Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, en réponse à une question d'actualité sur la situation en Côte d'Ivoire, à l'Assemblée nationale le 1er octobre 2002.

Prononcé le 1er octobre 2002

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Circonstance : Séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale le 1er octobre 2002

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Vous avez raison. La situation à laquelle nous sommes confrontés en Côte d'Ivoire est une situation difficile. Il y a bien sûr des facteurs anciens - le facteur ethnique, religieux -, la donnée économique avec la dégradation des cours du café, du coton, du cacao, une situation politique d'instabilité depuis la mort du président Houphouët-Boigny. Mais à cela s'ajoutent des facteurs nouveaux. Tout d'abord, la pression démographique dans le Nord aggravée par le débat autour de l'ivoirité et autour de la loi foncière. Il y a ensuite l'instabilité régionale avec d'autres conflits - celui de la rivière Mano - ou des luttes d'influences régionales. Il y a surtout, et c'est un phénomène qui se développe en Afrique comme ailleurs dans le monde, la libre circulation des hommes, des soldats, des armes et des capitaux. Je l'ai constaté, il y a quelques jours, aussi dans les Grands Lacs.
Face à cela, la politique du gouvernement s'est fixé trois objectifs :
- tout d'abord, la sécurité de nos ressortissants, de notre communauté française - et vous savez qu'il y a 25.000 Français en Côte d'Ivoire -, mais aussi la sécurité des ressortissants étrangers. Et c'est pour cela que nous avons organisé l'évacuation des ressortissants français et étrangers à Bouaké et à Korhogo.
- le second objectif est de maintenir l'unité et la souveraineté de la Côte d'Ivoire et d'assurer la stabilité de la région. Pour cela, nous avons répondu favorablement aux demandes faites par le président démocratiquement élu, Laurent Gbagbo, concernant des besoins logistiques et en équipements.
- le troisième objectif est l'appui, vous l'avez dit justement, à la médiation africaine. Les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) se sont réunis dimanche à Accra et ont choisi deux orientations. La première est la création d'un groupe de contact, de médiation et nous l'appuyons. La deuxième est la volonté de créer une force de paix et nous soutenons aussi cette initiative.
Vous avez raison de mentionner que la France doit agir de concert et notre volonté est d'inscrire notre action en liaison avec l'ensemble de nos partenaires. J'étais hier à Bruxelles dans le Conseil Affaires générales. Nos partenaires sont en effet mobilisés pour appuyer les efforts régionaux qui sont, d'ores et déjà, engagés.
Dans cette crise, comme dans toutes les crises africaines, nous sommes fidèles à trois grands principes.
Le premier est l'esprit de responsabilité. Si l'Afrique est au coeur des préoccupations de la communauté internationale, c'est grâce à la France depuis plusieurs mois - Sommet de Monterrey, Sommet de Kananaskis, Sommet de Johannesburg, réunion de l'Assemblée générale des Nations unies -, et grâce à l'action du président de la République.
Le deuxième est la solidarité. L'augmentation de notre aide publique au développement par le gouvernement témoigne de cet engagement.
Le troisième est, bien sûr, la volonté d'intensifier notre présence et notre action pour développer notre capacité à répondre solidairement aux demandes des pays africains.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2002)