Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur le projet France -Technologies permettant de développer des investissements et partenariats entre des entreprises françaises et des acteurs privés et publics d' Afrique de l'Ouest, Abidjan, le 5 octobre 1999.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition France-Technologies, à Abidjan (Côte d' Ivoire), le 5 octobre 1999

Texte intégral

Le projet France-Technologies est né il y a un an. La France souhaitait organiser une grande exposition ici, à Abidjan, dans la métropole de l'Afrique de l'Ouest. Cette manifestation devait permettre aux entreprises françaises de développer des investissements et des partenariats avec les acteurs du secteur public et privé des pays de la région. Elle répondait à leurs attentes mutuelles.
Fruit de la volonté politique de nos dirigeants, ce projet était sans précédent : aucune manifestation de cette envergure n'avait jamais eu lieu en Afrique francophone. Tout restait à mettre en oeuvre.
Aujourd'hui, le résultat s'avère à la hauteur de nos ambitions.
Pour que l'on mesure pleinement la signification de ce succès et les enjeux qui y sont attachés, j'aimerais réinscrire cet événement dans le cadre plus général de nos relations avec la région, et en particulier avec la Côte d'Ivoire.
Après une longue période d'incertitudes, liée aux aléas de la conjoncture internationale, les perspectives économiques de l'Afrique centrale et occidentale s'améliorent.
1. Dans ce contexte de croissance retrouvée, les stratégies de développement peuvent enfin se concrétiser.
Ainsi, la Côte d'Ivoire souhaite que les investissements productifs lui permettent de mieux s'intégrer au marché mondial. Dans cette perspective, et pour l'aider dans une démarche à long terme, l'appui du gouvernement français et celui de nos entreprises lui est acquis.
La Côte d'Ivoire est la première puissance économique de la zone franc. Elle a misé sur un développement durable et complet, qui implique la diversification des investissements. La France est sur ce plan son premier partenaire. Mais il faut faire plus.
Ce qui importe, en effet, c'est que les économies africaines puissent développer une véritable valeur ajoutée. Dans ce cadre, les priorités sont les suivantes :
- accroître les capacités de transformation dans les secteurs agricole et minier, afin d'échapper aux conséquences des fluctuations qui affectent le coût des matières premières.
- développer les infrastructures dans le domaine des transports, des équipements et des services.
- mettre en place un secteur bancaire, susceptible de drainer l'épargne disponible et de financer de nouveaux investissements.
- stimuler les exportations.
A ces préoccupations, et à d'autres encore, France-Technologies offre, dans une logique de partenariat, des solutions multiples.
Parmi les 300 entreprises réunies ici, nous avons eu le souci d'inviter, non seulement des grands groupes, pour la plupart déjà implantés dans la région, des sociétés bancaires, mais aussi des PME et des PMI qui offrent un éventail de prestations considérables, accordées aux stratégies de développement ivoiriennes.
2. Nous attachons une extrême importance à la vocation régionale de cette manifestation.
Strauss-Kahn rappelait, au cours de la récente réunion des ministres des finances de la zone franc que " L'intégration régionale est le vecteur le plus approprié d'un élargissement des marchés locaux, de la diversification des structures productives, et des exportations vers les marchés développés. "
Si Abidjan a accueilli France-Technologies, c'est parce que la Côte d'Ivoire souhaite jouer un rôle majeur dans le développement de la région et pour le développement de la région. Je crois que les acteurs ivoiriens sont conscients de leur mission.
L'appartenance à la zone franc de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) constitue une base solide, sur laquelle se fonde l'intégration régionale, clef du développement durable. Elle procure un surcroît de stabilité et, de plus, la création de l'euro renforce considérablement le cadre institutionnel et l'attrait des investisseurs privés pour cette partie du monde.
Mais cette référence commune au franc CFA ne peut suffire à harmoniser l'environnement économique de la région. Les rythmes de croissance au sein de l'UEMOA et de la CEMAC restent inégaux, notamment en raison de l'impact du prix des matières premières.
Les investisseurs ici présents sont sensibles aux attraits que présenterait un marché commun ouest africain. Mais pour que la richesse créée soit également répartie, que l'épargne et les savoir-faire circulent de manière à assurer un développement équilibré il faut poursuivre l'effort d'intégration régionale.
La volonté politique est assurément au rendez-vous puisque des progrès considérables ont déjà été accomplis dans plusieurs directions : l'unification progressive du droit des affaires (traité OHADA) et du droit en matière d'assurance, l'harmonisation de l'appareil statistique dans le cadre du traité AFRISTAT, et surtout la création de la bourse des valeurs d'Abidjan.
De ce point de vue, si l'exposition met l'accent sur les technologies, il convient de ne pas donner à ce terme une acception trop restreinte. Sont ici présents des spécialistes en conseil juridique et financier, et des organismes institutionnels prêts à faire partager leur savoir faire en matière d'harmonisation fiscale, de décentralisation administrative, etc.
3. Intégration régionale et garanties multilatérales.
Si j'ai longuement insisté sur l'intégration régionale, c'est parce qu'elle est une carte maîtresse dans la perspective d'une ouverture croissante de l'économie mondiale.
A court terme d'abord, parce que la promotion de l'intégration régionale est le principe qui permet d'accompagner les efforts des économies de transition tout en respectant les règles multilatérales définies par l'OMC. C'est ce principe que la France et l'Europe feront valoir lors de la prochaine Conférence ministérielle de Seattle.
A moyen et à long terme ensuite, parce que l'objectif reste l'intégration complète des pays en développement dans le système commercial global. Et dans ce cadre, les unions régionales jouent, pour toutes les raisons déjà évoquées, en faveur de tous leurs membres.
Il n'y a d'ailleurs pas de séparation stricte entre les objectifs de court et de moyen terme. Les pays africains peuvent dès maintenant profiter de l'ouverture des marchés, à condition de s'en donner les moyens institutionnels.
C'est ainsi que nous participerons aujourd'hui, dans le cadre de France-Technologies, à la signature de deux accords. Le premier confirmera la création d'une filiale ivoirienne de la COFACE, qui, comme vous le savez, gère en France l'assurance-crédit à l'exportation pour le compte de l'Etat, le second posera les bases d'un double partenariat unissant l'APEX-CI au CFCE, d'une part, et au CFME ACTIM d'autre part.
Ce dynamisme et cet esprit de conquête montrent que la Côte d'Ivoire, et avec elle la région toute entière, ont confiance en leur avenir : c'est un sentiment que je partage - nous avons eu l'occasion d'en discuter longuement - avec M. Duncan.
Comme lui, je souhaite à France-Technologies de tenir toutes ses promesses.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 16 novembre 1999)