Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, sur la politique d'aménagement et d'amélioration du réseau de transport fluvial et sur le port autonome d'Ivry, Ivry, le 22 octobre 1999.

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Circonstance : Inauguration du port autonome d'Ivry, à Ivry, le 22 octobre 1999

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil Général
Monsieur le Maire
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'être parmi vous ce matin pour cette inauguration du plus ancien et de l'un des plus importants des soixante-dix ports urbains gérés par le Port Autonome de Paris.
Comme vous le savez, le transport connaît aujourd'hui des mutations importantes. La société prend de plus en plus conscience du problème majeur que constitue la prédominance du transport routier de marchandise sur les autres modes, ferroviaire et fluvial notamment. Nos concitoyens appellent désormais de leurs voeux des modes de transports offrant le même service, en qualité et en coût, mais qui préservent l'environnement, qui soient sûrs et qui permettent de désengorger le réseau routier.
Ainsi, si la route est aujourd'hui incontournable, elle représente en région île-de-France 87 % des tonnages de marchandises transportées, nous devons tous nous efforcer, ici, en Île-de-France de rendre au transport fluvial la place que lui réserve depuis toujours la géographie. Dans cette région, c'est en effet 77 % de la population qui habite à moins de cinq kilomètres de la voie d'eau. C'est dire que l'on bénéficie d'un maillage important, qui doit nous permettre, après avoir enrayé le déclin du transport fluvial, de créer les conditions d'une nouvelle dynamique de développement.
C'est pourquoi, le gouvernement s'est engagé fortement depuis plus de deux années en faveur d'un renouveau de la politique portuaire et fluviale, particulièrement dans le bassin parisien.
Ainsi, les crédits consacrés à la remise en état et à l'amélioration du réseau, sur le Fond d'investissement des Transports Terrestres et des Voies Navigables (FITTVN), ont augmenté de plus de 40 % de 1997 à 1999, et atteindront 500 MF en 2000. A titre d'exemple, l'investissement dans la réhabilitation du réseau du bassin de la Seine est passé de moins de 100 MF en 1997 à 170 MF en 1998. Il devrait atteindre 230 MF cette année.
Cet engagement de l'État pourrait être encore plus élevé au cours du douzième plan, pour peu que les régions, comme je le souhaite, fassent du réseau fluvial une de leurs priorités pour leur développement économique au même titre que les réseaux ferré ou routier. Ce sont ainsi entre 300 et 350 MF par an qui pourraient alors être investis durant le douzième plan pour moderniser le réseau des voies navigables du bassin parisien.
Sans évoquer ici les grands projets tels que Seine-Nord, tout ceci s'est fait naturellement dans le souci d'améliorer la compétitivité de l'ensemble de la chaîne de transport depuis les ports maritimes et notamment le Havre avec le projet Port 2000, l'amélioration de la desserte fluviale des bassins du Havre et l'installation d'un terminal fluvial dédié aux conteneurs à l'intérieur du port actuel, jusque dans les ports fluviaux de la région parisienne, par des opérations de réhabilitation en certains endroits ou de modernisation comme ici, à Ivry-sur-Seine, comme ailleurs en région parisienne, à Gennevilliers ou à Bonneuil.
Cet effort sur l'infrastructure de base a été par ailleurs accompagné par la mise au point, avec les professionnels d'un contrat de modernisation du transport fluvial signé le 5 mai dernier. Ce contrat crée les conditions d'une dynamique nouvelle pour l'emploi et les investissements nécessaires en matériel fluvial.
L'engagement de l'État est aussi un engagement humain. Ce sont 5.300 agents de l'État et 300 agents de Voies Navigables de France qui oeuvrent de façon essentielle pour redynamiser le transport fluvial. Ce sont également 176 agents du Port Autonome de Paris qui permettent, au quotidien, d'irriguer la vie économique de la région. Je tiens à souligner la qualité du dialogue social dans l'établissement qui a permis la conclusion, le 30 juin dernier, d'un accord sur la réduction du temps de travail permettant la création de 11 nouveaux emplois.
C'est donc sur cette voie, celle d'un engagement fort en faveur de l'ensemble de la chaîne de transport fluviale et maritime, que le gouvernement s'est engagé, avec le concours des collectivités locales et celui des professionnels afin d'atteindre l'objectif que nous nous sommes fixé dans le cadre du projet de Plan de Déplacement Urbain, d'augmenter la part du transport fluvial de 3 points, c'est-à-dire de doubler le transport par voie d'eau d'ici 2010.
Mais le port d'Ivry-sur-Seine n'est pas uniquement l'extrémité d'une chaîne de transport qui commencerait au Havre ou sur les bords de Seine pour s'arrêter ici.
Le port d'Ivry ne doit être qu'un maillon -certes un maillon des plus structurant au niveau du secteur de redéveloppement de la Seine Amont- des chaînes logistiques et, à ce titre, être parfaitement intégré dans les réseaux franciliens, dans l'économie de la région et dans la ville. Cela justifie la réflexion concertée qui a été engagée afin d'assurer la plus grande cohérence possible des infrastructures existantes avec l'environnement économique, mais aussi avec l'environnement urbain.
S'agissant de son intégration au réseau local, le port se trouve situé en bordure d'un axe majeur pour la vie à Ivry-sur-Seine : la route nationale 19, que vous avez évoquée Monsieur le Maire. Une plate-forme portuaire concentre à sa sortie un important trafic de camions, c'est sa vocation puisqu'elle permet de réduire le transport routier au seul transport terminal. Ce trafic doit s'intégrer dans les flux de transports de la ville sans venir porter atteinte à la qualité de la vie des habitants. Cela impose une bonne gestion des activités qui s'installent dans la zone portuaire, et je sais que le Président du Port autonome de Paris et son directeur général, comme les représentants des entreprises, dont certains sont présents aujourd'hui, sont attentifs à cet aspect.
Cela impose également des aménagements pour assurer des transports urbains de qualité sur cette nationale 19. C'est pourquoi, j'ai demandé aux services de l'État de tout mettre en uvre pour que la liaison en site propre entre Ivry et Météor, qui doit s'intégrer à terme dans la liaison Masséna-Les Ardoines et que je sais très attendue, soit mise en place rapidement. Évidemment, le réseau d'autobus de la RATP sera réorganisé en conséquence afin d'assurer cette liaison, performante, dès les travaux terminés.
En matière d'intégration dans l'environnement urbain, il faut enfin saluer la qualité de l'aménagement qui marque ici le début de la réconciliation de la ville et de ses habitants avec le port d'Ivry, qui ancre ce port dans la ville et dans la cité. Cet aménagement paysager est en effet exemplaire de la volonté de répondre de façon concomitante premièrement à la nécessité de maintenir et de conforter les ports urbains au sein même de la zone dense et deuxièmement au désir exprimé par de nombreux franciliens d'avoir accès aux berges des fleuves, et en particulier à celles de la Seine.
Il permet ainsi de concilier le nécessaire soutien au développement économique local et la qualité de la vie des riverains qui peuvent profiter d'un espace urbain revalorisé.
Les services de l'établissement public du Port autonome de Paris, les architectes, les bureaux d'études doivent en être remerciés. Je souhaite que cet aménagement portuaire exemplaire serve à accélérer la réhabilitation des ports indispensables à la logistique urbaine à Paris et en petite couronne, dans le Val de Marne, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis. La présence aujourd'hui de nombreux maires intéressés par la requalification des ports urbains situés sur leur commune atteste de l'intérêt croissant des collectivités locales pour le transport fluvial.
Pour conclure, et en réponse à votre interrogation Monsieur le Maire sur un sujet qui, je le sais, vous tient particulièrement à cur, c'est aussi dans ce même cadre de soutien à l'activité économique, qu'il convient d'envisager la reconstruction du pont "Gosnat".
La fermeture de ce pont à la circulation des poids lourds et des autobus pour des raisons de sécurité est pénalisante pour le développement de la ville d'Ivry, pour son port, et pour ses habitants. A titre exceptionnel et pour tenir compte de la situation particulière de ce pont en centre-ville, Réseau Ferré de France est prêt à consentir un effort supplémentaire dans le financement de la remise en état de la circulation dans le centre d'Ivry.
L'entreprise publique prendra ainsi à sa charge la reconstruction du Pont "Gosnat" au nord de l'ouvrage actuel et assurera la démolition du tablier du pont actuel. En contrepartie, les collectivités locales assureraient les raccordements routiers au nouveau pont et prendrait en charge le nouveau tablier de l'ancien pont.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 28 octobre 1999)