Texte intégral
Q - Vous allez faire une communication aujourd'hui sur le bilan de l'intervention française au Kosovo en Conseil des ministres. En regardant l'épais document qui concerne cette intervention, j'ai notamment appris que l'on est passé de 3800 à plus de 8000 soldats français au Kosovo.
R - Les leçons que nous avons à tirer de cette opération, les enseignements qui nous intéressent pour l'avenir c'est la capacité de s'adapter à une situation qui a beaucoup changé, puisqu'on a pris des décisions politiques qui ont évolué dans le temps en fonction de la situation. Au fond, l'objectif qui était celui de la réforme de la défense - qui avait été engagé il y a plusieurs années, qui était déjà réfléchi du temps de François Mitterrand - c'était d'avoir un système aussi souple et aussi modulable que possible. De ce point de vue là, nous avons je crois un sentiment de réussite. Par ailleurs, il y a d'autres enseignements sur lesquels on insiste. C'est d'abord la place des Européens dans le conflit, puisque cette fois-ci, non seulement nous avons été capables de prendre des décisions et de nous engager, mais nous avons contribué à l'emploi de la force de façon significative pendant l'opération aérienne. Et maintenant, au sol, 80 % des soldats qui agissent sont des Européens ; ils sont bien coordonnés entre eux. Donc, quand vous pensez qu'il y a dix ans, on sortait de la guerre froide et d'un système qui n'était absolument pas adapté, que l'on avait eu de graves déconvenues en Bosnie où les Européens avaient fait preuve d'indécisions, on a de ce côté-là quelque chose qui nous rassure. Et enfin, il y a le problème de la France par rapport à l'OTAN. Nous avons démontré que, sans nous intégrer à l'OTAN, nous souhaitons garder notre indépendance ; je ferai observer, au passage qu'il y a un autre pays qui n'est pas intégré à l'OTAN, ce sont les Etats-Unis qui ont développé toute une série d'actions pendant ce conflit sans engager ses forces à l'intérieur de l'Alliance - nous étions, comme on dit dans le jargon, "inter-opérables" ; c'est-à-dire que nos forces pouvaient s'emboîter dans une opération-OTAN et y prendre des responsabilités importantes. Donc, tout cela va bien.
Q - On apprend tous les jours les exactions, les horreurs qui se passent en Tchétchénie. Il est un peu incompréhensible que, quand il s'agit des Balkans on dise : "C'est intolérable, il faut intervenir", et alors qu'il s'agit du Caucase - ce n'est pas beaucoup plus éloigné - on laisse les populations civiles se faire massacrer.
R - Une des leçons du Kosovo c'est aussi qu'il faut faire bien attention lorsque l'on intervient. Il faut avoir pris tous les autres moyens avant et être sûr que quand on interviendra on changera en bien la situation. Aujourd'hui, vous avez des critiques - que je comprends - qui disent : "Au Kosovo, vous n'avez pas réglé tous les problèmes puisqu'il y a encore des conflits. Donc, je en crois pas non plus qu'il faille banaliser l'emploi de la force en disant : "y a qu'à". Cela dit, nous pensons - Hubert Védrine l'a encore dit, hier devant les députés - que la Russie a tort d'employer la force de façon aussi brutale pour résoudre un problème de conflit intérieur. Et les Européens, je pense notamment au prochain sommet européen dans le mois qui vient, vont commencer à mettre sérieusement la pression sur la Russie pour l'amener à changer d'attitude.
Q - Est-ce que Boris Eltsine peut écouter la pression internationale ?
R - Cela me fait penser à la situation en Indonésie. Quand vous avez en même temps un pouvoir fragile, désorganisé et dont l'implosion peut être elle-même génératrice de troubles internationaux, vous agissez aussi avec un peu plus de précautions.
Q - Revenons sur l'affaire des ventes de frégates à Taiwan. Plusieurs personnes demandent la levée du secret-défense. Que répond le ministre de la Défense ?
R - Nous avons fait voter une loi qui donne la possibilité de lever le secret-défense sur la demande du juge en cas de procédure judiciaire. Si cela est demandé, naturellement nous l'appliquerons. Mais je ferai observer aussi que nous avons réorganisé la fonction internationale du ministère de la Défense de manière à avoir un meilleur contrôle des ventes d'armes./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 1999)
R - Les leçons que nous avons à tirer de cette opération, les enseignements qui nous intéressent pour l'avenir c'est la capacité de s'adapter à une situation qui a beaucoup changé, puisqu'on a pris des décisions politiques qui ont évolué dans le temps en fonction de la situation. Au fond, l'objectif qui était celui de la réforme de la défense - qui avait été engagé il y a plusieurs années, qui était déjà réfléchi du temps de François Mitterrand - c'était d'avoir un système aussi souple et aussi modulable que possible. De ce point de vue là, nous avons je crois un sentiment de réussite. Par ailleurs, il y a d'autres enseignements sur lesquels on insiste. C'est d'abord la place des Européens dans le conflit, puisque cette fois-ci, non seulement nous avons été capables de prendre des décisions et de nous engager, mais nous avons contribué à l'emploi de la force de façon significative pendant l'opération aérienne. Et maintenant, au sol, 80 % des soldats qui agissent sont des Européens ; ils sont bien coordonnés entre eux. Donc, quand vous pensez qu'il y a dix ans, on sortait de la guerre froide et d'un système qui n'était absolument pas adapté, que l'on avait eu de graves déconvenues en Bosnie où les Européens avaient fait preuve d'indécisions, on a de ce côté-là quelque chose qui nous rassure. Et enfin, il y a le problème de la France par rapport à l'OTAN. Nous avons démontré que, sans nous intégrer à l'OTAN, nous souhaitons garder notre indépendance ; je ferai observer, au passage qu'il y a un autre pays qui n'est pas intégré à l'OTAN, ce sont les Etats-Unis qui ont développé toute une série d'actions pendant ce conflit sans engager ses forces à l'intérieur de l'Alliance - nous étions, comme on dit dans le jargon, "inter-opérables" ; c'est-à-dire que nos forces pouvaient s'emboîter dans une opération-OTAN et y prendre des responsabilités importantes. Donc, tout cela va bien.
Q - On apprend tous les jours les exactions, les horreurs qui se passent en Tchétchénie. Il est un peu incompréhensible que, quand il s'agit des Balkans on dise : "C'est intolérable, il faut intervenir", et alors qu'il s'agit du Caucase - ce n'est pas beaucoup plus éloigné - on laisse les populations civiles se faire massacrer.
R - Une des leçons du Kosovo c'est aussi qu'il faut faire bien attention lorsque l'on intervient. Il faut avoir pris tous les autres moyens avant et être sûr que quand on interviendra on changera en bien la situation. Aujourd'hui, vous avez des critiques - que je comprends - qui disent : "Au Kosovo, vous n'avez pas réglé tous les problèmes puisqu'il y a encore des conflits. Donc, je en crois pas non plus qu'il faille banaliser l'emploi de la force en disant : "y a qu'à". Cela dit, nous pensons - Hubert Védrine l'a encore dit, hier devant les députés - que la Russie a tort d'employer la force de façon aussi brutale pour résoudre un problème de conflit intérieur. Et les Européens, je pense notamment au prochain sommet européen dans le mois qui vient, vont commencer à mettre sérieusement la pression sur la Russie pour l'amener à changer d'attitude.
Q - Est-ce que Boris Eltsine peut écouter la pression internationale ?
R - Cela me fait penser à la situation en Indonésie. Quand vous avez en même temps un pouvoir fragile, désorganisé et dont l'implosion peut être elle-même génératrice de troubles internationaux, vous agissez aussi avec un peu plus de précautions.
Q - Revenons sur l'affaire des ventes de frégates à Taiwan. Plusieurs personnes demandent la levée du secret-défense. Que répond le ministre de la Défense ?
R - Nous avons fait voter une loi qui donne la possibilité de lever le secret-défense sur la demande du juge en cas de procédure judiciaire. Si cela est demandé, naturellement nous l'appliquerons. Mais je ferai observer aussi que nous avons réorganisé la fonction internationale du ministère de la Défense de manière à avoir un meilleur contrôle des ventes d'armes./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 1999)