Texte intégral
A. Hausser.- Hier, vous avez organisé une convention pour marquer le ralliement d'une grande partie des élus de l'UDF à l'UMP. Avant que l'on en parle, je voudrais que vous me disiez un mot sur la victoire du candidat socialiste à Vitrolles. Il ne faut pas hésiter à faire un front républicain contre l'extrême droite ?
- "En tout cas, c'est à la fois la victoire de la République et la victoire de la démocratie. Le 5 mai dernier, on avait vu que les Français avaient envie de dire "non" à l'extrémisme. C'était un candidat, notre candidat, c'était J. Chirac. Cette fois-ci, c'était un candidat de gauche et ils l'ont dit aussi. C'est important de sentir que dans cette France, aujourd'hui, et dans cette Europe aussi j'espère, il y a une volonté de dire non à l'extrémisme."
Il faut donc que tout le monde s'allie contre l'extrémisme ?
- "Il est important de défendre, dans une société qui perd souvent ses repères, des choses importantes, des valeurs républicaines. C'est comme cela que l'on peut aussi redonner goût à un certain nombre de personnes de croire à nouveau dans la politique, de croire à nouveau en l'engagement, à des idéaux et à des convictions fortes. Nous vivons en démocratie ; tout le monde ne vit pas en démocratie, il y a beaucoup plus de kilomètres carrés sur la planète où on ne vit pas en démocratie, que des pays qui sont parfaitement démocratiques. Le nôtre, il est en démocratie, il faut le garder en démocratie. Il faut le dire dans des conditions aussi historiques que celles-là."
On vous a vu et entendu hier réagir à l'agression de B. Delanoë. Pour vous, cela a été un choc d'entendre cela ?
- "Je veux lui dire ma sympathie, lui dire que j'espère qu'on le verra très vite guéri à son poste, car les clivages politiques disparaissent totalement, heureusement, dès que l'essentiel est en jeu, c'est-à-dire la vie. Cela montre aussi l'exposition des élus à des comportements parfois pathologiques."
Après la guérison, l'angoisse demeure ?
- "Je pense qu'il n'y aura aucune séquelle psychologique. En tout cas, il ne faut pas qu'il y en ait, sinon, on ne peut pas vivre..."
Vous n'avez rien changé à votre vie ?
- "Non."
Vous n'êtes pas protégé en permanence ?
- "Vous ne pouvez pas faire le métier ou cette mission de maire, dans la ville de Toulouse en l'occurrence, ou le maire de Paris pour lui, si vous êtes entouré en permanence de gardes du corps. Ce n'est pas possible, la proximité, le besoin de rencontrer, d'agir en permanence est impossible avec une cohorte de gens autour."
Hier, il y avait cette convention des élus UDF qui rallient l'UMP. Il y a une querelle de chiffres autour de ce ralliement. Vous dites "une majorité d'élus" ; F. Bayrou, lui, dit "pas du tout, la majorité reste avec moi" ; où est la vérité ?
- "Arrêtons les querelles, tout cela est ridicule. D'abord, ce n'est pas un ralliement, nous avons initiés ensemble..."
C'est une adhésion, si vous préférez...
- "Oui, c'est cela, on adhère ensemble avec des gens qui viennent du parti gaulliste, des gens qui viennent du parti libéral, des gens qui viennent de cette famille démocrate-chrétienne, radicale, libérale. Nous voulons faire ce que les Allemands appellent la CDU, ce que J.-M. Aznar en Espagne appelle le Parti populaire espagnol, ce grand parti de centre droit et de droite qui, pour des raisons historiques, manquait en France. Donc, nous le faisons. L'essentiel est de ne jamais dévoyer ses idées. Nous sommes pour la construction européenne, nous voulons une économie sociale, car nous estimons que le but de l'économie, ce n'est pas l'argent, c'est que chacun s'épanouissent, que chacun puisse avoir un travail. Et puis la décentralisation : donner plus de liberté aux maires, aux régions, aux départements. C'est celui-là notre héritage, notre histoire ; nous la revendiquons."
Votre héritage a été un peu capté...
- "Mais justement et tant mieux ! Ce qui est formidable, c'est que cet héritage est partagé maintenant avec d'autres. Dans la mesure où on le partage avec d'autres, pourquoi ne voulez-vous pas qu'on le porte ensemble, dans le même mouvement ? Les querelles, il y en aura toujours en politique..."
Elles existent quand même les querelles, il n'y a pas que la philosophie !
- "Bien sûr, mais alors, gérons-les, faisons de ce parti un parti de débat. Que la droite et le centre droit soit un lieu de débats, d'idées, pas uniquement de petits chefs qui veulent tous devenir président de la République. On vient de passer l'élection présidentielle, laissons-nous quand même cinq ans pour parler du fond. Qu'est-ce qu'il faut faire demain ?"
Vous savez bien qu'une élection présidentielle ne se prépare pas en trois mois et qu'il faut plus de cinq ans d'ailleurs !
- " Oui, mais l'expérience montre que lorsqu'on n'a pas d'idées fortes, on ne dépasse pas le premier tour. Donc, il vaut mieux quand même déjà savoir pourquoi on fait une élection présidentielle. Et Dieu sait s'il va y avoir des sujets - je pense à l'intégration. Vous trouvez que le week-end que l'on vient de passer est un week-end normal dans une République ? Vous pensez qu'il est normal qu'on ne parle pas de l'intégration, des sujets majeurs ? On vient de faire une campagne présidentielle pendant des mois et des mois sans parler du mot "intégration". Nous souhaitons qu'il y ait des états généraux, région par région, de l'intégration, que l'on puisse se dire que nous voulons que les lois de la République soient parfaitement respectées partout, y compris dans les quartiers les plus sensibles. Mais qu'en même temps, on dise non aux discriminations, non au délit de faciès. Ce sont des sujets majeurs et c'est au sein de l'UMP que nous voulons les gérer."
Vous vous opposez à N. Sarkozy dans son projet de loi sur la sécurité ?
- "Non. Je pense que N. Sarkozy a raison..."
Vous croyez que son projet favorise l'intégration ?!
- "Il faut arrêter de monter les Français les uns contre les autres. Plus vous serez au rendez-vous du respect de la loi, plus vous serez au rendez-vous des faibles et des plus démunis. C'est ce que nous voulons faire. Pourquoi quatre cinquièmes des élus de l'UDF, hier..."
Vous dites les quatre cinquièmes ?
- "Il suffit de regarder les gens qui étaient présents hier, vous étiez là, vous l'avez bien vu ! Toutes les fédérations UDF, pourquoi viennent-elles ? Parce qu'elles ont justement envie de débattre de cela, c'est important qu'il y ait des gens qui sont un peu moins libéraux, d'autres un peu plus européens, d'autres un peu plus sociaux."
Comment cela s'organisera-t-il dans l'UMP ?
- "Nous souhaitons que l'UMP soit diversifiée, qu'il y ait des mouvements. Il est normal qu'il y ait des gens qui soient plus européens..."
Mais comment est-ce que cette diversification va être "légalisée", si je puis dire ?
- "Nous allons voter des statuts le 17 novembre, de manière démocratique. Avec A. Juppé, nous souhaitons que ce parti soit très démocratique, que l'on vote pour tout, y compris pour les candidats aux élections locales..."
Y compris pour le nom ?
- "Y compris pour le nom. Nous allons avoir des courants, des mouvements, ce ne seront pas simplement des personnes qui porteront ces mouvements, ce sont des idées différentes et il y aura un débat. On voit que ce débat commence à arriver. Je crois qu'il est important que ce pays se dote de grands partis politiques, démocratiques, pour que les Français et les citoyens se rendent compte que les partis politiques servent à quelque chose."
J.-P. Raffarin reconnaît qu'il existait des impatiences dans le pays et que finalement, les réformes ne vont pas aussi vite qu'il le souhaiterait. Par exemple, pour l'assouplissement des 35 heures, est-ce qu'on est allés trop lentement ? Est-ce que c'est "un projet de gauche", comme dit une députée UMP ?
- "Le problème des 35 heures est très simple : lorsque vous êtes au Smic ou à 1,4 Smic, qu'on vous met aux 35 heures, votre pouvoir d'achat n'augmente pas ou baisse de 1 %, comme dans les trois dernières années. Quand vous êtes au Smic et que votre pouvoir d'achat baisse, vous n'êtes pas content. Voilà pourquoi monsieur Jospin n'a pas fait plus de 17 %. Il faut quand même comprendre que le pouvoir d'achat, l'argent que l'on a dans la poche, c'est important, et en particulier pour ceux qui gagnent peu. Donc, l'augmentation du Smic, des bas salaires, c'est quelque chose que nous, nous avons, nous nous sommes battus, P. Méhaignerie l'a dit au mois d'août : bien sûr qu'il faut un peu moins d'impôt sur le revenu, mais il faut aussi augmenter le salaire direct des bas salaires, des gens peu qualifiés. Et c'est cela le surplus que nous allons donner. Il faut aller très vite, mais il faut penser à deux choses : l'emploi, la baisse des charges, en particulier pour les jeunes et deuxièmement, le pouvoir d'achat. Ce pays a besoin d'avoir un pouvoir d'achat pour augmenter la consommation, seule solution pour augmenter la croissance. Car vous avez vu que la croissance internationale n'est pas très bonne."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 oct 2002)
- "En tout cas, c'est à la fois la victoire de la République et la victoire de la démocratie. Le 5 mai dernier, on avait vu que les Français avaient envie de dire "non" à l'extrémisme. C'était un candidat, notre candidat, c'était J. Chirac. Cette fois-ci, c'était un candidat de gauche et ils l'ont dit aussi. C'est important de sentir que dans cette France, aujourd'hui, et dans cette Europe aussi j'espère, il y a une volonté de dire non à l'extrémisme."
Il faut donc que tout le monde s'allie contre l'extrémisme ?
- "Il est important de défendre, dans une société qui perd souvent ses repères, des choses importantes, des valeurs républicaines. C'est comme cela que l'on peut aussi redonner goût à un certain nombre de personnes de croire à nouveau dans la politique, de croire à nouveau en l'engagement, à des idéaux et à des convictions fortes. Nous vivons en démocratie ; tout le monde ne vit pas en démocratie, il y a beaucoup plus de kilomètres carrés sur la planète où on ne vit pas en démocratie, que des pays qui sont parfaitement démocratiques. Le nôtre, il est en démocratie, il faut le garder en démocratie. Il faut le dire dans des conditions aussi historiques que celles-là."
On vous a vu et entendu hier réagir à l'agression de B. Delanoë. Pour vous, cela a été un choc d'entendre cela ?
- "Je veux lui dire ma sympathie, lui dire que j'espère qu'on le verra très vite guéri à son poste, car les clivages politiques disparaissent totalement, heureusement, dès que l'essentiel est en jeu, c'est-à-dire la vie. Cela montre aussi l'exposition des élus à des comportements parfois pathologiques."
Après la guérison, l'angoisse demeure ?
- "Je pense qu'il n'y aura aucune séquelle psychologique. En tout cas, il ne faut pas qu'il y en ait, sinon, on ne peut pas vivre..."
Vous n'avez rien changé à votre vie ?
- "Non."
Vous n'êtes pas protégé en permanence ?
- "Vous ne pouvez pas faire le métier ou cette mission de maire, dans la ville de Toulouse en l'occurrence, ou le maire de Paris pour lui, si vous êtes entouré en permanence de gardes du corps. Ce n'est pas possible, la proximité, le besoin de rencontrer, d'agir en permanence est impossible avec une cohorte de gens autour."
Hier, il y avait cette convention des élus UDF qui rallient l'UMP. Il y a une querelle de chiffres autour de ce ralliement. Vous dites "une majorité d'élus" ; F. Bayrou, lui, dit "pas du tout, la majorité reste avec moi" ; où est la vérité ?
- "Arrêtons les querelles, tout cela est ridicule. D'abord, ce n'est pas un ralliement, nous avons initiés ensemble..."
C'est une adhésion, si vous préférez...
- "Oui, c'est cela, on adhère ensemble avec des gens qui viennent du parti gaulliste, des gens qui viennent du parti libéral, des gens qui viennent de cette famille démocrate-chrétienne, radicale, libérale. Nous voulons faire ce que les Allemands appellent la CDU, ce que J.-M. Aznar en Espagne appelle le Parti populaire espagnol, ce grand parti de centre droit et de droite qui, pour des raisons historiques, manquait en France. Donc, nous le faisons. L'essentiel est de ne jamais dévoyer ses idées. Nous sommes pour la construction européenne, nous voulons une économie sociale, car nous estimons que le but de l'économie, ce n'est pas l'argent, c'est que chacun s'épanouissent, que chacun puisse avoir un travail. Et puis la décentralisation : donner plus de liberté aux maires, aux régions, aux départements. C'est celui-là notre héritage, notre histoire ; nous la revendiquons."
Votre héritage a été un peu capté...
- "Mais justement et tant mieux ! Ce qui est formidable, c'est que cet héritage est partagé maintenant avec d'autres. Dans la mesure où on le partage avec d'autres, pourquoi ne voulez-vous pas qu'on le porte ensemble, dans le même mouvement ? Les querelles, il y en aura toujours en politique..."
Elles existent quand même les querelles, il n'y a pas que la philosophie !
- "Bien sûr, mais alors, gérons-les, faisons de ce parti un parti de débat. Que la droite et le centre droit soit un lieu de débats, d'idées, pas uniquement de petits chefs qui veulent tous devenir président de la République. On vient de passer l'élection présidentielle, laissons-nous quand même cinq ans pour parler du fond. Qu'est-ce qu'il faut faire demain ?"
Vous savez bien qu'une élection présidentielle ne se prépare pas en trois mois et qu'il faut plus de cinq ans d'ailleurs !
- " Oui, mais l'expérience montre que lorsqu'on n'a pas d'idées fortes, on ne dépasse pas le premier tour. Donc, il vaut mieux quand même déjà savoir pourquoi on fait une élection présidentielle. Et Dieu sait s'il va y avoir des sujets - je pense à l'intégration. Vous trouvez que le week-end que l'on vient de passer est un week-end normal dans une République ? Vous pensez qu'il est normal qu'on ne parle pas de l'intégration, des sujets majeurs ? On vient de faire une campagne présidentielle pendant des mois et des mois sans parler du mot "intégration". Nous souhaitons qu'il y ait des états généraux, région par région, de l'intégration, que l'on puisse se dire que nous voulons que les lois de la République soient parfaitement respectées partout, y compris dans les quartiers les plus sensibles. Mais qu'en même temps, on dise non aux discriminations, non au délit de faciès. Ce sont des sujets majeurs et c'est au sein de l'UMP que nous voulons les gérer."
Vous vous opposez à N. Sarkozy dans son projet de loi sur la sécurité ?
- "Non. Je pense que N. Sarkozy a raison..."
Vous croyez que son projet favorise l'intégration ?!
- "Il faut arrêter de monter les Français les uns contre les autres. Plus vous serez au rendez-vous du respect de la loi, plus vous serez au rendez-vous des faibles et des plus démunis. C'est ce que nous voulons faire. Pourquoi quatre cinquièmes des élus de l'UDF, hier..."
Vous dites les quatre cinquièmes ?
- "Il suffit de regarder les gens qui étaient présents hier, vous étiez là, vous l'avez bien vu ! Toutes les fédérations UDF, pourquoi viennent-elles ? Parce qu'elles ont justement envie de débattre de cela, c'est important qu'il y ait des gens qui sont un peu moins libéraux, d'autres un peu plus européens, d'autres un peu plus sociaux."
Comment cela s'organisera-t-il dans l'UMP ?
- "Nous souhaitons que l'UMP soit diversifiée, qu'il y ait des mouvements. Il est normal qu'il y ait des gens qui soient plus européens..."
Mais comment est-ce que cette diversification va être "légalisée", si je puis dire ?
- "Nous allons voter des statuts le 17 novembre, de manière démocratique. Avec A. Juppé, nous souhaitons que ce parti soit très démocratique, que l'on vote pour tout, y compris pour les candidats aux élections locales..."
Y compris pour le nom ?
- "Y compris pour le nom. Nous allons avoir des courants, des mouvements, ce ne seront pas simplement des personnes qui porteront ces mouvements, ce sont des idées différentes et il y aura un débat. On voit que ce débat commence à arriver. Je crois qu'il est important que ce pays se dote de grands partis politiques, démocratiques, pour que les Français et les citoyens se rendent compte que les partis politiques servent à quelque chose."
J.-P. Raffarin reconnaît qu'il existait des impatiences dans le pays et que finalement, les réformes ne vont pas aussi vite qu'il le souhaiterait. Par exemple, pour l'assouplissement des 35 heures, est-ce qu'on est allés trop lentement ? Est-ce que c'est "un projet de gauche", comme dit une députée UMP ?
- "Le problème des 35 heures est très simple : lorsque vous êtes au Smic ou à 1,4 Smic, qu'on vous met aux 35 heures, votre pouvoir d'achat n'augmente pas ou baisse de 1 %, comme dans les trois dernières années. Quand vous êtes au Smic et que votre pouvoir d'achat baisse, vous n'êtes pas content. Voilà pourquoi monsieur Jospin n'a pas fait plus de 17 %. Il faut quand même comprendre que le pouvoir d'achat, l'argent que l'on a dans la poche, c'est important, et en particulier pour ceux qui gagnent peu. Donc, l'augmentation du Smic, des bas salaires, c'est quelque chose que nous, nous avons, nous nous sommes battus, P. Méhaignerie l'a dit au mois d'août : bien sûr qu'il faut un peu moins d'impôt sur le revenu, mais il faut aussi augmenter le salaire direct des bas salaires, des gens peu qualifiés. Et c'est cela le surplus que nous allons donner. Il faut aller très vite, mais il faut penser à deux choses : l'emploi, la baisse des charges, en particulier pour les jeunes et deuxièmement, le pouvoir d'achat. Ce pays a besoin d'avoir un pouvoir d'achat pour augmenter la consommation, seule solution pour augmenter la croissance. Car vous avez vu que la croissance internationale n'est pas très bonne."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 oct 2002)