Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, sur la diversité des origines culturelles des étudiants étrangers bénéficiaires des bourses d'études scientifiques Eiffel, Paris le 28 janvier 2003.

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Circonstance : Réception de la promotion 2002 - 2003 des boursiers Eiffel à Paris le 28 janvier 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chers amis,

Je suis particulièrement heureux aujourd'hui de vous accueillir ici au Quai d'Orsay ; nous nous trouvons dans le salon de l'Horloge qui a une longue histoire. C'est ici en 1950 que Robert Schuman a lancé sa grande déclaration politique qui a ouvert la voie à l'Europe ; ceci pour vous dire qu'ici le vent de l'Histoire souffle. C'est une grande joie pour moi à plus d'un titre : le premier, c'est que je vous reçois avec un ami qui m'est cher, le ministre de la Jeunesse, de l'Education et de la Recherche.
La deuxième raison de ma joie, c'est que je reçois des jeunes particulièrement méritants : vous êtes des boursiers Eiffel et vous vous êtes tous distingués à la fois par vos motivations, par votre capacité et par vos projets. Dans le monde d'incertitude, d'inquiétude qui est le nôtre, le fait d'être en contact avec une jeunesse audacieuse, entreprenante, travailleuse, est un élément de réconfort important.
Vous l'imaginez dans la vie d'un ministre, il y a de nombreux rendez-vous dans une journée, et aujourd'hui, j'étais il y a quelques instants au Sénat pour évoquer les difficultés de la crise iraquienne et les difficultés de la situation en Côte d'Ivoire ; j'ai fait un long discours, ce matin, sur les perspectives des Alliances françaises. Mais on m'a dit, il y a un événement à ne pas manquer, ce sont les boursiers Eiffel. Il y a là le fer de lance des jeunesses du monde, vous représentez 25 pays, vous êtes 341 et vous êtes destinés à 70 établissements.
C'est dire qu'il y a là une diversité de culture, une diversité de nations, une diversité d'esprit qui est justement aujourd'hui ce qui nous intéresse parce que nous avons une conviction : c'est que le monde d'aujourd'hui est plus fort quand il est marqué par la diversité des formations, des expériences et des regards. Vous êtes le témoignage de cette diversité. Et cette diversité des cultures c'est le grand enjeu du monde dans lequel nous vivons, cette capacité que vous avez aujourd'hui, en France, d'échanger, de partager des expériences, des formations, des idéaux. C'est une chance pour nous, pour les Français qui vont être enrichis par votre regard sur le monde, par votre expérience sur le monde et, je l'espère, c'est une chance pour vous car vous aurez l'occasion au cours de ce séjour de vérifier une chose importante, c'est que la France est une terre d'ouverture, une terre d'humanisme, une terre où rien n'est plus important que l'homme ou la femme dans sa complexité. Se comprendre, aller vers l'autre, faire un chemin vers l'autre, c'est là l'essentiel.
Cette expérience que vous faites en France, j'aimerais vous convaincre que c'est une expérience vécue aujourd'hui par l'ensemble des pays européens : la France veut occuper sa place et sa responsabilité dans l'Europe. Nous faisons tous les jours cette expérience avec nos amis Allemands, avec les quinze pays de l'Union européenne et demain avec les dix nouveaux pays qui vont nous rejoindre ; la France, l'Europe, ce sont les mêmes valeurs. Quel que soit le pays qui est le vôtre, je veux que vous touchiez du doigt cette caractéristique européenne : nous représentons des valeurs communes. Nous avons à coeur que ces valeurs puissent être portées par un message universel, et quel que soit votre pays d'origine, l'Asie, l'Amérique latine - je sais que vous représentez les cinq continents - nous avons à coeur d'échanger, de partager avec vous, pour être mieux compris, pour être plus efficace aussi en tous les endroits de la planète.
Vous êtes, pour l'essentiel, issus de formation scientifique. Je vous le dis tout de suite, ce n'est pas mon univers personnel. Moi, j'appartiens à une tradition littéraire. Mais vous représentez un univers essentiel : celui de la connaissance en marche ; vous avez un rôle essentiel sur le travail du monde, vers plus de communication, vers plus d'échanges, un monde marqué par l'interdépendance. Et il faut avoir à coeur de faire partager ses connaissances, de mieux les expliquer, de mieux les véhiculer pour être sûr que les hommes en font le meilleur usage. Au coeur de ce travail de connaissance et en particulier de connaissance scientifique et technique, il y a ce que nous avons tous en commun. Ce que nous voulons partager c'est une conscience, c'est une capacité à apprécier, une capacité à juger, une capacité à décider ; car vous le verrez, le monde dans lequel nous entrons, c'est un monde qui vous sollicitera tous les jours davantage en tant bien sûr que jeune qui aspirez à prendre des décisions mais aussi en tant que citoyens du monde, un monde qu'il nous appartient de construire main dans la main.
Je tiens à remercier tous les établissements, où que ce soit en France, qui vont vous accueillir, pour leur disponibilité, pour leur mobilisation avec le comité de pilotage qui a cherché à trouver les meilleurs critères pour faire une sélection. Une sélection c'est toujours douloureux, mais au bout du compte il est important d'avoir à coeur d'être juste, de faire en sorte que la chance qui est donnée à chacun d'entre vous, soit une chance pleinement méritée, une chance pour nous, une chance pour vous, une chance pour le monde de demain.
Je suis heureux que cette année, à titre un peu exceptionnel, nous ayons pu ouvrir un nombre de bourses plus large : c'est dire la confiance que nous avons dans ces bourses Eiffel et à quel point nous pensons qu'est important cet échange que vous réalisez ici en France, pour une durée certes limitée, mais avec la conviction que vous reviendrez, que nous nous retrouverons dans chacun de vos pays et que nous pourrons, ensemble, travailler pour un monde meilleur, pour échanger des informations, pour faire avancer des connaissances ensemble.
Cette idée de tolérance et de respect qui est au coeur de la diplomatie française et qui est au cur aussi de vos aspirations, n'est pas le fait en France d'un membre quelconque du gouvernement, c'est le fait de tout un gouvernement et avec Luc Ferry, nous avons à coeur de travailler ensemble sur toutes ces questions qui sont au coeur de la mobilisation de tous les responsables français. Vous le verrez, vous l'avez vu, à travers les établissements dans lesquels vous allez travailler : il y a là, un élément essentiel de la mobilisation française qui est de faire en sorte de s'ouvrir. Nous devons le faire parce que nous relevons le défi européen, parce que nous voulons relever le défi de la tolérance et de l'échange dans le monde et nous avons à coeur de tisser des relations avec les uns et les autres.
C'est pour cela que je veux tout simplement vous dire au bout de ce trop long discours, à quel point chacun d'entre nous, organisations, établissements, ministères, individus - je salue en particulier le rôle et l'activité d'EduFrance, - nous avons à coeur de créer un esprit nouveau où chacun d'entre nous puisse enrichir l'autre. Je remercie une nouvelle fois le ministère de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche pour sa mobilisation avec nous dans ce domaine. Et je souhaite que vous, les boursiers Eiffel, puissiez garder pendant de longues années, le souvenir de cette venue en France et que nous puissions, tous ensemble, développer le réseau que vous incarnez, un réseau de formation mais aussi un réseau d'échanges et de partage. Je vous remercie.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 janvier 2003)