Déclarations de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la coopération entre la France et le Mali, à Paris le 10septembre 2002.

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Circonstance : Première visite officielle en France de M. Amadou Tomani Toure, président du Mali : signature de conventions de coopération avec le Mali et dîner officiel offert en son honneur par M. Pierre-André Wiltzer, à Paris le 10 septembre 2002

Texte intégral

(Allocution prononcée lors de la signature des conventions de coopération à Paris, le 10 septembre 2002) :
Nous venons de signer ensemble une convention de financement et un protocole d'accord pour un projet de développement social urbain, et l'ouverture d'une nouvelle enveloppe du Fonds social de développement, qui représentent à eux deux un montant total de 3.700.000 euros. Je me réjouis, bien entendu, de ces accords.
Le premier de ces accords, d'un montant de 2.100.000 euros, contribuera à l'amélioration des conditions de vie et à la lutte contre la pauvreté dans les quartiers défavorisés de Bamako, de Mopti, de Gao et de Kutiala. Ce projet bénéficie de l'expérience d'un programme pilote, conduit d'ores et déjà par notre ambassade, dans certains quartiers de Bamako. Le projet s'inscrit dans la politique sociale élaborée par le gouvernement malien, qui se fonde sur le développement local, avec la participation effective des communautés bénéficiaires. Il contribue au renforcement des communes dans leur fonction sociale de proximité en direction des plus démunis, et ceci autour des cinq principaux axes suivants : tout d'abord l'amélioration de la qualité et de l'accès aux services de proximité. En second lieu, l'élargissement de l'accès des groupes les plus vulnérables à des formations professionnelles, ainsi que l'accès au micro-crédit. En troisième lieu, le renforcement des compétences des différents acteurs qui interviennent dans ces opérations. En quatrième lieu, la consolidation du processus de concertation avec les collectivités locales. Et enfin, la capitalisation, l'analyse, l'évaluation et la diffusion des expériences menées.
D'un montant de 1.600.000 euros, la seconde opération concerne, comme je l'indiquais en commençant, le Fonds social de développement (FSD), destiné à des réalisations dans des secteurs sociaux, là aussi : éducation et santé, développement rural et services collectifs. Les opérations privilégient les femmes et les populations en difficulté. Elles s'inscrivent dans les plans de développement communaux issus de la décentralisation, des dynamiques micro-économiques de groupes créatrices de revenus et d'emplois étant privilégiées. Ce seront près de neuf millions d'euros cumulés dont le Mali aura ainsi pu bénéficier depuis 1994 au travers de 250 projets de proximité initiés par la société civile et répondant à des besoins identifiés auprès des populations qui en sont bénéficiaires. Ce fonds est géré par un comité franco-malien qui associe l'administration malienne, les organisations non-gouvernementales et de nombreux partenaires du développement au Mali.
Monsieur le Ministre, ces deux opérations concrétisent une nouvelle fois la priorité accordée par la France et affirmée tout récemment encore à Johannesburg par le président Jacques Chirac, priorité aux populations les plus défavorisées pour contribuer à la réduction des inégalités et à l'éradication de la pauvreté. Je sais que cette volonté rencontre la vôtre et celle de votre pays et je me réjouis que les deux accords signés à l'instant puissent témoigner de notre souci commun de traduire cette démarche dans les faits. Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2002)
(Allocution lors du dîner offert en l'honneur du Président du Mali, à Paris le 10 septembre 2002) :
Monsieur le Président de la République,
Madame,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs.
Monsieur le Président, je suis particulièrement heureux de vous recevoir ce soir, au nom du gouvernement français, du Premier ministre, M. Jean-Pierre Raffarin, du ministre des Affaires étrangères, M. Dominique de Villepin, dans ce Palais des Affaires étrangères pour votre première visite officielle en France, comme président de la République du Mali. Nous sommes honorés que vous ayez accepté de répondre, quelques semaines seulement après votre investiture, à l'invitation que vous a adressée le président Jacques Chirac, et nous nous réjouissons que Mme Touré, que je salue respectueusement, ait pu vous accompagner.
Votre pays, Monsieur le Président, vient de vivre une phase importante de son Histoire en organisant un processus électoral dans des conditions unanimement appréciées par la communauté internationale. Il l'a fait dans la tolérance et dans la paix. Aussi, je tiens à saluer, à travers votre personne, l'esprit de sagesse et de concorde dont le peuple malien et tous ses responsables politiques ont su faire preuve dans l'accomplissement de ce processus. Ce processus s'achèvera d'ailleurs, dans quelques jours avec l'installation de la nouvelle Assemblée nationale du Mali.
Je salue en vous le responsable d'un grand pays, vieille terre de civilisation, puisque l'existence de relations entre l'Egypte pharaonique et la vallée du Niger est établie par les historiens, que les Phéniciens et les Carthaginois entretenaient aussi des rapports suivis avec les régions du Mali et à différentes époques de l'Histoire, le Mali a été le siège de grands empires et de grandes civilisations. Pour affronter les défis d'aujourd'hui, il est important pour un pays de plonger ses racines dans l'Histoire.
Vous-même incarnez avec un bonheur particulier cette manière d'être, héritage d'une longue tradition historique. Vous possédez, en effet, au plus haut point les qualités de patience, sens du compromis, respect de la diversité des opinions et des idées, mais aussi la force de conviction, qualités grâce auxquelles le Mali a surmonté les épreuves parfois douloureuses qu'il a connues depuis un peu plus d'une décennie.
Vous saurez également, je n'en doute pas, faire face aux défis qui s'offrent aujourd'hui à votre pays. Grâce à votre expérience internationale si riche et à l'attention que vous portez à "la demande sociale", selon l'expression qui vous est chère, vous saurez maîtriser les problèmes que la mondialisation pose à un pays pauvre comme le Mali.
C'est tout à fait essentiel, alors que le Mali doit aujourd'hui satisfaire les aspirations d'une jeunesse nombreuse, parfois impatiente, répondre aux attentes et améliorer la situation des plus démunis qui ne bénéficient pas encore, au quotidien, des progrès réalisés. Ce sont, je le sais, les premières de vos priorités. Vous n'avez, du reste, pas attendu d'être président de la République pour vous soucier du quotidien de vos concitoyens. Je sais l'action exemplaire, et combien efficace, que vous avez menée pour la mise en oeuvre d'un programme national de vaccination ou encore à la tête de la Fondation pour l'enfance, que vous avez créée et que préside désormais votre épouse, à qui je tiens à rendre ici hommage pour son action.
Vous pouvez être assuré de l'appui et du soutien de la France dans la mise en oeuvre des projets et des réformes qui seront nécessaires. Les trois conventions de coopération qui ont été signées aujourd'hui même sont, du reste, je crois, en parfaite harmonie avec ces priorités, puisqu'elles concernent des projets de développement social, directement mis en oeuvre par les populations et les associations, et un projet dans le domaine de la santé.
Permettez-moi d'insister sur celui-ci : désormais, chaque hôpital malien est associé à un hôpital français correspondant, pour la mise en place de programmes de coopération qui peuvent comporter des volets divers (stages, coopération thérapeutique, notamment en matière de sida, formation théorique de médecins, infirmières, gestionnaires, dons de matériel), et une structure centrale mixte qui traite les problèmes d'intérêt commun.
Cette initiative me paraît exemplaire et significative de la vitalité des relations entre nos sociétés civiles - je rappelle, dans le même ordre d'idées, les partenariats entre communes, départements et régions, si nombreux entre la France et le Mali. La diversité des acteurs, la richesse des relations humaines qui en découlent, confèrent à l'amitié entre nos deux pays cette coloration si particulière et véritablement exemplaire que je tiens à souligner.
Je me félicite en outre de la synergie toujours plus étroite qui prévaut entre ces multiples initiatives et la coopération d'Etat dont j'ai la charge. A cet égard, le président de la République française a rappelé avec force, vous le savez, lors de la Conférence des ambassadeurs de France comme à Johannesburg pendant le Sommet mondial sur le développement durable, que l'aide au développement, particulièrement celui de l'Afrique, reste un des axes majeurs de la politique étrangère de la France. Au moment où les pays d'Afrique proposent, avec le NEPAD, un nouveau programme de partenariat fondé sur des engagements réciproques, la France a la volonté d'être présente et de participer activement à ce processus.

Monsieur le Président,
Le Mali, comme la France, doit affronter les défis des changements perpétuels et de plus en plus rapides que connaît le monde contemporain. Fervent partisan de l'intégration régionale, engagé dans des réformes courageuses et de très grande portée - je pense en particulier à la décentralisation - votre pays me paraît disposer d'atouts substantiels. Je sais qu'il les valorisera avec le souci de préserver son histoire, ses traditions, sa culture, auxquelles il est aussi attaché que le mien. Le Mali et la France se retrouvent, dans le cadre de la Francophonie ou dans les enceintes multilatérales plus larges, pour défendre le droit à la diversité des cultures et des langues, ce qui n'exclut pas, bien au contraire, le partage des valeurs universelles. Ce domaine aussi nous offre de grandes possibilités de dialogue et d'échanges.
Monsieur le Président,
Avant de conclure, permettez-moi de réitérer mes vives félicitations pour votre élection à la présidence de la République du Mali et de vous adresser des vux sincères de succès dans la mission que vous a confiée le peuple malien.
Je lève mon verre à l'amitié entre le Mali et la France.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2002)