Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, lors du point de presse conjoint avec M. Igor Ivanov, ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, sur la crise irakienne et le désarmement de l'Irak, la situation en Corée du Nord et au Proche-Orient, Moscou le 8 janvier 2003.

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Circonstance : Voyage officiel en Russie le 8 janvier 2003-point de presse à Moscou

Texte intégral

Je suis évidemment particulièrement heureux de me retrouver aujourd'hui à Moscou en compagnie de mon collègue et ami Igor Ivanov. C'est pour moi une rencontre importante parce qu'elle se situe à quelques semaines, Igor Ivanov l'a rappelé, de la visite du président Poutine à Paris. C'est une visite attendue, très importante pour les Français. C'est dans un contexte international de tension que nous avons dû faire un point détaillé de toutes les grandes questions d'actualité. Nous avons évoqué, Igor Ivanov l'a dit, les grandes questions régionales, l'Iraq bien sûr, la Corée du Nord. Nous avons aussi évoqué la lutte contre le terrorisme et je me réjouis que la Russie apporte son soutien à la proposition française. Une réunion au niveau interministériel doit se tenir très rapidement. Nous avons aussi évoqué bien évidemment les différentes crises, la situation au Proche-Orient. Nous avons évoqué la situation en Tchétchénie et j'ai marqué toute l'importance que la France attachait à ce que puisse être trouvée une solution à la présence de la mission OSCE en Tchétchénie.
En ce qui concerne l'Iraq, j'ai marqué quels sont les objectifs qui sont les nôtres et que nous partageons avec la Russie. Vous savez que la collaboration et la coopération entre nos deux pays est exemplaire depuis le début de la crise. L'objectif vous le connaissez, c'est le désarmement de l'Iraq, c'est la pleine application de la résolution 1441 qui fixe le cadre dans lequel la communauté internationale, les Nations unies, veulent agir. Nous voulons obtenir une coopération active de l'Iraq, il est donc important que puisse être dissipées toutes les zones d'ombre de la déclaration iraquienne. Nous souhaitons par ailleurs que tous les pays qui disposent d'informations précises particulières puissent les adresser aux inspecteurs de la Commission de contrôle et de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Nous souhaitons enfin que tous les moyens puissent être donnés à cette Commission de contrôle et aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour permettre d'assurer et d'agir dans le cadre de nos inspections dans les conditions de plus grande efficacité possible. C'est dans cet esprit que j'ai été amené à adresser ce matin à l'ensemble des membres du Conseil de sécurité ainsi qu'au Secrétaire général une lettre précisant ce qui, pour la France, dans le cadre de la Présidence que nous exerçons pour le mois de janvier au Conseil de sécurité, est essentiel pour la bonne application de la résolution et pour la pleine efficacité de la coopération que nous voulons mener sur ce dossier.
Nous avons aussi évoqué la situation de la Corée du Nord, un autre défi lancé à la communauté internationale qui constitue une atteinte grave à la sécurité, qui accroît le risque de prolifération nucléaire. Nous devons là encore trouver les moyens d'appliquer les grands principes qui sont les nôtres, le droit, la morale. Notre objectif est que la Corée du Nord puisse respecter pleinement ses engagements internationaux. A cette fin tous les efforts doivent être entrepris, bien sûr les initiatives bilatérales, bien sûr, la concertation régionale, bien sûr, les efforts dans le cadre de l'Agence internationale de l'énergie atomique, mais aussi, le cas échéant, dans le cadre du Conseil de sécurité, le moment venu. Nous partageons avec nos amis russes le même sentiment d'urgence, nous souhaitons que dans cette crise comme dans les autres la communauté internationale puisse faire preuve d'unité, de cohérence, mais aussi de fermeté.
Enfin pour conclure parmi les grands sujets, nous avons bien sûr évoqué aussi la situation au Proche-Orient. Nous avons évoqué la Présidence du G8 dans la perspective du Sommet d'Evian et dans la volonté que nous avons d'approcher toutes les grandes questions en étroite relation, en étroite liaison, avec nos amis russes.
Q - Quels sont les points communs et les différences dans les positions française et américaine sur l'Iraq ?
R - Vous me posez la question de l'attitude de la France et des Etats-Unis. Je crois qu'il faut rappeler, parce qu'on a tendance à l'oublier, que la communauté internationale a une position unie sur le dossier iraquien. C'est pour cela que nous avons réussi à adopter à l'unanimité la résolution 1441 marquant bien la volonté de la communauté internationale de passer par les Nations unies, de privilégier la volonté de coopération pour obtenir le désarmement de l'Iraq. Tel est notre but et c'est bien ce que nous faisons. C'est ce qui est mis en oeuvre depuis plusieurs semaines. Nous nous félicitons de la façon dont les inspections peuvent se dérouler. Bien évidemment, nous souhaitons - et c'est ce que j'ai rappelé et précisé dans la lettre adressée à tous les membres du Conseil de sécurité - nous souhaitons que cette coopération puisse être très active et nous souhaitons que l'Iraq comprenne la nécessité de cette coopération active et nous souhaitons que chacun des membres du Conseil de Sécurité puisse apporter tous les éléments qui sont en sa possession pour rendre cette coopération plus efficace. Nous aurons à l'occasion des prochaines semaines la possibilité de faire le point sur l'évolution des inspections, l'évolution de cette coopération. Il y a des rendez-vous qui sont d'ores et déjà fixés et nous souhaitons connaître tous les éléments d'information sur la situation de fait sur place. Nous sommes en contact permanent avec les inspecteurs qui font leur travail sur le terrain, le président de la Commission de contrôle, la CCVINU, M. Hans Blix, et le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, M. Mohamed El Baradeï. Il leur appartient de nous communiquer ces éléments d'information. L'objectif est bien pour nous de maintenir cette unité, cette cohésion de la communauté internationale et du Conseil de sécurité parce que nous sommes convaincus que c'est la condition de l'efficacité. Si nous sommes unis, nous sommes efficaces dans la capacité que nous avons d'adresser un message ferme à l'Iraq et de nous assurer que cette coopération permet bien d'assurer le désarmement dans les meilleures conditions de l'Iraq
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 janvier 2003)