Texte intégral
Monsieur le Maire d'Evian,
Monsieur le Président, Cher Didier Borotra,
Mesdames et messieurs les maires,
Mesdames et Messieurs,
J'ai bien prévu de vous dire quelques mots, comme il est d'usage, à votre congrès.
Mais je dois au paravant vous faire part d'une mission qui m'a été confiée et dont je n'ai pris connaissance qu'hier soir.
A l'occasion de la journée mondiale du tourisme, le Président Jacques Chirac a souhaité vous adresser un message.
Je l'ai avec moi, et il m'a demandé de vous le lire.
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Après la lecture du message présidentiel, permettez-moi de reprendre ma modeste casquette de Secrétaire d'Etat au Tourisme.
Je vous remercie, Monsieur le Président, de m'avoir convié au congrès de votre association.
J'ai un très grand plaisir à rencontrer vos adhérents venus nombreux.
Car, vous le savez, votre association est l'interlocuteur privilégié de mon ministère pour tous les sujets qui concernent les stations classées.
Vos 1.100 communes représentent toute la diversité des espaces touristiques de France métropolitaine et d'outre-mer.
Nous nous sommes rencontrés la semaine dernière, Monsieur le Président, il m'est donc agréable de poursuivre, ici, le dialogue amorcé.
J'y reviendrai tout à l'heure, si vous me le permettez.
Ce n'est, en effet, pas un hasard si vous avez organisé votre congrès à Evian.
Cette ville hautement symbolique des communes touristiques déploie avec talent ses atouts de ville de l'intérieur, de ville de montagne et de station thermale réputée.
De plus il y a quelques jours, Evian a reçu la médaille d'Or de l'Entente Florale Européenne. Cette distinction internationale récompense les aménagements paysagers de grande qualité que vous réalisez depuis bien longtemps dans votre ville.
Permettez-moi une nouvelle fois de vous féliciter, Cher Marc Francina (maire d'Evian).
Mesdames et messieurs,
Il se trouve que votre manifestation se déroule ce 27 septembre, journée mondiale du tourisme.
Journée dédiée cette année au développement durable.
C'est une véritable reconnaissance du tourisme en termes économique, social, culturel et environnemental.
Le sommet de Johannesburg vient de se terminer. Il en résulte que "la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée séparément."
C'était l'occasion, pour la France, et par la voix du Président Jacques Chirac, de réaffirmer l'importance que nous accordons au développement durable.
Le Président a fait plusieurs propositions novatrices, comme la création d'une organisation mondiale de l'environnement.
Parler de tourisme durable, c'est parler d'un tourisme de qualité.
C'est attribuer au tourisme sa place -et toute sa place- dans les politiques locales et territoriales.
Le tourisme est également fortement lié à l'aménagement du territoire au sens le plus large.
Et vous savez de quoi je parle, en tant qu'élus locaux :
moyens de communication, capacité d'hébergement, équipements, création d'emplois, qualité de vie.
Malheureusement, nous observons que 80% des touristes se concentrent sur 20% du territoire, et essentiellement le littoral.
Sachez que mon action vise en priorité à équilibrer les flux touristiques, dans le temps et dans l'espace.
Il nous faut valoriser de nouveaux territoires réceptifs dans l'arrière pays.
Promouvoir la diversité de nos paysages, de notre patrimoine architectural, végétal, culturel et de nos savoir-faire, sont des atouts considérables.
Il nous faut encourager les partenariats, créer des événements, organiser des activités ludiques, développer la participation des populations locales.
Autant d'idées à soutenir.
Bref, l'émergence de nouvelles dynamiques fera appel d'air, et attirera les curieux !
Pour cela je souhaite développer un dialogue constant entre les professionnels et les élus locaux, dans la perspective des défis que nous devons relever.
La décentralisation dans laquelle s'engage notre pays est une volonté politique forte du gouvernement.
Il s'agit de réorganiser l'attribution des compétences, de réaffirmer le rôle de l'Etat.
Alors que faut-il faire ?
Une large concertation est lancée, et j'invite dès maintenant l'ensemble des acteurs du tourisme à y prendre part.
C'est en effet l'occasion de redéfinir les liens entre collectivités et Etat, entre secteur privé et public pour trouver de nouvelles synergies, mais aussi une plus grande proximité entre professionnels et populations.
Engageons un vrai débat sur le fond et les formes.
Entre octobre 2002 et janvier 2003, les assises des libertés locales seront organisées dans toutes les régions de métropole et d'outre-mer. Elles débuteront dans les pays de Loire et s'achèveront en Guyane.
Chacun d'entre vous aura la possibilité de s'exprimer dans ces réunions régionales,
Elles devront nous permettre de nous interroger sur des points fondamentaux, à savoir :
Qui fait quoi ?
A quel niveau ?
Et avec qui ?
La logique administrative est-elle compatible avec l'idée de "pôles touristiques" ?
Dans cette démarche, gardons à l'esprit de privilégier une approche pertinente et une cohérence dans les responsabilités des territoires.
Ce débat sur la décentralisation ouvre le droit des régions à l'expérimentation.
Cela nous permettra de tester sur le terrain et en grandeur réelle les nouveaux modes de fonctionnement.
Mesdames et messieurs,
Compte tenu du caractère transversal du tourisme, je veillerai à ce que tous mes collègues du gouvernement mesurent le poids que représente le tourisme dans l'économie française.
Vous pouvez compter sur moi.
C'est l'essentiel de ma mission.
En outre, je m'attache par exemple à la prise en compte du tourisme dans tous les textes de loi qui sont soumis à l'approbation du parlement et qui ont une incidence sur ce secteur.
Nos préoccupations ont trop longtemps été oubliées dans le passé.
C'est le cas de loi SRU, notamment la place des logements sociaux dans les stations classées, ou encore la loi sur l'intercommunalité, dite loi de Chevènement.
C'est pourquoi, je veux être un ministre partenaire.
Partenaire de tous les acteurs qui oeuvrent pour cette industrie moderne.
Dans ce contexte, il est important de réaffirmer le rôle de l'Etat.
D'abord en ce qui concerne le domaine juridique, et cela vous intéresse particulièrement, la simplification administrative sera la bienvenue !
Je sais que la durée d'instruction des dossiers de classement des stations est de l'ordre de 5 ans.
La plus rapide a duré 2 ans, et c'était pour la ville de Lille.
En revanche, la plus longue a duré jusqu'à 15 ans.
Et ce n'est pas une histoire drôle.
Il faut raccourcir les délais. Vous en êtes certainement d'accord.
De même, au nombre des améliorations, je travaille à l'achèvement rapide du Code du Tourisme. C'est un élément important pour la reconnaissance de notre industrie.
Il faut par exemple harmoniser les réglementations ou l'attribution des pavillons bleus, que vous connaissez bien.
A ce titre, le 7 août dernier, j'ai demandé à l'Inspection Générale du Tourisme, qui travaille conjointement avec le Ministère de l'Intérieur, le Ministère de la Santé et le Ministère de l'Ecologie, d'analyser les modalités d'attribution et de faire des propositions.
Tout cela doit être accompagné d'un meilleur développement de l'information quant à l'observation statistique et économique permettant de disposer d'indicateurs plus réactifs et plus lisibles.
Une mission de réflexion à ce sujet est prévue.
Quant à la coopération internationale et à la promotion de la France à l'étranger, ce sont des atouts majeurs pour conforter notre place de première destination mondiale, que nous ne devons pas négliger.
Fin août, à la conférence des ambassadeurs, j'ai eu l'honneur de présider un déjeuner en présence d'une quarantaine de diplomates. Au côté de Dominique de Villepin, j'ai sollicité leur soutien dans l'action de valorisation de l'image de la France, de ses régions, de ses produits et, bien entendu, de ses stations classées.
Dans cet objectif, les campagnes de communication et le rôle de Maison de la France, que vous connaissez bien, doivent être renforcées.
Depuis mon arrivée, j'ai rencontré un grand nombre de professionnels, de responsables associatifs et d'élus.
Comme je vous l'ai dit, je suis votre partenaire, vous, élus des communes touristiques.
Je suis à l'écoute de vos attentes et de vos préoccupations.
Mais aussi de vos réussites, car elles sont autant d'éléments qui constituent des exemples pour vos confrères.
J'attends que votre association participe efficacement aux débats.
Monsieur le Président, Monsieur Borotra vous avez été le porte-parole de vos adhérents et je vous ai entendu.
Vous avez évoqué :
- la révision des critères définissant une commune touristique. Il est vrai qu'ils datent de 1919.
- l'ampleur des investissements d'équipements que demande l'accueil des touristes qui doublent, triplent et parfois plus, la population locale.
- la modernisation de la loi de décembre 1992 sur la répartition des compétences territoriales en matière de tourisme.
- les ressources financières spécifiques à vos communes et l'idée d'une taxe touristique adaptée pour équilibrer l'économie locale, à laquelle nous devons réfléchir.
L'entretien et la réhabilitation du patrimoine immobilier touristique pour la valorisation des sites sont indispensables.
Mais aussi la transmission des établissements en réformant les règles de succession en la matière.
- l'aménagement d'aires de parking et de services pour l'accueil des camping cars et caravaning cars, afin d'éviter les stationnements anarchiques. Je sais que vous rencontrez des problèmes à ce sujet, en termes financiers comme environnemental.
Sur toutes ces questions abordées avec vous, Monsieur le Président, je suis prêt à ouvrir le débat, et mettre en place une équipe de travail.
A ce sujet, nous avons conscience que nous devons redoubler d'efforts pour que les vacanciers séjournent en France et ne traversent pas notre pays. Si nous sommes la première destination mondiale, nous ne sommes que 3ème en part de marché.
Cela ne vous a pas échappé.
Mesdames et messieurs,
Vous êtes les moteurs de l'économie locale, impliqués au quotidien dans l'aménagement du territoire.
Vous avez constamment à l'esprit la satisfaction -et pourquoi ne pas parler du bonheur- de vos visiteurs, et c'est ce qui fait la différence.
Votre travail d'élus s'inscrit dans une démarche de qualité, où l'exigence est à la hauteur des défis du tourisme de demain.
Vos initiatives mettent à l'honneur nos villes et nos régions, c'est à dire la France.
En m'invitant aujourd'hui à votre congrès, vous ouvrez un dialogue que je vous demande de nourrir par vos propositions.
Soyez assurés que les véritables relais du terrain que vous représentez trouveront en moi une écoute attentive, dans la mission que je me suis fixée pour le développement du tourisme français.
Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 8 octobre 2002)