Texte intégral
Ich freue mich, dass ich in München bin. Ich habe deutsch gelernt, aber es ist sehr schwer für mich. Aber ich bin ein Freund von Bayern .
Merci M. le Président de votre accueil, merci d'avoir demandé à Josef Haydn de nous accueillir aujourd'hui.
Allegro con spirito. Nous avons en effet besoin des deux pour l'amitié franco-allemande. Je suis très heureux d'être ici, je le prends comme un honneur, cher M. le Ministre Président, d'inaugurer avec vous la 35ème édition du séminaire de Fischbachau. C'est un rendez-vous important. Cette année, vous avez souhaité évoquer le 40ème anniversaire du Traité franco-allemand et je suis très heureux d'évoquer avec vous cet important sujet, ici auprès de vous cher Edmund, pour qui la France a une estime et une considération authentique et j'attache un rôle très important à la place que tient la Bavière dans les relations franco-allemandes fortes et équilibrées comme celles des relations que nous voulons promouvoir.
Nous avons en effet ensemble beaucoup d'histoires qui nous ont séparés et qui nous ont aussi rapprochés. Vous avez évoqué notamment, en parlant du Général de Gaulle, comme je voudrais parler de Konrad Adenauer, auxquels nous voulons rester fidèles, dans cette union de la France et de l'Allemagne, dans cette union de l'Europe et aussi dans cette union qui est portée par l'amitié franco-allemande. Nous avons célébré le 22 janvier dernier le 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée. Le Chancelier fédéral, le Président de la République française, les deux gouvernements se sont réunis, les deux parlements ensemble ont rendu hommage aux pères fondateurs de l'Europe et cette séance commune de parlementaires alternés, mêlés, métissés était profondément émouvante et je l'ai vécue comme une étape forte à la fois de nos vies personnelles mais aussi de nos relations historiques. Au moment où l'Europe est entrain de changer sa géographie, au moment où l'Europe en en train de changer ses institutions, cette amitié là est à la fois un centre de gravité géographique, mais aussi un cur humain et politique. C'est pour cela que nous avons tenu à ce que le 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée soit aussi l'occasion pour l'Allemagne et la France de faire des propositions communes pour l'avenir de l'Europe. Nous voyons bien que quand la France et l'Allemagne font des propositions, on entend quelques fois d'autres dire " encore des propositions franco-allemandes ", mais quand la France et l'Allemagne ne font pas de propositions on dit " qu'est-ce qu'ils attendent pour faire avancer l'Europe ? ". Notre responsabilité est de faire avancer l'Europe. Quand l'amitié germano-française est en panne, l'Europe est en panne. Nous avons donc besoin des uns et des autres, de construire des projets ensemble, pour faire avancer cette Europe dont le monde a besoin et dont les Européens ont envie. Cette Europe avec ses dimensions nouvelles a pu être possible à Bruxelles et à Copenhague grâce à l'accord franco-allemand que nous avons préparé ensemble à une réunion que nous avions tenue avec nos familles politiques la veille du Conseil européen pour préparer les évolutions politiques nécessaires et notamment un dossier qui est toujours difficile quand on parle d'Europe, qui est le dossier agricole et pour lequel les Bavarois ont une certaine sensibilité, et donc nous avons pu réussir l'équation financière de l'élargissement qui était bloqué à Copenhague grâce à l'accord franco-allemand sur ce sujet difficile qui était débattu à Bruxelles. Et puis plus récemment pour l'évolution de nos attributions, car cette grande Europe élargie comme nous le souhaitons tous a besoin des institutions renforcées, rénovées et ces institutions exigent des compromis, exigent que l'on travaille ensemble à un projet commun et notre amitié franco-allemande a cette force qu'elle peut faire avancer l'Europe si chacun de nous fait un pas vers l'autre et c'est ce qui a été fait entre l'Allemagne et la France dans cette proposition commune. Connaissant la sympathie pour cette pensée, la pensée dominante en Allemagne d'une Europe plus intégrée, plus organisée et nous connaissons l'attachement qu'ont les responsables allemands à un système de direction dans lequel la commission a à la fois de la légitimité, de l'efficacité. Ce n'était pas complètement la thèse française, mais nous avons compris que nos amis Allemands tenaient à cette thèse, et donc nous avons accepté d'avoir une commission qui puisse trouver au sein du parlement sa légitimité et qu'elle puisse faire preuve de toute l'efficacité que l'on attend d'un organisme central comme celui-ci pour que l'Europe ait un fonctionnement organisé à 25 avec une commission renforcée. Mais nous avions aussi le souhait que le concept puisse lui aussi être stabilisé. La thèse française est que le Conseil a besoin d'une durée de plus de six mois. Pour diriger l'Europe, six mois c'est un peu court, et donc nous voulons que la présidence du conseil puisse être prolongée de manière à ce qu'il y ait une stabilité au Conseil comme il y a à la Commission, comme il y a au Parlement. C'est de deux ans et demi ou au-delà de cinq ans, le sujet est ouvert, c'est un sujet important et nous avons obtenu à ce qu'il puisse être ainsi proposé par une contribution. Il ne s'agit pas ni d'une décision ni d'une volonté imposée, il s'agit d'une contribution au débat, une contribution franco-allemande qui permet un débat ouvert et qui montre que sur ces sujets là, deux pays parmi les fondateurs de l'Union européenne sont prêts à faire des pas l'un vers l'autre pour nous donner les institutions adaptées à la nouvelle géographie de l'Europe. Je crois que ce message là est le message du Traité de l'Elysée et le message d'amitié franco-allemande. Une amitié qui assume un destin, ce destin de construire l'Europe, de regarder en face, de surmonter tous les clivages pour pouvoir ainsi créer des institutions et l'organisation politiques dont nous avons besoin.
Cette amitié franco-allemande, nous voulons la décliner encore davantage, je sais que prochainement vous accueillerez à Munich la conférence annuelle de sécurité et de défense, cher ami, je sais que sera une belle occasion pour montrer que les ministres français et allemands tiennent le même langage sur ce sujet difficile.
Et puis nous avons beaucoup de choses à faire pour que cette entente politique qui a un poids considérable puisse aussi avoir des répercussions dans la société, dans la vie économique, dans la vie sociale, dans la vie quotidienne des Allemands et des Français. Je crois que c'est un sujet très important. D'abord sans doute nous avons des choses à faire ensemble pour traiter les problèmes que nous avons en commun. Je pense que nous faisons les uns et les autres face à une croissance trop molle et donc nous avons à travailler ensemble sur les moyens de doter nos économies d'un plus fort taux de croissance. Il y a des réserves de croissance en France comme en Allemagne. Il faut aller les chercher ensemble dans l'intérêt de l'emploi qui est une préoccupation commune de part et d'autre du Rhin. Et nous avons sur le dossier des retraites, l'allongement de la vie et le vieillissement des populations, sur le dossier de la santé et de son financement, nous avons des sujets qui sont posés en commun et que nous devons travailler ensemble. Je crois que sur tous ces sujets là nous avons des progrès encore à faire mais que nous avons avec le 40ème anniversaire tracé des lignes de perspectives qui s'inscrivent d'ailleurs dans un certains nombre de traces qui ont été développées par les relations très amicales qui lient la Bavière à la France. Vous faisiez allusion à cette étape importante en 1962, le Général de Gaulle, ici, à Munich, je voudrais moi aussi saluer les personnalités bavaroises parmi les nombreuses personnalités qui ont participé à des étapes déterminantes de la construction européenne : de M. Théo Weigel auquel nous devons une part importante pour la construction de l'euro. Je pense que si nous avons aujourd'hui cette monnaie, rassembler ce qu'il y a eu des fondateurs, je voudrais leur rendre hommage car aujourd'hui on voit les difficultés économiques devant nous et quelle serait la situation de l'Europe si nous avions des dévaluations compétitives comme vous les avez connues avant cette situation d'une Europe monétairement organisée.
Je voudrais naturellement avoir une pensée pour Franz-Josef Strauss dont vous avez tout à l'heure évoqué l'action, cher Président, pour penser notamment à ce qui a été fait sur l'industrie aéronautique, cette coopération à l'échelle européenne EADS Airbus, quelle belle coopération, quelle coopération exemplaire M. le Président qui êtes ici présent, de voir comment on peut ensemble bâtir un projet commun qui est utile à tous, dans lequel les retombées sont équilibrées avec vraiment une stratégie qui est plus grande que chaque concepteur. C'est une force considérable. Voilà un beau projet européen . Il nous en faut d'autres, il nous faut les Airbus du XXIème siècle, il faut les trouver ces grands projets autour desquels nous allons mobiliser l'intelligence, les techniques, les capacités humaines de nos pays.
Je voudrais vous dire combien je suis sensible à toute l'action qui a été ainsi engagée. Je le suis d'autant plus que cela fait déjà un certain temps que je regarde l'organisation de votre pays. L'action particulièrement active de la Bavière et notamment de ses résultats électoraux, ce qui pour un homme politique est toujours très important. Et donc je vous suis cher Président avec beaucoup d'admiration et c'est une des raisons pour lesquelles je suis toujours favorable à la décentralisation en France aussi. Vous m'avez bien compris, je veux dire que la démocratie est plus active quand elle est au plus près du terrain, et que finalement les électeurs comprennent mieux ce qui se passe, voient que l'action participe mieux à la politique quand elle est davantage décentralisée. Il est hors de question de penser à un état fédéral pour la France. Ce n'est pas notre histoire, ce n'est pas notre souhait politique, mais entre la centralisation et l'état fédéral, il me semble qu'il y a un juste chemin, celui d'un état décentralisé dans lequel la région n'est pas une concurrence de la nation, mais un échelon de décision. C'est ce que nous voulons faire en mettant dans la constitution et nous le feront au mois de mars prochain, en mettant le principe de subsidiarité dans la constitution. Et nous allons aller jusqu'à reconnaître le fait régional dans la constitution et nous souhaitons vraiment donner les moyens supplémentaires, juridiques, financiers au fait régional, nous en avons besoin pour faire revivre notre République. Nous avons vu dans le passé des élections politiques qui nous ont montré très souvent que les électeurs hésitaient quelques fois entre les votes d'exaspération ou les votes d'abstention, le non-vote. Dans ces conditions il nous semble comme un devoir, un devoir républicain, c'est ce que nous appelons après le printemps que nous avons vécu en France, l'esprit de mai, de faire en sorte que la République soit plus forte, et pour qu'elle soit plus forte il faut qu'elle soit mieux partagée sur les territoires, avec plus de décentralisation, avec une proximité partagée, c'est pour cela, je crois que nous devrons développer ensemble des coopérations de territoire à territoire, de faire en sorte que l'on puisse bâtir des projets en commun. Bien sûr les régions n'ont pas la prétention d'être comparées à des Laender, mais nous avons quand même quelques moyens aujourd'hui pour bâtir ensemble un certain nombre d'initiatives culturelles, politiques, pour défendre nos langues, pour construire des projets économiques, nous avons besoin de nous battre, pour le français, nous avons aussi besoin de nous battre pour l'allemand et c'est l'intérêt commun de se battre dans le monde pour qu'on enseigne et l'allemand et le français. Et nous ferons cet effort, y compris sur un plan personnel, pour pouvoir renforcer ces capacités d'initiative. C'est pour cela que nous souhaitons prolonger l'histoire brillante du séminaire de Fischbachau avec l'initiative qui est proposée par la région Lorraine représentée ici par son président, Gérard Longuet, qui est aussi le président des présidents des régions en France et par le maire de la ville de Nancy, André Rossinot, qui veulent faire en sorte que l'on puisse créer une version française de ce séminaire à Nancy en s'appuyant sur l'Institut d'Etudes Politiques en faisant en sorte qu'on puisse y associer des partenaires allemands évidemment, comme l'Institut Goethe et tous ceux qui voudront participer à cette initiative symétrique. Le Président le fera, M. le Ministre- Président, si vous vouliez nous faire l'honneur de venir là-bas, je vous promets que cela me fera grand plaisir de vous accueillir en retour, si naturellement d'ici là, j'obtiens l'autorisation du Président de Lorraine. A rencontrer mes collègues, qu'ils soient premier ministre espagnol ou Bundeskanzler je vois l'échelon central toujours attentif à l'échelon régional. Il faut toujours être très attentif aux relations entre le fédéral et le cadre national et le territorial. Et si je n'avais pas suffisamment de vigilance, je crois qu'auprès d'eux je trouverai les conseils nécessaires.
Je voudrais dire que, j'en ai d'ailleurs parlé avec le Chancelier, je souhaite avoir l'occasion un jour prochain, à la fin de l'année peut-être, de pouvoir inviter les Ministres-Présidents en France, pour justement étudier une coopération très active sur le terrain avec des projets éducatifs, culturels, économiques.
Je voudrais vous aider à donner de la puissance à toutes les initiatives et que nos deux sociétés se rapprochent. Car il ne faudrait pas que notre relation soit très forte en politique et que nos deux sociétés s'éloignent notamment parce qu'elles ont du mal à parler la même langue. Quand je regarde ce que vous avez fait comme initiatives, quand je vois les 300 jumelages menés entre la Bavière et les communes de France, quand je vois les initiatives que vous avez pu bâtir avec d'autres régions, quand je vois les réseaux notamment au comité des régions que vous avez pu construire, je vois la coopération décentralisée, cette coopération territoriale est l'occasion de donner une ambition aux jeunes, à cette Europe que nous devons construire. Quand je vois les tapisseries qui sont ici représenter une sorte de fait, ces tapisseries par un peintre qui s'appelle Richard Texier, elles ont été faites, tisser à Aubusson en France, dans la région du Limousin et c'est un message fort de cette région du Limousin qui a beaucoup souffert d'avoir ici présent ces tapisseries et voir les échanges que vous avez pu bâtir, je crois que ce type d'initiative est porteur d'une vraie amitié et d'une vraie volonté de coopération et au fond c'est sans doute cela qui peut vous animer ensemble, c'est la volonté de partager cette vision d'un monde qui ne soit pas un monde politique, un monde qui soit un monde multipolaire dans lequel l'Europe puisse se faire entendre. Que l'Europe ne soit pas obligée systématiquement de se mouler dans un cadre prédéfini. Cette Europe que nous voulons bâtir, nous voulons qu'elle puisse faire entendre sa voix dans le monde. C'est pour cela que nous voulons qu'elle ait plus de force sur la politique étrangère, qu'elle puisse dire combien nous voulons la destruction des armes en Irak et combien nous disons aussi qu'il n'y a pas de guerre heureuse et sommes bien placés pour le savoir et que la guerre est toujours un malheur et que ce doit être la dernière extrémité quand il n'y a pas d'autre chemin. Ce n'est pas du pacifisme, nous avons la détermination de la destruction des armes, nous avons la détermination de faire en sorte que la paix puisse s'installer et nous devons le faire avec détermination. Il ne s'agit pas d'être spectateur des événements du monde. Il s'agit de dire qu'il y a d'autres formes de pression que la guerre, qu'il y a d'autres formes d'intervention que cette guerre, que nous ne croyons pas pouvoir être rapide et nous pensons vraiment que les idées qui sont les nôtres d'un monde multipolaire, d'un monde avec un regard différent, un monde attentif aux pays en voie de développement, un monde qui a l'humanité au cur même de son ambition, c'est cela l'Europe, c'est cela qui nous rassemble, et à tous les niveaux, que ce soit le niveau régionale, le niveau national, le niveau fédéral, nous avons cela en commun que réussirons à construire l'Europe si nous sommes capables à donner à l'Europe ce message d'humanité dont le monde à besoin.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 février 2003)
Merci M. le Président de votre accueil, merci d'avoir demandé à Josef Haydn de nous accueillir aujourd'hui.
Allegro con spirito. Nous avons en effet besoin des deux pour l'amitié franco-allemande. Je suis très heureux d'être ici, je le prends comme un honneur, cher M. le Ministre Président, d'inaugurer avec vous la 35ème édition du séminaire de Fischbachau. C'est un rendez-vous important. Cette année, vous avez souhaité évoquer le 40ème anniversaire du Traité franco-allemand et je suis très heureux d'évoquer avec vous cet important sujet, ici auprès de vous cher Edmund, pour qui la France a une estime et une considération authentique et j'attache un rôle très important à la place que tient la Bavière dans les relations franco-allemandes fortes et équilibrées comme celles des relations que nous voulons promouvoir.
Nous avons en effet ensemble beaucoup d'histoires qui nous ont séparés et qui nous ont aussi rapprochés. Vous avez évoqué notamment, en parlant du Général de Gaulle, comme je voudrais parler de Konrad Adenauer, auxquels nous voulons rester fidèles, dans cette union de la France et de l'Allemagne, dans cette union de l'Europe et aussi dans cette union qui est portée par l'amitié franco-allemande. Nous avons célébré le 22 janvier dernier le 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée. Le Chancelier fédéral, le Président de la République française, les deux gouvernements se sont réunis, les deux parlements ensemble ont rendu hommage aux pères fondateurs de l'Europe et cette séance commune de parlementaires alternés, mêlés, métissés était profondément émouvante et je l'ai vécue comme une étape forte à la fois de nos vies personnelles mais aussi de nos relations historiques. Au moment où l'Europe est entrain de changer sa géographie, au moment où l'Europe en en train de changer ses institutions, cette amitié là est à la fois un centre de gravité géographique, mais aussi un cur humain et politique. C'est pour cela que nous avons tenu à ce que le 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée soit aussi l'occasion pour l'Allemagne et la France de faire des propositions communes pour l'avenir de l'Europe. Nous voyons bien que quand la France et l'Allemagne font des propositions, on entend quelques fois d'autres dire " encore des propositions franco-allemandes ", mais quand la France et l'Allemagne ne font pas de propositions on dit " qu'est-ce qu'ils attendent pour faire avancer l'Europe ? ". Notre responsabilité est de faire avancer l'Europe. Quand l'amitié germano-française est en panne, l'Europe est en panne. Nous avons donc besoin des uns et des autres, de construire des projets ensemble, pour faire avancer cette Europe dont le monde a besoin et dont les Européens ont envie. Cette Europe avec ses dimensions nouvelles a pu être possible à Bruxelles et à Copenhague grâce à l'accord franco-allemand que nous avons préparé ensemble à une réunion que nous avions tenue avec nos familles politiques la veille du Conseil européen pour préparer les évolutions politiques nécessaires et notamment un dossier qui est toujours difficile quand on parle d'Europe, qui est le dossier agricole et pour lequel les Bavarois ont une certaine sensibilité, et donc nous avons pu réussir l'équation financière de l'élargissement qui était bloqué à Copenhague grâce à l'accord franco-allemand sur ce sujet difficile qui était débattu à Bruxelles. Et puis plus récemment pour l'évolution de nos attributions, car cette grande Europe élargie comme nous le souhaitons tous a besoin des institutions renforcées, rénovées et ces institutions exigent des compromis, exigent que l'on travaille ensemble à un projet commun et notre amitié franco-allemande a cette force qu'elle peut faire avancer l'Europe si chacun de nous fait un pas vers l'autre et c'est ce qui a été fait entre l'Allemagne et la France dans cette proposition commune. Connaissant la sympathie pour cette pensée, la pensée dominante en Allemagne d'une Europe plus intégrée, plus organisée et nous connaissons l'attachement qu'ont les responsables allemands à un système de direction dans lequel la commission a à la fois de la légitimité, de l'efficacité. Ce n'était pas complètement la thèse française, mais nous avons compris que nos amis Allemands tenaient à cette thèse, et donc nous avons accepté d'avoir une commission qui puisse trouver au sein du parlement sa légitimité et qu'elle puisse faire preuve de toute l'efficacité que l'on attend d'un organisme central comme celui-ci pour que l'Europe ait un fonctionnement organisé à 25 avec une commission renforcée. Mais nous avions aussi le souhait que le concept puisse lui aussi être stabilisé. La thèse française est que le Conseil a besoin d'une durée de plus de six mois. Pour diriger l'Europe, six mois c'est un peu court, et donc nous voulons que la présidence du conseil puisse être prolongée de manière à ce qu'il y ait une stabilité au Conseil comme il y a à la Commission, comme il y a au Parlement. C'est de deux ans et demi ou au-delà de cinq ans, le sujet est ouvert, c'est un sujet important et nous avons obtenu à ce qu'il puisse être ainsi proposé par une contribution. Il ne s'agit pas ni d'une décision ni d'une volonté imposée, il s'agit d'une contribution au débat, une contribution franco-allemande qui permet un débat ouvert et qui montre que sur ces sujets là, deux pays parmi les fondateurs de l'Union européenne sont prêts à faire des pas l'un vers l'autre pour nous donner les institutions adaptées à la nouvelle géographie de l'Europe. Je crois que ce message là est le message du Traité de l'Elysée et le message d'amitié franco-allemande. Une amitié qui assume un destin, ce destin de construire l'Europe, de regarder en face, de surmonter tous les clivages pour pouvoir ainsi créer des institutions et l'organisation politiques dont nous avons besoin.
Cette amitié franco-allemande, nous voulons la décliner encore davantage, je sais que prochainement vous accueillerez à Munich la conférence annuelle de sécurité et de défense, cher ami, je sais que sera une belle occasion pour montrer que les ministres français et allemands tiennent le même langage sur ce sujet difficile.
Et puis nous avons beaucoup de choses à faire pour que cette entente politique qui a un poids considérable puisse aussi avoir des répercussions dans la société, dans la vie économique, dans la vie sociale, dans la vie quotidienne des Allemands et des Français. Je crois que c'est un sujet très important. D'abord sans doute nous avons des choses à faire ensemble pour traiter les problèmes que nous avons en commun. Je pense que nous faisons les uns et les autres face à une croissance trop molle et donc nous avons à travailler ensemble sur les moyens de doter nos économies d'un plus fort taux de croissance. Il y a des réserves de croissance en France comme en Allemagne. Il faut aller les chercher ensemble dans l'intérêt de l'emploi qui est une préoccupation commune de part et d'autre du Rhin. Et nous avons sur le dossier des retraites, l'allongement de la vie et le vieillissement des populations, sur le dossier de la santé et de son financement, nous avons des sujets qui sont posés en commun et que nous devons travailler ensemble. Je crois que sur tous ces sujets là nous avons des progrès encore à faire mais que nous avons avec le 40ème anniversaire tracé des lignes de perspectives qui s'inscrivent d'ailleurs dans un certains nombre de traces qui ont été développées par les relations très amicales qui lient la Bavière à la France. Vous faisiez allusion à cette étape importante en 1962, le Général de Gaulle, ici, à Munich, je voudrais moi aussi saluer les personnalités bavaroises parmi les nombreuses personnalités qui ont participé à des étapes déterminantes de la construction européenne : de M. Théo Weigel auquel nous devons une part importante pour la construction de l'euro. Je pense que si nous avons aujourd'hui cette monnaie, rassembler ce qu'il y a eu des fondateurs, je voudrais leur rendre hommage car aujourd'hui on voit les difficultés économiques devant nous et quelle serait la situation de l'Europe si nous avions des dévaluations compétitives comme vous les avez connues avant cette situation d'une Europe monétairement organisée.
Je voudrais naturellement avoir une pensée pour Franz-Josef Strauss dont vous avez tout à l'heure évoqué l'action, cher Président, pour penser notamment à ce qui a été fait sur l'industrie aéronautique, cette coopération à l'échelle européenne EADS Airbus, quelle belle coopération, quelle coopération exemplaire M. le Président qui êtes ici présent, de voir comment on peut ensemble bâtir un projet commun qui est utile à tous, dans lequel les retombées sont équilibrées avec vraiment une stratégie qui est plus grande que chaque concepteur. C'est une force considérable. Voilà un beau projet européen . Il nous en faut d'autres, il nous faut les Airbus du XXIème siècle, il faut les trouver ces grands projets autour desquels nous allons mobiliser l'intelligence, les techniques, les capacités humaines de nos pays.
Je voudrais vous dire combien je suis sensible à toute l'action qui a été ainsi engagée. Je le suis d'autant plus que cela fait déjà un certain temps que je regarde l'organisation de votre pays. L'action particulièrement active de la Bavière et notamment de ses résultats électoraux, ce qui pour un homme politique est toujours très important. Et donc je vous suis cher Président avec beaucoup d'admiration et c'est une des raisons pour lesquelles je suis toujours favorable à la décentralisation en France aussi. Vous m'avez bien compris, je veux dire que la démocratie est plus active quand elle est au plus près du terrain, et que finalement les électeurs comprennent mieux ce qui se passe, voient que l'action participe mieux à la politique quand elle est davantage décentralisée. Il est hors de question de penser à un état fédéral pour la France. Ce n'est pas notre histoire, ce n'est pas notre souhait politique, mais entre la centralisation et l'état fédéral, il me semble qu'il y a un juste chemin, celui d'un état décentralisé dans lequel la région n'est pas une concurrence de la nation, mais un échelon de décision. C'est ce que nous voulons faire en mettant dans la constitution et nous le feront au mois de mars prochain, en mettant le principe de subsidiarité dans la constitution. Et nous allons aller jusqu'à reconnaître le fait régional dans la constitution et nous souhaitons vraiment donner les moyens supplémentaires, juridiques, financiers au fait régional, nous en avons besoin pour faire revivre notre République. Nous avons vu dans le passé des élections politiques qui nous ont montré très souvent que les électeurs hésitaient quelques fois entre les votes d'exaspération ou les votes d'abstention, le non-vote. Dans ces conditions il nous semble comme un devoir, un devoir républicain, c'est ce que nous appelons après le printemps que nous avons vécu en France, l'esprit de mai, de faire en sorte que la République soit plus forte, et pour qu'elle soit plus forte il faut qu'elle soit mieux partagée sur les territoires, avec plus de décentralisation, avec une proximité partagée, c'est pour cela, je crois que nous devrons développer ensemble des coopérations de territoire à territoire, de faire en sorte que l'on puisse bâtir des projets en commun. Bien sûr les régions n'ont pas la prétention d'être comparées à des Laender, mais nous avons quand même quelques moyens aujourd'hui pour bâtir ensemble un certain nombre d'initiatives culturelles, politiques, pour défendre nos langues, pour construire des projets économiques, nous avons besoin de nous battre, pour le français, nous avons aussi besoin de nous battre pour l'allemand et c'est l'intérêt commun de se battre dans le monde pour qu'on enseigne et l'allemand et le français. Et nous ferons cet effort, y compris sur un plan personnel, pour pouvoir renforcer ces capacités d'initiative. C'est pour cela que nous souhaitons prolonger l'histoire brillante du séminaire de Fischbachau avec l'initiative qui est proposée par la région Lorraine représentée ici par son président, Gérard Longuet, qui est aussi le président des présidents des régions en France et par le maire de la ville de Nancy, André Rossinot, qui veulent faire en sorte que l'on puisse créer une version française de ce séminaire à Nancy en s'appuyant sur l'Institut d'Etudes Politiques en faisant en sorte qu'on puisse y associer des partenaires allemands évidemment, comme l'Institut Goethe et tous ceux qui voudront participer à cette initiative symétrique. Le Président le fera, M. le Ministre- Président, si vous vouliez nous faire l'honneur de venir là-bas, je vous promets que cela me fera grand plaisir de vous accueillir en retour, si naturellement d'ici là, j'obtiens l'autorisation du Président de Lorraine. A rencontrer mes collègues, qu'ils soient premier ministre espagnol ou Bundeskanzler je vois l'échelon central toujours attentif à l'échelon régional. Il faut toujours être très attentif aux relations entre le fédéral et le cadre national et le territorial. Et si je n'avais pas suffisamment de vigilance, je crois qu'auprès d'eux je trouverai les conseils nécessaires.
Je voudrais dire que, j'en ai d'ailleurs parlé avec le Chancelier, je souhaite avoir l'occasion un jour prochain, à la fin de l'année peut-être, de pouvoir inviter les Ministres-Présidents en France, pour justement étudier une coopération très active sur le terrain avec des projets éducatifs, culturels, économiques.
Je voudrais vous aider à donner de la puissance à toutes les initiatives et que nos deux sociétés se rapprochent. Car il ne faudrait pas que notre relation soit très forte en politique et que nos deux sociétés s'éloignent notamment parce qu'elles ont du mal à parler la même langue. Quand je regarde ce que vous avez fait comme initiatives, quand je vois les 300 jumelages menés entre la Bavière et les communes de France, quand je vois les initiatives que vous avez pu bâtir avec d'autres régions, quand je vois les réseaux notamment au comité des régions que vous avez pu construire, je vois la coopération décentralisée, cette coopération territoriale est l'occasion de donner une ambition aux jeunes, à cette Europe que nous devons construire. Quand je vois les tapisseries qui sont ici représenter une sorte de fait, ces tapisseries par un peintre qui s'appelle Richard Texier, elles ont été faites, tisser à Aubusson en France, dans la région du Limousin et c'est un message fort de cette région du Limousin qui a beaucoup souffert d'avoir ici présent ces tapisseries et voir les échanges que vous avez pu bâtir, je crois que ce type d'initiative est porteur d'une vraie amitié et d'une vraie volonté de coopération et au fond c'est sans doute cela qui peut vous animer ensemble, c'est la volonté de partager cette vision d'un monde qui ne soit pas un monde politique, un monde qui soit un monde multipolaire dans lequel l'Europe puisse se faire entendre. Que l'Europe ne soit pas obligée systématiquement de se mouler dans un cadre prédéfini. Cette Europe que nous voulons bâtir, nous voulons qu'elle puisse faire entendre sa voix dans le monde. C'est pour cela que nous voulons qu'elle ait plus de force sur la politique étrangère, qu'elle puisse dire combien nous voulons la destruction des armes en Irak et combien nous disons aussi qu'il n'y a pas de guerre heureuse et sommes bien placés pour le savoir et que la guerre est toujours un malheur et que ce doit être la dernière extrémité quand il n'y a pas d'autre chemin. Ce n'est pas du pacifisme, nous avons la détermination de la destruction des armes, nous avons la détermination de faire en sorte que la paix puisse s'installer et nous devons le faire avec détermination. Il ne s'agit pas d'être spectateur des événements du monde. Il s'agit de dire qu'il y a d'autres formes de pression que la guerre, qu'il y a d'autres formes d'intervention que cette guerre, que nous ne croyons pas pouvoir être rapide et nous pensons vraiment que les idées qui sont les nôtres d'un monde multipolaire, d'un monde avec un regard différent, un monde attentif aux pays en voie de développement, un monde qui a l'humanité au cur même de son ambition, c'est cela l'Europe, c'est cela qui nous rassemble, et à tous les niveaux, que ce soit le niveau régionale, le niveau national, le niveau fédéral, nous avons cela en commun que réussirons à construire l'Europe si nous sommes capables à donner à l'Europe ce message d'humanité dont le monde à besoin.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 février 2003)