Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'Equipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer sur le partenariat réalisé entre la France et l'Allemagne pour la construction d'un pont sur le Rhin, à Strasbourg le 10 octobre 2002.

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Circonstance : Inauguration du pont Pierre Pfimlin à Strasbourg le 9 octobre 2002

Texte intégral

Monsieur le ministre-président,
Monsieur le préfet,
Messieurs les ministres,
Monsieur le président du Conseil général,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'être ici parmi vous aujourd'hui, pour ce qui constitue sans aucun doute l'inauguration la plus symbolique et la plus importante depuis ma prise de fonction.
En effet, il n'est pas si courant de mettre en service de nouveaux ouvrages d'art internationaux. Ce pont n'est en effet que le huitième construit depuis le XIIème siècle permettant de relier la France et l'Allemagne par delà la frontière naturelle limitant nos relations : le Rhin.
Je me félicite, à cette occasion, qu'en Europe, on construise aujourd'hui de plus en plus d'infrastructures nouvelles de transports, garantes de sa cohésion et de son identité.
Je voudrais vous dire, et vous le sentez dans mes propos, combien je suis fier d'être là et de contempler, au milieu de vous tous, le magnifique résultat d'un partenariat efficace entre nos deux pays, l'Allemagne et la France.
Cet ouvrage est bien à l'image de l'Europe, c'est à dire solidement ancré sur les rives, prenant appui au coeur même des forces propres à chacun des territoires des différents États membres, et créant, de façon ambitieuse, harmonieuse et élancée, le lien pérenne autour duquel se développe la vie et l'avenir communautaires.
L'idée de construire ce nouvel ouvrage à Strasbourg remonte aux années 50, mais il aura fallu attendre les années 80 pour que les gouvernements français et allemand entament les premières véritables discussions sur la localisation du meilleur site pour cette oeuvre, car il s'agit bien d'une oeuvre dans tous les sens du terme.
Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard, le 5 juin 1996, que le traité franco-allemand scellera définitivement l'avenir de ce nouveau lien.
Je désire, à ce stade, souligner le rôle fondamental, au-delà de celui des États, qu'ont joué les collectivités territoriales des deux rives pour faire aboutir cette idée. Je n'oublie pas que leur contribution financière a également été déterminante. Je rends ainsi solennellement hommage à la vision d'avenir transfrontalière et au dynamisme du Land de Bade-Wurtemberg, de la Région Alsace et du département du Bas-Rhin, ici représentés par leurs présidents respectifs que je salue amicalement : Erwin TEUFEL, Adrien ZELLER et Philippe RICHERT.
A partir de cette année 1996, rien ne viendra interrompre un chantier remarquable à tout point de vue, de l'ouverture des travaux -en février 2000- jusqu'à la mise en service aujourd'hui.
En effet, cette réalisation technique audacieuse, une travée de plus de 200 mètres en béton haute performance, a su préserver un environnement sensible et prendre en compte les risques naturels les plus imprévisibles tels les séismes.
Je souhaite, à ce titre, manifester toute ma gratitude et ma reconnaissance à l'égard des compétences d'ingénierie, qu'elles soient allemandes ou françaises, c'est-à-dire européennes, ou bien encore privées ou publiques, c'est-à-dire d'intérêt général. La présente réussite de mise en synergie et de complémentarité de toutes celles-ci me confortent dans le rayonnement international de la technicité routière européenne.
Permettez moi, sur ce plan, d'avoir une pensée, bien naturelle, pour les services techniques de mon ministère qui ont activement contribué à ce projet et de les en remercier vivement. Je sais tous les efforts reconnus de coopération et le dévouement qu'ils entretiennent localement avec toutes les collectivités territoriales d'Alsace, mais aussi d'Allemagne, la preuve...
Instrument de développement économique transfrontalier, ce pont d'Eschau-Altenheim a également valeur de symbole pour Strasbourg. Il conforte la vocation européenne de cette agglomération en contribuant au rayonnement scientifique et culturel de la ville au-delà des frontières naturelles et en l'ancrant plus fortement à ces partenaires territoriaux allemands. Cette infrastructure nouvelle permettra, au sein même de la construction communautaire, à Strasbourg, siège des principales institutions européennes, de bénéficier d'un potentiel d'attractivité de plus en plus conséquent. Les deux grands pôles d'intermodalité que sont le port autonome de Strasbourg, ainsi que l'aéroport international de Strasbourg-Entzheim, bénéficieront également d'une meilleure desserte à l'échelle du Rhin-Supérieur.
Cet ouvrage permet en outre au trafic de transit d'éviter le coeur de l'agglomération et, ainsi, de réduire les nuisances environnementales et d'améliorer la sécurité du transport des matières dangereuses. La diminution du nombre de poids lourds empruntant le pont de l'Europe et traversant les zones urbanisées situées le long de la RN4 dans Strasbourg, permettra d'envisager un vaste programme tant de la requalification urbaine de ces quartiers que de la nationale.
Afin de soutenir ce développement, le gouvernement a décidé de prolonger le contrat triennal "Strasbourg - Ville européenne" pour les années 2003 à 2005, en complément des engagements de l'actuel contrat de plan État-Région. L'État, la Ville, la Communauté Urbaine, la Région d'Alsace et le département du Bas-Rhin pourront ainsi inscrire leur action dans la continuité du projet qui s'achève, en complétant définitivement le contournement sud de Strasbourg et en commençant la requalification urbaine de la RN4.
Mais la prochaine infrastructure routière importante de la région sera très certainement, pour la France, le grand contournement autoroutier de Strasbourg. Il a fait l'objet, en octobre et novembre 1999, d'un débat public organisé selon les prescriptions relatives à la conduite des grands projets nationaux d'infrastructures. A la suite de ce débat, le projet de " grand contournement Ouest " a été retenu dans les schémas multimodaux de services collectifs de transport et les études ont été lancées.
L'enjeu de ce contournement est d'offrir une alternative, à l'autoroute A35 au droit de Strasbourg pour les véhicules en transit et de permettre la constitution d'un itinéraire Nord-Sud de bon niveau de service facilitant les relations entre les agglomérations alsaciennes. Il délestera la rocade de Strasbourg d'une partie de son trafic excédentaire de manière à assurer plus efficacement, dans l'avenir, les échanges périphériques et d'enrichir la perspective du développement du système de transports collectifs au droit de l'agglomération. Son financement interviendra a priori par voie de concession.
L'État lancera prochainement, en lien avec les nouvelles modalités de la loi " Démocratie de proximité " du 27 février 2002 concernant le débat public, la concertation sur l'avant-projet de cette opération. A cet égard, dès la mise en place de la nouvelle Commission Nationale du Débat Public, cette autorité sera saisie de cet important projet.
Je souhaitais ainsi vous apporter la confirmation de la volonté de l'État de faire progresser ce projet routier dont l'enjeu au coeur de l'Europe n'échappe à personne.
J'en reviens au Rhin, qui, à juste titre, nous mobilise aujourd'hui, pour rappeler à cette occasion le tout récent accord international franco-allemand qui ouvre de nouvelles possibilités aux collectivités territoriales de construire, sans procédure lourde, de nouveaux ponts d'intérêt local par-dessus le Rhin.
Je remercie encore une fois tous ceux et toutes celles qui ont participé à la réalisation de cet ouvrage d'art, symbole de la construction européenne que Pierre PFLIMLIN appelait de ces voeux quand il disait devant le Conseil de l'Europe à l'occasion de son 90e anniversaire, le 5 février 1997 : "J'espère qu'il y aura assez d'hommes et de femmes déterminés pour entreprendre cette grande tâche de la construction de l'Europe du XXle siècle. Europe de prospérité, oui, Europe de puissance pour la paix, Europe aussi et surtout résolue à affirmer face au monde la primauté des valeurs de l'esprit.". Je me réjouis que le nom de cet homme d'État, grand européen bien avant l'heure, soit dorénavant, à la demande unanime, également attaché à cette oeuvre liant l'avenir des deux rives du Rhin.
Je vous remercie pour votre attention.

(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 14 octobre 2002)