Déclaration de M. Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale, sur l'importance de la coopération franco-allemande dans la construction européenne et l'élargissement de l'Europe, Versailles le 22 janvier 2003.

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Circonstance : Commémoration du 40ème anniversaire de la signature du Traité de l'Elysée-séance commune de l'Assemblée nationale et du Bundestag à Versailles (Yvelines) le 22 janvier 2003

Texte intégral

Monsieur le Président du Bundestag, Cher Wolfgang Thierse,
Monsieur le Chancelier fédéral,
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier ministre,
Mes Chers Collègues,
Nous voici donc enfin rassemblés.
Que de chemin parcouru pour en arriver là.
Il a fallu d'abord que deux personnalités exceptionnelles, le Général de Gaulle et Konrad Adenauer fassent le choix historique de la réconciliation. Sans leur volonté de surmonter nos passés respectifs, rien n'aurait été possible.
Sur cette base pouvait alors s'élaborer l'acte fondateur de la relation franco-allemande contemporaine, le traité de l'Élysée dont nous fêtons aujourd'hui la quarantième année.
Il y eut ensuite la prise de conscience progressive mais jamais interrompue d'un destin commun dans une Europe en gestation. Ce furent Georges Pompidou et Willy Brandt fortifiant la Communauté Économique Européenne, sans oublier de nouer le dialogue avec l'Est du continent. Ce furent Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt posant les bases de l'Union monétaire.
Le temps était désormais mûr pour approfondir encore nos liens et pour le manifester par la force du geste. Ce furent François Mitterrand et Helmut Kohl, main dans la main sur les tombes de Verdun.
En vous rendant aujourd'hui à Versailles, Monsieur le Président de la République et Monsieur le Chancelier, quelques jours seulement après avoir manifesté votre volonté commune de faire avancer l'Europe, c'est ce patrimoine politique que vous reprenez à votre compte, et que vous faites, une fois encore, fructifier.
C'est aussi dans cette lignée et cette perspective que nous entendons collectivement nous placer. Nous sommes convaincus que nos générations ont, elles aussi, la responsabilité d'imprimer leur marque à cette relation singulière entre la France et l'Allemagne. Celle-ci ne peut ni se désincarner, ni se banaliser, sans risquer de se perdre.
C'est pourquoi nous avons voulu, nous, députés français et membres du Bundestag nous réunir aujourd'hui dans cet hémicycle. Nous sommes plus de 900 parlementaires de France et d'Allemagne qui représentons ici leurs Nations souveraines, dans leur unité politique comme dans la diversité de leurs identités locales. Nous avons voulu siéger côte à côte sur les mêmes bancs, transcender nos clivages partisans, à l'occasion de cette séance commune, avec la ferme espérance que cette représentation fasse date dans la mémoire collective.
C'est animés du même esprit de fraternité que nous avons voulu ce matin, lors d'une réunion exceptionnelle de nos deux Bureaux, élargie pour la circonstance à l'ensemble des groupes politiques du Bundestag et de l'Assemblée nationale, créer les conditions d'une nouvelle étape de nos relations bilatérales. La déclaration commune qui sera lue dans un instant par mon homologue, le Président Thierse, marque le point de départ d'échanges interparlementaires renforcés. Je forme le vu qu'ils se révèlent fructueux pour les deux démocraties que nous servons.
Car il s'agit d'affirmer qu'à l'amitié des hommes a succédé l'entente des peuples.
Il s'agit de préciser qu'à la coopération des gouvernements s'est ajouté le rapprochement des Parlements.
Il s'agit de montrer qu'à la relation entre les États s'est superposée une multitude de liens entre les territoires, entre les élus, entre les citoyens, qui font la vigueur du couple franco-allemand. Echanges, jumelages, écoles bilingues, la liste est longue de ces initiatives communes auxquelles les parlementaires sont souvent associés et qui cimentent une amitié durable.
Si la relation entre la Nation française et la Nation allemande se nourrit ainsi de puissants symboles et de coopérations variées, elle ne saurait pour autant s'en contenter.
C'est d'une vision commune de l'avenir de l'Europe dans le monde et d'une conception partagée des actions à conduire pour la faire prévaloir dont le couple franco-allemand peut, doit être porteur. A l'heure où nous vivons une situation internationale plus incertaine que jamais, est-il besoin de dire combien les représentants des peuples en ressentent l'ardente nécessité ?
Et alors que l'Europe fait face à l'immense défi de son élargissement avec toutes les conséquences qu'il emporte, comment ne pas voir dans la force d'entraînement de la relation franco-allemande le meilleur rempart au risque de la dilution ou de l'impuissance ?
L'esprit du Traité de l'Élysée est donc bien vivant car il est au cur même de notre actualité. Et si cette célébration est plus qu'un anniversaire, c'est qu'elle est surtout une invitation à écrire, ensemble, une nouvelle page de notre Histoire, de notre Histoire commune, de l'Histoire de l'Europe.
Vous allez nous dire, Monsieur le Chancelier, Monsieur le Président de la République, de quelle encre l'Allemagne que vous gouvernez, la France que vous dirigez, veulent rédiger ensemble ces prochaines pages des relations franco-allemandes et, donc, de l'Histoire de l'Europe.
Sachez, d'ores et déjà, que pour donner une nouvelle impulsion à l'amitié entre la France et l'Allemagne, les députés de l'Assemblée nationale et du Bundestag sont prêts à vous accompagner et à vous suivre.
(source http://www.assemblee-nationale.fr, le 28 janvier 2003)