Texte intégral
Madame et Monsieur les Ministres,
Monsieur le vice-président,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'installer aujourd'hui, dans sa nouvelle composition, le Conseil supérieur de la langue française. Organe de réflexion et de proposition, celui-ci oriente l'action des pouvoirs publics dans les domaines relatifs " à l'usage, à l'aménagement, à l'enrichissement, à la promotion et à la diffusion de la langue française en France et hors de France et à la politique à l'égard des langues étrangères ". Spécialistes de la langue -à travers l'enseignement, la littérature, les métiers de la diffusion-, venant de France mais aussi de Belgique, de Suisse et du Canada, vous ferez de ce Conseil, j'en suis sûr, un lieu vivant et fécond.
Je voudrais remercier tout particulièrement M. Bernard Quémada qui a assuré durant deux mandats consécutifs la vice-présidence du Conseil, avec la science de la langue que vous lui connaissez tous, et beaucoup de dévouement.
Je me réjouis de la présence parmi nous, pour la première fois depuis son élection, de Mme Hélène CARRERE d'ENCAUSSE, Secrétaire perpétuel de l'Académie française, qui prendra ses fonctions au début de l'an prochain.
Enfin, Monsieur CERQUIGLINI, au moment où vous acceptez la vice-présidence de ce conseil, je veux vous dire mes encouragements pour l'accomplissement de votre mission. Votre expérience universitaire, vos connaissances linguistiques, vos fonctions antérieures à la tête de la délégation à la langue française : tout cela vous désignait pour conduire les travaux du Conseil.
Ces travaux sont d'une importance particulière de par la place qu'occupe, dans notre histoire, dans notre culture, la langue française. L'Etat, la nation et la langue française se sont bâtis de concert. La langue française a été et reste, par l'Ecole, le ciment de la République. Elle est un bien commun que chacun doit être en mesure de s'approprier. Indispensable à l'exercice de la citoyenneté, condition de la démocratie, la maîtrise de la langue reste un objectif fondamental de l'enseignement -dans l'enseignement général comme dans la formation professionnelle- et est au cur de notre politique d'intégration. C'est là une question d'égalité entre citoyens.
Mesdames et Messieurs,
La langue française est présente sur les cinq continents. Plus de cent dix millions d'hommes et de femmes la parlent. Plus de quinze millions d'élèves l'apprennent au sein de l'espace francophone. Ce n'est pas là seulement un héritage de l'Histoire. C'est là, aussi, le fruit d'une volonté politique. Cette langue, que nous avons " en partage ", nous voulons en effet qu'elle conserve la forme d'universalité qui est la sienne : une universalité qui accepte les influences extérieures et vive avec son temps.
Pour garantir son universalité, nous voulons ouvrir la langue française à une pleine modernité.
Le français évolue parce que la société évolue et parce que les mentalités changent. Les francophones ont besoin de mots nouveaux pour dire des réalités nouvelles. Dans ce mouvement, la spontanéité a sa place. Les textes sur l'enrichissement de la langue française reconnaissent aussi à l'État un rôle moteur dans les travaux de terminologie et de néologie. Dans cet esprit, j'ai souhaité que l'aspiration de nos concitoyens à la parité entre les femmes et les hommes trouve sa traduction dans la langue française, afin que tombent en désuétude les désignations qui véhiculent des conceptions archaïques et sexistes. Il incombe en effet à l'Etat d'être exemplaire. C'est pourquoi j'ai invité les administrations, par une circulaire du 6 mars 1998, à recourir aux appellations féminines chaque fois qu'elles étaient d'usage courant. Je sais que tous ici ne partagent pas cette approche. Je ne verrais que des avantages à ce que votre conseil en débatte et examine les moyens de faciliter l'évolution de notre langue.
Le français doit tenir toute sa place dans la société de l'information. Notre pays accusait un certain retard dans ce domaine. Il était urgent de réagir. Des mesures volontaristes ont été prises. A l'école, dans les services publics, le programme d'action du Gouvernement pour l'entrée de la France dans la société de l'information porte ses fruits.
Nos efforts ne doivent pas, pour autant, se relâcher. Les contenus et les services en français sur l'internet sont encore trop peu nombreux. Or, l'internet est une chance sans précédent pour la francophonie. Le rapport que m'a remis M. Patrick BLOCHE, " Le désir de France ", est riche de recommandations concernant la présence du français sur les réseaux. Celles-ci dessinent une politique ambitieuse pour le traitement informatique du langage et comprennent des mesures fortes en faveur du plurilinguisme et de la traduction. Le 7 octobre dernier, j'ai signé une circulaire sur les sites internet des services et des établissements publics de l'État. Elle précise les obligations de ces services en matière d'usage du français et de recours à des traductions en langue étrangère.
Tous les nouveaux moyens de traitement de la connaissance et de la communication doivent être exploités pour faire du français une langue internationale de diffusion de l'information. Et cela non seulement dans les domaines de la culture et du droit, mais aussi dans ceux des sciences, des techniques et de l'économie. Nous devons aider tous ceux qui, dans le monde, cherchent en français, créent en français, travaillent en français, vendent en français, communiquent en français. Je souhaite donc que votre conseil réfléchisse à la place du français dans le champ économique et au sein de la société de l'information.
Garantir son universalisme à la langue française, c'est contribuer activement à la nécessaire diversité culturelle du monde.
Au sein de l'Union européenne, la diversité linguistique est un enjeu majeur. C'est aussi par la place qu'il saura occuper en Europe que le français conservera dans le monde sa force d'attraction. Le régime linguistique de l'Union donne une importance équivalente à chaque langue officielle des États membres. Tous sont très attachés à cette règle. Mais les élargissements successifs -dont celui, à venir, aux pays d'Europe centrale et orientale- changent la donne linguistique. Langue de travail privilégiée dans les premières années de la Communauté, le français recule au profit de l'anglais.
Nulle langue ne peut devenir la langue unique de communication au sein des institutions de l'Union. C'est pourquoi le S.G.C.I., la délégation générale à la langue française et le ministère des Affaires étrangères mènent une action volontariste pour renforcer la place du français comme langue de travail. Ils favorisent l'apprentissage du français par les fonctionnaires des pays nordiques et de l'Est appelés à travailler avec l'Union. Pour les fonctionnaires de la Commission, ils organisent des formations sur la France et ses institutions. Les fonctionnaires français en relation avec l'Union se voient régulièrement rappeler qu'ils sont des acteurs essentiels de l'emploi du français. Au second semestre 2000, la présidence française sera l'occasion d'initiatives originales pour élargir l'usage de notre langue.
Ailleurs dans le monde, la diversité doit être l'esprit même de la francophonie. Celle-ci réunit un ensemble de peuples et de cultures dont la richesse, faite de diversité, est exceptionnelle. Le français en est le dénominateur commun. Il peut être le vecteur linguistique d'une plus grande ouverture de la francophonie sur le monde. Ensemble, les Etats francophones peuvent peser dans les enceintes internationales afin d'y renforcer l'usage du français. Celui-ci est bien souvent devenu la seule langue en mesure d'assurer le respect du plurilinguisme face au poids croissant de l'anglais. Et il est vrai, comme le dit souvent M. Boutros Ghali, que le plurilinguisme est aux organisations internationales ce que le multipartisme est à la démocratie.
Un même engagement volontariste est nécessaire au maintien de l'apprentissage du français. Le français est, après l'anglais, la langue étrangère la plus apprise dans le monde. Il est toujours très présent dans les systèmes éducatifs qui proposent l'apprentissage de deux langues vivantes. Pour promouvoir son enseignement, nous ne manquons pas d'atouts. Notre réseau culturel et linguistique à l'étranger est un des plus denses de la planète. Des professeurs de français sont présents dans toutes les régions du monde -et je veux saluer leur dynamisme. Ils se réuniront d'ailleurs à Paris en juillet 2000.
Notre engagement pour le plurilinguisme sera d'autant plus crédible que nous favoriserons, en France, la diversité linguistique.
Nous devons mieux protéger notre héritage linguistique. Le recensement que vous venez d'effectuer, Monsieur le vice-président, révèle l'existence dans notre pays de 75 langues différentes -21 en métropole et 54 outre-mer. Certes, leur diffusion et leur audience sont très variables. Certaines ne sont plus, ou presque, qu'un objet d'études universitaires. Mais toutes participent de la richesse de notre culture. Sur la proposition de la ministre de la Culture et de la Communication, je souhaite que la délégation générale à la langue française voie ses missions élargies aux langues de France.
Par la signature de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en mai dernier, le Gouvernement avait voulu donner un signe concret de sa volonté de valoriser un patrimoine riche, diversifié et parfois menacé. Je regrette que ce geste soit resté sans lendemain. Toutefois le Gouvernement est bien décidé à remplir les 39 engagements qu'il a pris en signant la Charte. D'ici la fin de l'année, un groupe de travail piloté par les ministères chargés de l'Education nationale et de la Culture aura recensé les langues qui relèvent de la troisième partie de la Charte. Beaucoup a déjà été fait dans le domaine de l'éducation et de la culture. Des discussions sont en cours dans le cadre des contrats de plan Etat-région pour la période 2000-2006. Elles soulignent la prise de conscience commune de l'État et des régions directement concernées. Nous sommes prêts à consentir des financements substantiels pour le développement de certaines langues régionales. Le délicat dossier de l'enseignement associatif bilingue doit aussi recevoir une réponse adaptée. Au printemps dernier, j'ai demandé que soient recherchés les moyens permettant à ces associations de bénéficier, dans le cadre de la législation actuelle, d'un statut public. Je souhaite que ce travail soit achevé avant la fin de cette année.
Mesdames et Messieurs,
Dans l'action volontariste en faveur du français que mène le Gouvernement, le Conseil supérieur de la langue française doit jouer un rôle éminent. Pour que notre langue vive avec son temps. Pour qu'elle s'affirme dans la diversité : langue de la République, le français ne perdra ni droit, ni force, ni fonctions, ni prérogatives si les langues régionales sont mieux confortées. Et pour que notre langue tienne son rang en Europe et dans le monde, dans ce monde qui doit défendre son pluralisme linguistique et sa diversité culturelle. Par ses orientations, ses avis, ses réflexions, votre conseil contribuera, j'en suis sûr, à cet indispensable combat.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 novembre 1999)
Monsieur le vice-président,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'installer aujourd'hui, dans sa nouvelle composition, le Conseil supérieur de la langue française. Organe de réflexion et de proposition, celui-ci oriente l'action des pouvoirs publics dans les domaines relatifs " à l'usage, à l'aménagement, à l'enrichissement, à la promotion et à la diffusion de la langue française en France et hors de France et à la politique à l'égard des langues étrangères ". Spécialistes de la langue -à travers l'enseignement, la littérature, les métiers de la diffusion-, venant de France mais aussi de Belgique, de Suisse et du Canada, vous ferez de ce Conseil, j'en suis sûr, un lieu vivant et fécond.
Je voudrais remercier tout particulièrement M. Bernard Quémada qui a assuré durant deux mandats consécutifs la vice-présidence du Conseil, avec la science de la langue que vous lui connaissez tous, et beaucoup de dévouement.
Je me réjouis de la présence parmi nous, pour la première fois depuis son élection, de Mme Hélène CARRERE d'ENCAUSSE, Secrétaire perpétuel de l'Académie française, qui prendra ses fonctions au début de l'an prochain.
Enfin, Monsieur CERQUIGLINI, au moment où vous acceptez la vice-présidence de ce conseil, je veux vous dire mes encouragements pour l'accomplissement de votre mission. Votre expérience universitaire, vos connaissances linguistiques, vos fonctions antérieures à la tête de la délégation à la langue française : tout cela vous désignait pour conduire les travaux du Conseil.
Ces travaux sont d'une importance particulière de par la place qu'occupe, dans notre histoire, dans notre culture, la langue française. L'Etat, la nation et la langue française se sont bâtis de concert. La langue française a été et reste, par l'Ecole, le ciment de la République. Elle est un bien commun que chacun doit être en mesure de s'approprier. Indispensable à l'exercice de la citoyenneté, condition de la démocratie, la maîtrise de la langue reste un objectif fondamental de l'enseignement -dans l'enseignement général comme dans la formation professionnelle- et est au cur de notre politique d'intégration. C'est là une question d'égalité entre citoyens.
Mesdames et Messieurs,
La langue française est présente sur les cinq continents. Plus de cent dix millions d'hommes et de femmes la parlent. Plus de quinze millions d'élèves l'apprennent au sein de l'espace francophone. Ce n'est pas là seulement un héritage de l'Histoire. C'est là, aussi, le fruit d'une volonté politique. Cette langue, que nous avons " en partage ", nous voulons en effet qu'elle conserve la forme d'universalité qui est la sienne : une universalité qui accepte les influences extérieures et vive avec son temps.
Pour garantir son universalité, nous voulons ouvrir la langue française à une pleine modernité.
Le français évolue parce que la société évolue et parce que les mentalités changent. Les francophones ont besoin de mots nouveaux pour dire des réalités nouvelles. Dans ce mouvement, la spontanéité a sa place. Les textes sur l'enrichissement de la langue française reconnaissent aussi à l'État un rôle moteur dans les travaux de terminologie et de néologie. Dans cet esprit, j'ai souhaité que l'aspiration de nos concitoyens à la parité entre les femmes et les hommes trouve sa traduction dans la langue française, afin que tombent en désuétude les désignations qui véhiculent des conceptions archaïques et sexistes. Il incombe en effet à l'Etat d'être exemplaire. C'est pourquoi j'ai invité les administrations, par une circulaire du 6 mars 1998, à recourir aux appellations féminines chaque fois qu'elles étaient d'usage courant. Je sais que tous ici ne partagent pas cette approche. Je ne verrais que des avantages à ce que votre conseil en débatte et examine les moyens de faciliter l'évolution de notre langue.
Le français doit tenir toute sa place dans la société de l'information. Notre pays accusait un certain retard dans ce domaine. Il était urgent de réagir. Des mesures volontaristes ont été prises. A l'école, dans les services publics, le programme d'action du Gouvernement pour l'entrée de la France dans la société de l'information porte ses fruits.
Nos efforts ne doivent pas, pour autant, se relâcher. Les contenus et les services en français sur l'internet sont encore trop peu nombreux. Or, l'internet est une chance sans précédent pour la francophonie. Le rapport que m'a remis M. Patrick BLOCHE, " Le désir de France ", est riche de recommandations concernant la présence du français sur les réseaux. Celles-ci dessinent une politique ambitieuse pour le traitement informatique du langage et comprennent des mesures fortes en faveur du plurilinguisme et de la traduction. Le 7 octobre dernier, j'ai signé une circulaire sur les sites internet des services et des établissements publics de l'État. Elle précise les obligations de ces services en matière d'usage du français et de recours à des traductions en langue étrangère.
Tous les nouveaux moyens de traitement de la connaissance et de la communication doivent être exploités pour faire du français une langue internationale de diffusion de l'information. Et cela non seulement dans les domaines de la culture et du droit, mais aussi dans ceux des sciences, des techniques et de l'économie. Nous devons aider tous ceux qui, dans le monde, cherchent en français, créent en français, travaillent en français, vendent en français, communiquent en français. Je souhaite donc que votre conseil réfléchisse à la place du français dans le champ économique et au sein de la société de l'information.
Garantir son universalisme à la langue française, c'est contribuer activement à la nécessaire diversité culturelle du monde.
Au sein de l'Union européenne, la diversité linguistique est un enjeu majeur. C'est aussi par la place qu'il saura occuper en Europe que le français conservera dans le monde sa force d'attraction. Le régime linguistique de l'Union donne une importance équivalente à chaque langue officielle des États membres. Tous sont très attachés à cette règle. Mais les élargissements successifs -dont celui, à venir, aux pays d'Europe centrale et orientale- changent la donne linguistique. Langue de travail privilégiée dans les premières années de la Communauté, le français recule au profit de l'anglais.
Nulle langue ne peut devenir la langue unique de communication au sein des institutions de l'Union. C'est pourquoi le S.G.C.I., la délégation générale à la langue française et le ministère des Affaires étrangères mènent une action volontariste pour renforcer la place du français comme langue de travail. Ils favorisent l'apprentissage du français par les fonctionnaires des pays nordiques et de l'Est appelés à travailler avec l'Union. Pour les fonctionnaires de la Commission, ils organisent des formations sur la France et ses institutions. Les fonctionnaires français en relation avec l'Union se voient régulièrement rappeler qu'ils sont des acteurs essentiels de l'emploi du français. Au second semestre 2000, la présidence française sera l'occasion d'initiatives originales pour élargir l'usage de notre langue.
Ailleurs dans le monde, la diversité doit être l'esprit même de la francophonie. Celle-ci réunit un ensemble de peuples et de cultures dont la richesse, faite de diversité, est exceptionnelle. Le français en est le dénominateur commun. Il peut être le vecteur linguistique d'une plus grande ouverture de la francophonie sur le monde. Ensemble, les Etats francophones peuvent peser dans les enceintes internationales afin d'y renforcer l'usage du français. Celui-ci est bien souvent devenu la seule langue en mesure d'assurer le respect du plurilinguisme face au poids croissant de l'anglais. Et il est vrai, comme le dit souvent M. Boutros Ghali, que le plurilinguisme est aux organisations internationales ce que le multipartisme est à la démocratie.
Un même engagement volontariste est nécessaire au maintien de l'apprentissage du français. Le français est, après l'anglais, la langue étrangère la plus apprise dans le monde. Il est toujours très présent dans les systèmes éducatifs qui proposent l'apprentissage de deux langues vivantes. Pour promouvoir son enseignement, nous ne manquons pas d'atouts. Notre réseau culturel et linguistique à l'étranger est un des plus denses de la planète. Des professeurs de français sont présents dans toutes les régions du monde -et je veux saluer leur dynamisme. Ils se réuniront d'ailleurs à Paris en juillet 2000.
Notre engagement pour le plurilinguisme sera d'autant plus crédible que nous favoriserons, en France, la diversité linguistique.
Nous devons mieux protéger notre héritage linguistique. Le recensement que vous venez d'effectuer, Monsieur le vice-président, révèle l'existence dans notre pays de 75 langues différentes -21 en métropole et 54 outre-mer. Certes, leur diffusion et leur audience sont très variables. Certaines ne sont plus, ou presque, qu'un objet d'études universitaires. Mais toutes participent de la richesse de notre culture. Sur la proposition de la ministre de la Culture et de la Communication, je souhaite que la délégation générale à la langue française voie ses missions élargies aux langues de France.
Par la signature de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en mai dernier, le Gouvernement avait voulu donner un signe concret de sa volonté de valoriser un patrimoine riche, diversifié et parfois menacé. Je regrette que ce geste soit resté sans lendemain. Toutefois le Gouvernement est bien décidé à remplir les 39 engagements qu'il a pris en signant la Charte. D'ici la fin de l'année, un groupe de travail piloté par les ministères chargés de l'Education nationale et de la Culture aura recensé les langues qui relèvent de la troisième partie de la Charte. Beaucoup a déjà été fait dans le domaine de l'éducation et de la culture. Des discussions sont en cours dans le cadre des contrats de plan Etat-région pour la période 2000-2006. Elles soulignent la prise de conscience commune de l'État et des régions directement concernées. Nous sommes prêts à consentir des financements substantiels pour le développement de certaines langues régionales. Le délicat dossier de l'enseignement associatif bilingue doit aussi recevoir une réponse adaptée. Au printemps dernier, j'ai demandé que soient recherchés les moyens permettant à ces associations de bénéficier, dans le cadre de la législation actuelle, d'un statut public. Je souhaite que ce travail soit achevé avant la fin de cette année.
Mesdames et Messieurs,
Dans l'action volontariste en faveur du français que mène le Gouvernement, le Conseil supérieur de la langue française doit jouer un rôle éminent. Pour que notre langue vive avec son temps. Pour qu'elle s'affirme dans la diversité : langue de la République, le français ne perdra ni droit, ni force, ni fonctions, ni prérogatives si les langues régionales sont mieux confortées. Et pour que notre langue tienne son rang en Europe et dans le monde, dans ce monde qui doit défendre son pluralisme linguistique et sa diversité culturelle. Par ses orientations, ses avis, ses réflexions, votre conseil contribuera, j'en suis sûr, à cet indispensable combat.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 novembre 1999)