Interview de M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, à "Europe 1" le 2 octobre 2002 sur le bilan provisoire de la saison estivale 2002.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Au Conseil des ministres, ce matin, le secrétaire d'Etat au Tourisme a communiqué le bilan de la saison 2002. Est-ce que la France est toujours le premier pays touristique au monde ?
- "Oui, par les chiffres qui s'annoncent, nous sommes toujours la première destination touristique du monde, mais nous ne sommes pas les premiers en recettes touristiques puisque nous avons devant nous les Etats-Unis, l'Espagne et nous sommes fortement talonnés par les Italiens."
Mais 75 millions de personnes sont quand même venus en France cette année.
- "Et même 76,5 millions de touristes étrangers sont venus chez nous cette année. Certains restent et d'autres ne font que passer. Notre ambition consiste à augmenter la durée de leurs séjours chez nous en France."
Pourquoi un bilan, alors qu'on est juste au début du mois d'octobre ?
- "C'est une tradition que je découvre dans la maison..."
... Dans la maison ? Vous voulez dire au Gouvernement ?
- "Non, pas au Gouvernement mais tout simplement au ministère du Tourisme. Et pour moi, c'était l'occasion de demander à ce que dorénavant nous parlions d'année touristique" et non de saison estivale parce que nous nous apercevons que toute l'année, il y a des formes diverses de tourisme, des activités nouvelles. Et par conséquent, il me paraît beaucoup plus normal de parler en fin d'année de la saison touristique."
On peut peut-être parler de l'été parce que l'été se termine. La météo a influé sur le résultat, je crois ?
- "Oui, la météo a fortement influé, notamment au mois de juin et juillet, qui ont été des mois assez décevants. Par contre, le mois de mai a été excellent, nous avons eu un rattrapage au mois d'août et certainement aussi au mois de septembre. Bon an mal an, on peut dire que finalement, on pourra comparer l'année 2002 à celle de l'année 2001 où nous n'aurons pas accusé une perte extraordinaire, malgré les effets du 11 septembre et les crises boursières. Parce que beaucoup de touristes vont se promener parce qu'ils arrivent à obtenir un petit solde positif de la Bourse. Et si cette dernière fait le yo-yo, il est clair que nous avons des possibilités en moins pour se déplacer."
Les Français sont restés un peu plus que d'habitude dans l'Hexagone ?
- "Oui, c'est vrai. C'est certainement un effet du 11 septembre puisque que maintenant, beaucoup craignent de prendre l'avion et préfèrent donc prendre le train. C'est la raison pour laquelle beaucoup de Français ont découvert la France. Nous avons aussi beaucoup d'Européens qui sont venus chez nous parce que le réseau ferroviaire le permet. Et donc, la compensation de la perte de la clientèle américaine et japonaise s'est faite par les Français et par les Européens."
Quelles sont les régions qui ont été le plus visitées depuis le début de l'année ?
- "Ce sont les régions traditionnellement connues comme la région PACA, aussi au niveau du tourisme rural et puis on peut noter aussi un tourisme urbain qui a tendance à s'accroître. Puisqu'en général, lorsqu'on est dans les grandes villes, on se moque un peu des intempéries. Il faut savoir aussi que depuis quelques années, il y a de grands évènements. J'étais par exemple à Royan, il y a quelques semaines, c'était "Le Violon sur le sable", un opéra tout à fait particulier qui a attiré plus de 40 000 personnes."
Aux Antilles, je dirais "hélas", fréquentation en baisse de 20 %. Pourquoi ? C'est l'insécurité ? C'est la situation sociale, le fait que les groupes hôteliers hésitent toujours à s'installer ?
- "C'est plus profond que ça, hélas. Depuis trois ans, on aperçoit une chute vertigineuse de la clientèle touristique. Plusieurs raisons : d'abord, nous arrivons à la fin des dispositifs d'aides comme la défiscalisation ; donc nous avons malheureusement un équipement qui vieillit, qui a besoin d'être remis à neuf. Nous avons aussi, il ne faut pas le nier, des problèmes de formation et surtout d'accueil et de climat social très grave, des grèves à répétition qui font que les séjours des touristes sont mis à mal. Il faut donc actionner tous les leviers d'autant plus que les Etats voisins, comme Cuba, Saint-Domingue, etc, sont en train de nous damner le pion. A l'occasion du Conseil des ministres, c'était pour moi l'occasion de leur dire qu'il y avait peut-être une action forte à mener de façon à arrêter cette chute vertigineuse."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 oct 2002)