrage aussi, en revenant - et puis logement, aide à l'élevage, qu'il s'agisse de vache ou de brebis, un certain nombre d'actions qui effectivement permettent d'effacer ce que M. Sassi appelle des zones d'ombre, c'est-à-dire des zones de sous-développement relatif, d'exclusion relative.
Je ne serais pas complet si je n'avais pas cité la visite que j'ai faite hier - vous voyez que mon emploi du temps était très chargé - au Centre national d'informatique et d'identification, au Bardo, pour voir les technologies mises en oeuvre, notamment pour la confection de la carte d'identité tunisienne infalsifiable.
Ensuite, nous nous sommes rendus à la Zitouna, où nous avons pu discuter avec le recteur, avec un certain nombre de professeurs. J'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre des Affaires religieuses au déjeuner et nous avons pu aborder le problème de l'Islam, la question de son adaptation dans le contexte de la France où, naturellement, il s'agit d'une religion minoritaire, mais qui est tout de même embrassée par deux millions de nos concitoyens. Nous avons étudié la manière dont les programmes d'enseignement avaient été revus - j'avais vu M. Charfi à l'époque, en 1991 - et celle dont les choses s'appliquaient. Nous avons eu un échange et certains de mes conseillers ont pu poursuivre cet échange sur la place de l'Islam dans nos sociétés à l'heure de ce que l'on appelle, à tort ou à raison, la mondialisation.
Ce matin, j'ai pu visiter les locaux du consulat général de France à Tunis qui sont actuellement en plein travaux puisque nous sommes en train, sous l'impulsion de notre ambassadeur, l'amiral Lanxade, de remodeler les conditions de l'accueil. J'ai pu, en m'entretenant avec les employés du consulat, voir les problèmes concrets auxquels ils pouvaient se heurter. Donc, toute cette politique est en voie d'être assouplie et revue.
Ensuite, nous avons rencontré le président de l'Assemblée nationale, M. Fouad Mebazaa. Nous avons pu nous entretenir des conditions du fonctionnement du Parlement tunisien, des rapports entre la majorité - le RCD - et les partis d'opposition, de leur évolution future. Et nous avons eu un échange approfondi sur les conditions de développement de la vie politique en Tunisie.
J'ai également rencontré, avec M. Chaouch, le ministre de l'Emploi et aujourd'hui même, un certain nombre d'écrivains, de professeurs, d'éditeurs, de personnalités de la vie culturelle tunisienne. Enfin, joignant l'utile à l'agréable, j'ai fait un petit tour à la Médina et à Sidi Bou Saïd où nous avons visité le Centre de musique arabe et méditerranéenne.
Q - Les ministres de l'Intérieur des pays méditerranéens devaient se réunir à Barcelone à l'automne dernier. Avez-vous dépassé les divergences qui ont empêché cette réunion ?
R - Je ne crois pas que c'était la réunion des ministres de l'Intérieur. La réunion dite "3 + 4" se tient annuellement. L'an dernier, elle a eu lieu à Paris au mois d'avril mais, comme vous le savez peut-être, je n'étais pas à l'époque ministre de l'Intérieur, et cette année, elle se tient à Naples, au mois de mai. Donc, elle se déroule indépendamment de ce qu'on appelle le Processus de Barcelone, qui est plus vaste que la Méditerranée occidentale et qui englobe l'ensemble des pays de la Méditerranée, à deux exceptions près, que je regrette d'ailleurs.
Q - Les 22 pays arabes, au niveau des ministres de l'Intérieur, sont arrivés, au bout de 24 mois, à définir la notion de terrorisme. Nous avons des relations avec le nord de la Méditerranée, avec l'Union européenne, mais nous n'arrivons pas à voir la notion de terrorisme définie par le Nord et cela devrait entraver toute action entre les deux rives concernant le terrorisme...
R - Je ne veux pas engager le Nord - d'ailleurs je ne sais pas très bien où s'arrête le Nord et je ne veux pas, au risque de le perdre, m'approprier un concept aussi flou - mais disons que pour la France, une activité terroriste est très facile à qualifier. Il s'agit d'actes visant généralement à tuer ou à assassiner son prochain, au service de finalités politiques. Notre concept démocratique est très clair. Autant toute opinion est légitime et doit pouvoir s'exprimer dans l'espace démocratique, autant il y a des formes qu'elle ne peut pas prendre, en particulier la forme de revolver ou du bâton de dynamite. Donc, le terrorisme est très facile à qualifier, c'est une donnée de fait.
Q - Monsieur le Ministre, vous vous êtes entretenu avec le président de la République tunisienne, M. Ben Ali. Vous avez abordé, entre autres, l'Islam et les flux migratoires. Vous me permettrez deux questions à ce sujet : vous avez visité ce matin la Zitouna et discuté avec le recteur, le doyen et les professeurs. Ces discussions vous ont-elles permis de vous faire une idée plus précise de ce que pourrait être la place de l'Islam en France ?
R - Oui, merci. Votre question me donne l'occasion de préciser deux choses. D'une part, s'agissant de l'enseignement, il est clair que la France et la Tunisie ne sont pas dans le même cas de figure. La France se veut une République laïque et, par conséquent, si nous envisageons de créer un Institut des hautes études islamiques, vraisemblablement à la rentrée, c'est pour dispenser un enseignement qui, naturellement, n'a pas pour vocation même de former des imams, mais simplement d'offrir à ceux qui s'intéressent aux choses de la religion un aperçu aussi scientifique que possible. De ce point de vue-là, je dois dire que ce que nous ont dit les professeurs et le recteur de la Zitouna nous a beaucoup intéressé parce qu'eux-mêmes professent qu'il faut donner de l'Islam la version la plus scientifique possible. Par conséquent, il y a une aspiration commune à ne pas voir l'Islam détourné de son sens à des fins idéologiques et politiques.
Mais le statut ne peut pas être le même. Par exemple, il est évident qu'en France, le ministre de l'Intérieur - ou n'importe quel autre ministre d'ailleurs, le ministre de l'Education nationale ou de l'Enseignement supérieur - ne peut pas créer des écoles qui seraient des écoles de formation religieuse. Ce n'est pas dans les attributs de l'Etat républicain français qui, naturellement souhaite au contraire que se développe un Islam de France qui sera près de ce souci de rigueur et de scientificité pour faire en sorte que nos concitoyens de tradition musulmane puissent pratiquer leur culte à l'égal des autres.
Nous considérons que cet Islam de France sera le plus sûr rempart contre le détournement de la religion à des fins idéologiques et politiques. Et il ne nous appartient pas de prendre la place des Musulmans. En plus, je ne pourrais pas, vous l'imaginez bien, fixer les programmes en cette matière. Je ne suis pas vraiment le plus compétent.
Q - La deuxième question porte sur les flux migratoires dont vous avez parlé. Vous avez présenté un nouveau texte de loi qui va notamment motiver le refus du visa dans certains cas pour nos compatriotes. Pensez-vous que ce projet de loi, une fois adopté, et donc entré en vigueur, aura assez d'effet pour mettre fin aux tracasseries administratives parce que le problème du regroupement reste aujourd'hui un problème de tracasserie administrative ?
R - Je voudrais distinguer le problème du visa du problème regroupement familial.
Q - Mais le visa est nécessaire pour les personnes qui font un regroupement familial aussi !
R - La règle qui est posée est à peu près celle-ci : tous ceux qui, normalement, ont droit au séjour doivent pouvoir obtenir un visa, sauf motivation contraire. Donc, le refus devra être motivé pour ces catégories de visa, ce qui devrait faciliter leur octroi. Mais il peut y avoir des cas où néanmoins, pour des raisons d'ordre public, ce visa ne sera pas accordé. Mais, ce seront des cas très limitativement énumérés, et qui devront être mentionnés. Voilà ce qui est prévu.
Je voudrais quand même vous faire observer que le regroupement familial touche, aujourd'hui, beaucoup moins de monde qu'il y a une quinzaine d'années. Cela concerne, si mes souvenirs sont bons, 13 ou 14 000 personnes par an. S'agissant des visas, comme je vous l'ai dit, dès lors que quelqu'un, pour des raisons qui tiennent au droit de vivre en famille, aura droit à un titre de séjour, le visa qui conditionne le séjour sera accordé.
Q - La France a réussi jusqu'ici de manière efficace à resserrer l'étau sur les réseaux terroristes qui évoluent sur son territoire, notamment ceux qui se cachent derrière l'intégrisme religieux. Dernièrement, des opérations similaires ont eu lieu en Belgique, par exemple. Comment la France pourrait-elle convaincre ses partenaires, européens en particulier, de limiter l'action de l'activisme intégriste, surtout lorsque les intégristes se cachent derrière des activités politiques ou deviennent une menace pour le pays qui les abrite ou leur accorde le droit d'asile ?
R - C'est assez simple. Il y a quand même des actes délictueux ou criminels qui ont été commis. Il est à peu près démontré qu'un certain nombre de gens sont impliqués dans ces actes, soit directement soit indirectement par leur participation à des réseaux de soutien logistique essentiellement. A partir de là, il y a des mécanismes qui jouent qui sont notamment des mécanismes d'extradition, des commissions rogatoires internationales, et c'est sur le plan de la coopération policière mais aussi judiciaire, que cette solidarité peut s'exprimer. Et je dois dire que des progrès importants ont été faits. De même, une vigilance beaucoup plus grande est apportée aujourd'hui à ces questions.
Q - Notamment au niveau des frontières françaises ?
R - Pas seulement au niveau des frontières. Au niveau de la connaissance des réseaux aussi.
Q - Pendant vos entretiens à Tunis et en préparation au Sommet de Naples, avez-vous abordé les questions de sécurité dans la région, et notamment ce qui se passe en Algérie ? Où en est la situation ?
R - Les autorités tunisiennes ont une appréciation relativement positive du sens de l'évolution. Chacun souhaite que l'Algérie puisse retrouver la paix, son équilibre et une identité moderne accordée aux besoins de notre temps. J'ajoute que c'est un enjeu majeur pour le développement du Maghreb tout entier. La Tunisie a réussi à dominer ce risque, notamment par un développement social important. Je crois que c'est un exemple à bien des égards. Je dirais que la capacité de répondre aux besoins sociaux, élévation du niveau d'éducation, du niveau de vie également. Tout cela, je crois, est la meilleure médecine contre certaines tentations que vous avez évoquées.
Q - Sur la visite de M. Bill Clinton en Afrique. On se pose des questions maintenant. La France va-t-elle perdre ses positions en Afrique ?
R - Je pense que la France ne craint absolument pas de perdre ses "positions" comme vous dites, je mets cela entre guillemets, pour une raison extrêmement simple. D'une part, l'Afrique doit relever des défis qui sont extrêmement importants et si d'autres pays doivent aider l'Afrique à relever ces défis, je dis très franchement : c'est tant mieux !
La question qui se pose, est de savoir si, effectivement, d'autres pays veulent aider l'Afrique ou d'autres pays, par exemple le monde arabe, à relever les défis qui sont devant eux. Sur ce point, je ne pourrais pas vous dire que nous sommes forcément toujours d'accord. Nous pouvons avoir des appréciations différentes. Nous l'avons vu dans la dernière affaire du Golfe, où nous n'avons pas eu très exactement la même appréciation. Même si on peut considérer a posteriori que la France, par sa diplomatie qui a facilité l'envoi de M. Kofi Annan à Bagdad, aura finalement aidé les Etats-Unis à ne pas se fourvoyer. C'est ainsi que nous concevons les relations internationales. L'amitié ne va pas sans une robuste franchise.
Q - A l'approche de la Coupe du monde et suite à l'arrestation en Belgique d'un groupe de personnes soupçonnées de planifier des attentats peut-être lors de la Coupe du monde, quelle est l'attitude de la France vis-à-vis de la question sécuritaire, au vu de l'énorme flux de gens attendu dans votre pays à l'occasion de cet événement mondial ?
Par ailleurs, on sait que les gens ayant acheté des billets de stade seront soumis à un traitement spécial pour ce qui est de l'octroi des visas. Et les autres qui désirent partir en France à cette même période, comment seront-ils traités ?
R - Vous posez un vrai problème, du point de vue de l'égalité entre ceux qui sont des amateurs de football et ceux qui ne le sont pas. Jusqu'à présent, je n'avais jamais entendu s'exprimer aussi clairement la voix des gens que le football ne concerne pas particulièrement, et je pense qu'ils existent. On entend toujours les amateurs de football et jamais les autres. Vous posez un problème extrêmement judicieux et je me tourne vers M. l'ambassadeur et vers le Quai d'Orsay. Je ne manquerai pas de poser la question à mon collègue puisque, comme vous le savez, les visas ne dépendent pas du ministère de l'Intérieur, mais du ministère des Affaires étrangères, afin de voir comment on peut concilier ces deux flux. En principe, pour assister à un match de la Coupe du monde de football, il faut d'abord avoir un billet. Quand on a un billet, on peut avoir un visa. Cela dit, pour avoir un visa, il n'est pas absolument indispensable d'avoir un billet. Vous n'êtes pas obligés d'acheter un billet pour aller au grand stade par exemple ! Si vous voulez venir en France, il vous suffit de demander un visa. Ce sont des choses distinctes. Les gens qui n'aiment pas le football ne souffriront pas de la concurrence. Je pense que l'information est intégrée et nous savons très bien qu'il y a, je crois, 12 500 billets pour la Tunisie, je n'ai pas le chiffre précis en tête, qui viendront en plus.
Q - Nous n'avez pas répondu à la question sécuritaire en France.
R - Nous devons être extrêmement vigilants et franchement, comme c'est de ma responsabilité, je vais vous dire que je suis particulièrement vigilant. Je sais que c'est une période où je devrai être particulièrement sur mes gardes. Je peux vous dire que dès maintenant, je le suis, qu'un certain nombre de contacts ont été pris, notamment entre les différentes polices de tous les pays concernés, de façon à ce qu'il y ait la meilleure observation possible de ce qui peut se passer. C'est normal ! Vous pensez bien que les attentats aveugles seront évidemment inacceptables.
Q - Y aura-t-il un plan vigipirate ?
R - Il existe toujours, mais il a été réduit. Disons qu'il n'a plus la même intensité qu'au lendemain des attentats de 1995. Mais rien n'empêcherait de le réactiver. Je chercher à trouver un juste équilibre entre la nécessité de la sécurité et celle de la convivialité, car nous voulons aussi faire que cet événement soit une fête, qui sera d'ailleurs marquée par de grands spectacles dans les dix villes concernées.
Q - Une question d'ordre personnel. Est-ce que vous aimez le football ?
R - J'allais vous répondre que, sur les questions personnelles, j'avais le droit de ne pas vous répondre mais je m'attendais à pire. Il est vrai que j'ai joué jadis comme ailier dans une équipe de football amateur, pendant mes études supérieures. J'ose à peine vous dire que j'étais souvent ailier droit.
Q - Quel serait votre pronostic pour la Coupe du monde ?
R - Bien évidemment la Tunisie !
Q - Monsieur le Ministre, vous n'avez pas parlé de contacts avec les pays concernés à propos de la dernière question sur la sécurité. Vous savez bien que la Tunisie fait partie des pays concernés.
R - Il n'y a pas de limite au souci légitime de la sécurité. Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2001)