Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec une grande satisfaction que je me trouve parmi vous avec mon ami, Jean-Pierre CHEVENEMENT, ministre de l'Intérieur pour la signature du contrat départemental de sécurité dans les transports de Paris.
Vous le savez, le contrat local de sécurité (CLS) constitue une approche nouvelle dans la réponse à l'insécurité en France. La sécurité étant l'affaire de tous, elle nécessite, en conséquence, la participation de tous. Ainsi, la justice, l'éducation nationale, les associations, les bailleurs sociaux, les transports publics sont parties prenantes du contrat. Ensemble, ils définissent le territoire sur lequel les mesures vont s'appliquer. Alors commence l'étape essentielle : le diagnostic local de sécurité.
Ensuite les actions doivent être globales, concertées et cohérentes ; elles associent prévention, répression et la dimension essentielle républicaine de citoyenneté.
J'ai souhaité qu'il y ait une prise en compte systématique de la dimension "transports en commun" dans chaque contrat. Il y a même, à ma grande satisfaction, des contrats spécifiques aux transports en commun à l'échelle du département. Le contrat départemental de sécurité dans les transports en commun à Paris, élaboré sous l'autorité du Préfet de Police, Monsieur MASSONI, en est le deuxième exemple en Île-de-France : le département de l'Essonne a enclenché la dynamique, d'autres suivront.
Le dernier "baromètre image" réalisé par le Syndicat des Transports Parisiens montre que la principale attente des franciliens est de voyager en sécurité : 63 % d'entre eux considèrent que cette question est primordiale.
Bien entendu, il faut répondre à cette attente. Mais dans le même temps, il peut y avoir un décalage entre le sentiment d'insécurité et la réalité.
Ainsi, le taux de criminalité est 8 fois moindre en moyenne dans les souterrains du réseau ferré de la RATP et de la SNCF que celui constaté en surface, dans la capitale. Et en Île-de-France, il faut avoir en tête, qu'il y a 7 millions de déplacements quotidiens sur les lignes SNCF et RATP et qu'on enregistre chaque jour environ une dizaine d'agressions à l'encontre de voyageurs. Mais ce sont, évidemment, dix agressions de trop!
Le bilan de l'insécurité à Paris montre que la délinquance sur les réseaux métro et RER est stable sur une longue période avec une amélioration ces derniers mois. En effet, pour les neuf premiers mois de 1999, on note une régression sensible des faits délictueux : - 4,05 %, selon les statistiques de la Préfecture de Police de Paris.
Et pour apprécier de façon rigoureuse l'évolution de l'insécurité, encore faut-il intégrer dans l'analyse, l'augmentation du trafic constatée sur la même période, de l'ordre de 3 à 5 %. Les incivilités, quant à elles, -il s'agit des insultes, menaces : tout ce qui propage le sentiment d'insécurité- connaissent une croissance inacceptable, particulièrement sur le réseau d'autobus.
Je pense qu'il faut réagir fermement, car ils sont insupportables.
Les agressions contre les voyageurs, les agents qui exercent une mission de service public, les incivilités dont ils sont les victimes, constituent un véritable poison pour notre société.
Nous devons nous attacher à reconstruire une responsabilité citoyenne républicaine, une solidarité plus généreuse, le sens d'un vivre mieux ensemble. Cette tâche est l'affaire de tous, parce que justement c'est une question de vie en société, de civilisation, de démocratie !
Les transports en commun sont un des éléments essentiels à la cohésion sociale. C'est pour cette raison, qu'en décembre 1997, des mesures rigoureuses ont été prises par le Gouvernement ; sur les 12, je citerai par exemple :
la réhumanisation des réseaux de transport, soit par redéploiement interne d'effectifs, soit par de nouveaux recrutements, notamment des emplois-jeunes : au total, 4 500 emplois en contact avec le public auront été affectés sur l'ensemble des réseaux de transport d'Île-de-France de 1998 à la fin 2000 ;
la répression accrue grâce à des mesures législatives aggravant les peines en cas d'atteintes ou d'outrages aux agents des entreprises de transport public;
le programme d'équipement de sécurité mis en oeuvre par le Syndicat des transports parisiens, dont l'objectif est d'équiper la totalité du parc d'autobus de la RATP en système de radiolocalisation permettant une intervention rapide des équipes de police et l'installation dans les gares des tronçons centraux des lignes de RER, de dispositifs de vidéosurveillance.
En Île-de-France, cet effort -de l'ordre de 300 MF par an jusqu'en 2001- montre bien la réalité de l'engagement solidaire de tous les partenaires, qu'il s'agisse du Conseil régional d'Île-de-France, du Syndicat des transports parisiens et des transporteurs.
Je tiens également à souligner l'implication très forte de la RATP et de la SNCF en ce domaine.
Pour endiguer l'insécurité, chaque entreprise s'est organisée : la RATP a créé pour le métro, une cellule "Maîtrise du territoire", pour le RER, une cellule "Maîtrise des Espaces" et des responsables prévention - sécurité (RPS) dans chaque "centre bus".
La SNCF a, de son côté, nommé des délégués régionaux à la sécurité dans chacune de ses régions exploitant des lignes en Île-de-France. Elle est en train de réaliser en gare du Nord, pour un coût de 50 MF, un poste de commandement commun à sa Surveillance Générale (la SUGE) et aux forces de police qui interviennent sur ses lignes, à l'instar du PC 2000 de la RATP. Ces deux PC sont destinés à être les instruments d'une meilleure coordination entre tous ceux qui sont chargés de la sûreté des réseaux.
La prévention est, elle aussi, le souci des deux entreprises. Je pense aux efforts de réinsertion qu'elles déploient en faveur de la population des sans domicile fixe qui fréquente gares et stations, aux actions conduites par leurs agents auprès des collégiens et lycéens dans le cadre d'actions bénévoles dans les établissements scolaires ou sur les terrains de sport.
Bien sûr, toutes ces actions ont besoin d'être confortées et développées. A cet égard, le plan d'actions du CLS de Paris prévoit :
la mise en place d'un outil performant de connaissance de l'insécurité dans les transports : la multiplicité des partenaires en matière de sécurité rend indispensable une mise en commun des informations disponibles pour accroître l'efficacité des réponses ;
une coordination renforcée, par un accroissement du rôle de la cellule de la concertation sur les violences, qui réunit périodiquement la Préfecture de Police, la Direction centrale de la Police Aux Frontières (PAF), la RATP et la SNCF ; la création récente par la Préfecture de Police d'un service unique de protection et de surveillance des réseaux ferrés parisiens (SPSRFP) témoigne elle aussi de ce souci, je tenais à le souligner ;
l'augmentation de la présence des services de police dans les transports publics et à leurs abords, décidée par Jean-Pierre CHEVENEMENT, Ministre de l'Intérieur. Je me réjouis tout particulièrement de l'affectation prochaine aux réseaux de transport d'un nombre important d'adjoints de sécurité et du renforcement des antennes de police dans les gares ;
Je m'arrête là, pour conclure, en espérant vous faire partager ma conviction qu'une telle démarche est amplement justifiée, à la fois par l'importance et la mobilité du public concerné, la spécificité d'une mégalopole où se croisent de nombreux chemins et l'existence de partenariats anciens qui demandaient à être mieux affinés.
En tout cas, une telle démarche est absolument nécessaire pour accompagner et conforter les excellents résultats enregistrés, quant au trafic, de janvier à septembre 1999 dans le métro (+ 3,7 %), le RER (+ 5,5 %) et les bus (+ 1 %). Les efforts entrepris en matière de sécurité, propreté, rénovation des gares et des stations portent leurs fruits. Grâce au contrat local de sécurité signé aujourd'hui, les Parisiens devraient se sentir encore plus chez eux dans le métro, le RER et les autobus, retrouvant le goût des seuls transports capable d'éviter, à une agglomération de la taille de Paris, l'engorgement et l'asphyxie.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 28 octobre 1999)