Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations économiques et culturelles franco-brésiliennes, la situation économique et l'investissement français au Brésil, Paris le 12 décembre 2002.

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Circonstance : Colloque "Le Brésil : défis et enjeux au lendemain des élections présidentielles" organisé sous l'égide du groupe interparlementaire France - Amérique du Sud" en partenariat avec le CFCE, au Sénat le 12 décembre 2002

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Présidents,
Messieurs les Sénateurs, chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est particulièrement heureux d'accueillir aujourd'hui ce colloque économique sur le Brésil, pays avec lequel la France entretient les plus amicales relations, organisé sous l'égide du groupe interparlementaire France-Amérique du Sud, en partenariat avec nos amis du Centre Français du Commerce Extérieur.
Le mérite de cette rencontre revient, en très large part, au Président du groupe interparlementaire, Monsieur le Sénateur Roland du Luart, ainsi qu'à son Président délégué pour le Brésil, Monsieur Philippe Adnot, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour qu'elle voit le jour.
Puisque nous clôturons, avec le Brésil, le cycle 2002 de nos colloques économiques, permettez-moi, avant d'entrer dans le vif du sujet, de constater le succès croissant de cette formule qui permet de réunir des personnalités et des représentants de divers pays, en vue de renforcer nos relations économiques et culturelles.
Nous avons traité, cette année, de pays aussi différents que l'Irak et le Canada, la Mongolie ou le Maroc, la Roumanie et l'Azerbaïdjan... mais toujours avec le même souci premier, celui d'apporter à nos entreprises, et en particulier aux PMI-PME, une information très concrète, aussi en prise que possible sur les réalités des marchés qu'elles abordent. Il y a d'ailleurs dans certains pays, de grandes entreprises françaises, comme TotalFinaElf, qui pourraient aussi favoriser la création de plus petites.
Je dois, à cet égard, souligner la mission essentielle du Centre Français du Commerce Extérieur, de son directeur général, Jean-Daniel Gardère et de tous ses collaborateurs. Ils prolongent et valorisent les efforts patients - et pas toujours bien connus du grand public - de nos postes d'expansion économique, pièces maîtresses du rayonnement économique de la France à l'étranger. Sans omettre, bien sûr, l'action déterminante de nos représentants de la Direction des relations économiques extérieures du Ministère des Finances.
Le fait est que, trop souvent, les entrepreneurs et investisseurs français n'ont pas une connaissance suffisante des opportunités d'affaires à l'étranger, y compris dans des Etats qui peuvent pourtant se révéler des partenaires économiques de premier plan. Nous manquons également parfois de spécialistes connaissant bien la fiscalité et la loi des pays dans lesquels nous nous implantons. Nos services du Ministère des Finances doivent, là aussi, s'efforcer de soutenir des industriels à l'étranger en cette matière.
Le Brésil est un bon exemple de cette lacune d'information. Comme le relève à juste titre la plaquette de présentation du colloque, ce pays souffre d'un réel déficit d'image, peu propice au développement des échanges commerciaux.
Certes, en 2002, le Brésil a bénéficié d'une large audience, voire de débats passionnés, notamment pendant les semaines qui ont précédé la dernière élection présidentielle. La victoire du Président " Lula " da Silva a retenu l'attention de tous les observateurs. Du même coup, les médias européens et la presse spécialisée ont largement passé en revue la situation économique et financière que devra gérer la nouvelle équipe au pouvoir. Mais par-delà l'effet de mode, les préventions restent fortes. La réalité est qu'on entend, ça et là, nombre de critiques sur l'économie brésilienne, qui ne sont pas toujours justifiées !
Pourtant, comment ne pas constater que les principaux indicateurs de l'économie brésilienne, une des 10 premières puissances mondiales, sont bien éloignés de l'image économique médiocre de ce pays dans l'esprit de beaucoup d'Européens ?
Je ne citerai que quelques exemples qui m'apparaissent significatifs. Ces dernières années, le Brésil a jugulé son inflation, ramenée de 22 % en 1995 à moins de 5 % cette année. Dans le même temps, le plan d'assainissement monétaire a dopé l'économie, avec pour premier effet de faire remonter des millions de Brésiliens au-dessus du seuil de pauvreté. Aujourd'hui, 87 % des foyers brésiliens ont la télévision, la scolarisation a progressé à un rythme soutenu - 95 % des jeunes de 7 à 14 ans vont à l'école - les privatisations vont bon train et la balance commerciale devrait dégager, cette année, un excédent de 12 milliards de dollars. Enfin, signal fort pour les investisseurs étrangers : le pays parvient, globalement à honorer les remboursements de sa dette extérieure. Certes, des échéances délicates attendent encore le nouveau Président, d'autant que les statistiques macro-économiques ne rendent pas bien compte des écarts de richesse qui séparent les Brésiliens riches des Brésiliens pauvres. Cette répartition inégalitaire reste la source de tensions sociales qu'il ne faut pas sous-estimer, et que les entreprises étrangères intègrent évidemment comme un facteur de risque. Dans le même ordre d'idées, la violence qui règne dans les mégapoles brésiliennes peut rebuter certains investisseurs.
Sur le plan international, le Brésil, à l'instar de plusieurs de ses partenaires d'Amérique latine, est confronté aux promesses, mais aussi aux défis, de l'intégration régionale, avec la montée en puissance du Mercosul, dont il a fait sa priorité. Les pays européens ont, eux aussi, vécu un tel processus d'intégration. Le sommet de Copenhague va s'ouvrir bientôt et il me semble bon d'élargir l'Union Européenne, pour créer le bien-être de tous et non de quelques-uns seulement. La CEE, puis l'Union européenne, nous ont montré tous les progrès et tous les bénéfices à attendre de l'intégration économique, et je suis convaincu qu'à terme, le Mercosul favorisera, lui aussi, des avancées comparables dans les Etats qui en sont membres.
Mais surtout, avec une population de 182 millions d'habitants, dont près de 30 % de moins de 15 ans, le Brésil est riche de ses femmes et de ses hommes, auxquels les entreprises françaises et européennes peuvent apporter beaucoup. Nombre d'entre elles ont déjà engagé le mouvement : sait-on, par exemple, que parmi les pays émergents, le Brésil est devenu en dix ans une des premières destinations des investissements directs français ?
" Défis et enjeux " : le titre de notre colloque résume assez bien la situation du Brésil d'aujourd'hui : un paysage économique contrasté, mais, en définitive, attractif. Avec les conseils éclairés du CFCE, je suis convaincu que le savoir-faire de nos entreprises, grandes ou petites, peut facilement trouver à s'employer dans ce pays ami, qui représente, pour tous les secteurs, un marché à fortes potentialités.
Tous les pays du monde sont animés par une même volonté : produire et gagner des marchés. C'est un réel combat et nous devons nous mobiliser pour conquérir ces marchés. Je fais confiance aux uns et aux autres pour que nous soyons au rendez-vous dans ce domaine.
Je souhaite à tous un excellent, studieux et fructueux colloque, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat, le meilleur souvenir qui vous incitera à y revenir.
(source http://www.senat.fr, le 31 décembre 2002)