Conférence de presse de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, sur les relations franco-chinoises, la position française sur les inspections de désarmement en Irak et la nécessité pour la Corée du nord de respecter les engagements internationaux en matière de non-prolifération des armes nucléaires, Pékin le 9 janvier 2003.

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Circonstance : Voyage officiel en Chine les 9 et 10 janvier 2003-conférence de presse à Pékin le 9

Texte intégral

Permettez-moi d'abord d'exprimer mes remerciements à l'attention des autorités chinoises pour la qualité et la chaleur de l'accueil que j'ai reçu aujourd'hui à Pékin. J'ai pu rencontrer aujourd'hui le président Jiang Zemin, le vice-Premier ministre M. Wen Jiabao et mon homologue M. Tang. Demain, je serai à Shanghai dont je tiens à saluer la désignation comme ville organisatrice de l'Exposition universelle en 2010. J'y rencontrerai le Maire et les étudiants dans le cadre d'une conférence que je prononcerai à l'Université Fudan.
Ma visite en Chine aujourd'hui revêt pour la France une importance particulière. D'abord parce que la Chine est un partenaire de premier plan. Son importance économique et stratégique se renforce d'années en années. Elle est une puissance respectée et écoutée sur la scène internationale. Deuxième raison : nous sommes confrontés aujourd'hui à une situation internationale très grave - qu'il s'agisse des crises régionales - elles s'intensifient, chacun le voit, notamment en Iraq et en Corée du Nord -, qu'il s'agisse du risque de prolifération des armes de destruction massive qui augmente, qu'il s'agisse de la menace terroriste globale et de grande ampleur qui reste toujours présente.
Nous avons, nous Français, un partenariat avec la Chine qui ne cesse de se renforcer et auquel je veux donner ici un nouvel élan dans le domaine économique où nous sommes le deuxième partenaire européen de la Chine, dans le domaine culturel, éducatif et universitaire où nous partageons la même volonté d'un dialogue des civilisations, dans le domaine stratégique où nous avons engagé un dialogue nourri avec la Chine.
Lors des entretiens de cet après-midi nous avons abordé bien sûr la situation au Moyen Orient, en Asie du Sud, en Asie centrale. Nous avons abordé l'Inde et le Pakistan, l'Afghanistan, mais nous avons consacré l'essentiel de nos entretiens évidemment aux questions de l'Iraq, de la Corée du Nord et du terrorisme.
Sur l'Iraq, permettez-moi de vous rappeler la position française. Nous avons adopté une démarche en deux temps dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies avec un objectif clair, objectif que nous partageons avec nos amis chinois : désarmer l'Iraq, en utilisant tous les moyens mis à notre disposition par la résolution 1441. Nous restons donc en faveur d'une pleine et entière application de la résolution 1441. L'emploi de la force pour la France ne peut être qu'un dernier recours. Cela suppose bien évidemment de donner à M. Blix et à M. El Baradeï tous les moyens nécessaires pour renforcer l'efficacité de leur travail : moyens humains et matériels, mais aussi renseignements précis qui permettent d'accroître l'efficacité de ces inspections. Cela suppose également que l'Iraq puisse s'engager dans une coopération active avec les inspecteurs du désarmement.
Et c'est dans cet esprit que j'ai adressé ce matin, à mes quatorze homologues du Conseil de sécurité et au Secrétaire général des Nations unies, une lettre précisant ces exigences.
Deuxième point important de l'ordre du jour : la Corée du Nord.
J'ai rappelé sur cette question notre préoccupation devant le risque de prolifération et de déstabilisation régionale que soulevait cette crise. Nous sommes attachés au respect de principes clairs : l'application par la Corée du Nord de ses engagements et son renoncement à tout programme nucléaire militaire. Nous nous félicitons des initiatives multiples récemment prises, notamment la dernière résolution du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, la déclaration tripartite des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud, et nous nous félicitons bien sûr de l'ouverture américaine à la reprise d'un dialogue avec la Corée du Nord. Toutes les voies d'un règlement concerté doivent être explorées, dans l'esprit de la France : les contacts bilatéraux, le dialogue régional et la concertation multilatérale, y compris à travers le Conseil de sécurité. Il s'agit d'encourager et de relayer les efforts en cours pour assurer à la fois la sécurité et la stabilité dans la péninsule coréenne, dans le respect des principes fondamentaux de la non-prolifération. Chacun doit faire preuve de responsabilité afin d'amener la Corée du Nord à renoncer à un programme nucléaire militaire qui serait dommageable à la sécurité de tous.
Sur le terrorisme, j'ai insisté sur la nécessité de maintenir la mobilisation de la communauté internationale. A cette fin, dans le cadre de la présidence du Conseil qu'exerce la France pour le mois de janvier, j'ai proposé que se tienne le 20 janvier prochain à New York une réunion ministérielle du Conseil de sécurité sur le terrorisme. Son objectif sera d'échanger nos vues sur les moyens de renforcer la lutte contre ce fléau, et de formuler de nouvelles propositions concrètes.
De nombreuses visites en 2003 témoigneront de la vigueur des relations bilatérales entre la France et la Chine, notamment la visite du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur. Mais d'autres visites seront organisées. Nous avons naturellement, dans le cadre de mes entretiens, abordé tous les aspects de cette relation. Le dialogue politique et stratégique, bien sûr, qui nous permet de nous concerter régulièrement sur les grandes crises internationales. Le partenariat économique et commercial, autour de quatre grands secteurs : l'aéronautique, les transports terrestres, l'énergie et l'environnement. Ces secteurs sont au coeur du développement économique chinois et doivent nous permettre d'améliorer notre position. Les relations culturelles et scientifiques, enfin. Vous savez que la France y attache une importance particulière. L'année 2003 sera marquée par le lancement de l'Année de la Chine en France. Cet événement sera l'occasion de mettre en contact nos deux sociétés et de montrer leurs forces créatrices. En 2004, nous organiserons, en retour, l'Année de la France en Chine, à une date qui coïncide avec le 40ème anniversaire de l'établissement de nos relations diplomatiques.
Q - Sur la Corée du Nord : d'après les développements récents, il y aurait une possibilité de Sommet à Séoul : Kim Jong-Il va se rendre en Corée du Sud pour la première fois. Avez-vous discuté de cette question ? Quelle est la position chinoise sur ce sujet et quelle est son opinion à ce propos ?
Sur l'Europe : en tant qu'Européens nous avons parfois le sentiment que, bien que nous parlions en Chine d'Europe Unie, chaque nation fait cavalier seul. Est-ce que la France considérerait la possibilité de coordonner la politique européenne en Chine, étant donnée la petite taille de chaque pays pris individuellement, par rapport à la présence des Etats-Unis ou du Japon dans ce gigantesque pays ? Si nous nous groupions, ce pourrait être une année de l'Europe en Chine et pas seulement une année de la France ou de l'Italie ?
R - Sur la Corée du Nord ; tout ce qui va dans le sens du dialogue, tout ce qui peut permettre à la Corée du Nord de davantage respecter ses engagements va dans le bon sens et nous nous réjouissons que le dialogue avec la Corée du Sud puisse reprendre. Nous souhaitons que l'état d'esprit d'ouverture américain puisse aussi produire ses effets, que la Corée du Nord comprendra qu'elle doit respecter les engagements internationaux, qu'elle doit s'engager dans le respect de la non prolifération, c'est là un élément important pour la communauté internationale qui pour la France doit faire preuve à la fois de détermination et de fermeté, de constance dans la recherche de cet objectif, car une Corée du Nord nucléaire serait évidemment un élément de déstabilisation important pour la région. Donc nous nous félicitons de cette perspective et souhaitons que cela puisse modifier le comportement de la Corée du Nord rapidement.
En ce qui concerne l'approche nationale ou européenne, il est bien évident que chacun des Etats aborde la Chine avec son histoire, ses ambitions, ses intérêts propres. Chacun a vocation à engager un dialogue important avec la Chine et, je le rappelais tout à l'heure, la France comme pays membre permanent du Conseil de sécurité a besoin d'aborder avec son partenaire chinois toutes les grandes questions de la situation internationale ; dans le cadre de notre présidence du G8, nous souhaitons un dialogue approfondi avec nos amis chinois mais il est vrai que dans le cadre européen, nous pouvons réfléchir à la possibilité de développer des approches communes sur un certain nombre de sujets. Vous savez que c'est le cas sur un certain nombre de grandes questions, je pense en particulier à la question des Droits de l'Homme. Quand nous devons effectivement essayer d'agir ensemble sur quelques grands sujets, nous le faisons. C'est dire que la concertation européenne marche bien mais il y a certainement des domaines où nous pouvons agir davantage de concert.
Q - Je voudrais revenir sur la Corée du Nord : est-ce que vous avez l'impression que vos interlocuteurs chinois partagent votre inquiétude et celle des Américains quant à la réalité du danger causé par le programme nucléaire nord coréen ? Et deuxièmement, quant aux moyens, est-ce que vous êtes satisfait, est-ce vous pensez que les Chinois usent de toute leur influence, réelle ou supposée, auprès des Nord Coréens pour les amener à se dénucléariser ?
R - Il ne m'appartient pas de commenter la position chinoise. Ce qui me frappe dans les entretiens que j'ai pu avoir hier à Moscou, aujourd'hui à Pékin, c'est la très grande conscience de la communauté internationale, de grands pays, membres permanents du Conseil de sécurité. J'ai eu Colin Powell il y a quelques instants au téléphone pour évoquer la situation ainsi que les perspectives sur tous ces grands sujets. Ce qui me frappe, c'est la conscience générale de l'urgence, il y a une situation qui doit être traitée. Nous souhaitons tous pouvoir l'aborder dans les différents cadres qui sont les nôtres, le cadre bilatéral - l'état d'esprit américain est évidemment un élément essentiel -, le cadre régional, le cadre multilatéral : j'ai parlé de l'Agence internationale de l'énergie atomique, mais aussi à travers le Conseil de sécurité. Je crois qu'il faut user de tous les moyens disponibles. Nous avons sur cette question une obligation de résultat. Devant une crise comme celle-ci, il est important que la communauté internationale puisse l'aborder de façon unie et j'ai longuement évoqué avec tous mes interlocuteurs aujourd'hui cette question de la Corée du Nord. Je crois qu'il y a un sentiment d'urgence, un sentiment de mobilisation sur cette question, en privilégiant bien sûr la voie du dialogue. Nous souhaitons que la Corée du Nord puisse comprendre rapidement que la situation actuelle n'est pas acceptable pour la communauté internationale, que les atteintes au régime de non prolifération ne peuvent être tolérées par la communauté internationale et nous devons donc adopter cette position commune et marquer notre détermination d'aboutir en explorant toutes les voies possibles, toutes celles qui sont à la disposition de chacun d'entre nous et de la communauté internationale.
Q - Le président Saddam Hussein a exprimé son intention de se battre jusqu'au bout. Face à cette situation, pensez-vous que la guerre est irrémédiable ou êtes-vous plutôt d'avis qu'il est encore possible d'aboutir à une solution pacifique ? Par ailleurs est-ce que vous pensez que dans les circonstances actuelles, la Chine et la France pourraient jouer un rôle encore plus actif pour résoudre cette crise ?
R - Tout à fait. Je crois que tous les pays membres du Conseil de sécurité, tous les membres permanents ont une responsabilité particulière. Le cadre qui a été choisi par la résolution 1441, l'engagement qui a été pris par chacun des Etats de passer par la voie de la sécurité collective, la voie des Nations unies, nous fixent le cap. Le cap, l'objectif, c'est le désarmement de l'Iraq ; et les moyens à utiliser, les inspections.
Nous devons donc faire en sorte que cette coopération active que nous demandons à l'Iraq d'accepter, puisse produire tous ses fruits et il faut bien sûr que chacun puisse se doter des moyens nécessaires. C'est pour cela que j'ai écrit à tous les membres du Conseil de sécurité, pour que tous les moyens - moyens en hommes, moyens en matériel - puissent être donnés aux inspecteurs, qu'il s'agisse de la commission de contrôle de la CCVINU ou de la commission de contrôle de l'Agence internationale de l'Energie atomique, et pour que, par ailleurs, tous les pays qui disposent de moyens d'information privilégiés pour permettre aux inspections d'être plus efficaces, les partagent avec la commission de contrôle et l'AIEA. Les conditions sont réunies pour permettre à ces inspections d'être efficaces et de donner tous les résultats possibles. Nous devons bénéficier, en tant que Conseil de sécurité, de toutes les informations et bien évidemment nous nous adressons aux inspecteurs qui sont les mieux à même pour faire le point au quotidien. Un processus d'information régulier du Conseil existe ; sa prochaine étape sera le 27 janvier où un rapport complet sera fait par les inspecteurs devant le Conseil de sécurité. Il est donc important, pour la crédibilité même de ces inspections, que tout soit fait pour que les informations, les moyens nécessaires permettent à ce cadre que nous avons fixé ensemble de fonctionner dans les meilleures conditions.
Q - Pendant vos discussions avec les officiels chinois, avez-vous à quelque moment que ce soit, encouragé la Chine à utiliser sa position d'alliée de la Corée du Nord pour l'encourager à atteindre un règlement ? Comment ont répondu les Chinois et quels ont été vos commentaires ? Etes-vous satisfait de ce que vous avez entendu ?
R - Devant la situation de la Corée du Nord, il est important que chacun puisse utiliser les moyens qui sont les siens et que tous les moyens disponibles puissent être utilisés. Et dans le cadre des discussions que j'ai pu avoir avec les autorités chinoises, il apparaît clairement que la voie privilégiée aujourd'hui est celle de la relation bilatérale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Mais chacun comprend bien la nécessité d'aboutir et donc d'explorer les autres voies qui seraient possibles. Je crois donc que le chemin tracé par les uns et par les autres est clair : essayer de faire avancer par tous les moyens le pragmatisme, la recherche d'une solution. Nous évoquons la perspective d'une rencontre entre la Corée du Nord et la Corée du Sud et cela participe aussi de la recherche d'une solution. Je crois que tout ce qui peut permettre la recherche d'une solution politique, la recherche d'une solution diplomatique doit être privilégié. Il y a là un objectif qui, je crois, est partagé par tous les membres de la communauté internationale. Nous devons faire en sorte aussi d'assumer pleinement nos responsabilités, c'est pour cela que je pense qu'il est important de réfléchir à l'approche multilatérale le moment venu, qu'il s'agisse de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qu'il s'agisse du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q - Quelles sont les mesures économiques ou matérielles que compte adopter la communauté internationale, y compris l'Union européenne, pour aider la Corée du Nord ?
R - La communauté internationale a des règles. Il est important que ces règles soient appliquées par tous ses membres. Le droit, la morale, les grands principes doivent être respectés et il est donc essentiel que la Corée du Nord qui est aujourd'hui en infraction par rapport aux règles internationales, les applique. Que l'on puisse l'y inciter dans le cadre d'un dialogue bilatéral, dans le cadre de contacts régionaux par l'approche multilatérale, je crois que cela est non seulement possible mais souhaitable. Mais il est clair que la Corée du Nord doit accepter de se conformer à ses engagements. Il y a là un principe je crois qui ne peut pas souffrir d'exception, et il est important que la Corée du Nord le comprenne. C'est une règle qui s'impose à tous.
Q - Dans quelle mesure croyez-vous que la guerre en Iraq peut être évitée ?
R - Je crois que c'est l'objectif des uns et des autres, et j'ai évidemment noté la convergence de vues qui existe avec les autorités russes et les autorités chinoises dans le choix de cette approche collective qui est un choix commun du Conseil de sécurité ; nous voulons donner toutes ses chances à la paix, toutes ses chances à la coopération ; nous voulons faire en sorte que cette coopération puisse être efficace. Il y a là je crois une approche claire pour le moment, et les inspections qui se sont déroulées au cours de ces dernières semaines marquent bien que le système de sécurité collective peut fonctionner. Il est important que cette coopération du côté de l'Iraq puisse être active, la plus active possible, de façon à faire en sorte que le système dont nous dépendons soit mis en place, puisse conduire au plein désarmement de l'Iraq dans les meilleures conditions possibles. Je crois que le cadre est clair, ensuite, chacun peut avoir son analyse et sa vision des choses. Je note que les déclarations du secrétaire d'Etat Colin Powell vont dans le même sens qui est qu'il n'y a pas de décision américaine : le cadre choisi c'est celui de la sécurité collective et du Conseil de sécurité, le reste aujourd'hui est spéculation.
Q - L'hypothèse la plus généralement admise est que les Etats-Unis iront quoi qu'il en soit de l'avant et attaqueront l'Iraq. Pensez-vous que les inspecteurs auront suffisamment de temps pour empêcher qu'un tel scénario se produise ?
R - Je crois que la communauté internationale, le Conseil de sécurité, a fait un choix. Et je crois qu'il faut être cohérent, logique, dès lors que ces inspections fonctionnent et nous attendons évidemment les rapports qui seront faits par les inspecteurs, dés lors qu'une chance peut être donnée à ces inspections, nous n'avons pas de raison de changer notre décision, qui est de passer par les inspections sur place. On a là en conséquence un choix qui est fait par le Conseil de sécurité qui est de demander aux inspecteurs de faire leur travail, aux inspecteurs de nous dire s'ils sont gênés, s'ils peuvent travailler dans de bonnes conditions, et c'est pour cela que la France a estimé nécessaire, dans le cadre de sa présidence du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, d'attirer l'attention de chacun des membres du Conseil de sécurité sur le besoin de doter les inspecteurs de tous les moyens nécessaires, sur la nécessité de rassembler toutes les informations disponibles données par les uns et par les autres, pour permettre à ces informations d'être pleinement efficaces. Il y a là aujourd'hui un processus qui est engagé et je ne vois rien qui puisse modifier cette perspective dans la situation actuelle.
Q - Si les inspecteurs ne trouvaient aucune preuve alléguée que l'Iraq a des armes de destruction massive, pensez-vous qu'il serait malgré tout justifié que les Etats-Unis attaquent l'Iraq ?
R - Dès lors qu'un processus de coopération est engagé, dès lors que cette coopération est effective sur le terrain, dès lors que vous avez des inspecteurs qui vous disent qu'ils sont capables de mener à bien leurs travaux, il n'y a pas de raison de changer de logique. Le principe de la coopération continue de s'appliquer, dés lors que la voie qui est choisie permet de continuer à travailler dans le même sens et d'aboutir.
Q - Monsieur le Ministre, dès novembre dernier le Programme alimentaire mondial nous a annoncé que la Corée du Nord allait manquer d'un million de tonnes de blé pour nourrir sa population. D'autre part, cet hiver, qui est semble-t-il l'hiver le plus froid depuis vingt ans, nous faisons face probablement à la famine la plus importante que la Corée du Nord ait connu au cours des dix ou vingt dernières années. Par rapport à cela, est ce que cette question d'après les interlocuteurs que vous avez rencontrés ces derniers jours, est-ce que cette famine est reconnue comme un élément constitutif de la crise à laquelle nous faisons face maintenant et, si oui, est-ce que tous les gouvernements des pays en question sont prêts à intégrer cet élément dans la réponse, c'est à dire à nourrir la Corée du Nord ?
R - Dés lors que des populations civiles sont concernées, dés lors qu'il y a souffrance, il est évidemment de la responsabilité de la communauté internationale d'y faire face. C'est ce que nous avons fait à travers un dispositif particulier que nous avons mis en place en Iraq, c'est ma conviction que nous devons le faire aussi en Corée du Nord et c'est ce que fait l'Union européenne, vous l'avez vu, à travers l'aide humanitaire qu'elle a décidé d'acheminer vers la Corée du Nord. Il est important d'alléger les souffrances des populations civiles.
Q - A votre avis quel niveau d'influence a la Chine sur la Corée du Nord spécialement sur cette question nucléaire ? Et quelle motivation devrait donner la communauté internationale à la Corée du Nord pour qu'elle se dénucléarise ? De toute façon, la Corée du Nord fait partie de " l'Axe du mal " même sans se dénucléariser, alors pourquoi devrait-elle procéder à cette dénucléarisation ?
R - Une fois de plus, il ne m'appartient pas de commenter ou de parler au nom des autorités chinoises, mais il est évident que la situation géographique, la proximité sont autant de facteurs qui peuvent permettre à la Chine d'avoir une influence particulière sur cette crise ; il est important que chacun des pays concernés de la région, de la communauté internationale, les membres permanents du Conseil de sécurité puissent se mobiliser ; il y a là une responsabilité pour chacun d'entre nous, y compris bien sûr pour la France. En ce qui concerne la question de "pourquoi est-ce que la Corée du Nord accepterait de modifier sa politique" : tout simplement parce que la communauté internationale fonctionne avec un minimum de règles et pour participer à la vie de la communauté internationale il faut respecter ces règles. C'est le même message qui s'adresse partout : en Iraq, quand l'Iraq ne respecte pas les résolutions du Conseil de sécurité, à la Corée du Nord quand la Corée du Nord ne respecte pas ses engagements acceptés en 1994 ; il y a là un principe simple et je crois qu'il est parfois important, y compris sur la scène internationale, de rappeler les choses avec un peu de bon sens
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 janvier 2003)