Texte intégral
Chers amis, chers camarades,
Nous venons d'entendre ici à la Mutualité beaucoup de préoccupations, d'inquiétudes, de souffrances.
Nous avons entendu la colère face aux inégalités, aux dominations qui marquent notre monde. C'est pour cela que nous sommes ici, parce que nous sommes décidés à agir, à nous mobiliser, à nous rassembler pour riposter à tous les mauvais coups de la droite... Nous sommes ici parce que nous sommes déterminés à faire face à toutes les menaces qui pèsent sur les citoyens et les citoyennes de la planète.
Et la première des menaces que nous voulons écarter, c'est celle de la guerre. La guerre et son cortège de destructions et de morts. La guerre et son fardeau de peur, de misère et de faim. La guerre et sa soif de puissance et d'humiliations.
Depuis de longs mois, le Président Bush cherche par tous les moyens à justifier une intervention en Irak. On ne nous fera pas croire que son objectif est de libérer le peuple irakien : cette course à la guerre renforce le dictateur.
On ne nous fera pas croire que son objectif est de faire reculer le terrorisme : cette course à la guerre renforce toutes les tensions, toutes les haines.
On ne nous fera pas croire que son objectif est de trouver quelque équilibre pour cette région du monde : non, cette course à la guerre va encore un peu plus déstabiliser la planète.
Cette guerre en fait, elle sent le pétrole, elle n'a d'autre but que de garantir l'hégémonie américaine sur le monde, l'hégémonie d'une bande de multinationales pour qui l'argent n'a pas d'odeur, même pas celle du sang !
George Bush pointe l'ennemi extérieur, il pointe les forces du mal. Il n'a de cesse de détourner l'attention des vrais responsables des problèmes du monde. Il veut un monde uniforme et dominé. Un monde où plus personne ne conteste l'ordre établi.
Où cet objectif va-t-il nous entraîner ? Après l'Irak, quel pays ? Les Etats-Unis vont-ils chercher toujours de nouveaux ennemis pour affirmer leur puissance et revêtir leur costume de milice du monde ?
Les marchands d'armes se frottent les mains. Ils vendent de la destruction massive en poudre et en barils, alors que l'heure est au désarmement global, en Irak et ailleurs ! Décidément, la mondialisation capitaliste est lourde de dangers. Ceux qui se veulent les maîtres du monde entendent tout diriger, tout tenir, tout soumettre.
A cette logique faite de dominations et de tensions, nous qui sommes ici ce soir, nous disons " non ". Nous voulons la paix et la coopération entre les peuples et permettez-moi de le dire, nous voulons la liberté pour le peuple palestinien, nous voulons la paix en Israël et en Palestine. Oui, nous voulons un autre monde, un monde sans guerre !
Que veut, de son côté, le gouvernement de la France ? Que veut-il vraiment ? Va-t-il entendre ce qui monte de notre peuple ? Ou bien va-t-il céder à la super-puissance américaine ? Va-t-il entendre cette exigence de paix qui s'est manifestée si fortement samedi ? Ou bien va-t-il tenter de la transformer en résignation ? Que veut l'Etat français en tenant ses troupes prêtes ?
Notre peuple l'a dit, il ne veut pas de ces armes pointées vers un autre peuple. La France a les moyens de faire entendre une voix forte, une voix de paix en Europe. La France des droits de l'Homme peut faire entendre son choix aux Nations Unies. Au lieu de préparer sa participation à l'armada guerrière, le gouvernement de la France doit développer tous les moyens politiques pour l'empêcher.
Sans attendre, l'Assemblée Nationale doit être consultée. Chaque représentant du peuple devra alors se prononcer en toute clarté, car la décision est trop grave pour être prise à demi-voix dans un bureau de l'Elysée.
Oui, la France doit tenir bon ! La France doit aller au bout de la résistance et utiliser son droit de veto au conseil de sécurité. Partout dans le monde, chez nous, aux Etats-Unis, les pacifistes se mobilisent. Les opinions peuvent peser. Ensemble, nous pouvons faire gagner la paix !
Nous savons l'importance de ce combat, car la guerre, les guerres, accompagnent les fléaux du monde. Ceux qui se sont érigés en dirigeants de la planète le savent. De G7 en G8, de réunions du FMI en sessions de l'OMC, en passant par Davos, ils s'assurent de sommet en sommet, bien protégés par des grilles comme celles de Gênes, que le monde continue à marcher sous leurs ordres, en conformité avec les intérêts de quelques uns.
Un geste des Etats-Unis ou plutôt des trusts pharmaceutiques et les Africains sont toujours privés des médicaments nécessaires. Un froncement de sourcil des multinationales du pétrole et on laisse des bateaux poubelles naviguer, on fabrique des révoltes, on renverse des gouvernements. Qu'importe qu'au 21ème siècle, après de formidables progrès, la famine continue à gagner du terrain, que toujours plus d'hommes et de femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Qu'importe que les enfants travaillent que les corps redeviennent des marchandises ! Qu'importe que le productivisme salisse la planète ! Le G8 se moque de tout cela, il se moque de nous ! Au mois de juin, il sera réuni à Evian, est-ce pour régler, par exemple, la grave question de l'accès à l'eau pour tous ? Non, il n'en sera rien. A Evian, les huit vont de nouveau se mettre d'accord pour se partager les dividendes du capitalisme. Ces sommets, ils ne parviennent pourtant plus à les tenir tranquillement et discrètement entre eux. Non, ils n'y arrivent plus car partout, les citoyens s'en mêlent. Porto Alegre fait des petits. A Evian lors du contre sommet, et à Paris-Saint-Denis, lors du Forum social européen, nous serons là, pour secouer la tranquillité des puissants de ce monde. Nous serons là pour proposer de nouvelles coopérations entre les peuples. Nous serons là pour prendre le parti de l'écologie. Oui, malgré le fait que l'on nous rabâche que le système capitaliste est la fin de l'histoire, nous allons montrer que des hommes et des femmes rêvent d'autres horizons. Oui, nous sommes nombreux, face à ce monde de conflits et d'inégalités, à vouloir inventer un monde de solidarité, un monde partagé, un monde de paix !
Un monde de solidarité, un monde partagé... plus près de nous, en France, cette solidarité, ce partage, le gouvernement de droite veut les détruire.
Il a désigné les empêcheurs de tourner en rond : les salariés, les jeunes, les pauvres. Une à une, les lois qui leur sont favorables sont jetées au panier sans autre forme de procès. Ainsi le gouvernement dit aux salariés : " si vous voulez gagner de quoi vivre, il faut travailler plus ". Exit les trente-cinq heures. Restent l'annualisation et la flexibilité, restent les salaires bloqués. Nous voici revenus au temps des heures supplémentaires sans limites. Le baron des patrons peut se féliciter. Lui qui veut " mettre la France au travail " comme il dit. Quelle arrogance ! Le travail qu'il aille en parler aux salariés de Daewo, de Lu, aux 800 ouvriers de la fonderie Métaleurop, aux ouvrières de Moulinex. Le travail, mais c'est ce que nous voulons, c'est ce que veulent les hôtesses et les pilotes d'Air Lib.
En vérité, au nom du travail, Raffarin et Seillière veulent imposer une précarité à la hausse et des salaires de misère.
Faisons l'addition : les mesures anti-licenciements de la loi de modernisation sociale suspendues ; la loi Hue sur le contrôle des fonds publics abrogée; les emplois-jeunes à la porte sans négociations, sans reconversion, sans rien... Le voilà, le travail !
Avec les emplois jeunes, le gouvernement réussit l'exploit de faire le plus grand plan social de l'époque. Je voudrais dire ma colère devant ce gâchis. Gâchis pour les jeunes. Gâchis pour les associations, les communes, les écoles.
Faut-il s'en étonner ? La droite ne voit les jeunes des milieux populaires que comme des délinquants.
Chers amis, chers camarades, je vous le dis franchement. Je ne supporte plus d'entendre ce discours de rejet de notre jeunesse. Montrée du doigt, stigmatisée, la jeunesse de notre pays serait vouée à l'échec, à la violence. Les communistes seront du parti du respect des jeunes de ce pays. Et il faut avoir du courage, le courage de refuser l'amagalme de toute une génération à la délinquance. Et le courage aussi de regarder bien en face nos responsabilités, les responsabilités de cette société. Que disons-nous à ces jeunes des quartiers populaires à qui l'on claque la porte des entreprises. Alors ne lâchons pas une génération pour flatter le populisme. Je prends le parti du respect de notre jeunesse.
Mais c'est aussi les plus pauvres que le gouvernement vise. La couverture maladie universelle, l'allocation personnalisée d'autonomie sont l'objet d'attaques lamentables : il n'y a pas de petits profits. Les droits les plus anciens comme les plus fraîchement acquis sont en ligne de mire.
Nous n'allons pas laisser faire. Nous ne voulons pas moins de droits, nous voulons plus de droits ! Nous allons nous défendre, nous allons porter tous ensemble nos aspirations, nous allons tous ensemble construire une alternative à cette politique inféodée au capitalisme. Oui, nous tenons à la RTT pour avoir le temps d'aimer, de s'informer, de s'investir, de vivre. Oui, nous pensons que les salariés sont compétents pour décider de l'avenir de leurs entreprises ! Oui, nous pensons qu'ils en sont propriétaires plus que les actionnaires ! Oui, nous tenons au droit à la santé, au droit à l'autonomie... Cela semble évident comme le droit au logement. Pourtant, au 21ème siècle, il y a encore des sans abris, des sans papiers... des sans droits. Ce n'est plus possible, tout nous appelle à bousculer cette société.
Depuis qu'il est au pouvoir, Jean-Pierre Raffarin n'a pas cessé de s'en prendre à tout ce qui fait que les hommes et les femmes s'épanouissent, se libèrent. Qu'il s'agisse de culture, d'éducation, de recherche, tous les budgets des ministères concernés sont réduits pour augmenter l'armement et faire des cadeaux fiscaux à ceux qui n'en ont pas besoin.
Nous n'allons pas laisser faire. Tout ce qui contribue à l'épanouissement des individus n'est pas une charge, mais l'engrais d'un progrès de civilisation.
En fait, Jean-Pierre Raffarin veut ignorer les fondements du séisme du 21 avril. Il a d'ailleurs déclaré, en substance, il y a quelques jours, que 2002 n'était pas une si mauvaise année sur le plan politique ! Il ne veut pas voir non plus la marque des terribles dérives dues au système capitaliste.
Les idées d'extrême-droite continuent de prospérer, même si elles sont pour une part recyclées par la droite au pouvoir.
Les idées de l'extrême-droite ? Rejeter l'autre, se replier sur ses a priori, ses vérités révélées, alors que la société a besoin de métissage, de débats, de tolérance. Ses idées ? l'ordre moral, l'autoritarisme, alors que le développement de nos sociétés a besoin de libertés, de démocratie, d'intervention citoyenne. Ses idées ? La répression, rien que la répression, alors que notre société a besoin d'éducation.
Nous n'allons pas laisser faire. Nous pouvons repousser l'extrême-droite et ses idées de haine. Au rejet de l'autre, de celui qui est différent, nous pouvons opposer le " tous ensemble ". Aux divisions, nous allons opposer la solidarité. Oui, nous allons rassembler pour faire face ensemble, au seul vrai responsable : le capital.
Oui, rassembler contre toutes les peurs, toutes les insécurités, ...oui, je le dis ici, nous voulons prendre en compte, le lot de souffrances quotidiennes que provoquent la délinquance et les incivilités dans la vie de nombreuses familles, souvent les plus modestes. Nous ne pouvons accepter cet état de fait. Le droit à la tranquillité, à la sécurité est pour nous essentiel. Il y a besoin de règles pour vivre ensemble, il y a besoin de respect, il y a besoin de justice et de liberté !
Oui, il faut sanctionner. Oui, il faut exiger la réparation. Oui, il faut soigner les plaies ouvertes par la délinquance, mais évitons déjà que ces plaies ne s'ouvrent.
Ce qui produit cette violence inexcusable, c'est la société qui exploite, qui méprise, qui exclut ! Ce qui produit cette violence inexcusable, ce sont les failles du processus éducatif ! Ce qui produit cette violence inexcusable, ce sont des repères qui se brouillent dans la famille, dans la société, dans le monde. Oui, il faut avoir le courage de le dire, même à contre-courant, il faut aussi soigner le mal de l'insécurité à la racine. C'est parce que nous sommes déterminés à prendre à bras le corps l'insécurité que nous ne laisserons pas le gouvernement surfer sur ce fléau, jouer avec le feu pour mettre en place des mesures liberticides.
Oui, quitte à déranger, je le redis ici, nous ne nous habituerons pas plus à une société qui met ses enfants en prison, qui raille les droits de l'homme, qui condamne les militants, qu'à une société qui laisse les plus faibles en prise à l'insécurité. Nous avons une autre ambition, celle des moyens du vivre ensemble, où l'éducation, la justice, la prévention, la police riment avec liberté et progrès social. Oui, face " aux lois des plus forts ", nous voulons construire une alternative de solidarité.
Solidarité, cela est d'autant plus nécessaire que le plus dur est peut-être à venir. Le gouvernement a posé les cadres de son action, il a préparé l'opinion. Il veut désormais nous faire rentrer dans la gueule du loup. Voilà qu'il lorgne sur les retraites... Faudra-t-il encore subir cet assaut sans rien dire ? Accepter que ce gouvernement passe en force comme l'a montré son attitude face aux salariés d'EDF ? J'aime à penser que non. J'aime à penser que le 1er février, il y aura du monde dans les rues pour proposer une réforme des retraites audacieuse et juste ! J'aime à penser que le gouvernement, en un mot, s'y cassera les dents ! Car enfin, jeter à l'eau un système de retraites solidaire et digne, est-ce cela une société moderne ? Le Premier ministre dit vouloir restaurer l'équité, en allongeant la durée de cotisation, en baissant le niveau des prestations, et en augmentant le montant des versements. Il pointe du doigt des soi-disant privilégiés, en cherchant à semer la zizanie entre les salariés. Habile diversion pour mettre tout le monde au pli. Pour lui, l'équité, c'est de passer tout le monde à la moulinette. Ce qu'il dit moins fort, c'est qu'il veut adosser au système de retraites par répartition un système par capitalisation, un système du chacun pour soi, prévu pour gangrener l'édifice existant avec le temps.
Pourquoi faudrait-il toujours aller dans le même sens ? Pourquoi faudrait-il toujours que ce soit les salariés et les chômeurs qui perdent du terrain ? Il y en a assez de cette société capitaliste qui n'a de cesse de s'en prendre aux hommes et aux femmes dans leur immense majorité pour le profit de quelques uns.
Nous proposons un système beaucoup plus juste garantissant la retraite à 60 ans pour tous à taux plein et indexée sur les salaires. Mais pour cela, comme l'a montrée l'Humanité spéciale Retraites, il faut agir sur la qualité de la croissance et de l'emploi, il faut faire reculer la précarité, les temps partiels et les préretraites forcés, le chômage. Il faut prendre l'argent là où il est, dans les armoires des multinationales de tous bords ! Il faut garantir aux jeunes en formation les moyens de leur autonomie. Il faut une véritable sécurité emploi-formation attachant à chacun et chacune des droits dont ceux de se former et de travailler tout au long de sa vie.
Tout cela est possible.
Seulement, c'est un choix de société.
Nous allons défendre nos acquis et nous battre pour obtenir des réponses à un besoin humain juste, à un défi de civilisation audacieux. Le droit à la retraite.
Aux yeux de la droite et du patronat, tout est une dépense, tout est un coût. Ils ne voient la société qu'au travers des lignes d'un carnet de comptes. Les maternités coûtent trop cher, les personnes âgées coûtent trop cher, les actifs aussi. Il y a quelques jours, le ministre de la santé en appelait à l'auto-médication. Après tout c'est vrai, y a-t-il besoin d'hôpitaux pour se soigner, y a-t-il besoin d'infirmières, y a-t-il besoin de médecins ? Et même, y a-t-il besoin de médicaments. Dans des sous-bois ombrageux, il doit bien rester encore quelques plantes médicinales, quelques potions magiques dont l'usage suffirait ! Car c'est bien connu, les Français ne sont pas raisonnables. Et puis, il y a les assurances pour proposer des couvertures complémentaires. Denis Kessler, ancien numéro 2 du MEDEF, ne faisait d'ailleurs pas mystère de ses projets pour la sécurité sociale : il y a de l'argent à récupérer là-dedans.
Nous ne laisserons pas faire. Nous allons défendre le droit à la santé, construire une alternative où les progrès humains seront au service de l'être humain et non pas du marché.
Le marché, le marché... le gouvernement, lui, applaudit des deux mains devant l'Europe libérale. Il vient de faire adopter au parlement la directive ouvrant le marché du gaz à la concurrence. Un à un, il brade les services publics. Tout ce qui peut rapporter de l'argent, tout ce qui peut intéresser les profiteurs de la finance internationale, tout cela est dans le collimateur : la Poste, le rail, l'énergie... Le gouvernement ne s'est d'ailleurs pas gêné pour annoncer la privatisation d'Air France. Il ne s'est pas gêné pour vendre les restes du Lyonnais.
De notre côté, nous croyons au service public. Un service public transformé, dont les salariés et les usagers comme les citoyens sont les maîtres d'oeuvre. Un service public libre des pressions de la rentabilité à tout prix. Celles qui font faire n'importe quoi en termes sociaux et sociétaux. Un service public audacieux qui progresse en qualité, qui répond à de nouveaux besoins, qui sait les détecter. Un service public efficace qui garantit l'égalité entre les citoyens sur des questions essentielles touchant à la vie quotidienne.
Et l'Europe doit protéger et défendre les services publics. Il faut un nouveau traité garantissant à tous les Européens un accès égal à la santé, à l'électricité, aux communications. Oui, défendre le service public, c'est exiger une Europe sociale aux institutions démocratiques, une réforme globale de l'Union européenne. L'Europe à 25 en aura bien besoin.
Une louche pour le MEDEF, une louche pour l'UMP ! Pour faire passer tout cela, le gouvernement a sa méthode, dit-on, parlons-en ! Un peu de mesures liberticides, un peu de tripatouillage des modes de scrutin, beaucoup de charcutage de la République avec une réforme soi-disant de décentralisation. Ce qui est en jeu, c'est notre démocratie.
Nous allons la défendre, nous voulons que chacun, chacune quelles que soient les circonstances compte pour un. Nous voulons que le fossé qui s'est formé entre les citoyens et la politique se résorbe, alors que le gouvernement le creuse. Nous voulons réellement donner le pouvoir aux hommes et aux femmes, clarifier les enjeux et les lieux des décisions, alors que le gouvernement organise une vente aux enchères des pouvoirs de l'Etat. Nous sommes pour une décentralisation citoyenne. La soi-disant décentralisation de la droite, c'est tout le contraire. Elle fait éclater les repères et les règles collectives, elle s'en prend à l'égalité entre les citoyens, elle vise la privatisation des services publics par petits morceaux, elle cherche à casser les leviers d'un changement possible. La consultation organisée par le gouvernement n'est qu'une mascarade et le 24 janvier, en Ile-de-France, nous ferons entendre la voix de la démocratie. Le peuple doit décider, et c'est pourquoi nous avons demandé un référendum comme Jacques Chirac s'y était engagé. Nous exigeons toujours un grand débat public. Décentraliser tout seul depuis un bureau parisien, révèle un sacré sens de l'humour, mais changer la constitution sans consulter le peuple n'est pas digne de notre démocratie.
Non, nous ne laisserons pas la droite mettre la démocratie à sa main ! Nous allons porter l'exigence d'une démocratisation de la République. Nous allons construire une alternative où les hommes et les femmes pourront décider de leurs vies, ici et en Europe.
Au Parti socialiste, certains prétendent que le gouvernement passe son temps à communiquer mais qu'il ne fait rien. " Paroles, paroles ", nous dit-on. Ainsi, toutes ces décisions, tous ces projets calamiteux ne seraient " rien ".
Que le gouvernement communique, c'est une réalité, il cherche en effet à anesthésier les consciences, à diviser les victimes de sa politique. Il cherche à nous faire renoncer à tout.
Mais ne voit-on pas les plans de cette société qu'il nous dessine pour demain ? Car, c'est bien de cela qu'il s'agit, d'un véritable projet de société qui a sa cohérence propre. Une triste cohérence. Le Premier ministre a choisi la démission du politique : une à une, il remet les clefs au marché ; un à un, il remet les codes aux gardiens de la loi de l'argent. Il y a quelques jours, il était dans les salons du MEDEF, affichant sa complicité avec Ernest-Antoine Seillière. " Un Etat moderne doit d'abord se mettre au service de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain ", lui a-t-il susurré en guise de déclaration d'amour. Les mots sont clairs, l'Etat au service des patrons, l'Etat au service de la Bourse !
Dans la société que la droite construit, c'est chacun pour sa peau, c'est les uns contre les autres. Dans cette société les salariés sont des fétus de paille et les femmes continuent à être victimes d'inégalités, de domination, de discriminations. Dans cette société, l'Etat n'est plus affecté qu'à la circulation, à la libre circulation. Sa mission ? Faire accepter le système. En un mot, maintenir l'ordre.
Dans cette société, les peurs et les tensions sont l'huile que l'on met dans les rouages, les hommes et les femmes sont sous pression. Dans cette société, chacun se barricade chez soi en rentrant du travail, car tout le reste finalement est superflu. Ceux qui s'en sortent l'ont mérité, en quelque sorte, et les autres subissent. Dans cette société, on a une vie à options, une vie à la carte : santé ou logement, retraites ou culture, c'est l'un ou l'autre, il faut choisir.
Le voilà ce projet et nous n'en voulons pas.
Nous n'allons pas laisser faire, nous allons porter les aspirations à la justice qui se font jour. Nous voulons une société de solidarité et d'égalité, une société qui libère réellement les hommes et les femmes en leur garantissant la dignité et de quoi vivre. Nous voulons une société qui donne envie de vivre ensemble, qui donne envie de se connaître, de s'aimer.
Une société où les rapports entre les individus et les peuples, sont des rapports de confiance, de liberté, de paix, d'égalité, et de démocratie ! Un monde où les richesses comme les pouvoirs sont en partage. C'est cela que nous nommons communisme. C'est un choix radical, qui ne souffre pas de demi-mesure, qui invite à changer le monde ! Non, messieurs Raffarin et Seillière, nous ne sommes pas décidés à nous laisser faire. Non seulement nous allons nous défendre, mais nous allons formuler avec audace une espérance renouvelée.
Oui, nous ne nous résignons pas à la situation actuelle. Nous voulons donner force à l'espoir, nous voulons donner force à la résistance, nous voulons donner force à des perspectives. Et cela ne passera pas par la culpabilisation des électeurs, par les petites phrases, les coups médiatiques, les appels au " réveil de la gauche " sans contenu ou les grands retours annoncés de l'homme providentiel. Non, tout cela ne gêne pas la droite. Pour gêner la droite, plus que jamais, nous devons débattre des choix politiques à mettre en oeuvre, c'est indispensable pour changer le monde, pour dépasser le système en place. Cela doit être l'affaire de tous et toutes.
Nous voulons porter la politique sur la place publique, nous voulons qu'elle libère, qu'elle permette aux hommes et aux femmes de s'approprier le monde, car le monde est à eux. Il n'est pas une marchandise que l'on dépèce et que l'on s'arrache. Nous pensons qu'il est possible de la changer, cet espoir nous habite et nous voulons le faire partager, le faire grandir.
Les communistes se réuniront en congrès au mois d'avril. Il n'y aura pas de coup de baguette magique pour redresser la situation, mais il y aura matière à aller de l'avant, à reprendre pied, à porter une belle visée communiste, je le crois. Le Parti communiste a des responsabilités à assumer, des espoirs à porter. Nombreuses sont les attentes à notre égard, car nous sommes une force, une force militante, une force de propositions, une force d'action. On nous demande du terrain et du rêve, c'est beaucoup d'exigences, parfois le découragement est là, je le connais, mais j'ai envie de militer comme vous. J'ai envie de faire vivre mon engagement communiste.
On nous propose ici et là d'entrer dans un parti unique, mais pour faire quelle politique ? On nous propose ici ou là des cartels ou des pactes de gouvernement, mais dans quels objectifs ? On nous propose en somme de faire comme si rien ne s'était passé. Soyons sérieux, ce n'est pas cette façon de faire de la politique qui répond à la gravité de la situation que nous connaissons.
Soyons clairs, ouvrir une authentique alternative demande beaucoup de sens et de terrain, beaucoup d'audace et de force dans toutes les luttes émancipatrices, beaucoup de modestie dans le regard sur le passé, beaucoup d'ambition dans le contenu des réformes.
Oui, pour notre part, nous entendons tirer toutes les leçons de ce qui s'est passé le 21 avril. Nous ne voulons pas de replis sur des coquilles vides : il faut élargir l'espace du politique. Il nous faut renouer avec notre peuple, avec le monde du travail, avec le mouvement social et citoyen, sincèrement, pour construire ensemble une alternative qui rassemble. Cela se fera sans aucun doute dans la riposte, celle que nous voulons mettre en relief aujourd'hui. Nous serons de tous les combats, autant que nous le pourrons, pour faire échec au gouvernement, avec toutes les forces de gauche qui s'y engageront ici ou là. Nous serons de ces combats avec tous ceux et celles qui le veulent, avec les salariés, avec les syndicalistes, avec les militants associatifs, avec les altermondialistes, avec tous ceux et celles qui subissent ce monde, qui subissent cette politique.
Nous voulons contribuer au rassemblement dans la réflexion et dans l'action. Partout, en France, nous avons pris l'initiative de tenir des Forum. Avec ces espaces, nous voulons faire de chaque citoyen et de chaque citoyenne l'auteur politique des solutions à apporter, mais aussi des rassemblements et des alliances nécessaires pour les mettre en oeuvre. Nous voulons contribuer à faire grandir et converger toutes les luttes émancipatrices : sociales, féministes, anti-racistes... Oui, nous allons nous battre et faire avancer une autre idée de la société, une autre idée des rapports entre les êtres humains. Nous voulons résister et contribuer à rebâtir l'espoir.
Chers amis, chers camarades,
Bien sûr, j'entends déjà les scepticismes. Ils sont fous ces communistes, ils croient encore qu'il est possible de changer la société. Eh bien oui, pour nous, il n'y a rien de plus urgent, de plus essentiel, de plus actuel. Ce qui est rétrograde et dépassé, c'est le fait qu'une minorité détienne de plus en plus les clefs du monde, c'est le fait qu'une minorité exploite, domine, impose la loi du plus fort, c'est le creusement des inégalités, c'est la guerre.
Malgré les difficultés, nous sommes debout. Nous sommes prêts à donner de notre énergie, de notre espoir pour la riposte.
Des millions et des millions d'individus aspirent à autre chose, à un autre monde. Des millions et des millions d'individus sont en droit de le faire. Ici, nous sommes de ceux-là. On ne va pas se laisser faire !
(Source http://www.pcf.fr, le 21 janvier 2003)
Nous venons d'entendre ici à la Mutualité beaucoup de préoccupations, d'inquiétudes, de souffrances.
Nous avons entendu la colère face aux inégalités, aux dominations qui marquent notre monde. C'est pour cela que nous sommes ici, parce que nous sommes décidés à agir, à nous mobiliser, à nous rassembler pour riposter à tous les mauvais coups de la droite... Nous sommes ici parce que nous sommes déterminés à faire face à toutes les menaces qui pèsent sur les citoyens et les citoyennes de la planète.
Et la première des menaces que nous voulons écarter, c'est celle de la guerre. La guerre et son cortège de destructions et de morts. La guerre et son fardeau de peur, de misère et de faim. La guerre et sa soif de puissance et d'humiliations.
Depuis de longs mois, le Président Bush cherche par tous les moyens à justifier une intervention en Irak. On ne nous fera pas croire que son objectif est de libérer le peuple irakien : cette course à la guerre renforce le dictateur.
On ne nous fera pas croire que son objectif est de faire reculer le terrorisme : cette course à la guerre renforce toutes les tensions, toutes les haines.
On ne nous fera pas croire que son objectif est de trouver quelque équilibre pour cette région du monde : non, cette course à la guerre va encore un peu plus déstabiliser la planète.
Cette guerre en fait, elle sent le pétrole, elle n'a d'autre but que de garantir l'hégémonie américaine sur le monde, l'hégémonie d'une bande de multinationales pour qui l'argent n'a pas d'odeur, même pas celle du sang !
George Bush pointe l'ennemi extérieur, il pointe les forces du mal. Il n'a de cesse de détourner l'attention des vrais responsables des problèmes du monde. Il veut un monde uniforme et dominé. Un monde où plus personne ne conteste l'ordre établi.
Où cet objectif va-t-il nous entraîner ? Après l'Irak, quel pays ? Les Etats-Unis vont-ils chercher toujours de nouveaux ennemis pour affirmer leur puissance et revêtir leur costume de milice du monde ?
Les marchands d'armes se frottent les mains. Ils vendent de la destruction massive en poudre et en barils, alors que l'heure est au désarmement global, en Irak et ailleurs ! Décidément, la mondialisation capitaliste est lourde de dangers. Ceux qui se veulent les maîtres du monde entendent tout diriger, tout tenir, tout soumettre.
A cette logique faite de dominations et de tensions, nous qui sommes ici ce soir, nous disons " non ". Nous voulons la paix et la coopération entre les peuples et permettez-moi de le dire, nous voulons la liberté pour le peuple palestinien, nous voulons la paix en Israël et en Palestine. Oui, nous voulons un autre monde, un monde sans guerre !
Que veut, de son côté, le gouvernement de la France ? Que veut-il vraiment ? Va-t-il entendre ce qui monte de notre peuple ? Ou bien va-t-il céder à la super-puissance américaine ? Va-t-il entendre cette exigence de paix qui s'est manifestée si fortement samedi ? Ou bien va-t-il tenter de la transformer en résignation ? Que veut l'Etat français en tenant ses troupes prêtes ?
Notre peuple l'a dit, il ne veut pas de ces armes pointées vers un autre peuple. La France a les moyens de faire entendre une voix forte, une voix de paix en Europe. La France des droits de l'Homme peut faire entendre son choix aux Nations Unies. Au lieu de préparer sa participation à l'armada guerrière, le gouvernement de la France doit développer tous les moyens politiques pour l'empêcher.
Sans attendre, l'Assemblée Nationale doit être consultée. Chaque représentant du peuple devra alors se prononcer en toute clarté, car la décision est trop grave pour être prise à demi-voix dans un bureau de l'Elysée.
Oui, la France doit tenir bon ! La France doit aller au bout de la résistance et utiliser son droit de veto au conseil de sécurité. Partout dans le monde, chez nous, aux Etats-Unis, les pacifistes se mobilisent. Les opinions peuvent peser. Ensemble, nous pouvons faire gagner la paix !
Nous savons l'importance de ce combat, car la guerre, les guerres, accompagnent les fléaux du monde. Ceux qui se sont érigés en dirigeants de la planète le savent. De G7 en G8, de réunions du FMI en sessions de l'OMC, en passant par Davos, ils s'assurent de sommet en sommet, bien protégés par des grilles comme celles de Gênes, que le monde continue à marcher sous leurs ordres, en conformité avec les intérêts de quelques uns.
Un geste des Etats-Unis ou plutôt des trusts pharmaceutiques et les Africains sont toujours privés des médicaments nécessaires. Un froncement de sourcil des multinationales du pétrole et on laisse des bateaux poubelles naviguer, on fabrique des révoltes, on renverse des gouvernements. Qu'importe qu'au 21ème siècle, après de formidables progrès, la famine continue à gagner du terrain, que toujours plus d'hommes et de femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Qu'importe que les enfants travaillent que les corps redeviennent des marchandises ! Qu'importe que le productivisme salisse la planète ! Le G8 se moque de tout cela, il se moque de nous ! Au mois de juin, il sera réuni à Evian, est-ce pour régler, par exemple, la grave question de l'accès à l'eau pour tous ? Non, il n'en sera rien. A Evian, les huit vont de nouveau se mettre d'accord pour se partager les dividendes du capitalisme. Ces sommets, ils ne parviennent pourtant plus à les tenir tranquillement et discrètement entre eux. Non, ils n'y arrivent plus car partout, les citoyens s'en mêlent. Porto Alegre fait des petits. A Evian lors du contre sommet, et à Paris-Saint-Denis, lors du Forum social européen, nous serons là, pour secouer la tranquillité des puissants de ce monde. Nous serons là pour proposer de nouvelles coopérations entre les peuples. Nous serons là pour prendre le parti de l'écologie. Oui, malgré le fait que l'on nous rabâche que le système capitaliste est la fin de l'histoire, nous allons montrer que des hommes et des femmes rêvent d'autres horizons. Oui, nous sommes nombreux, face à ce monde de conflits et d'inégalités, à vouloir inventer un monde de solidarité, un monde partagé, un monde de paix !
Un monde de solidarité, un monde partagé... plus près de nous, en France, cette solidarité, ce partage, le gouvernement de droite veut les détruire.
Il a désigné les empêcheurs de tourner en rond : les salariés, les jeunes, les pauvres. Une à une, les lois qui leur sont favorables sont jetées au panier sans autre forme de procès. Ainsi le gouvernement dit aux salariés : " si vous voulez gagner de quoi vivre, il faut travailler plus ". Exit les trente-cinq heures. Restent l'annualisation et la flexibilité, restent les salaires bloqués. Nous voici revenus au temps des heures supplémentaires sans limites. Le baron des patrons peut se féliciter. Lui qui veut " mettre la France au travail " comme il dit. Quelle arrogance ! Le travail qu'il aille en parler aux salariés de Daewo, de Lu, aux 800 ouvriers de la fonderie Métaleurop, aux ouvrières de Moulinex. Le travail, mais c'est ce que nous voulons, c'est ce que veulent les hôtesses et les pilotes d'Air Lib.
En vérité, au nom du travail, Raffarin et Seillière veulent imposer une précarité à la hausse et des salaires de misère.
Faisons l'addition : les mesures anti-licenciements de la loi de modernisation sociale suspendues ; la loi Hue sur le contrôle des fonds publics abrogée; les emplois-jeunes à la porte sans négociations, sans reconversion, sans rien... Le voilà, le travail !
Avec les emplois jeunes, le gouvernement réussit l'exploit de faire le plus grand plan social de l'époque. Je voudrais dire ma colère devant ce gâchis. Gâchis pour les jeunes. Gâchis pour les associations, les communes, les écoles.
Faut-il s'en étonner ? La droite ne voit les jeunes des milieux populaires que comme des délinquants.
Chers amis, chers camarades, je vous le dis franchement. Je ne supporte plus d'entendre ce discours de rejet de notre jeunesse. Montrée du doigt, stigmatisée, la jeunesse de notre pays serait vouée à l'échec, à la violence. Les communistes seront du parti du respect des jeunes de ce pays. Et il faut avoir du courage, le courage de refuser l'amagalme de toute une génération à la délinquance. Et le courage aussi de regarder bien en face nos responsabilités, les responsabilités de cette société. Que disons-nous à ces jeunes des quartiers populaires à qui l'on claque la porte des entreprises. Alors ne lâchons pas une génération pour flatter le populisme. Je prends le parti du respect de notre jeunesse.
Mais c'est aussi les plus pauvres que le gouvernement vise. La couverture maladie universelle, l'allocation personnalisée d'autonomie sont l'objet d'attaques lamentables : il n'y a pas de petits profits. Les droits les plus anciens comme les plus fraîchement acquis sont en ligne de mire.
Nous n'allons pas laisser faire. Nous ne voulons pas moins de droits, nous voulons plus de droits ! Nous allons nous défendre, nous allons porter tous ensemble nos aspirations, nous allons tous ensemble construire une alternative à cette politique inféodée au capitalisme. Oui, nous tenons à la RTT pour avoir le temps d'aimer, de s'informer, de s'investir, de vivre. Oui, nous pensons que les salariés sont compétents pour décider de l'avenir de leurs entreprises ! Oui, nous pensons qu'ils en sont propriétaires plus que les actionnaires ! Oui, nous tenons au droit à la santé, au droit à l'autonomie... Cela semble évident comme le droit au logement. Pourtant, au 21ème siècle, il y a encore des sans abris, des sans papiers... des sans droits. Ce n'est plus possible, tout nous appelle à bousculer cette société.
Depuis qu'il est au pouvoir, Jean-Pierre Raffarin n'a pas cessé de s'en prendre à tout ce qui fait que les hommes et les femmes s'épanouissent, se libèrent. Qu'il s'agisse de culture, d'éducation, de recherche, tous les budgets des ministères concernés sont réduits pour augmenter l'armement et faire des cadeaux fiscaux à ceux qui n'en ont pas besoin.
Nous n'allons pas laisser faire. Tout ce qui contribue à l'épanouissement des individus n'est pas une charge, mais l'engrais d'un progrès de civilisation.
En fait, Jean-Pierre Raffarin veut ignorer les fondements du séisme du 21 avril. Il a d'ailleurs déclaré, en substance, il y a quelques jours, que 2002 n'était pas une si mauvaise année sur le plan politique ! Il ne veut pas voir non plus la marque des terribles dérives dues au système capitaliste.
Les idées d'extrême-droite continuent de prospérer, même si elles sont pour une part recyclées par la droite au pouvoir.
Les idées de l'extrême-droite ? Rejeter l'autre, se replier sur ses a priori, ses vérités révélées, alors que la société a besoin de métissage, de débats, de tolérance. Ses idées ? l'ordre moral, l'autoritarisme, alors que le développement de nos sociétés a besoin de libertés, de démocratie, d'intervention citoyenne. Ses idées ? La répression, rien que la répression, alors que notre société a besoin d'éducation.
Nous n'allons pas laisser faire. Nous pouvons repousser l'extrême-droite et ses idées de haine. Au rejet de l'autre, de celui qui est différent, nous pouvons opposer le " tous ensemble ". Aux divisions, nous allons opposer la solidarité. Oui, nous allons rassembler pour faire face ensemble, au seul vrai responsable : le capital.
Oui, rassembler contre toutes les peurs, toutes les insécurités, ...oui, je le dis ici, nous voulons prendre en compte, le lot de souffrances quotidiennes que provoquent la délinquance et les incivilités dans la vie de nombreuses familles, souvent les plus modestes. Nous ne pouvons accepter cet état de fait. Le droit à la tranquillité, à la sécurité est pour nous essentiel. Il y a besoin de règles pour vivre ensemble, il y a besoin de respect, il y a besoin de justice et de liberté !
Oui, il faut sanctionner. Oui, il faut exiger la réparation. Oui, il faut soigner les plaies ouvertes par la délinquance, mais évitons déjà que ces plaies ne s'ouvrent.
Ce qui produit cette violence inexcusable, c'est la société qui exploite, qui méprise, qui exclut ! Ce qui produit cette violence inexcusable, ce sont les failles du processus éducatif ! Ce qui produit cette violence inexcusable, ce sont des repères qui se brouillent dans la famille, dans la société, dans le monde. Oui, il faut avoir le courage de le dire, même à contre-courant, il faut aussi soigner le mal de l'insécurité à la racine. C'est parce que nous sommes déterminés à prendre à bras le corps l'insécurité que nous ne laisserons pas le gouvernement surfer sur ce fléau, jouer avec le feu pour mettre en place des mesures liberticides.
Oui, quitte à déranger, je le redis ici, nous ne nous habituerons pas plus à une société qui met ses enfants en prison, qui raille les droits de l'homme, qui condamne les militants, qu'à une société qui laisse les plus faibles en prise à l'insécurité. Nous avons une autre ambition, celle des moyens du vivre ensemble, où l'éducation, la justice, la prévention, la police riment avec liberté et progrès social. Oui, face " aux lois des plus forts ", nous voulons construire une alternative de solidarité.
Solidarité, cela est d'autant plus nécessaire que le plus dur est peut-être à venir. Le gouvernement a posé les cadres de son action, il a préparé l'opinion. Il veut désormais nous faire rentrer dans la gueule du loup. Voilà qu'il lorgne sur les retraites... Faudra-t-il encore subir cet assaut sans rien dire ? Accepter que ce gouvernement passe en force comme l'a montré son attitude face aux salariés d'EDF ? J'aime à penser que non. J'aime à penser que le 1er février, il y aura du monde dans les rues pour proposer une réforme des retraites audacieuse et juste ! J'aime à penser que le gouvernement, en un mot, s'y cassera les dents ! Car enfin, jeter à l'eau un système de retraites solidaire et digne, est-ce cela une société moderne ? Le Premier ministre dit vouloir restaurer l'équité, en allongeant la durée de cotisation, en baissant le niveau des prestations, et en augmentant le montant des versements. Il pointe du doigt des soi-disant privilégiés, en cherchant à semer la zizanie entre les salariés. Habile diversion pour mettre tout le monde au pli. Pour lui, l'équité, c'est de passer tout le monde à la moulinette. Ce qu'il dit moins fort, c'est qu'il veut adosser au système de retraites par répartition un système par capitalisation, un système du chacun pour soi, prévu pour gangrener l'édifice existant avec le temps.
Pourquoi faudrait-il toujours aller dans le même sens ? Pourquoi faudrait-il toujours que ce soit les salariés et les chômeurs qui perdent du terrain ? Il y en a assez de cette société capitaliste qui n'a de cesse de s'en prendre aux hommes et aux femmes dans leur immense majorité pour le profit de quelques uns.
Nous proposons un système beaucoup plus juste garantissant la retraite à 60 ans pour tous à taux plein et indexée sur les salaires. Mais pour cela, comme l'a montrée l'Humanité spéciale Retraites, il faut agir sur la qualité de la croissance et de l'emploi, il faut faire reculer la précarité, les temps partiels et les préretraites forcés, le chômage. Il faut prendre l'argent là où il est, dans les armoires des multinationales de tous bords ! Il faut garantir aux jeunes en formation les moyens de leur autonomie. Il faut une véritable sécurité emploi-formation attachant à chacun et chacune des droits dont ceux de se former et de travailler tout au long de sa vie.
Tout cela est possible.
Seulement, c'est un choix de société.
Nous allons défendre nos acquis et nous battre pour obtenir des réponses à un besoin humain juste, à un défi de civilisation audacieux. Le droit à la retraite.
Aux yeux de la droite et du patronat, tout est une dépense, tout est un coût. Ils ne voient la société qu'au travers des lignes d'un carnet de comptes. Les maternités coûtent trop cher, les personnes âgées coûtent trop cher, les actifs aussi. Il y a quelques jours, le ministre de la santé en appelait à l'auto-médication. Après tout c'est vrai, y a-t-il besoin d'hôpitaux pour se soigner, y a-t-il besoin d'infirmières, y a-t-il besoin de médecins ? Et même, y a-t-il besoin de médicaments. Dans des sous-bois ombrageux, il doit bien rester encore quelques plantes médicinales, quelques potions magiques dont l'usage suffirait ! Car c'est bien connu, les Français ne sont pas raisonnables. Et puis, il y a les assurances pour proposer des couvertures complémentaires. Denis Kessler, ancien numéro 2 du MEDEF, ne faisait d'ailleurs pas mystère de ses projets pour la sécurité sociale : il y a de l'argent à récupérer là-dedans.
Nous ne laisserons pas faire. Nous allons défendre le droit à la santé, construire une alternative où les progrès humains seront au service de l'être humain et non pas du marché.
Le marché, le marché... le gouvernement, lui, applaudit des deux mains devant l'Europe libérale. Il vient de faire adopter au parlement la directive ouvrant le marché du gaz à la concurrence. Un à un, il brade les services publics. Tout ce qui peut rapporter de l'argent, tout ce qui peut intéresser les profiteurs de la finance internationale, tout cela est dans le collimateur : la Poste, le rail, l'énergie... Le gouvernement ne s'est d'ailleurs pas gêné pour annoncer la privatisation d'Air France. Il ne s'est pas gêné pour vendre les restes du Lyonnais.
De notre côté, nous croyons au service public. Un service public transformé, dont les salariés et les usagers comme les citoyens sont les maîtres d'oeuvre. Un service public libre des pressions de la rentabilité à tout prix. Celles qui font faire n'importe quoi en termes sociaux et sociétaux. Un service public audacieux qui progresse en qualité, qui répond à de nouveaux besoins, qui sait les détecter. Un service public efficace qui garantit l'égalité entre les citoyens sur des questions essentielles touchant à la vie quotidienne.
Et l'Europe doit protéger et défendre les services publics. Il faut un nouveau traité garantissant à tous les Européens un accès égal à la santé, à l'électricité, aux communications. Oui, défendre le service public, c'est exiger une Europe sociale aux institutions démocratiques, une réforme globale de l'Union européenne. L'Europe à 25 en aura bien besoin.
Une louche pour le MEDEF, une louche pour l'UMP ! Pour faire passer tout cela, le gouvernement a sa méthode, dit-on, parlons-en ! Un peu de mesures liberticides, un peu de tripatouillage des modes de scrutin, beaucoup de charcutage de la République avec une réforme soi-disant de décentralisation. Ce qui est en jeu, c'est notre démocratie.
Nous allons la défendre, nous voulons que chacun, chacune quelles que soient les circonstances compte pour un. Nous voulons que le fossé qui s'est formé entre les citoyens et la politique se résorbe, alors que le gouvernement le creuse. Nous voulons réellement donner le pouvoir aux hommes et aux femmes, clarifier les enjeux et les lieux des décisions, alors que le gouvernement organise une vente aux enchères des pouvoirs de l'Etat. Nous sommes pour une décentralisation citoyenne. La soi-disant décentralisation de la droite, c'est tout le contraire. Elle fait éclater les repères et les règles collectives, elle s'en prend à l'égalité entre les citoyens, elle vise la privatisation des services publics par petits morceaux, elle cherche à casser les leviers d'un changement possible. La consultation organisée par le gouvernement n'est qu'une mascarade et le 24 janvier, en Ile-de-France, nous ferons entendre la voix de la démocratie. Le peuple doit décider, et c'est pourquoi nous avons demandé un référendum comme Jacques Chirac s'y était engagé. Nous exigeons toujours un grand débat public. Décentraliser tout seul depuis un bureau parisien, révèle un sacré sens de l'humour, mais changer la constitution sans consulter le peuple n'est pas digne de notre démocratie.
Non, nous ne laisserons pas la droite mettre la démocratie à sa main ! Nous allons porter l'exigence d'une démocratisation de la République. Nous allons construire une alternative où les hommes et les femmes pourront décider de leurs vies, ici et en Europe.
Au Parti socialiste, certains prétendent que le gouvernement passe son temps à communiquer mais qu'il ne fait rien. " Paroles, paroles ", nous dit-on. Ainsi, toutes ces décisions, tous ces projets calamiteux ne seraient " rien ".
Que le gouvernement communique, c'est une réalité, il cherche en effet à anesthésier les consciences, à diviser les victimes de sa politique. Il cherche à nous faire renoncer à tout.
Mais ne voit-on pas les plans de cette société qu'il nous dessine pour demain ? Car, c'est bien de cela qu'il s'agit, d'un véritable projet de société qui a sa cohérence propre. Une triste cohérence. Le Premier ministre a choisi la démission du politique : une à une, il remet les clefs au marché ; un à un, il remet les codes aux gardiens de la loi de l'argent. Il y a quelques jours, il était dans les salons du MEDEF, affichant sa complicité avec Ernest-Antoine Seillière. " Un Etat moderne doit d'abord se mettre au service de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain ", lui a-t-il susurré en guise de déclaration d'amour. Les mots sont clairs, l'Etat au service des patrons, l'Etat au service de la Bourse !
Dans la société que la droite construit, c'est chacun pour sa peau, c'est les uns contre les autres. Dans cette société les salariés sont des fétus de paille et les femmes continuent à être victimes d'inégalités, de domination, de discriminations. Dans cette société, l'Etat n'est plus affecté qu'à la circulation, à la libre circulation. Sa mission ? Faire accepter le système. En un mot, maintenir l'ordre.
Dans cette société, les peurs et les tensions sont l'huile que l'on met dans les rouages, les hommes et les femmes sont sous pression. Dans cette société, chacun se barricade chez soi en rentrant du travail, car tout le reste finalement est superflu. Ceux qui s'en sortent l'ont mérité, en quelque sorte, et les autres subissent. Dans cette société, on a une vie à options, une vie à la carte : santé ou logement, retraites ou culture, c'est l'un ou l'autre, il faut choisir.
Le voilà ce projet et nous n'en voulons pas.
Nous n'allons pas laisser faire, nous allons porter les aspirations à la justice qui se font jour. Nous voulons une société de solidarité et d'égalité, une société qui libère réellement les hommes et les femmes en leur garantissant la dignité et de quoi vivre. Nous voulons une société qui donne envie de vivre ensemble, qui donne envie de se connaître, de s'aimer.
Une société où les rapports entre les individus et les peuples, sont des rapports de confiance, de liberté, de paix, d'égalité, et de démocratie ! Un monde où les richesses comme les pouvoirs sont en partage. C'est cela que nous nommons communisme. C'est un choix radical, qui ne souffre pas de demi-mesure, qui invite à changer le monde ! Non, messieurs Raffarin et Seillière, nous ne sommes pas décidés à nous laisser faire. Non seulement nous allons nous défendre, mais nous allons formuler avec audace une espérance renouvelée.
Oui, nous ne nous résignons pas à la situation actuelle. Nous voulons donner force à l'espoir, nous voulons donner force à la résistance, nous voulons donner force à des perspectives. Et cela ne passera pas par la culpabilisation des électeurs, par les petites phrases, les coups médiatiques, les appels au " réveil de la gauche " sans contenu ou les grands retours annoncés de l'homme providentiel. Non, tout cela ne gêne pas la droite. Pour gêner la droite, plus que jamais, nous devons débattre des choix politiques à mettre en oeuvre, c'est indispensable pour changer le monde, pour dépasser le système en place. Cela doit être l'affaire de tous et toutes.
Nous voulons porter la politique sur la place publique, nous voulons qu'elle libère, qu'elle permette aux hommes et aux femmes de s'approprier le monde, car le monde est à eux. Il n'est pas une marchandise que l'on dépèce et que l'on s'arrache. Nous pensons qu'il est possible de la changer, cet espoir nous habite et nous voulons le faire partager, le faire grandir.
Les communistes se réuniront en congrès au mois d'avril. Il n'y aura pas de coup de baguette magique pour redresser la situation, mais il y aura matière à aller de l'avant, à reprendre pied, à porter une belle visée communiste, je le crois. Le Parti communiste a des responsabilités à assumer, des espoirs à porter. Nombreuses sont les attentes à notre égard, car nous sommes une force, une force militante, une force de propositions, une force d'action. On nous demande du terrain et du rêve, c'est beaucoup d'exigences, parfois le découragement est là, je le connais, mais j'ai envie de militer comme vous. J'ai envie de faire vivre mon engagement communiste.
On nous propose ici et là d'entrer dans un parti unique, mais pour faire quelle politique ? On nous propose ici ou là des cartels ou des pactes de gouvernement, mais dans quels objectifs ? On nous propose en somme de faire comme si rien ne s'était passé. Soyons sérieux, ce n'est pas cette façon de faire de la politique qui répond à la gravité de la situation que nous connaissons.
Soyons clairs, ouvrir une authentique alternative demande beaucoup de sens et de terrain, beaucoup d'audace et de force dans toutes les luttes émancipatrices, beaucoup de modestie dans le regard sur le passé, beaucoup d'ambition dans le contenu des réformes.
Oui, pour notre part, nous entendons tirer toutes les leçons de ce qui s'est passé le 21 avril. Nous ne voulons pas de replis sur des coquilles vides : il faut élargir l'espace du politique. Il nous faut renouer avec notre peuple, avec le monde du travail, avec le mouvement social et citoyen, sincèrement, pour construire ensemble une alternative qui rassemble. Cela se fera sans aucun doute dans la riposte, celle que nous voulons mettre en relief aujourd'hui. Nous serons de tous les combats, autant que nous le pourrons, pour faire échec au gouvernement, avec toutes les forces de gauche qui s'y engageront ici ou là. Nous serons de ces combats avec tous ceux et celles qui le veulent, avec les salariés, avec les syndicalistes, avec les militants associatifs, avec les altermondialistes, avec tous ceux et celles qui subissent ce monde, qui subissent cette politique.
Nous voulons contribuer au rassemblement dans la réflexion et dans l'action. Partout, en France, nous avons pris l'initiative de tenir des Forum. Avec ces espaces, nous voulons faire de chaque citoyen et de chaque citoyenne l'auteur politique des solutions à apporter, mais aussi des rassemblements et des alliances nécessaires pour les mettre en oeuvre. Nous voulons contribuer à faire grandir et converger toutes les luttes émancipatrices : sociales, féministes, anti-racistes... Oui, nous allons nous battre et faire avancer une autre idée de la société, une autre idée des rapports entre les êtres humains. Nous voulons résister et contribuer à rebâtir l'espoir.
Chers amis, chers camarades,
Bien sûr, j'entends déjà les scepticismes. Ils sont fous ces communistes, ils croient encore qu'il est possible de changer la société. Eh bien oui, pour nous, il n'y a rien de plus urgent, de plus essentiel, de plus actuel. Ce qui est rétrograde et dépassé, c'est le fait qu'une minorité détienne de plus en plus les clefs du monde, c'est le fait qu'une minorité exploite, domine, impose la loi du plus fort, c'est le creusement des inégalités, c'est la guerre.
Malgré les difficultés, nous sommes debout. Nous sommes prêts à donner de notre énergie, de notre espoir pour la riposte.
Des millions et des millions d'individus aspirent à autre chose, à un autre monde. Des millions et des millions d'individus sont en droit de le faire. Ici, nous sommes de ceux-là. On ne va pas se laisser faire !
(Source http://www.pcf.fr, le 21 janvier 2003)