Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames,
Messieurs,
Je suis heureux de me trouver ici, à la gare Montparnasse pour signer avec vous cet accord par lequel la SNCF s'engage à recruter 2 100 demandeurs d'emploi 2 000 jeunes sur des stages TUC, 100 chômeurs de longue durée adultes, bénéficiaires de l'allocation spécifique de solidarité sur des programmes d'insertion locale PIL.
Vous avez souhaité, monsieur le président la signature de cette convention afin d'associer pleinement la SNCF à la lutte contre le chômage et vous en avez supervisé vous-même la négociation. Je tenais à vous en rendre publiquement hommage ici.
Cette signature revêt à mes yeux un caractère exemplaire, pour plusieurs raisons :
- Vous ouvrez à des jeunes la possibilité d'entrer dans de bonnes conditions dans la vie active grâce à un éventail très large de postes de travail et de formations ;
- Vous participez au nécessaire effort de réinsertion des chômeurs de longue durée ;
- Vous vous engagez à offrir à ces demandeurs d'emploi jeunes ou moins jeunes l'encadrement technique indispensable qui les aidera à valoriser leur stage ;
- Vous expérimentez un nouveau service "bagage vite", c'est-à-dire une formule modernisée, rénovée d'aide aux voyageurs chargés de bagages, dans un esprit d'amélioration de l'accueil et de la qualité de service offert aux usagers.
J'ai, à de nombreuses occasions, précisé mon analyse de la situation et des perspectives de l'emploi.
Nous sommes confrontés, vous le savez, à une situation de déséquilibre durable du marché de l'emploi; ce déséquilibre présente des aspects quantitatifs, qualitatifs et culturels. Je n'y reviendrai pas.
Le marché du travail devient de plus en plus sélectif, son fonctionnement spontané tend à exclure les jeunes sans formation suffisante de l'accès à l'emploi.
Il tend également à séparer les demandeurs d'emploi en deux catégories :
- ceux, qui du fait, de la nécessaire mobilité des hommes et des entreprises se trouvent en transition et se replacent facilement au bout de quelques semaines ou de quelques mois,
- ceux pour qui le chômage se prolonge au-delà d'un an et sur des périodes plus longues encore,
Ce problème du chômage et en particulier du chômage de longue durée se posera donc, il faut avoir le courage de le dire, encore pendant longtemps dans notre pays, il est ainsi devenu la principale cause d'exclusion et de précarité.
Dans ce contexte de déséquilibre durable du marché de l'emploi, nous devons renouveler nos stratégies de lutte contre le chômage et c'est que nous faisons.
Nous devons, en effet, tout à la fois améliorer les conditions d'accès à l'emploi et à la formation des jeunes et lutter contre les effets destructeurs du chômage sur les adultes. C'est pourquoi, nous avons choisi de diversifier très largement les formules de lutte contre le chômage afin de répondre à la très grande variété des situations des demandeurs d'emploi.
Dès l'instant où une intégration directe et rapide sur le marché du travail n'est pas envisageable pour un nombre important de demandeurs d'emploi, 1l nous faut inventer des "alternatives positives" au chômage. C'est le sens du développement des stages de réinsertion des associations intermédiaires, des travaux d'utilité collective, des programmes d'insertion locale, des compléments locaux de ressources, qui, tout à la fois, apportent un complément de ressources, une formation ou une expérience professionnelle, améliorent l'aptitude à l'emploi, répondent à des besoins qui ne sont généralement pas satisfaits dans les conditions économiques classiques. Dans tous les cas, ces formules permettent au demandeur d'emploi de retrouver une dignité liée à une activité ou une formation.
Ces alternatives ont été conçues à partir de plusieurs idées forces dont l'évidence s'imposent progressivement à tous :
- L'activité dans un milieu de travail est toujours préférable à l'inactivité, même si cette activité se réalise à temps partiel ou de façon intermittente.
- L'assistance doit être dépassée au profit de la réinsertion. La collectivité devant, de toute façon, assurer à ces personnes un minimum pour vivre, il est préférable que cette contribution nationale serve à une formation, à l'acquisition d'une première expérience, favorise la réinsertion et permette ainsi de se reprendre en charge en exerçant une activité.
- De nombreuses activités qui ne sont pas, peu ou mal satisfaites au coût et aux conditions du marché, peuvent ainsi être proposées aux jeunes et aux chômeurs de longue durée dès lors qu'on les aide à émerger.
La convention que nous signons aujourd'hui, monsieur le président, est la parfaite illustration de l'application de ces principes. Vous allez accueillir, encadrer, faire travailler des chômeurs jeunes et adultes, ce faisant vous améliorez la qualité du service public offert par votre entreprise, enfin, vous allez faire émerger de nouvelles activités.
Chacun, ici, connaît le dispositif des travaux d'utilité collective. Cette formule, nous avons choisi de la relancer et de l'améliorer car elle représente une voie de formation et d'insertion efficace pour les jeunes. Elle permet, en effet, aux jeunes d'acquérir une première expérience professionnelle et une formation favorisant l'accès à l'emploi. nous comptons actuellement plus de 250 000 jeunes au travail sur des stages TUC et un jeune sur trois trouve une activité ou un emploi à l'issue de son stage. Je suis persuadé que les stages que vous offrez ainsi dans les services techniques, administratifs ou commerciaux de la SNCF permettront de suppléer l'insuffisance ou l'absence de formation initiale qui caractérise un nombre beaucoup trop important des jeunes à la recherche d'un emploi et apporteront à ces jeunes une expérience professionnelle améliorant sensiblement leurs chances d'insertion sur le marché du travail. Bref le label "SNCF" me semble être une bonne clé d'accès à l'emploi pour un jeune sans formation ou sans expérience.
Enfin, j'en viens au deuxième aspect de cette convention qui concerne le recrutement des stagiaires sur des programmes d'insertion locale (PIL).
Les programmes d'insertion locale (PIL) adressent aux chômeurs de longue durée indemnisés à l'allocation spécifique de solidarité âgés de plus de 25 ans, donc à des chômeurs de longue durée. Il s'agit de permettre à ces personnes d'exercer une activité d'intérêt général, gage d'une future réinsertion. Cette population n'est pas une population sans problème, il faut le savoir.
Ces personnes peuvent, en effet, du fait de leur longue durée du chômage cumuler des handicaps divers. Il faut en être conscient, en particulier au moment de leur recrutement. Mais ces demandeurs d'emploi possèdent souvent une expérience professionnelle et souvent une qualification qui peuvent rendre de réels services à la collectivité. L'activité qu'ils exerceront dans vos services, la formation que vous leur dispenserez, leur permettra, j'en suis certain, de se reprendre en charge.
Enfin, je voudrais insister sur ce point, la convention que nous signons aujourd'hui, permet de faire émerger de nouvelles activités des services à temps partiel ou intermittentes pour ces demandeurs d'emploi.
Nous devons, en effet et dans le même temps, réhabiliter et renforcer partout la qualité des services offerts, après avoir au cours des années de forte croissance, recherché la productivité souvent au dépend de la qualité de service rendu à l'usager ou au client, qui deviendra on ne peut en douter de plus en plus exigeant. C'est le mérite de la SNCF d'avoir compris la valeur de cette analyse.
Vous avez choisi de développer, à partir de l'expérience "bagage vite" qui a été menée ici depuis quelques mois, à la gare Montparnasse, les services d'accueil, de guidage ou de portage des bagages.
L'aéroport de paris avec qui j'ai signé il y a quelques semaines une convention identique, partage la même analyse quant au développement des services rendus aux usagers.
Cette convergence entre les deux entreprises montre à l'évidence qu'il y a là un potentiel à exploiter à la fois pour les demandeurs d'emploi et pour les usagers.
J'espère que cette expérience pourra, comme vous le souhaitez, monsieur le président, être progressivement étendue aux grandes gares de Paris et de notre pays et que cette activité nouvelle de services qui répond visiblement à des besoins des usagers fera désormais partie du décor habituel de nos déplacements ferroviaires. Sachez que l'aide de l'Etat vous est pleinement acquise.
Je suis heureux que la formule des PIL réponde à cette double exigence : réinsérer des demandeurs d'emploi, améliorer la qualité du service en créant des activités nouvelles.
Votre action doit être reconnue et encouragée, c'est la raison de ma présence à vos côtés, monsieur le président. Je suis persuadé que cet acte de solidarité pour les jeunes et pour les chômeurs de Longue durée que traduit cette convention sera apprécié par les usagers de la SNCF et qu'elle contribuera ainsi à améliorer son image.
Le recrutement de ces stagiaires jeunes ou adultes dans votre réseau sera assuré avec l'aide de l'agence nationale pour l'emploi. J'ai donné des directives précises pour qu'il puisse être mené rapidement. Il sera également suivi attentivement en province par les préfets des départements concernés qui, vous le savez, sont chargés par le gouvernement de coordonner et d'animer la mise en oeuvre de cette politique globale et très active de lutte contre le chômage.
Je me félicite de cette initiative qui associe pleinement la SNCF au nécessaire effort de réinsertion des demandeurs d'emploi et qui montre que nous pouvons, dès lors que nous en avons la volonté, développer de nouveaux gisements d'activité répondant a des besoins non satisfaits et susceptibles d'apporter une contribution positive dans la lutte contre le chômage. C'est la leçon de votre heureuse initiative.
Je suis persuadé que cet accord aura valeur d'exemple. C'est le souhait que je formule au moment où je signe avec vous, monsieur le président, cette convention.