Texte intégral
Je suis très heureux de vous accueillir ici, à l'Hôtel Matignon, pour installer l'Observatoire de la parité et pour transmettre le flambeau à N. Ameline, qui va, au nom du Gouvernement, animer cet observatoire avec madame Zimmerman et chacune et chacun d'entre vous. Je voudrais donc vous souhaiter la bienvenue, vous dire que cette démarche est pour le Gouvernement très importante, puisque cet observatoire est le lieu à la fois de la réflexion, de la concertation, mais aussi, pour nous, le lieu de l'impulsion de ce que nous souhaitons comme action au service de la parité sous toutes ses formes.
Nous voyons aujourd'hui un certain nombre de disparités se développer dans les relations sociales, dans les relations économiques, qui sont fort préoccupantes. On le voit dans les conflits sociaux, on le voit dans les licenciements, on le voit dans la pratique quotidienne aujourd'hui des difficultés économiques et sociales, et c'est un sujet particulièrement préoccupant pour nous. C'est vrai dans l'ensemble des circuits de responsabilité ; nous le voyons également, et c'est très préoccupant dans un certain nombre de sujets comme la création d'entreprise par exemple, où nous avons là un écart très important dans la dynamique entrepreneuriale. Tout se passe comme s'il y avait une énergie dans notre pays qui était quelque peu mésestimée et pour laquelle il fallait faire un certain nombre d'efforts.
On a vu que les Etats-Unis, qu'un certain nombre de pays organisent des programmes de discrimination positive, la Small Business Administration par exemple, pour les femmes qui veulent créer des entreprises, pour un certain nombre d'initiatives dans le domaine économique et social. On voit aujourd'hui notre pays face à des difficultés de ce type, et c'est pour cela que nous avons souhaité, sous l'impulsion du président de la République, créer un poste ministériel chargé de cette parité professionnelle, de manière à ce que l'on puisse approcher le sujet à la fois en amont, dans l'éducation, et à la fois en aval, dans la société sous toutes ses formes : la société du travail, la société civile et la société politique.
C'est pour cela que l'on sent qu'il est nécessaire aujourd'hui de donner une impulsion nouvelle et c'est pour cela que l'Observatoire doit être le lieu pour nous de cette impulsion. Sur le plan politique, nous voyons un certain nombre de progrès réalisés, mais il y a encore du chemin à faire, et nous avons aujourd'hui, quand on regarde l'ensemble de nos assemblées - locales, territoriales, nationales et européennes - un certain nombre de disparités qui n'échappent à personne, et si je lis bien la presse pour laquelle il y a un certain nombre de propositions qui sont faites de manière à surmonter ces différentes disparités. Je crois en effet que c'est un élément important de notre action que de faire en sorte qu'au-delà du domaine économique et social, le domaine politique puisse présenter des conditions d'élection plus équitables et pour faire en sorte que la parité puisse davantage être politiquement affirmée.
D'ailleurs, une des propositions que nous ferons demain matin, au Conseil des ministres, concerne les élections régionales : nous aurons un nouveau mode de scrutin, à la proportionnelle, à limite régionale. Nous ferons en sorte que l'alternance hommes-femmes soit la règle sur les listes régionales. Je vois des sourires complices, comme s'il y avait des combats gagnés, mais nous pouvons partager cette complicité avec joie, parce qu'au fond, les différents représentants dans notre société pourront y trouver des satisfactions, mais je crois surtout que les territoires y trouveront des satisfactions, comme les communes ont trouvé beaucoup de satisfaction à l'engagement des femmes dans les listes municipales, comme nous avons trouvé dans un certain nombre de procédures électorales des satisfactions à avoir davantage de diversité.
Pour les élections régionales, c'est un élément très important, parce que c'est un mandat particulièrement stratégique : c'est à la fois un mandat de proximité et un mandat de stratégie. Et c'est donc un mandat qui n'est pas simplement le mandat des bonnes oeuvres, ce n'est pas le mandat social, dans lequel on cantonne quelque fois la responsabilité féminine, un mandat de la proximité, de l'attention aux autres, du coeur, de la générosité, de toutes ces qualités féminines particulièrement développées. C'est aussi le mandat de la stratégie, de l'investissement, des ouvertures, y compris inter-régionales et internationales. Et tout comme le mandat de député européen, le mandat régional est un mandat d'ouverture tout à fait significatif. C'est pour cela que nous avons tenu à ce que la parité soit une règle de ce mode d'élection.
Nous aurons à engager encore de nombreuses initiatives évidemment, pour que cette parité puisse être davantage encore développée dans l'exercice des responsabilités. Nous avons souhaité, dans l'organisation gouvernementale, qu'on puisse vraiment franchir une étape nouvelle, non seulement en faisant en sorte que les femmes aient des responsabilités, mais surtout qu'on puisse faire en sorte qu'il n'y ait pas de responsabilités préétablies, prédéfinies par l'identité de départ. C'est notamment l'exemple que nous avons voulu afficher avec la ministre de la Défense, pour bien montrer qu'il n'y avait pas les métiers des hommes et les métiers des femmes. C'est un des éléments très importants, et je conclurai sur ce sujet.
Pour nous, aujourd'hui, c'est peut-être cette nouvelle frontière qu'il nous faut essayer de franchir : c'est de faire en sorte qu'on sorte non seulement de cette volonté de parité, mais aussi de sortir de tout ce qui peut enfermer, dans des statuts, des cases, tout ce qui peut cloisonner l'accès à un certain nombre de responsabilités, professionnelles ou politiques, en fonction de l'identité. Il est très important d'avoir cette fluidité sociale, cette fluidité politique, et de faire en sorte que l'on puisse avoir accès à toute forme de responsabilités, et notamment que les femmes puissent exercer l'ensemble des métiers. Et il y a encore beaucoup de travail à faire, y compris dans notre éducation nationale, où la prédestination est un des éléments importants.
Mon dernier mot sera pour dire que cette volonté de parité, cette détermination qui est la nôtre à faire en sorte que notre société soit fluide quant à l'exercice de ses responsabilités, ne nous empêche d'accorder une attention toute particulière aux situations spécifiques d'un certain nombre de femmes qui, dans la société, peuvent avoir, de par leur identité, des conditions de vie particulièrement difficiles.
Nous avons récemment parlé au Conseil des ministres de la violence conjugale, qui est un sujet particulièrement préoccupant. Cette communication nous a beaucoup impressionnés, les uns et les autres ; l'idée que 10 % des hommes sont violents est un chiffre terrifiant quand on regarde une organisation sociale telle que la nôtre. Il y a, sur ce sujet, je crois, beaucoup de responsabilités. Et puis, nous voulons aussi faire en sorte que, quelle que soit l'appartenance dans notre société - à une ville, à un quartier, à une religion, à une association - on ne puisse être victime de discrimination.
Je crois qu'il est très important que nous puissions faire en sorte que les femmes puissent, dans la société, se sentir citoyennes à part entière, et qu'elles puissent, dans la communauté nationale, partager les valeurs de la République, comme chaque citoyen, à égalité des droits et des devoirs. C'est un des éléments très importants. Il n'y a pas des citoyens et des citoyennes - des citoyens de première classe, des citoyens de seconde classe. Il y a et justement, c'est la supériorité de la République sur tous les autres systèmes, c'est que, dans la République, ce n'est pas une majorité qui s'impose à une minorité, ce n'est pas une force qui s'impose à une faiblesse. La République, c'est que chacun a le même statut dans l'organisation sociale et que nous avons une même identité politique ; c'est cela la force de la République sur tous les autres systèmes. Et la France se veut d'imposer son idéal républicain au-delà de tous les communautarismes, au-delà de toutes les formes de sectionnement de la République qui peuvent, à un moment ou un autre, apporter des discriminations.
Voilà pourquoi nous sommes engagés dans ce combat, à vos côtés, pour lequel nous comptons beaucoup sur l'Observatoire. Parce que nous pensons quand même, tous, qu'il faut faire vivre la République, il faut faire en sorte de ne pas oublier les frustrations du printemps dernier, et de bien veiller à ce que l'esprit de mai, c'est-à-dire cet esprit de partage de la République, de l'idéal républicain, soit très présent dans la société française. Et donc, le respect de l'autre, l'attention à l'autre est un élément essentiel de notre vivre ensemble et de notre pacte républicain. Je pense que c'est un élément très important de notre dynamique politique, au-delà de tous les clivages politiques. Chacun peut avoir son combat politique, chacun, évidemment, doit avoir ses convictions. Mais qu'on sente bien que nous sommes passés quand même, le 21 avril, tout près de l'horreur politique. Nous avons, là, je crois, à bien réfléchir sur notre capacité à éviter toutes les formes d'extrémismes, toutes les formes d'attitudes qui conduisent à l'exclusion politique, sous une forme ou sous une autre. C'est pour cela que cet idéal républicain, nous voulons le faire vivre et surmonter toutes les frontières, et faire en sorte que la République puisse être vraiment l'espace du rassemblement, et donc, par définition, que la première des disparités, celle qui concerne la parité, puisse être assumée comme étant une perspective, pour nous, d'équité et donc de vie et de vécu de notre esprit républicain.
Voilà pourquoi je suis très heureux d'être avec vous, aujourd'hui, de pouvoir saluer cette dynamique qui est la vôtre et de laisser la parole à madame N. Ameline qui, au nom du Gouvernement, assume l'organisation de vos travaux, et à madame la rapporteure, qui va s'exprimer ensuite, je vous remercie beaucoup de vous mobiliser pour cette cause commune.
Merci à vous.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 janvier 2003)
Nous voyons aujourd'hui un certain nombre de disparités se développer dans les relations sociales, dans les relations économiques, qui sont fort préoccupantes. On le voit dans les conflits sociaux, on le voit dans les licenciements, on le voit dans la pratique quotidienne aujourd'hui des difficultés économiques et sociales, et c'est un sujet particulièrement préoccupant pour nous. C'est vrai dans l'ensemble des circuits de responsabilité ; nous le voyons également, et c'est très préoccupant dans un certain nombre de sujets comme la création d'entreprise par exemple, où nous avons là un écart très important dans la dynamique entrepreneuriale. Tout se passe comme s'il y avait une énergie dans notre pays qui était quelque peu mésestimée et pour laquelle il fallait faire un certain nombre d'efforts.
On a vu que les Etats-Unis, qu'un certain nombre de pays organisent des programmes de discrimination positive, la Small Business Administration par exemple, pour les femmes qui veulent créer des entreprises, pour un certain nombre d'initiatives dans le domaine économique et social. On voit aujourd'hui notre pays face à des difficultés de ce type, et c'est pour cela que nous avons souhaité, sous l'impulsion du président de la République, créer un poste ministériel chargé de cette parité professionnelle, de manière à ce que l'on puisse approcher le sujet à la fois en amont, dans l'éducation, et à la fois en aval, dans la société sous toutes ses formes : la société du travail, la société civile et la société politique.
C'est pour cela que l'on sent qu'il est nécessaire aujourd'hui de donner une impulsion nouvelle et c'est pour cela que l'Observatoire doit être le lieu pour nous de cette impulsion. Sur le plan politique, nous voyons un certain nombre de progrès réalisés, mais il y a encore du chemin à faire, et nous avons aujourd'hui, quand on regarde l'ensemble de nos assemblées - locales, territoriales, nationales et européennes - un certain nombre de disparités qui n'échappent à personne, et si je lis bien la presse pour laquelle il y a un certain nombre de propositions qui sont faites de manière à surmonter ces différentes disparités. Je crois en effet que c'est un élément important de notre action que de faire en sorte qu'au-delà du domaine économique et social, le domaine politique puisse présenter des conditions d'élection plus équitables et pour faire en sorte que la parité puisse davantage être politiquement affirmée.
D'ailleurs, une des propositions que nous ferons demain matin, au Conseil des ministres, concerne les élections régionales : nous aurons un nouveau mode de scrutin, à la proportionnelle, à limite régionale. Nous ferons en sorte que l'alternance hommes-femmes soit la règle sur les listes régionales. Je vois des sourires complices, comme s'il y avait des combats gagnés, mais nous pouvons partager cette complicité avec joie, parce qu'au fond, les différents représentants dans notre société pourront y trouver des satisfactions, mais je crois surtout que les territoires y trouveront des satisfactions, comme les communes ont trouvé beaucoup de satisfaction à l'engagement des femmes dans les listes municipales, comme nous avons trouvé dans un certain nombre de procédures électorales des satisfactions à avoir davantage de diversité.
Pour les élections régionales, c'est un élément très important, parce que c'est un mandat particulièrement stratégique : c'est à la fois un mandat de proximité et un mandat de stratégie. Et c'est donc un mandat qui n'est pas simplement le mandat des bonnes oeuvres, ce n'est pas le mandat social, dans lequel on cantonne quelque fois la responsabilité féminine, un mandat de la proximité, de l'attention aux autres, du coeur, de la générosité, de toutes ces qualités féminines particulièrement développées. C'est aussi le mandat de la stratégie, de l'investissement, des ouvertures, y compris inter-régionales et internationales. Et tout comme le mandat de député européen, le mandat régional est un mandat d'ouverture tout à fait significatif. C'est pour cela que nous avons tenu à ce que la parité soit une règle de ce mode d'élection.
Nous aurons à engager encore de nombreuses initiatives évidemment, pour que cette parité puisse être davantage encore développée dans l'exercice des responsabilités. Nous avons souhaité, dans l'organisation gouvernementale, qu'on puisse vraiment franchir une étape nouvelle, non seulement en faisant en sorte que les femmes aient des responsabilités, mais surtout qu'on puisse faire en sorte qu'il n'y ait pas de responsabilités préétablies, prédéfinies par l'identité de départ. C'est notamment l'exemple que nous avons voulu afficher avec la ministre de la Défense, pour bien montrer qu'il n'y avait pas les métiers des hommes et les métiers des femmes. C'est un des éléments très importants, et je conclurai sur ce sujet.
Pour nous, aujourd'hui, c'est peut-être cette nouvelle frontière qu'il nous faut essayer de franchir : c'est de faire en sorte qu'on sorte non seulement de cette volonté de parité, mais aussi de sortir de tout ce qui peut enfermer, dans des statuts, des cases, tout ce qui peut cloisonner l'accès à un certain nombre de responsabilités, professionnelles ou politiques, en fonction de l'identité. Il est très important d'avoir cette fluidité sociale, cette fluidité politique, et de faire en sorte que l'on puisse avoir accès à toute forme de responsabilités, et notamment que les femmes puissent exercer l'ensemble des métiers. Et il y a encore beaucoup de travail à faire, y compris dans notre éducation nationale, où la prédestination est un des éléments importants.
Mon dernier mot sera pour dire que cette volonté de parité, cette détermination qui est la nôtre à faire en sorte que notre société soit fluide quant à l'exercice de ses responsabilités, ne nous empêche d'accorder une attention toute particulière aux situations spécifiques d'un certain nombre de femmes qui, dans la société, peuvent avoir, de par leur identité, des conditions de vie particulièrement difficiles.
Nous avons récemment parlé au Conseil des ministres de la violence conjugale, qui est un sujet particulièrement préoccupant. Cette communication nous a beaucoup impressionnés, les uns et les autres ; l'idée que 10 % des hommes sont violents est un chiffre terrifiant quand on regarde une organisation sociale telle que la nôtre. Il y a, sur ce sujet, je crois, beaucoup de responsabilités. Et puis, nous voulons aussi faire en sorte que, quelle que soit l'appartenance dans notre société - à une ville, à un quartier, à une religion, à une association - on ne puisse être victime de discrimination.
Je crois qu'il est très important que nous puissions faire en sorte que les femmes puissent, dans la société, se sentir citoyennes à part entière, et qu'elles puissent, dans la communauté nationale, partager les valeurs de la République, comme chaque citoyen, à égalité des droits et des devoirs. C'est un des éléments très importants. Il n'y a pas des citoyens et des citoyennes - des citoyens de première classe, des citoyens de seconde classe. Il y a et justement, c'est la supériorité de la République sur tous les autres systèmes, c'est que, dans la République, ce n'est pas une majorité qui s'impose à une minorité, ce n'est pas une force qui s'impose à une faiblesse. La République, c'est que chacun a le même statut dans l'organisation sociale et que nous avons une même identité politique ; c'est cela la force de la République sur tous les autres systèmes. Et la France se veut d'imposer son idéal républicain au-delà de tous les communautarismes, au-delà de toutes les formes de sectionnement de la République qui peuvent, à un moment ou un autre, apporter des discriminations.
Voilà pourquoi nous sommes engagés dans ce combat, à vos côtés, pour lequel nous comptons beaucoup sur l'Observatoire. Parce que nous pensons quand même, tous, qu'il faut faire vivre la République, il faut faire en sorte de ne pas oublier les frustrations du printemps dernier, et de bien veiller à ce que l'esprit de mai, c'est-à-dire cet esprit de partage de la République, de l'idéal républicain, soit très présent dans la société française. Et donc, le respect de l'autre, l'attention à l'autre est un élément essentiel de notre vivre ensemble et de notre pacte républicain. Je pense que c'est un élément très important de notre dynamique politique, au-delà de tous les clivages politiques. Chacun peut avoir son combat politique, chacun, évidemment, doit avoir ses convictions. Mais qu'on sente bien que nous sommes passés quand même, le 21 avril, tout près de l'horreur politique. Nous avons, là, je crois, à bien réfléchir sur notre capacité à éviter toutes les formes d'extrémismes, toutes les formes d'attitudes qui conduisent à l'exclusion politique, sous une forme ou sous une autre. C'est pour cela que cet idéal républicain, nous voulons le faire vivre et surmonter toutes les frontières, et faire en sorte que la République puisse être vraiment l'espace du rassemblement, et donc, par définition, que la première des disparités, celle qui concerne la parité, puisse être assumée comme étant une perspective, pour nous, d'équité et donc de vie et de vécu de notre esprit républicain.
Voilà pourquoi je suis très heureux d'être avec vous, aujourd'hui, de pouvoir saluer cette dynamique qui est la vôtre et de laisser la parole à madame N. Ameline qui, au nom du Gouvernement, assume l'organisation de vos travaux, et à madame la rapporteure, qui va s'exprimer ensuite, je vous remercie beaucoup de vous mobiliser pour cette cause commune.
Merci à vous.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 janvier 2003)