Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la coopération entre les provinces atlantiques du Canada et Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax le 30 janvier 2003

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Circonstance : Commission mixte franco-canadienne à Halifax (Canada) le 30 janvier 2003

Texte intégral

Monsieur le Président de l'APECA,
Monsieur le Député,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président du Conseil général,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Consul général,
Mesdames et Messieurs,
J'ai tenu à venir assister aujourd'hui à HALIFAX aux travaux de cette sixième Commission mixte de coopération régionale franco-canadienne.
Je veux ainsi montrer l'importance que j'accorde aux relations qui se sont nouées depuis l'Accord du 2 décembre 1994 entre Saint-Pierre et Miquelon et les Provinces Atlantiques du Canada (Nouveau Brunswick, Nouvelle-Ecosse, Terre-Neuve et Labrador, Ile du Prince Edouard).
Je suis d'autant plus attachée à titre personnel à cet Accord franco-canadien, signé entre les deux Premier Ministres, que j'ai participé à sa négociation qui fut longue, difficile mais qui s'est toujours déroulée dans un esprit constructif. Et je me souviens de la fierté des négociateurs, que je conserve pour ma part intacte aujourd'hui, d'avoir ainsi mis fin à ce que certains ont appelé la " guerre de la morue ", qui depuis 20 ans constituait un " irritant " dans les relations franco-canadiennes. Je suis heureuse de constater aujourd'hui que la voie ainsi ouverte à la coopération régionale est appréciée de tous et se renforce au fil des ans.
Chacun d'entre nous est en effet convaincu des effets concrets et positifs de cet accord qui a su mettre en place des relations nouvelles entre Saint-Pierre et Miquelon et les provinces canadiennes voisines. Il a permis d'explorer en commun des domaines nouveaux, en dehors du secteur de la pêche, pour aider à la diversification économique de l'archipel.
Je n'aborderai bien sûr pas dans cette enceinte les problèmes de la pêche qui font l'objet d'échanges au sein du Conseil consultatif créé par l'Accord de 1994.
En me limitant au volet concernant la coopération régionale, je crois pouvoir dire que sa mise en uvre est un succès, puisque plus de quarante projets ont été engagés en huit ans dans des domaines aussi variés que le transport, le tourisme, l'environnement ou les échanges culturels et sportifs.
On doit ainsi à notre coopération régionale l'ouverture de la liaison aérienne entre Saint-Pierre et Saint-Jean de Terre-Neuve. On lui doit aussi le développement des activités du Francoforum, centre d'enseignement et de promotion de la langue et de la culture française en Amérique du Nord, ainsi que les facilités accordées aux étudiants de l'archipel français pour s'inscrire dans les universités du Canada Atlantique.
Mais les projets abondent encore pour l'avenir :
dans l'aquaculture, chercheurs français et canadiens travaillent au développement de l'élevage des morues et de la collecte et de la transformation des algues ;
dans le secteur de l'élimination des déchets où Saint-Pierre et Miquelon souhaiterait bénéficier de l'expérience des Iles de la Madeleine en la matière et l'autorisation des Gouvernements des provinces de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Ecosse pour avoir accès à leurs lieux de traitement et de stockage ;
dans le secteur touristique pour mettre en valeur un extraordinaire patrimoine naturel mais aussi historique. Et je ne peux qu'appuyer ici le souhait de Saint-Pierre et Miquelon d'être associé l'an prochain au quadricentenaire du premier établissement français en Amérique du nord.
pour la préservation de la forêt. La lutte contre le diprion du sapin qui tue tant d'arbres de nos forêts est un combat commun.
Je me réjouis de voir aussi qu'à côtés des élus et des fonctionnaires, les entrepreneurs privés se mobilisent pour densifier encore plus les relations qui nous unissent désormais. A l'instar de ce qui avait été organisé en octobre 2001 à Saint-Pierre, des rencontres professionnelles auxquelles ont prévu de participer une cinquantaine d'entreprises canadiennes et françaises auront lieu cet après-midi. Je suis certaine qu'elles permettront, comme la dernière fois, d'établir de fructueux partenariats et de conclure de nombreux contrats. Car ne l'oublions pas, la coopération régionale ne doit pas être seulement l'affaire des Etats et des gouvernements. Les acteurs économiques doivent aussi y jouer un rôle essentiel.
J'ai le sentiment que nos amis canadiens ont pu mesurer, notamment depuis ces dix dernières années, quel prix la France accorde à Saint-Pierre et Miquelon et à son avenir.
Ces petits morceaux de France au large des côtes canadiennes ne sont pas pour nous des survivances d'une présence dont nous nous souviendrons l'an prochain qu'elle est quadricentenaire. Nous considérons au contraire, que Saint-Pierre et Miquelon est un détachement avancé de la France en Amérique du Nord et c'est aussi une nouvelle frontière de l'Europe. Son destin est au sein de la République française mais en même temps, il est inséparable de celui des provinces atlantiques du Canada voisin. Même si à certains moments du passé, des intérêts divergents ont pu apparaître, il faut qu'ensemble nous ayons la conviction qu'il n'y a pas d'alternative dans l'avenir à la coopération régionale. Nous ferons tout de notre côté, en comptant sur l'appui des élus et des milieux socio-économiques, pour qu'elle se développe encore davantage. Car nous avons beaucoup d'intérêts en commun, qu'il s'agisse du développement durable de nos territoires, de la préservation de leur environnement exceptionnel et plus généralement de leurs relations harmonieuses et mutuellement bénéfiques.

(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 4 février 2003)