Texte intégral
F. Laborde.- Avec O. Besancenot ce matin, nous allons parler "lutte" au sens large, et "contestation" possible ou probable. Avec d'abord, un premier rendez-vous le 3 octobre : une manifestation pour le service public, au sens le plus large du terme. Ce sera pourquoi ? Pour à la fois sauver le service public, contre des privatisations telles qu'elles sont envisagées, mettre en garde contre les soubresauts du marché boursier qu'on vient de voir ? Tout cela à la fois ?
- "Je crois que ce sera sûrement un peu "tout cela à la fois". Ce sera un premier avertissement d'abord pour la droite, un premier encouragement pour tous qui, au-delà même des salariés de ces entreprises, veulent poser un choix de civilisation en vérité, c'est de savoir si aujourd'hui, on développe des services qui répondent à des besoins. On vient de le voir encore aujourd'hui. Il y a des besoins qui sont pour nous fondamentaux. Se soigner par exemple dans les hôpitaux, se chauffer, s'éclairer. Cela fait partie des droits qui devraient être prioritaires sur le profit. Et on peut tirer le bilan des privatisations : si on faisait un petit détour du côté de la Grande-Bretagne, on se rendrait compte qu'aujourd'hui, la majorité des Britanniques sont contre les privatisations, parce qu'on en a connu un triste bilan au niveau économique, au niveau de la sécurité, dans le rail, l'énergie ou le transport aérien."
La privatisation n'est pas exactement la même chose que la sauvegarde du service public. On voit effectivement dans les hôpitaux, où là on ne parle pas de privatisations, que la difficulté c'est le niveau de salaire, le recrutement des infirmières qui manquent effectivement...
- "C'est bien pour cela que je parle d'un vrai choix de civilisation aujourd'hui et que ce qui est posé actuellement, c'est une mobilisation d'ensemble des salariés et des usagers contre la marchandisation de ces services, un peu dans le cadre du mouvement anti-mondialisation. Et puis on a même toutes les raisons d'être optimistes, puisque vous avez même pu constater que J.-M. Sylvestre, le chroniqueur boursier..."
Notre confrère de TF1 "s'est converti"...
- "Absolument, il était un peu "l'ayatollah du libéralisme", il a fait son mea culpa, et c'est tout à son honneur, en expliquant que, malade cet été, le trou de la Sécurité sociale qu'il a tant critiquée pendant des années et des années, lui a finalement sauvé la vie. Alors, si lui est convaincu, peut-être même que J.-P. Gaillard [chroniqueur boursier sur France Info] nous expliquera un jour qu'il faut créer plus d'hôpitaux, plus d'écoles..."
Alors, puisque vous évoquez la Bourse, avant de revenir justement au service public, il y a quand même de quoi être préoccupé, car là on est d'abord dans un véritable krach boursier et, au-delà, dans une crise du capitalisme ?
- "Je crois que oui, c'est une crise du système qu'on est en train de voir. De plus, aujourd'hui, on est dans une situation un peu folle où, de krach boursier en krach boursier, de crise financière en crise financière, on a des marchés internationaux qui tremblent sur la Bourse de New York, les Bourses européennes et qui, du coup, quand elles tremblent, font "canner" [sic] un pays tout entier comme l'Argentine ou toute une série d'autres pays actuellement. Donc, c'est une crise du capitalisme, qui ne sera jamais éthique, contrairement à ce que l'on nous dit. Qui ne sera pas plus éthique qu'il aurait pu être populaire il y a quelques années, quand on distribuait des millions d'actions à des millions d'actionnaires qui n'ont plus que leurs yeux pour "chialer" aujourd'hui, à France Télécom, à Vivendi Universal ou dans tant d'autres entreprises."
Effectivement, on a vu des grands groupes... Vivendi Universal, on peut penser qu'il y avait quelques erreurs de management ; France Télécom, après tout, M. Bon était considéré comme un patron exemplaire ; Alcatel, on voit que l'action baisse aussi parce qu'ils manquent de débouchés. Est-ce qu'au fond, il n'y a pas eu à un moment donné aussi une erreur dans la gestion de France Télécom, qui était d'être à cheval entre le privé et le public ?
- "Non, je crois que toutes les réponses actuelles du Gouvernement, qui consistent à accélérer la valse des directions entre France Télécom, la Poste etc., cela ne changera strictement rien. Parce qu'il y a un bilan qui est à faire, qui est celui, une fois de plus, d'une question de société en tant que telle. Si on prend l'exemple de Vivendi Universal, on pourra continuer à changer J.-M. Messier ou d'autres ; le problème c'est que Vivendi Universal par exemple, a fait tout son business sur quelque chose qui était du domaine de l'eau, quelque chose qui devrait être, à mon avis, du point de vue du mouvement social, du domaine du patrimoine commun de l'humanité. On devrait interdire à une quelconque multinationale de pouvoir faire du business sur ces questions-là. Donc, Vivendi Universal ne pourra jamais faire d'éthique et il ne faudra pas demander à Vivendi Universal de devenir un jour un peu moral."
France Télécom, il faut que ça reste à cheval ? Vous ne m'avez pas répondu...
- "Ce que je pense aujourd'hui, c'est qu'il faut prendre la question des correspondances, des télécommunications comme des besoins, à l'échelle européenne. Les opérateurs publics, plutôt que de se faire la guerre entre eux, devraient faire un premier pas dans une coordination qui devrait mettre en place un service public européen. Il faut donc revenir à un service public en tant que tel, et sûrement pas à quelque chose qui soit privatisé totalement ou à moitié."
On annonce T. Breton, l'actuel patron de Thomson Multimédia, comme futur patron de France Télécom. Votre avis ?
- "Je crois que cela va dans la même logique. On va chercher à taper un peu plus vite et un peu plus fort. On va chercher à démanteler un petit peu plus encore le service public. C'est une mauvaise nouvelle, comme ce qui a pu se passer à la Poste. Une fois de plus, la réplique viendra des salariés. C'est pour cela que la journée d'action de jeudi prochain est particulièrement importante et ce sera de toutes les façons un premier succès qui rentrera en résonance avec les prochaines grèves annoncées dans l'Education nationale ou dans les hôpitaux publics."
Vous nous annoncez des mouvements qui vont aller en s'amplifiant ?
- "Je ne les annonce pas, parce que je le lis pas dans le marc de café. En tout cas, on fait tout pour que ce type de mouvement social, c'est-à-dire et les salariés du secteurs public mais aussi les salariés du secteur privé, voient le jour, parce qu'aujourd'hui, il faut un fond de résistance permanent à la politique de la droite, qui fait de grands discours, beaucoup de communication, qui essaye de nous faire oublier avec des mots quel camp social elle défend. Mais aujourd'hui, il suffit de voir le budget qu'elle nous a "pondus" pour savoir à peu près qui elle compte épauler, c'est-à-dire les assureurs, les actionnaires et le grand patronat, mais sûrement pas les salariés, ni même les usagers."
Vous parlez des "actionnaires" : on voit beaucoup aujourd'hui, ceux qu'on appelle "les petits actionnaires", "les petits porteurs" ou "les actionnaires minoritaires" qui sont aussi, parfois d'ailleurs, des actionnaires salariés, essayer effectivement de défendre parfois les économies de toute une vie. Que peut-on leur dire à ces gens qui sont en train de voir fondre leurs économies ? Doivent-ils venir manifester avec eux, faut-il les défendre ou, au contraire, leur dire "vous avez joué, vous avez perdu, tant pis pour vous !" ?
- "L'ultra majorité du personnel de France Télécom avait pris des actions à France Télécom, et s'est bien rendu compte d'abord qu'elle n'avait aucun pouvoir dans le sort même de son entreprise..."
Faut-il donner plus de pouvoirs à ces actionnaires salariés ou petits actionnaires, au conseil d'administration ?
- "Il faudrait la transparence intégrale des salariés sur leur propre entreprise, qu'elle soit publique ou privée. Nous, on serait pour une ouverture des livres de comptes, toute une série de droits démocratiques nouveaux. Car pour nous, la démocratie ne s'arrête pas à l'entrée des entreprises. Mais les actionnaires de France Télécom, ces salariés-là, non seulement n'avaient aucun pouvoir sur le sort de l'entreprise mais de plus, sont victimes des prochains plans de licenciements. Et c'est pour cela évidemment qu'on se retrouvera massivement dans la rue jeudi prochain."
Vous nous dites que lorsqu'on est salarié, on ne peut pas être actionnaire ? Il faut choisir son camp ?
- "Je dirais que ce sont les leçons des dernières années et que la schizophrénie de toute façon ne dure pas très longtemps, puisqu'au bout du compte, on se rend compte qu'on n'a aucun pouvoir dans cette société-là, si ce n'est le droit de se prendre un peu plus de coups dans "la poire" depuis plus de 25 ans maintenant !"
On comprend bien que vous soyez critique à l'égard du gouvernement de J.-P. Raffarin. En même temps, peut-on dire qu'il n'a pas une conjoncture économique très favorable et qu'ils n'y sont pas pour grand chose ?
- "Je crois qu'ils ont un contexte économique et politique effectivement un peu spécifiques. C'est pour cela qu'ils préfèrent faire à longueur de journée de "la gonflette" avec leurs grosse majorité politique, pour mieux dissimuler leur toute petite légitimité. Et effectivement, dans un contexte économique où la perspective de retour à la croissance est quand même au moins beaucoup plus lointain que la perspective d'un éventuel mouvement social. Cela, la droite le sait, nous on le sait. C'est pour cela qu'une fois de plus, je dis bien que leur pire cauchemar à eux sera notre espoir à nous. Ce que redoute particulièrement la droite, c'est la perspective d'un nouveau décembre 1995, qui avait fait tellement peur à A. Juppé à l'époque, et qui continue à hanter la droite aujourd'hui."
Quand vous voyez le PS se débattre dans la recomposition de ses courants - on vient de voir l'alliance Emmanuelli-Mélenchon, l'appel de la gauche -, que leur dites-vous ? Que "vous c'est vous et moi c'est moi" ?
- "Non, on jugera sur les faits, je jugerai sur les actes. J'espère que le PS, pour une fois, pensera un peu plus au sort des salariés qu'à son propre sort pour les prochaines élections. Et je crois que tous les courants à gauche qui, longueur de tribunes, ont toute une série de bonne résolutions, auraient pu au moins avoir la décence en cinq ans, pour certains d'entre eux, d'en appliquer une toute petite mesure. Il y a donc un problème probablement de crédibilité. On jugera sur les actes."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er oct 2002)
- "Je crois que ce sera sûrement un peu "tout cela à la fois". Ce sera un premier avertissement d'abord pour la droite, un premier encouragement pour tous qui, au-delà même des salariés de ces entreprises, veulent poser un choix de civilisation en vérité, c'est de savoir si aujourd'hui, on développe des services qui répondent à des besoins. On vient de le voir encore aujourd'hui. Il y a des besoins qui sont pour nous fondamentaux. Se soigner par exemple dans les hôpitaux, se chauffer, s'éclairer. Cela fait partie des droits qui devraient être prioritaires sur le profit. Et on peut tirer le bilan des privatisations : si on faisait un petit détour du côté de la Grande-Bretagne, on se rendrait compte qu'aujourd'hui, la majorité des Britanniques sont contre les privatisations, parce qu'on en a connu un triste bilan au niveau économique, au niveau de la sécurité, dans le rail, l'énergie ou le transport aérien."
La privatisation n'est pas exactement la même chose que la sauvegarde du service public. On voit effectivement dans les hôpitaux, où là on ne parle pas de privatisations, que la difficulté c'est le niveau de salaire, le recrutement des infirmières qui manquent effectivement...
- "C'est bien pour cela que je parle d'un vrai choix de civilisation aujourd'hui et que ce qui est posé actuellement, c'est une mobilisation d'ensemble des salariés et des usagers contre la marchandisation de ces services, un peu dans le cadre du mouvement anti-mondialisation. Et puis on a même toutes les raisons d'être optimistes, puisque vous avez même pu constater que J.-M. Sylvestre, le chroniqueur boursier..."
Notre confrère de TF1 "s'est converti"...
- "Absolument, il était un peu "l'ayatollah du libéralisme", il a fait son mea culpa, et c'est tout à son honneur, en expliquant que, malade cet été, le trou de la Sécurité sociale qu'il a tant critiquée pendant des années et des années, lui a finalement sauvé la vie. Alors, si lui est convaincu, peut-être même que J.-P. Gaillard [chroniqueur boursier sur France Info] nous expliquera un jour qu'il faut créer plus d'hôpitaux, plus d'écoles..."
Alors, puisque vous évoquez la Bourse, avant de revenir justement au service public, il y a quand même de quoi être préoccupé, car là on est d'abord dans un véritable krach boursier et, au-delà, dans une crise du capitalisme ?
- "Je crois que oui, c'est une crise du système qu'on est en train de voir. De plus, aujourd'hui, on est dans une situation un peu folle où, de krach boursier en krach boursier, de crise financière en crise financière, on a des marchés internationaux qui tremblent sur la Bourse de New York, les Bourses européennes et qui, du coup, quand elles tremblent, font "canner" [sic] un pays tout entier comme l'Argentine ou toute une série d'autres pays actuellement. Donc, c'est une crise du capitalisme, qui ne sera jamais éthique, contrairement à ce que l'on nous dit. Qui ne sera pas plus éthique qu'il aurait pu être populaire il y a quelques années, quand on distribuait des millions d'actions à des millions d'actionnaires qui n'ont plus que leurs yeux pour "chialer" aujourd'hui, à France Télécom, à Vivendi Universal ou dans tant d'autres entreprises."
Effectivement, on a vu des grands groupes... Vivendi Universal, on peut penser qu'il y avait quelques erreurs de management ; France Télécom, après tout, M. Bon était considéré comme un patron exemplaire ; Alcatel, on voit que l'action baisse aussi parce qu'ils manquent de débouchés. Est-ce qu'au fond, il n'y a pas eu à un moment donné aussi une erreur dans la gestion de France Télécom, qui était d'être à cheval entre le privé et le public ?
- "Non, je crois que toutes les réponses actuelles du Gouvernement, qui consistent à accélérer la valse des directions entre France Télécom, la Poste etc., cela ne changera strictement rien. Parce qu'il y a un bilan qui est à faire, qui est celui, une fois de plus, d'une question de société en tant que telle. Si on prend l'exemple de Vivendi Universal, on pourra continuer à changer J.-M. Messier ou d'autres ; le problème c'est que Vivendi Universal par exemple, a fait tout son business sur quelque chose qui était du domaine de l'eau, quelque chose qui devrait être, à mon avis, du point de vue du mouvement social, du domaine du patrimoine commun de l'humanité. On devrait interdire à une quelconque multinationale de pouvoir faire du business sur ces questions-là. Donc, Vivendi Universal ne pourra jamais faire d'éthique et il ne faudra pas demander à Vivendi Universal de devenir un jour un peu moral."
France Télécom, il faut que ça reste à cheval ? Vous ne m'avez pas répondu...
- "Ce que je pense aujourd'hui, c'est qu'il faut prendre la question des correspondances, des télécommunications comme des besoins, à l'échelle européenne. Les opérateurs publics, plutôt que de se faire la guerre entre eux, devraient faire un premier pas dans une coordination qui devrait mettre en place un service public européen. Il faut donc revenir à un service public en tant que tel, et sûrement pas à quelque chose qui soit privatisé totalement ou à moitié."
On annonce T. Breton, l'actuel patron de Thomson Multimédia, comme futur patron de France Télécom. Votre avis ?
- "Je crois que cela va dans la même logique. On va chercher à taper un peu plus vite et un peu plus fort. On va chercher à démanteler un petit peu plus encore le service public. C'est une mauvaise nouvelle, comme ce qui a pu se passer à la Poste. Une fois de plus, la réplique viendra des salariés. C'est pour cela que la journée d'action de jeudi prochain est particulièrement importante et ce sera de toutes les façons un premier succès qui rentrera en résonance avec les prochaines grèves annoncées dans l'Education nationale ou dans les hôpitaux publics."
Vous nous annoncez des mouvements qui vont aller en s'amplifiant ?
- "Je ne les annonce pas, parce que je le lis pas dans le marc de café. En tout cas, on fait tout pour que ce type de mouvement social, c'est-à-dire et les salariés du secteurs public mais aussi les salariés du secteur privé, voient le jour, parce qu'aujourd'hui, il faut un fond de résistance permanent à la politique de la droite, qui fait de grands discours, beaucoup de communication, qui essaye de nous faire oublier avec des mots quel camp social elle défend. Mais aujourd'hui, il suffit de voir le budget qu'elle nous a "pondus" pour savoir à peu près qui elle compte épauler, c'est-à-dire les assureurs, les actionnaires et le grand patronat, mais sûrement pas les salariés, ni même les usagers."
Vous parlez des "actionnaires" : on voit beaucoup aujourd'hui, ceux qu'on appelle "les petits actionnaires", "les petits porteurs" ou "les actionnaires minoritaires" qui sont aussi, parfois d'ailleurs, des actionnaires salariés, essayer effectivement de défendre parfois les économies de toute une vie. Que peut-on leur dire à ces gens qui sont en train de voir fondre leurs économies ? Doivent-ils venir manifester avec eux, faut-il les défendre ou, au contraire, leur dire "vous avez joué, vous avez perdu, tant pis pour vous !" ?
- "L'ultra majorité du personnel de France Télécom avait pris des actions à France Télécom, et s'est bien rendu compte d'abord qu'elle n'avait aucun pouvoir dans le sort même de son entreprise..."
Faut-il donner plus de pouvoirs à ces actionnaires salariés ou petits actionnaires, au conseil d'administration ?
- "Il faudrait la transparence intégrale des salariés sur leur propre entreprise, qu'elle soit publique ou privée. Nous, on serait pour une ouverture des livres de comptes, toute une série de droits démocratiques nouveaux. Car pour nous, la démocratie ne s'arrête pas à l'entrée des entreprises. Mais les actionnaires de France Télécom, ces salariés-là, non seulement n'avaient aucun pouvoir sur le sort de l'entreprise mais de plus, sont victimes des prochains plans de licenciements. Et c'est pour cela évidemment qu'on se retrouvera massivement dans la rue jeudi prochain."
Vous nous dites que lorsqu'on est salarié, on ne peut pas être actionnaire ? Il faut choisir son camp ?
- "Je dirais que ce sont les leçons des dernières années et que la schizophrénie de toute façon ne dure pas très longtemps, puisqu'au bout du compte, on se rend compte qu'on n'a aucun pouvoir dans cette société-là, si ce n'est le droit de se prendre un peu plus de coups dans "la poire" depuis plus de 25 ans maintenant !"
On comprend bien que vous soyez critique à l'égard du gouvernement de J.-P. Raffarin. En même temps, peut-on dire qu'il n'a pas une conjoncture économique très favorable et qu'ils n'y sont pas pour grand chose ?
- "Je crois qu'ils ont un contexte économique et politique effectivement un peu spécifiques. C'est pour cela qu'ils préfèrent faire à longueur de journée de "la gonflette" avec leurs grosse majorité politique, pour mieux dissimuler leur toute petite légitimité. Et effectivement, dans un contexte économique où la perspective de retour à la croissance est quand même au moins beaucoup plus lointain que la perspective d'un éventuel mouvement social. Cela, la droite le sait, nous on le sait. C'est pour cela qu'une fois de plus, je dis bien que leur pire cauchemar à eux sera notre espoir à nous. Ce que redoute particulièrement la droite, c'est la perspective d'un nouveau décembre 1995, qui avait fait tellement peur à A. Juppé à l'époque, et qui continue à hanter la droite aujourd'hui."
Quand vous voyez le PS se débattre dans la recomposition de ses courants - on vient de voir l'alliance Emmanuelli-Mélenchon, l'appel de la gauche -, que leur dites-vous ? Que "vous c'est vous et moi c'est moi" ?
- "Non, on jugera sur les faits, je jugerai sur les actes. J'espère que le PS, pour une fois, pensera un peu plus au sort des salariés qu'à son propre sort pour les prochaines élections. Et je crois que tous les courants à gauche qui, longueur de tribunes, ont toute une série de bonne résolutions, auraient pu au moins avoir la décence en cinq ans, pour certains d'entre eux, d'en appliquer une toute petite mesure. Il y a donc un problème probablement de crédibilité. On jugera sur les actes."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er oct 2002)