Texte intégral
M. le Président du Keidanren,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d'abord à vous remercier, M. le Président, de m'accueillir aujourd'hui, avec les membres de mon Gouvernement et les chefs d'entreprise qui m'accompagnent dans cette visite. C'est pour moi une occasion d'évoquer avec vous la situation d'une France qui, au sein de l'Union européenne et de la zone euro, a retrouvé le chemin d'une croissance durable et qui bâtit, dans une Europe ouverte, les fondements de sa compétitivité future. On sous-estime souvent l'ampleur des changements à l'oeuvre en Europe. Tout comme le Japon, notre continent traverse actuellement de profondes mutations. Celles-ci nous portent désormais à envisager l'avenir avec un optimisme qui, je l'espère, est également celui des acteurs de l'économie japonaise.
I. Dans une Europe ouverte et stable, la France retrouve le chemin d'une croissance durable.
L'Europe n'est pas une " forteresse ". Elle est la première zone d'accueil des investissements étrangers dans le monde. La France elle-même est la première destination de la zone euro et la quatrième au monde. Les relations étroites qu'entretiennent la France et le Japon en témoignent. Nos relations commerciales bilatérales se sont renforcées dans le courant des années 90 : les exportations françaises au Japon ont presque triplé depuis quinze ans. Quoique insuffisante, la part de marché de la France dans les importations de l'archipel est passée de 1 % au milieu des années 80 à 2 % en 1999.
L'Europe est aussi une zone de stabilité.
L'euro existe depuis le 1er janvier 1999. Son introduction a été un succès, fruit d'un processus ordonné de convergence économique entre les pays de l'Union européenne et d'une préparation minutieuse des milieux des changes. Sa parité a fluctué, comme il est normal, sur les marchés des changes. A moyen terme, la vigueur de la croissance dans la zone euro et la stabilité des prix sont un facteur de solidité de notre monnaie unique.
Celle-ci est en retour un atout pour la stabilité monétaire et financière de l'Europe. Elle a permis aux nations européennes de traverser avec moins de dommages la crise financière récente. Après ce " trou d'air ", la confiance des ménages et des chefs d'entreprises s'est rétablie, replaçant l'ensemble de nos pays sur le chemin d'une croissance forte et durable. La croissance de la zone euro devrait, en effet, retrouver un rythme proche de 3 % l'an prochain.
Le succès de la monnaie unique résulte aussi de la mise en place d'institutions solides et équilibrées, qui accompagnent une politique économique adaptée.
La zone euro fonctionne bien. Vous le savez, la Banque centrale européenne a pour objectif principal de maintenir la stabilité des prix, ce qui n'interdit pas, quand l'inflation est basse, comme aujourd'hui, de favoriser la croissance et l'emploi. Les Gouvernements nationaux demeurent naturellement responsables de l'ensemble de la politique économique et notamment de la politique budgétaire.
Pour tirer le meilleur parti de notre nouvel environnement monétaire, nous nous sommes dotés d'instruments de régulation économique. Le pacte de stabilité et de croissance vise, au travers de programmes pluriannuels de finances publiques, à assurer la lisibilité et la cohérence des objectifs de finances publiques à moyen terme. L' " euro 11 ", créé à l'initiative de la France, assure une coordination étroite entre les ministres des finances et avec le président de la BCE.
L'expérience des derniers mois montre l'efficacité de ce cadre institutionnel. Pour la première fois depuis bien longtemps, l'Europe conduit de manière coordonnée un " policy-mix " indiscutablement favorable à la croissance, sans connaître pour autant de tension sur les prix.
Dans cet espace de stabilité, la France a retrouvé le chemin de la croissance. C'est d'abord sur le retour de la confiance que s'est fondée l'accélération de la croissance. La confiance des ménages français se situe à des niveaux historiques. Elle a encore atteint un record au mois de novembre. Le taux de chômage décroît presque continûment depuis trente mois, même s'il atteint encore 11 %. Sur les deux dernières années, plus de 800 000 emplois ont été créés. Après le chiffre record de 325 000 en 1998, les créations d'emplois salariés dans le seul secteur privé devraient s'élever à 300 000 cette année et poursuivre leur progression l'an prochain.
La confiance des chefs d'entreprise s'est elle aussi fortement redressée et l'investissement a été peu affecté par la crise financière. Après avoir connu en 1998, avec 3,4 %, la plus forte croissance depuis la fin des années 1980, l'économie française devrait croître d'environ 2,8 % cette année et être égale ou supérieure à 3 % l'an prochain.
Le dynamisme de l'économie française est bien sûr lié à celui des autres économies européennes.
Il est surtout le fruit de la priorité donnée à la croissance et à l'emploi. La comparaison avec la situation de nos plus proches partenaires de la zone euro, qui connaissent le même environnement extérieur et monétaire, le démontre : la politique que nous avons conduite en France, avec Dominique STRAUSS-KAHN et Christian SAUTTER, n'a pas été étrangère aux bons résultats que je viens d'évoquer. L'OCDE et le FMI créditent notre pays de la plus forte croissance des grands pays industrialisés pour les deux années à venir. L'OCDE souligne dans la dernière publication de ses perspectives économiques que " l'économie française est entrée dans un cercle vertueux de croissance, de confiance, de création d'emploi et de baisse du chômage ".
Nous avons reconquis des marges de manoeuvre. Entre 1997 et 2000, la France est le pays européen qui aura réalisé la plus forte réduction de son déficit public, même si nous partions, je le sais, d'un niveau plus élevé que d'autres. Nous l'avons fait en consolidant la croissance et en préservant notre capacité à financer les priorités de l'action gouvernementale. Nous continuerons dans cette voie. Cet effort est indispensable pour maîtriser, puis réduire notre dette publique. Une dette réduite c'est moins d'impôts pour financer la rente et plus de moyens pour les " dépenses d'avenir ", notamment l'Education et la Recherche, décisives pour la croissance à long terme.
II. Car nous voulons créer les conditions d'une " nouvelle compétitivité ".
Dans une économie mondiale où connaissances et capitaux circulent sans entrave, la compétitivité d'une nation repose non seulement sur la performance de ses entreprises, mais aussi sur la vitalité de sa recherche, sur sa capacité à favoriser l'innovation, la création et la prise de risques, sur la qualité de ses services publics et sur la modernisation de ses relations sociales.
Intelligence, innovation, initiative : là sont nos vrais avantages comparatifs. Les dirigeants d'entreprises étrangères établies en France s'accordent sur la très grande qualité professionnelle des femmes et des hommes de notre pays. La France est parmi les pays de l'OCDE le deuxième pour " l'investissement en croissance " -Recherche et Développement, investissement en logiciels, dépenses d'éducation. Elle y consacre plus de 10 % de son PIB. Il est crucial de développer et d'utiliser pleinement ce capital d'intelligence. Le Gouvernement, avec Claude ALLEGRE, s'y emploie depuis trente mois.
Nous préparons la France à la société de l'information. Les technologies de l'information contribueront de plus en plus à la croissance et à l'emploi. C'est pourquoi le Gouvernement s'est mobilisé. Un programme d'action de près d'un milliard d'euro a permis des avancées nombreuses et rapides.
L'innovation est le moteur de la croissance à venir. Il fallait mettre fin au traditionnel paradoxe français qui voulait que de grandes capacités scientifiques se heurtaient à une certaine réticence à sauter le pas du développement industriel et commercial. Le Gouvernement a mobilisé les acteurs publics et privés en favorisant la mobilité des chercheurs des laboratoires vers l'industrie. Il a encouragé l'épargne à accompagner la prise de risque. Les fonds levés sur le Nouveau Marché des entreprises innovantes ont été multipliés par 5 depuis le début de 1997 et les fonds investis en capital-risque ont doublé depuis 1996.
Les résultats en apparaissent déjà très nettement dans le tableau de bord de l'innovation que nous avons établi. Le chiffre d'affaires des secteurs innovants a ainsi progressé de 21 milliards d'euro au premier semestre 1997 à 26 milliards d'euro au premier semestre de cette année. Les créations d'entreprises dans ces secteurs augmentent fortement. Le nombre d'internautes a été multiplié par 5 en deux ans, pour dépasser 5 millions cette année. Les nouvelles technologies représentent près de 5 % de la valeur ajoutée totale dégagée par notre économie et contribuent pour un tiers à sa croissance.
La création d'entreprises doit être encouragée. A cette fin, le Gouvernement a pris dès juillet 1997 de larges mesures de simplification administrative et d'incitation fiscale.
Le secteur public aussi se modernise. Dans un secteur par excellence innovant, l'aéronautique et le spatial, la fusion d'Aérospatiale-Matra, de DASA et maintenant de CASA dans la nouvelle EADS confirme que les Européens savent s'unir pour engager les investissements de l'avenir. Cette union a vocation à s'élargir à de nouveaux partenaires. Elle témoigne aussi de la volonté de l'Etat actionnaire de gérer activement sa présence au capital. Pour THOMSON MULTIMEDIA, nous avons fait le choix de la confiance dans l'entreprise publique. Aujourd'hui, cette entreprise, dont le président m'accompagne, fait des profits, attire les partenaires industriels les plus prestigieux et a les moyens de son expansion.
Monsieur le Président,
Vous m'avez interrogé, lors de notre rencontre à Paris, en novembre, sur l'application de notre législation sur la réduction du temps de travail. Je tenais à vous le confirmer : la loi sur les 35 heures est une loi pour l'emploi, c'est aussi une loi favorable aux entreprises. Notre but est bien, par la mise en place d'une organisation nouvelle et plus souple du temps de travail, de moderniser notre économie et de lui permettre de créer plus d'emplois. Il est certes trop tôt pour faire le bilan d'un processus qui prendra plusieurs années. Aujourd'hui, plus d'une centaine d'accords concernent des secteurs entiers de l'industrie et des services, près de 18 000 accords d'entreprise sont signés, près de 2,4 millions de salariés sont concernés avec en contrepartie plus de 130 000 emplois créés ou sauvegardés. Tout cela va se retrouver, se retrouve déjà, dans l'accélération des créations d'emplois et dans la baisse du chômage. Le dialogue social connaît une relance sans précédent. Je m'en réjouis, car la négociation et le dialogue sont indispensables à la conduite et à l'accompagnement des changements.
Ces changements nous permettront d'adapter notre " modèle social " à un monde qui change. L'Europe, comme le Japon, doit bien sûr moderniser son appareil productif. Il faut savoir faire des réformes quand elles sont nécessaires. Mais nous ne voulons pas renoncer aux choix collectifs qui fondent dans nos nations le pacte social : le partage des fruits de la croissance, le devoir d'éducation et d'insertion sur le marché du travail, la solidarité entre les générations. Car ces choix contribuent aussi à notre compétitivité.
Celle-ci explique sans doute l'attractivité du territoire français.
Les investissements directs japonais en France ont dépassé 3 milliards d'euro en 1999. Deux cents entreprises japonaises sont implantées en France et le Japon assure 30 000 emplois dans notre pays, dont plus de 10 000 emplois industriels. La décision de TOYOTA d'implanter à Valenciennes sa deuxième usine de montage européenne permettra la création de 2 000 emplois directs supplémentaires.
Cette implantation témoigne certes de l'attractivité de la zone euro mais aussi de la qualité de nos entreprises d'équipements automobile et de notre main-d'oeuvre.
L'importance de l'investissement étranger pour le développement de notre économie nécessitait une réforme des outils de l'action publique de prospection et d'accueil des investisseurs. Nous l'avons décidée.
Une agence française pour les investissements internationaux sera créée dans les prochains mois. Elle regroupera les services de l'Etat concernés, actuellement dispersés entre la délégation à l'Aménagement du territoire et le ministère de l'Economie et des Finances. Point d'entrée unique pour les investisseurs, elle facilitera les démarches des entreprises étrangères intéressées et accompagnera leur installation, en concertation étroite avec les collectivités locales.
Dans l'autre sens, les implantations françaises se multiplient au Japon dans tous les secteurs d'activité : la finance avec ARTEMIS-AOBA LIFE, SOCIETE GENERALE-YAMAICHI et avec AXA-NIPPON DANTAÏ, la distribution -un premier magasin CARREFOUR ouvrira en décembre 2000 dans la banlieue de Tokyo, un autre au printemps 2001 dans la région d'Osaka-, le secteur de l'électricité -avec ALCATEL et DAI ICHI DENKO- et, bien sûr l'automobile. L'accord RENAULT-NISSAN multiplie par six le stock des investissements français au Japon et débouchera, à terme, sur la création d'un véritable groupe franco-japonais, au quatrième rang mondial des constructeurs automobiles.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La France et le Japon ont en partage l'ancienneté de leur culture, l'attachement à des traditions séculaires alliés à la volonté de prendre pleinement part à la modernité. C'est pourquoi sans doute nous avons aussi en commun une certaine vision de la mondialisation et du rôle que doivent y jouer les Etats : stimuler l'innovation, libérer les énergies créatrices, rénover le pacte social, mais aussi corriger les imperfections du marché, protéger les acteurs les plus faibles de la compétition économique, tempérer par des règles des forces dont les effets sont parfois négatifs.
Tout ceci nous rapproche et peut aussi réunir nos entreprises dans une compétition mondiale où les alliances sont précieuses. La France est prête économiquement ; mon gouvernement y travaille.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 21 décembre 1999)
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d'abord à vous remercier, M. le Président, de m'accueillir aujourd'hui, avec les membres de mon Gouvernement et les chefs d'entreprise qui m'accompagnent dans cette visite. C'est pour moi une occasion d'évoquer avec vous la situation d'une France qui, au sein de l'Union européenne et de la zone euro, a retrouvé le chemin d'une croissance durable et qui bâtit, dans une Europe ouverte, les fondements de sa compétitivité future. On sous-estime souvent l'ampleur des changements à l'oeuvre en Europe. Tout comme le Japon, notre continent traverse actuellement de profondes mutations. Celles-ci nous portent désormais à envisager l'avenir avec un optimisme qui, je l'espère, est également celui des acteurs de l'économie japonaise.
I. Dans une Europe ouverte et stable, la France retrouve le chemin d'une croissance durable.
L'Europe n'est pas une " forteresse ". Elle est la première zone d'accueil des investissements étrangers dans le monde. La France elle-même est la première destination de la zone euro et la quatrième au monde. Les relations étroites qu'entretiennent la France et le Japon en témoignent. Nos relations commerciales bilatérales se sont renforcées dans le courant des années 90 : les exportations françaises au Japon ont presque triplé depuis quinze ans. Quoique insuffisante, la part de marché de la France dans les importations de l'archipel est passée de 1 % au milieu des années 80 à 2 % en 1999.
L'Europe est aussi une zone de stabilité.
L'euro existe depuis le 1er janvier 1999. Son introduction a été un succès, fruit d'un processus ordonné de convergence économique entre les pays de l'Union européenne et d'une préparation minutieuse des milieux des changes. Sa parité a fluctué, comme il est normal, sur les marchés des changes. A moyen terme, la vigueur de la croissance dans la zone euro et la stabilité des prix sont un facteur de solidité de notre monnaie unique.
Celle-ci est en retour un atout pour la stabilité monétaire et financière de l'Europe. Elle a permis aux nations européennes de traverser avec moins de dommages la crise financière récente. Après ce " trou d'air ", la confiance des ménages et des chefs d'entreprises s'est rétablie, replaçant l'ensemble de nos pays sur le chemin d'une croissance forte et durable. La croissance de la zone euro devrait, en effet, retrouver un rythme proche de 3 % l'an prochain.
Le succès de la monnaie unique résulte aussi de la mise en place d'institutions solides et équilibrées, qui accompagnent une politique économique adaptée.
La zone euro fonctionne bien. Vous le savez, la Banque centrale européenne a pour objectif principal de maintenir la stabilité des prix, ce qui n'interdit pas, quand l'inflation est basse, comme aujourd'hui, de favoriser la croissance et l'emploi. Les Gouvernements nationaux demeurent naturellement responsables de l'ensemble de la politique économique et notamment de la politique budgétaire.
Pour tirer le meilleur parti de notre nouvel environnement monétaire, nous nous sommes dotés d'instruments de régulation économique. Le pacte de stabilité et de croissance vise, au travers de programmes pluriannuels de finances publiques, à assurer la lisibilité et la cohérence des objectifs de finances publiques à moyen terme. L' " euro 11 ", créé à l'initiative de la France, assure une coordination étroite entre les ministres des finances et avec le président de la BCE.
L'expérience des derniers mois montre l'efficacité de ce cadre institutionnel. Pour la première fois depuis bien longtemps, l'Europe conduit de manière coordonnée un " policy-mix " indiscutablement favorable à la croissance, sans connaître pour autant de tension sur les prix.
Dans cet espace de stabilité, la France a retrouvé le chemin de la croissance. C'est d'abord sur le retour de la confiance que s'est fondée l'accélération de la croissance. La confiance des ménages français se situe à des niveaux historiques. Elle a encore atteint un record au mois de novembre. Le taux de chômage décroît presque continûment depuis trente mois, même s'il atteint encore 11 %. Sur les deux dernières années, plus de 800 000 emplois ont été créés. Après le chiffre record de 325 000 en 1998, les créations d'emplois salariés dans le seul secteur privé devraient s'élever à 300 000 cette année et poursuivre leur progression l'an prochain.
La confiance des chefs d'entreprise s'est elle aussi fortement redressée et l'investissement a été peu affecté par la crise financière. Après avoir connu en 1998, avec 3,4 %, la plus forte croissance depuis la fin des années 1980, l'économie française devrait croître d'environ 2,8 % cette année et être égale ou supérieure à 3 % l'an prochain.
Le dynamisme de l'économie française est bien sûr lié à celui des autres économies européennes.
Il est surtout le fruit de la priorité donnée à la croissance et à l'emploi. La comparaison avec la situation de nos plus proches partenaires de la zone euro, qui connaissent le même environnement extérieur et monétaire, le démontre : la politique que nous avons conduite en France, avec Dominique STRAUSS-KAHN et Christian SAUTTER, n'a pas été étrangère aux bons résultats que je viens d'évoquer. L'OCDE et le FMI créditent notre pays de la plus forte croissance des grands pays industrialisés pour les deux années à venir. L'OCDE souligne dans la dernière publication de ses perspectives économiques que " l'économie française est entrée dans un cercle vertueux de croissance, de confiance, de création d'emploi et de baisse du chômage ".
Nous avons reconquis des marges de manoeuvre. Entre 1997 et 2000, la France est le pays européen qui aura réalisé la plus forte réduction de son déficit public, même si nous partions, je le sais, d'un niveau plus élevé que d'autres. Nous l'avons fait en consolidant la croissance et en préservant notre capacité à financer les priorités de l'action gouvernementale. Nous continuerons dans cette voie. Cet effort est indispensable pour maîtriser, puis réduire notre dette publique. Une dette réduite c'est moins d'impôts pour financer la rente et plus de moyens pour les " dépenses d'avenir ", notamment l'Education et la Recherche, décisives pour la croissance à long terme.
II. Car nous voulons créer les conditions d'une " nouvelle compétitivité ".
Dans une économie mondiale où connaissances et capitaux circulent sans entrave, la compétitivité d'une nation repose non seulement sur la performance de ses entreprises, mais aussi sur la vitalité de sa recherche, sur sa capacité à favoriser l'innovation, la création et la prise de risques, sur la qualité de ses services publics et sur la modernisation de ses relations sociales.
Intelligence, innovation, initiative : là sont nos vrais avantages comparatifs. Les dirigeants d'entreprises étrangères établies en France s'accordent sur la très grande qualité professionnelle des femmes et des hommes de notre pays. La France est parmi les pays de l'OCDE le deuxième pour " l'investissement en croissance " -Recherche et Développement, investissement en logiciels, dépenses d'éducation. Elle y consacre plus de 10 % de son PIB. Il est crucial de développer et d'utiliser pleinement ce capital d'intelligence. Le Gouvernement, avec Claude ALLEGRE, s'y emploie depuis trente mois.
Nous préparons la France à la société de l'information. Les technologies de l'information contribueront de plus en plus à la croissance et à l'emploi. C'est pourquoi le Gouvernement s'est mobilisé. Un programme d'action de près d'un milliard d'euro a permis des avancées nombreuses et rapides.
L'innovation est le moteur de la croissance à venir. Il fallait mettre fin au traditionnel paradoxe français qui voulait que de grandes capacités scientifiques se heurtaient à une certaine réticence à sauter le pas du développement industriel et commercial. Le Gouvernement a mobilisé les acteurs publics et privés en favorisant la mobilité des chercheurs des laboratoires vers l'industrie. Il a encouragé l'épargne à accompagner la prise de risque. Les fonds levés sur le Nouveau Marché des entreprises innovantes ont été multipliés par 5 depuis le début de 1997 et les fonds investis en capital-risque ont doublé depuis 1996.
Les résultats en apparaissent déjà très nettement dans le tableau de bord de l'innovation que nous avons établi. Le chiffre d'affaires des secteurs innovants a ainsi progressé de 21 milliards d'euro au premier semestre 1997 à 26 milliards d'euro au premier semestre de cette année. Les créations d'entreprises dans ces secteurs augmentent fortement. Le nombre d'internautes a été multiplié par 5 en deux ans, pour dépasser 5 millions cette année. Les nouvelles technologies représentent près de 5 % de la valeur ajoutée totale dégagée par notre économie et contribuent pour un tiers à sa croissance.
La création d'entreprises doit être encouragée. A cette fin, le Gouvernement a pris dès juillet 1997 de larges mesures de simplification administrative et d'incitation fiscale.
Le secteur public aussi se modernise. Dans un secteur par excellence innovant, l'aéronautique et le spatial, la fusion d'Aérospatiale-Matra, de DASA et maintenant de CASA dans la nouvelle EADS confirme que les Européens savent s'unir pour engager les investissements de l'avenir. Cette union a vocation à s'élargir à de nouveaux partenaires. Elle témoigne aussi de la volonté de l'Etat actionnaire de gérer activement sa présence au capital. Pour THOMSON MULTIMEDIA, nous avons fait le choix de la confiance dans l'entreprise publique. Aujourd'hui, cette entreprise, dont le président m'accompagne, fait des profits, attire les partenaires industriels les plus prestigieux et a les moyens de son expansion.
Monsieur le Président,
Vous m'avez interrogé, lors de notre rencontre à Paris, en novembre, sur l'application de notre législation sur la réduction du temps de travail. Je tenais à vous le confirmer : la loi sur les 35 heures est une loi pour l'emploi, c'est aussi une loi favorable aux entreprises. Notre but est bien, par la mise en place d'une organisation nouvelle et plus souple du temps de travail, de moderniser notre économie et de lui permettre de créer plus d'emplois. Il est certes trop tôt pour faire le bilan d'un processus qui prendra plusieurs années. Aujourd'hui, plus d'une centaine d'accords concernent des secteurs entiers de l'industrie et des services, près de 18 000 accords d'entreprise sont signés, près de 2,4 millions de salariés sont concernés avec en contrepartie plus de 130 000 emplois créés ou sauvegardés. Tout cela va se retrouver, se retrouve déjà, dans l'accélération des créations d'emplois et dans la baisse du chômage. Le dialogue social connaît une relance sans précédent. Je m'en réjouis, car la négociation et le dialogue sont indispensables à la conduite et à l'accompagnement des changements.
Ces changements nous permettront d'adapter notre " modèle social " à un monde qui change. L'Europe, comme le Japon, doit bien sûr moderniser son appareil productif. Il faut savoir faire des réformes quand elles sont nécessaires. Mais nous ne voulons pas renoncer aux choix collectifs qui fondent dans nos nations le pacte social : le partage des fruits de la croissance, le devoir d'éducation et d'insertion sur le marché du travail, la solidarité entre les générations. Car ces choix contribuent aussi à notre compétitivité.
Celle-ci explique sans doute l'attractivité du territoire français.
Les investissements directs japonais en France ont dépassé 3 milliards d'euro en 1999. Deux cents entreprises japonaises sont implantées en France et le Japon assure 30 000 emplois dans notre pays, dont plus de 10 000 emplois industriels. La décision de TOYOTA d'implanter à Valenciennes sa deuxième usine de montage européenne permettra la création de 2 000 emplois directs supplémentaires.
Cette implantation témoigne certes de l'attractivité de la zone euro mais aussi de la qualité de nos entreprises d'équipements automobile et de notre main-d'oeuvre.
L'importance de l'investissement étranger pour le développement de notre économie nécessitait une réforme des outils de l'action publique de prospection et d'accueil des investisseurs. Nous l'avons décidée.
Une agence française pour les investissements internationaux sera créée dans les prochains mois. Elle regroupera les services de l'Etat concernés, actuellement dispersés entre la délégation à l'Aménagement du territoire et le ministère de l'Economie et des Finances. Point d'entrée unique pour les investisseurs, elle facilitera les démarches des entreprises étrangères intéressées et accompagnera leur installation, en concertation étroite avec les collectivités locales.
Dans l'autre sens, les implantations françaises se multiplient au Japon dans tous les secteurs d'activité : la finance avec ARTEMIS-AOBA LIFE, SOCIETE GENERALE-YAMAICHI et avec AXA-NIPPON DANTAÏ, la distribution -un premier magasin CARREFOUR ouvrira en décembre 2000 dans la banlieue de Tokyo, un autre au printemps 2001 dans la région d'Osaka-, le secteur de l'électricité -avec ALCATEL et DAI ICHI DENKO- et, bien sûr l'automobile. L'accord RENAULT-NISSAN multiplie par six le stock des investissements français au Japon et débouchera, à terme, sur la création d'un véritable groupe franco-japonais, au quatrième rang mondial des constructeurs automobiles.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La France et le Japon ont en partage l'ancienneté de leur culture, l'attachement à des traditions séculaires alliés à la volonté de prendre pleinement part à la modernité. C'est pourquoi sans doute nous avons aussi en commun une certaine vision de la mondialisation et du rôle que doivent y jouer les Etats : stimuler l'innovation, libérer les énergies créatrices, rénover le pacte social, mais aussi corriger les imperfections du marché, protéger les acteurs les plus faibles de la compétition économique, tempérer par des règles des forces dont les effets sont parfois négatifs.
Tout ceci nous rapproche et peut aussi réunir nos entreprises dans une compétition mondiale où les alliances sont précieuses. La France est prête économiquement ; mon gouvernement y travaille.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 21 décembre 1999)