Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Jeudi, vous êtes confronté à votre premier vrai mouvement social : la CGT-Energie organise une manifestation pour protester contre la privatisation prochaine d'EDF et Gaz de France. Est-ce que c'est l'amorce d'une contestation d'ampleur ? Est-ce que vous êtes préoccupé ?
- "On ne peut jamais dire les chose à l'avance, mais je sais, pour en avoir parlé avec la CGT, que cette manifestation est surtout destinée à organiser la protection du statut du personnel d'EDF et, en particulier, des régimes de retraites qui sont, on le sait, des régimes de retraites particuliers. C'est une manifestation très ciblée sur laquelle, j'en suis convaincu, le ministre des Finances saura apporter aux salariés d'EDF les garanties raisonnables qu'ils attendent."
On a entendu hier A. Lambert qui le disait. Mais est-ce que ces garanties de service public peuvent être données avec la privatisation qui paraît inéluctable ?
- "Pour le moment, il ne s'agit que d'ouvrir le capital d'EDF pour permettre à EDF de lutter à armes égales sur le marché international et de satisfaire les règles qui sont celles de l'Union européenne. Il ne s'agit pas de privatisation et le service public n'est pas remis en cause. Je dois dire, d'ailleurs, que dans d'autres exemples d'ouverture du capital, comme France Télécom et malgré les difficultés financières que rencontre l'entreprise, le service public n'a pas été remis en cause."
C'est le meilleur exemple France Télécom ?
- "C'est un exemple difficile mais il faut regarder les choses sur le long terme. France Télécom est une belle entreprise qui a beaucoup d'avenir."
On note en tout cas que jeudi, les protestataires ne vont pas défiler pour défendre les 35 heures ou l'emploi... Le chômage augmente dans une phase d'amollissement de l'économie ; il risque, disent les économistes, de continuer à progresser. A quel nouvel effort êtes-vous disposé pour aider l'emploi ?
- "Nous agissons dans deux directions. D'abord, nous sommes en train de soutenir la consommation avec l'augmentation sans précédent des bas salaires que nous allons décider au Parlement dans quelques jours, l'harmonisation des Smic , qui concerne plus des deux tiers des personnes qui sont aujourd'hui rémunérées au Smic."
C'est un coût de combien ?
- "C'est un coût entre 6 et 8 milliards d'euros, qui sera d'ailleurs compensé aux entreprises. Il y a la baisse de l'impôt sur le revenu cumulative 2002 et 2003. Donc, nous soutenons la consommation, parce que la consommation, aujourd'hui, c'est finalement ce qui tient le mieux. Mais de l'autre côté, nous sommes en train de donner un peu plus de respiration à l'économie. Il faut bien voir que l'économie française a été étouffée par les lois sur les 35 heures, par les contraintes qui lui ont été imposées. Du coup, ses performances en matière d'emploi sont beaucoup moins bonnes que celles des autres pays européens. La première réponse au chômage, ce n'est pas du traitement social, c'est plus de liberté pour l'économie et plus de pouvoir d'achat pour les Français."
Mais vous accompagnerez socialement le chômeur ?
- "Bien sûr, on va l'accompagner. D'abord, il y a tous les dispositifs d'assurance chômage qui fonctionnent et sur lesquels l'Etat est extrêmement vigilant. Mais nous sommes en train de revoir le dispositif de soutien à ceux qui sont sans emploi, nous sommes en train de faire évoluer le revenu minimum d'insertion vers un revenu minimum d'activité."
Il y a les emplois pour les jeunes...
- "Nous sommes en train de préparer le CIVIS, le contrat d'insertion dans la vie sociale, qui va permettre de remplacer, pour une part, les emplois-jeunes qui vont progressivement s'éteindre sur les 5 ans qui viennent, par un contrat qui sera un contrat personnel, un contrat destiné à aider les jeunes qui ont des projets."
A partir de quand ?
- "A partir de l'année 2003."
Après demain, le débat sur l'assouplissement de la loi sur les 35 heures va s'engager à l'Assemblée. Il sera rude et vous serez sollicité mais c'est un décret qui peut déjà libérer les heures supplémentaires. Il dépend de vous : quand signerez-vous le décret sur les heures supplémentaires ?
- "Comme je l'ai toujours dit, le décret sera applicable avant la mi-octobre. Cela veut dire qu'il sera applicable dans les tout prochains jours."
Vous avez votre stylo, quand le signerez -vous ?
- "Peut-être est-il déjà signé ! Simplement, ce décret sortira en même temps que le débat parlementaire s'engagera parce qu'il sera éclairé par les débats que nous allons avoir à l'Assemblée nationale."
Donc cette semaine ?
- "Dans les tout prochains jours."
Les entreprises et les salariés en ont besoin et vous savez qu'ils l'attendent. Que va-t-il contenir ?
- "Ce décret permettra simplement de passer à 180 heures supplémentaires maximum contre 130 aujourd'hui pour toutes les entreprises qui n'ont pas d'accord en matière de passage aux 35 heures ou qui ont un accord qui permettait déjà d'aller au-delà des 130 heures fixées par la loi, mais que les lois Aubry 2 ont rendu inapplicable."
Donc cette semaine, le décret sera signé par F. Fillon ?
- "Dans les prochains jours, je n'ai pas dit cette semaine."
C'est intéressant parce qu'il y a de l'attente dans les entreprises et il ne faut peut-être pas donner l'impression d'hésitation.
- "Il n'y a pas d'hésitation, il y a simplement un calendrier qui est le mien et sur lequel je ne bouge pas parce que ce calendrier a sa cohérence. Je ne fais pas les choses dans la précipitation et je ne les fais pas sous la pression de qui que ce soit."
Si les 35 heures c'est une si mauvaise idée et si coûteuse, pourquoi ne les supprime-t-on pas ?
- "Parce que cela aurait désorganisé complètement l'économie française qui s'est organisée autour de ces textes dans beaucoup d'entreprises. Parce que, aussi, beaucoup de salariés y sont attachés et que cela n'était pas le contrat que nous avions avec les Français à travers les deux campagnes - législatives et présidentielle - que nous venons de faire."
Avec J.-P. Raffarin, vous prévoyez de réviser la loi dite "de modernisation sociale" du précédent gouvernement. Comment allez-vous, concrètement, alléger la législation sur les plans sociaux ?
- "C'est une loi qui, aujourd'hui, produit du licenciement. Nous allons faire suspendre, par un autre texte législatif, les articles de cette loi qui, en cumulant les délais, obligent ou poussent les entreprises à déposer leur bilan plutôt qu'à faire un plan social."
Donc il sera plus facile de licencier ?
- "Non, il sera plus facile de sauver des emplois alors qu'aujourd'hui le dépôt de bilan menace l'existence même des entreprises. Et ensuite, nous allons renvoyer aux partenaires sociaux la responsabilité de se mettre d'accord sur de nouvelles dispositions pour remplacer celles que nous aurons suspendues."
Les problèmes seront réglés l'un après l'autre disait l'autre soir le Premier ministre. Pour les retraites, il promet fin juin. Selon quel calendrier ?
- "Sur les retraites, nous allons ouvrir une grande concertation au début de l'année 2003, comme je l'avais indiqué dès ma nomination à ce ministère. Cette concertation va nous conduire à mener parallèlement les réflexions et les discussions sur le secteur public et sur le secteur privé pour arriver à des décisions avant l'été 2003."
Il y aura donc les régimes particuliers de retraites après ?
- "Les régimes particuliers de retraite seront examinés après."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 sept 2002)
- "On ne peut jamais dire les chose à l'avance, mais je sais, pour en avoir parlé avec la CGT, que cette manifestation est surtout destinée à organiser la protection du statut du personnel d'EDF et, en particulier, des régimes de retraites qui sont, on le sait, des régimes de retraites particuliers. C'est une manifestation très ciblée sur laquelle, j'en suis convaincu, le ministre des Finances saura apporter aux salariés d'EDF les garanties raisonnables qu'ils attendent."
On a entendu hier A. Lambert qui le disait. Mais est-ce que ces garanties de service public peuvent être données avec la privatisation qui paraît inéluctable ?
- "Pour le moment, il ne s'agit que d'ouvrir le capital d'EDF pour permettre à EDF de lutter à armes égales sur le marché international et de satisfaire les règles qui sont celles de l'Union européenne. Il ne s'agit pas de privatisation et le service public n'est pas remis en cause. Je dois dire, d'ailleurs, que dans d'autres exemples d'ouverture du capital, comme France Télécom et malgré les difficultés financières que rencontre l'entreprise, le service public n'a pas été remis en cause."
C'est le meilleur exemple France Télécom ?
- "C'est un exemple difficile mais il faut regarder les choses sur le long terme. France Télécom est une belle entreprise qui a beaucoup d'avenir."
On note en tout cas que jeudi, les protestataires ne vont pas défiler pour défendre les 35 heures ou l'emploi... Le chômage augmente dans une phase d'amollissement de l'économie ; il risque, disent les économistes, de continuer à progresser. A quel nouvel effort êtes-vous disposé pour aider l'emploi ?
- "Nous agissons dans deux directions. D'abord, nous sommes en train de soutenir la consommation avec l'augmentation sans précédent des bas salaires que nous allons décider au Parlement dans quelques jours, l'harmonisation des Smic , qui concerne plus des deux tiers des personnes qui sont aujourd'hui rémunérées au Smic."
C'est un coût de combien ?
- "C'est un coût entre 6 et 8 milliards d'euros, qui sera d'ailleurs compensé aux entreprises. Il y a la baisse de l'impôt sur le revenu cumulative 2002 et 2003. Donc, nous soutenons la consommation, parce que la consommation, aujourd'hui, c'est finalement ce qui tient le mieux. Mais de l'autre côté, nous sommes en train de donner un peu plus de respiration à l'économie. Il faut bien voir que l'économie française a été étouffée par les lois sur les 35 heures, par les contraintes qui lui ont été imposées. Du coup, ses performances en matière d'emploi sont beaucoup moins bonnes que celles des autres pays européens. La première réponse au chômage, ce n'est pas du traitement social, c'est plus de liberté pour l'économie et plus de pouvoir d'achat pour les Français."
Mais vous accompagnerez socialement le chômeur ?
- "Bien sûr, on va l'accompagner. D'abord, il y a tous les dispositifs d'assurance chômage qui fonctionnent et sur lesquels l'Etat est extrêmement vigilant. Mais nous sommes en train de revoir le dispositif de soutien à ceux qui sont sans emploi, nous sommes en train de faire évoluer le revenu minimum d'insertion vers un revenu minimum d'activité."
Il y a les emplois pour les jeunes...
- "Nous sommes en train de préparer le CIVIS, le contrat d'insertion dans la vie sociale, qui va permettre de remplacer, pour une part, les emplois-jeunes qui vont progressivement s'éteindre sur les 5 ans qui viennent, par un contrat qui sera un contrat personnel, un contrat destiné à aider les jeunes qui ont des projets."
A partir de quand ?
- "A partir de l'année 2003."
Après demain, le débat sur l'assouplissement de la loi sur les 35 heures va s'engager à l'Assemblée. Il sera rude et vous serez sollicité mais c'est un décret qui peut déjà libérer les heures supplémentaires. Il dépend de vous : quand signerez-vous le décret sur les heures supplémentaires ?
- "Comme je l'ai toujours dit, le décret sera applicable avant la mi-octobre. Cela veut dire qu'il sera applicable dans les tout prochains jours."
Vous avez votre stylo, quand le signerez -vous ?
- "Peut-être est-il déjà signé ! Simplement, ce décret sortira en même temps que le débat parlementaire s'engagera parce qu'il sera éclairé par les débats que nous allons avoir à l'Assemblée nationale."
Donc cette semaine ?
- "Dans les tout prochains jours."
Les entreprises et les salariés en ont besoin et vous savez qu'ils l'attendent. Que va-t-il contenir ?
- "Ce décret permettra simplement de passer à 180 heures supplémentaires maximum contre 130 aujourd'hui pour toutes les entreprises qui n'ont pas d'accord en matière de passage aux 35 heures ou qui ont un accord qui permettait déjà d'aller au-delà des 130 heures fixées par la loi, mais que les lois Aubry 2 ont rendu inapplicable."
Donc cette semaine, le décret sera signé par F. Fillon ?
- "Dans les prochains jours, je n'ai pas dit cette semaine."
C'est intéressant parce qu'il y a de l'attente dans les entreprises et il ne faut peut-être pas donner l'impression d'hésitation.
- "Il n'y a pas d'hésitation, il y a simplement un calendrier qui est le mien et sur lequel je ne bouge pas parce que ce calendrier a sa cohérence. Je ne fais pas les choses dans la précipitation et je ne les fais pas sous la pression de qui que ce soit."
Si les 35 heures c'est une si mauvaise idée et si coûteuse, pourquoi ne les supprime-t-on pas ?
- "Parce que cela aurait désorganisé complètement l'économie française qui s'est organisée autour de ces textes dans beaucoup d'entreprises. Parce que, aussi, beaucoup de salariés y sont attachés et que cela n'était pas le contrat que nous avions avec les Français à travers les deux campagnes - législatives et présidentielle - que nous venons de faire."
Avec J.-P. Raffarin, vous prévoyez de réviser la loi dite "de modernisation sociale" du précédent gouvernement. Comment allez-vous, concrètement, alléger la législation sur les plans sociaux ?
- "C'est une loi qui, aujourd'hui, produit du licenciement. Nous allons faire suspendre, par un autre texte législatif, les articles de cette loi qui, en cumulant les délais, obligent ou poussent les entreprises à déposer leur bilan plutôt qu'à faire un plan social."
Donc il sera plus facile de licencier ?
- "Non, il sera plus facile de sauver des emplois alors qu'aujourd'hui le dépôt de bilan menace l'existence même des entreprises. Et ensuite, nous allons renvoyer aux partenaires sociaux la responsabilité de se mettre d'accord sur de nouvelles dispositions pour remplacer celles que nous aurons suspendues."
Les problèmes seront réglés l'un après l'autre disait l'autre soir le Premier ministre. Pour les retraites, il promet fin juin. Selon quel calendrier ?
- "Sur les retraites, nous allons ouvrir une grande concertation au début de l'année 2003, comme je l'avais indiqué dès ma nomination à ce ministère. Cette concertation va nous conduire à mener parallèlement les réflexions et les discussions sur le secteur public et sur le secteur privé pour arriver à des décisions avant l'été 2003."
Il y aura donc les régimes particuliers de retraites après ?
- "Les régimes particuliers de retraite seront examinés après."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 sept 2002)