Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur le bilan et les suites à donner à la réunion de Matignon avec les élus de la Corse, à l'Assemblée nationale le 15 décembre 1999.

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Circonstance : Réponse à une question de R. Francisci, député RPR de Corse, le 15 décembre 1999

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
J'étais, vous voudrez bien me le pardonner, au bicentenaire du Conseil d'Etat où je devais intervenir et je dois partir dans quelques instants pour le Japon, en respectant un horaire précis.
Monsieur Francisci ayant eu l'amabilité de me faire savoir qu'il me poserait une question sur la Corse, je suis venu pour y répondre.
Mesdames et messieurs les députés, je vous l'avais annoncé ici même, le 30 novembre 1999, j'avais lancé une invitation aux élus de Corse afin qu'ils viennent à Matignon pour ouvrir un dialogue avec moi, comme plusieurs d'entre eux, d'ailleurs, y compris appartenant à vos rangs, l'avaient souhaité.
Je l'ai fait pour parler de la situation en Corse, pour écouter ceux qui en sont les élus : présidents des exécutifs, présidents des groupes représentés à l'Assemblée de Corse, parlementaires de la Corse.
Je l'ai fait avec pour objectif d'organiser un échange, de sortir d'une situation de blocage, de réagir face au malaise de l'île par une prise de responsabilité de ses élus et par une écoute attentive de l'Etat.
Je l'ai fait pour ouvrir une démarche politique, par une initiative réunissant les élus du suffrage universel.
Je l'ai fait pour que ce débat se déroule de manière transparente, au grand jour, sous le regard et le contrôle de nos concitoyens en Corse et sur le territoire continental. C'est ainsi que je conçois l'exercice de la démocratie et c'est ainsi, par un dialogue ouvert, que je traiterai les problèmes de la Corse.
Tous les élus conviés et vous-même, monsieur le député - je vous en remercie - ont répondu à cette invitation. Ils se sont exprimés dans leur diversité, avec une grande liberté, sans nier leurs divergences, avec des préoccupations en même temps parfois communes. J'ai redit la condamnation par l'Etat de la violence. J'ai dit que nous la condamnions et que nous la combattions, que nous le ferions toujours, et nous sommes d'ailleurs, ces jours-ci, en train d'en administrer concrètement la preuve sur le terrain. Parce que la loi doit être respectée.
J'ai proposé une méthode de travail, dit que dans un premier temps, dans la situation où nous étions, c'était d'abord aux élus de la Corse de réfléchir ensemble aux thèmes et aux objectifs qu'ils souhaitaient aborder avec le Gouvernement. Je n'ai pas souhaité limiter le champ de ces échanges. J'ai dit qu'aucun sujet n'était tabou. J'ai demandé ou souhaité que les représentants de la société civile en Corse puissent eux-mêmes être partie prenante de ce débat. Il revient, selon moi, aux élus de la Corse, à l'organiser même si le Gouvernement est prêt à prêter son concours.
Ce travail, quand les élus l'auront accompli, lorsqu'ils m'auront fait des propositions, lorsqu'ils auront aussi exprimé la diversité, parfois même l'opposition de leurs points de vue, pourrait déboucher sur une seconde réunion que je tiendrai moi-même avec les ministres, dont nous avons pensé ensemble, mes interlocuteurs et les membres du Gouvernement présents avec moi, qu'elle pourrait avoir lieu en février ou mars. Si cette réunion, ce travail préparatoire permet d'élaborer des grands sujets, des grands thèmes, des grands dossiers, voire des propositions, nous pourrions alors mettre en place des groupes de travail qui nous permettraient d'affiner le traitement des problèmes de la Corse.
Messieurs, aucune performance historique ne devrait permettre à ceux qui s'expriment y compris dans cette assemblée de traiter avec indifférence la démarche engagée pour essayer de trouver un chemin et c'est ce que nous ferons.
Cette réunion a permis un véritable échange. Je souhaite qu'elle permette d'enclencher une dynamique. En démocratie, personne ne peut se dérober à ses responsabilités. J'ai la conviction que si chacun veut bien se montrer à la hauteur de l'enjeu, nous pouvons essayer de définir les conditions d'un mieux-vivre ensemble en Corse. Cette aspiration est commune à tous les Corses, et j'espère qu'elle sera partagée sur les bancs de cette assemblée.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 17 décembre 1999)