Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand honneur et une joie de clore les travaux de cette matinée. Je suis très heureuse que le Ministère puisse accueillir cette journée de la Mission Parité. Dès mon arrivée dans ce Ministère, il m'a paru très important d'être le plus vite possible à l'écoute de vos réflexions et de vos besoins.
J'adresse mes plus vifs remerciements aux organisateurs de cette journée consacrée à la question de la parité dans les sciences en France et en Europe et, plus particulièrement à la directrice de la recherche, à la chef de la mission parité au Ministère ainsi qu'aux représentantes du groupe d'Helsinki Femmes et sciences.
J'ai plaisir à saluer ici les représentants des Ministères signataires de la convention interministérielle pour l'égalité des chances entre filles et garçons dans le système éducatif ainsi que les représentants "parité" des différents organismes.
Je me félicite de ce que la Mission Parité en sciences et technologies (elle fête à quelques jours près son 1er anniversaire) que le Ministère est fier de compter en son sein accède par cette réunion à une plus grande visibilité et puisse être confirmée dans ses différentes missions et je suis heureuse de pouvoir rendre hommage aujourd'hui à son travail et à ses accomplissements.
Les questions liées à la parité dans le domaine de la recherche et des sciences nous mobilisent avec une acuité de plus en plus grande, qu'il s'agisse d'attirer les jeunes filles vers les filières et carrières scientifiques, de favoriser l'accès des femmes aux postes de responsabilité et instances de décision, de mieux reconnaître leurs accomplissements en sciences et technologies, de permettre une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle. Notre société est mixte, et cette mixité doit être encouragée à tous les niveaux, dès le plus jeune âge. L'orientation des jeunes filles est ainsi primordiale dès les premiers temps de l'éducation si l'on veut que les changements de comportements puissent être effectifs.
Le choix des termes est important. Je sais ce que la parité représente pour nombre d'entre vous d'engagement, de combats parfois et, surtout, de solidarité et de cohésion.
Vous avez sans doute compris que je préfère parler de "mixité" plutôt que de "parité", de "complémentarité" que d' "égalité", de "sérénité" que de "combativité". Mais les mots ne sont pas tout et il est bon de s'entendre sur ce qu'ils recouvrent. Je ne voudrais pas que certains imaginent que l'on est en recul par rapport à d'autres positionnements : je crois que c'est une évolution positive, qui nous permet d'être porteuses de nos différences, de nos spécificités, de nos talents et d'être reconnues dans l'action que nous menons. Quand je parle de mixité, c'est au sens d'une "mixité équilibrée", au sens propre - c'est le sens de l'équilibre des plateaux d'une balance - et au sens figuré, c'est-à-dire l'équilibre que les femmes peuvent trouver entre vie privée et vie professionnelle. Je crois que vous êtes tous de fervents défenseurs de cette attitude consistant à se présenter dans la complémentarité autant que dans l'égalité, dans la sérénité plus que dans la combativité.
***
Je souhaite partager avec vous aujourd'hui un constat de progrès sans masquer le chemin qui reste à parcourir.
Dans ce panorama de la place des femmes dans la recherche scientifique et technologique, quelques chiffres sont particulièrement frappants ; le Livre blanc des femmes dans la recherche publique constitue une aide précieuse pour établir cette appréciation chiffrée.
Sur les 720 prix Nobel, seuls 30 ont été décernés à des femmes, toutes disciplines confondues ; 10 Nobel de la paix, 9 de littérature ; 2 en physique, 3 en chimie, 6 en physiologie et médecine. Aucune médaille Fields n'a récompensé de femmes.
Majoritaires au lycée toutes disciplines confondues (57% des effectifs), représentant 43, 2% des effectifs en Terminale S, les filles qui constituent, pour l'année 2000, 42% des effectifs pour l'ensemble des classes préparatoires ne sont plus que 29% dans les classes préparatoires scientifiques ; en revanche, elles représentent plus de 53 % des effectifs des classes préparatoires économiques et commerciales. Les femmes restent donc sous-représentées dans les filières qui conduisent aux plus hautes responsabilités scientifiques et technologiques, en particulier dans le secteur des technologies de l'information et de la communication où la sous-représentation est encore tout à fait marquée. Voilà un domaine dans lequel nous devons agir parce que c'est aussi une des façons de faire passer ce message d'une mixité équilibrée.
A l'université, les femmes représentent en moyenne nationale 27% des enseignants, toujours en 2000. Quatre disciplines sont plus féminisées : les sciences humaines et sociales, les sciences du vivant, la chimie et la médecine.
En mathématiques, sciences de l'univers, physique, Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication et sciences pour l'ingénieur la situation est nettement moins favorable aux femmes.
En 2000, les femmes représentent 1/3 des chercheurs dans la recherche publique et 1/5 dans la recherche privée. Pourtant, les femmes représentent la moitié des effectifs en 3ème cycle et 40% des thèses sont soutenues par des femmes. On compte deux fois moins de femmes que d'hommes parmi les directeurs de recherche.
Enfin, un créateur d'entreprise sur trois est une femme. Signalons aussi que parmi les lauréates du Concours national d'aide à la création d'entreprises innovantes dont j'ai remis les prix lors de la 4ème édition tout récemment, les femmes représentent une création sur cinq dans la catégorie " projets en création-développement " ; on compte pour l'ensemble des lauréats 19% de femmes. Un des trois fonds d'amorçage nationaux est dirigé par une femme.
***
L'incitation, le soutien et la reconnaissance sont les trois grandes étapes sur ce chemin de la mixité équilibrée en sciences et technologies auxquelles le Ministère a l'ambition d'être présent.
L'incitation, c'est par exemple la dimension pédagogique, la notion de transmission de la maternelle à l'université et à la recherche ; citons à titre d'exemple les actions concertées qui peuvent être menées avec le Ministère en charge de l'Education nationale pour donner confiance aux jeunes filles qui pourraient s'engager dans les filières scientifiques et technologiques, pour leur proposer des modèles à qui elles puissent s'identifier.
Le soutien c'est l'accompagnement des femmes - je pense en particulier au travail des associations : elles ont un rôle important à jouer à nos côtés parce qu'elles sont proches des besoins exprimés au quotidien dans la vie privée et dans les aspects professionnels. Je pense aussi à la formation tout au long de la vie, particulièrement importante pour les femmes ; J'aimerais également évoquer le projet de "charte de la mixité" en partenariat avec les syndicats de la recherche qui devrait aider à structurer cet accompagnement afin de mieux prendre en compte les différentes facettes des possibilités qu'ont les femmes d'être présentes et épanouies dans leur carrière. Des femmes épanouies dans leur carrière, cela veut dire épanouies également dans tous les aspects de leur vie, ce qui suppose de réfléchir aussi aux moyens de rendre leur vie quotidienne plus fluide, plus aisée. Je suis convaincue que les changements de mentalités et de comportements vont se faire de plus en plus par le biais des échanges entre les jeunes étudiantes et étudiants qui partagent au début de leur vie étudiante puis professionnelle les mêmes contraintes, les mêmes attentes.
La reconnaissance, c'est la lumière placée sur telle ou telle femme, devenue modèle en tant que porteuse d'un projet de carrière, d'un projet de vie réussi ; citons à titre d'exemple le prix Irène Joliot-Curie dont je reparlerai dans un instant. Je peux peut-être évoquer un instant mon propre parcours. C'est vrai que je pense avoir eu davantage de reconnaissance à partir du moment où j'ai présenté non seulement une image de scientifique et d'ingénieur impliquée dans mon projet de carrière mais où l'image a été élargie à autre chose : l'image d'une vie complète de femme, de mère et d'épouse. Cette image c'est celle aussi d'une diversité, d'un enrichissement par la différence.
Il reste encore un long chemin à parcourir pour parvenir dans les faits à une mixité équilibrée dans la sérénité.
Je souhaite que l'esprit dans lequel ces actions seront menées soit un esprit de concertation et de dialogue, que ce soit à l'intérieur du Ministère en charge de la Recherche, entre la mission et les organismes, que ce soit à l'échelle interministérielle ou bien encore entre la France et l'Europe. Il me semble particulièrement important que les énergies s'additionnent entre elles.
La valorisation de certaines missions qui me semblent plus spécifiquement féminines me tient particulièrement à cur : je crois qu'ici nous aurons un rôle à jouer en valorisant certains de ces rôles de la femme dans la recherche et de la femme dans la société en général comme Nicole Ameline l'a évoqué. C'est ce rôle de mère, présente auprès des très jeunes enfants pour la transmission de la culture, c'est aussi la vigilance sur les grands enjeux éthiques, des grands enjeux liés au développement durable, une vigilance orientée vers les générations futures, qu'on porte et qu'on protège.
***
Dans cette perspective, le Ministère, par l'intermédiaire de la Mission pour la Parité s'attachera à poursuivre des actions existantes : le Salon de l'éducation où il serait bon qu'un stand parité commun aux différents ministères concernés soit mis en place ; la Fête de la Science dont l'édition 2003 pourrait avoir comme thème-phare, parallèlement à la dimension européenne - la France étant chargée de conduire les actions 7 et 8 du 6ème PCRD sur les semaines de la science européennes - la promotion des femmes dans les filières scientifiques ; enfin le Prix Curie qui sera remis au printemps 2003 sur la base d'un appel à projets comprenant différentes catégories - incitation, soutien, reconnaissance - et ouvert autant que possible à un public dépassant le cadre des associations : journalistes scientifiques ou créatrices de jeunes entreprises innovantes, par exemple.
J'aimerais terminer par une évocation de la dimension européenne qu'il me semble indispensable d'encourager encore davantage dans ce champ de la mixité. Vous avez pu voir ce matin à la fois la cohésion qui règne entre la Mission Parité et le Groupe d'Helsinki. Vous avez pu, comme moi, constater la diversité des approches à l'échelle européenne et mesurer à quel point le transfert d'expériences et le partage d'idées pouvait être fécond. Je ne peux qu'encourager la poursuite d'un tel échange dans la perspective du 6ème PCRD qui vient, et nous en sommes très heureux, d'être adopté. Il ouvre, dans son volet "Science et société" des perspectives particulièrement stimulantes pour la mixité : j'ai parlé à l'instant de l'action consacrée aux fêtes de la science européennes et Michèle Baron a évoqué tout à l'heure les chapitres dans lesquels l'action en faveur de la promotion des femmes dans les carrières scientifiques pourra être efficacement menée.
Sur les 15 pays membres, 7 ont pour Ministre de la science ou de la recherche une femme. Ce chiffre, presque paritaire, est en soi très encourageant pour l'avenir.
***
Je souhaite, pour conclure, que le cadre du débat puisse, lors de cette réunion et de celles qui suivront, être élargi, en passant de la thématique "femmes et sciences" à la thématique "femmes et société". Madame Ameline nous a présenté il y a quelques minutes les grands traits de la vision de la mixité qu'elle souhaite porter dans le cadre de ses attributions de Ministre déléguée à la Parité et à l'égalité professionnelle.
Je forme le vu que cette vision et l'élan qu'elle porte pour les jeunes, filles et garçons, puisse se communiquer à l'ensemble de notre société, afin que les progrès accomplis dans certaines sphères de la société, dans certaines disciplines, dans certaines régions puissent être généralisés au plus grand bénéfice des femmes et de l'ensemble de la société.
Je vous adresse enfin un conseil, presque une exhortation : restons vigilants, mais surtout restons ouverts pour que, c'est très important à mes yeux, les idées des hommes qui côtoient les femmes dans leurs carrières et qui ont beaucoup à apporter dans cette réflexion soient prises en compte et alimentent notre dialogue. Femmes et sciences, ce n'est pas qu'une histoire de femmes, cela touche l'ensemble de la société, hommes et femmes confondus ; je souhaiterais que dans le prochain Livre blanc de la recherche privée, on puisse trouver un chapitre sur cette mixité équilibrée, sur cette complémentarité entre hommes et femmes dans la recherche.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 octobre 2002)
C'est pour moi un grand honneur et une joie de clore les travaux de cette matinée. Je suis très heureuse que le Ministère puisse accueillir cette journée de la Mission Parité. Dès mon arrivée dans ce Ministère, il m'a paru très important d'être le plus vite possible à l'écoute de vos réflexions et de vos besoins.
J'adresse mes plus vifs remerciements aux organisateurs de cette journée consacrée à la question de la parité dans les sciences en France et en Europe et, plus particulièrement à la directrice de la recherche, à la chef de la mission parité au Ministère ainsi qu'aux représentantes du groupe d'Helsinki Femmes et sciences.
J'ai plaisir à saluer ici les représentants des Ministères signataires de la convention interministérielle pour l'égalité des chances entre filles et garçons dans le système éducatif ainsi que les représentants "parité" des différents organismes.
Je me félicite de ce que la Mission Parité en sciences et technologies (elle fête à quelques jours près son 1er anniversaire) que le Ministère est fier de compter en son sein accède par cette réunion à une plus grande visibilité et puisse être confirmée dans ses différentes missions et je suis heureuse de pouvoir rendre hommage aujourd'hui à son travail et à ses accomplissements.
Les questions liées à la parité dans le domaine de la recherche et des sciences nous mobilisent avec une acuité de plus en plus grande, qu'il s'agisse d'attirer les jeunes filles vers les filières et carrières scientifiques, de favoriser l'accès des femmes aux postes de responsabilité et instances de décision, de mieux reconnaître leurs accomplissements en sciences et technologies, de permettre une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle. Notre société est mixte, et cette mixité doit être encouragée à tous les niveaux, dès le plus jeune âge. L'orientation des jeunes filles est ainsi primordiale dès les premiers temps de l'éducation si l'on veut que les changements de comportements puissent être effectifs.
Le choix des termes est important. Je sais ce que la parité représente pour nombre d'entre vous d'engagement, de combats parfois et, surtout, de solidarité et de cohésion.
Vous avez sans doute compris que je préfère parler de "mixité" plutôt que de "parité", de "complémentarité" que d' "égalité", de "sérénité" que de "combativité". Mais les mots ne sont pas tout et il est bon de s'entendre sur ce qu'ils recouvrent. Je ne voudrais pas que certains imaginent que l'on est en recul par rapport à d'autres positionnements : je crois que c'est une évolution positive, qui nous permet d'être porteuses de nos différences, de nos spécificités, de nos talents et d'être reconnues dans l'action que nous menons. Quand je parle de mixité, c'est au sens d'une "mixité équilibrée", au sens propre - c'est le sens de l'équilibre des plateaux d'une balance - et au sens figuré, c'est-à-dire l'équilibre que les femmes peuvent trouver entre vie privée et vie professionnelle. Je crois que vous êtes tous de fervents défenseurs de cette attitude consistant à se présenter dans la complémentarité autant que dans l'égalité, dans la sérénité plus que dans la combativité.
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Je souhaite partager avec vous aujourd'hui un constat de progrès sans masquer le chemin qui reste à parcourir.
Dans ce panorama de la place des femmes dans la recherche scientifique et technologique, quelques chiffres sont particulièrement frappants ; le Livre blanc des femmes dans la recherche publique constitue une aide précieuse pour établir cette appréciation chiffrée.
Sur les 720 prix Nobel, seuls 30 ont été décernés à des femmes, toutes disciplines confondues ; 10 Nobel de la paix, 9 de littérature ; 2 en physique, 3 en chimie, 6 en physiologie et médecine. Aucune médaille Fields n'a récompensé de femmes.
Majoritaires au lycée toutes disciplines confondues (57% des effectifs), représentant 43, 2% des effectifs en Terminale S, les filles qui constituent, pour l'année 2000, 42% des effectifs pour l'ensemble des classes préparatoires ne sont plus que 29% dans les classes préparatoires scientifiques ; en revanche, elles représentent plus de 53 % des effectifs des classes préparatoires économiques et commerciales. Les femmes restent donc sous-représentées dans les filières qui conduisent aux plus hautes responsabilités scientifiques et technologiques, en particulier dans le secteur des technologies de l'information et de la communication où la sous-représentation est encore tout à fait marquée. Voilà un domaine dans lequel nous devons agir parce que c'est aussi une des façons de faire passer ce message d'une mixité équilibrée.
A l'université, les femmes représentent en moyenne nationale 27% des enseignants, toujours en 2000. Quatre disciplines sont plus féminisées : les sciences humaines et sociales, les sciences du vivant, la chimie et la médecine.
En mathématiques, sciences de l'univers, physique, Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication et sciences pour l'ingénieur la situation est nettement moins favorable aux femmes.
En 2000, les femmes représentent 1/3 des chercheurs dans la recherche publique et 1/5 dans la recherche privée. Pourtant, les femmes représentent la moitié des effectifs en 3ème cycle et 40% des thèses sont soutenues par des femmes. On compte deux fois moins de femmes que d'hommes parmi les directeurs de recherche.
Enfin, un créateur d'entreprise sur trois est une femme. Signalons aussi que parmi les lauréates du Concours national d'aide à la création d'entreprises innovantes dont j'ai remis les prix lors de la 4ème édition tout récemment, les femmes représentent une création sur cinq dans la catégorie " projets en création-développement " ; on compte pour l'ensemble des lauréats 19% de femmes. Un des trois fonds d'amorçage nationaux est dirigé par une femme.
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L'incitation, le soutien et la reconnaissance sont les trois grandes étapes sur ce chemin de la mixité équilibrée en sciences et technologies auxquelles le Ministère a l'ambition d'être présent.
L'incitation, c'est par exemple la dimension pédagogique, la notion de transmission de la maternelle à l'université et à la recherche ; citons à titre d'exemple les actions concertées qui peuvent être menées avec le Ministère en charge de l'Education nationale pour donner confiance aux jeunes filles qui pourraient s'engager dans les filières scientifiques et technologiques, pour leur proposer des modèles à qui elles puissent s'identifier.
Le soutien c'est l'accompagnement des femmes - je pense en particulier au travail des associations : elles ont un rôle important à jouer à nos côtés parce qu'elles sont proches des besoins exprimés au quotidien dans la vie privée et dans les aspects professionnels. Je pense aussi à la formation tout au long de la vie, particulièrement importante pour les femmes ; J'aimerais également évoquer le projet de "charte de la mixité" en partenariat avec les syndicats de la recherche qui devrait aider à structurer cet accompagnement afin de mieux prendre en compte les différentes facettes des possibilités qu'ont les femmes d'être présentes et épanouies dans leur carrière. Des femmes épanouies dans leur carrière, cela veut dire épanouies également dans tous les aspects de leur vie, ce qui suppose de réfléchir aussi aux moyens de rendre leur vie quotidienne plus fluide, plus aisée. Je suis convaincue que les changements de mentalités et de comportements vont se faire de plus en plus par le biais des échanges entre les jeunes étudiantes et étudiants qui partagent au début de leur vie étudiante puis professionnelle les mêmes contraintes, les mêmes attentes.
La reconnaissance, c'est la lumière placée sur telle ou telle femme, devenue modèle en tant que porteuse d'un projet de carrière, d'un projet de vie réussi ; citons à titre d'exemple le prix Irène Joliot-Curie dont je reparlerai dans un instant. Je peux peut-être évoquer un instant mon propre parcours. C'est vrai que je pense avoir eu davantage de reconnaissance à partir du moment où j'ai présenté non seulement une image de scientifique et d'ingénieur impliquée dans mon projet de carrière mais où l'image a été élargie à autre chose : l'image d'une vie complète de femme, de mère et d'épouse. Cette image c'est celle aussi d'une diversité, d'un enrichissement par la différence.
Il reste encore un long chemin à parcourir pour parvenir dans les faits à une mixité équilibrée dans la sérénité.
Je souhaite que l'esprit dans lequel ces actions seront menées soit un esprit de concertation et de dialogue, que ce soit à l'intérieur du Ministère en charge de la Recherche, entre la mission et les organismes, que ce soit à l'échelle interministérielle ou bien encore entre la France et l'Europe. Il me semble particulièrement important que les énergies s'additionnent entre elles.
La valorisation de certaines missions qui me semblent plus spécifiquement féminines me tient particulièrement à cur : je crois qu'ici nous aurons un rôle à jouer en valorisant certains de ces rôles de la femme dans la recherche et de la femme dans la société en général comme Nicole Ameline l'a évoqué. C'est ce rôle de mère, présente auprès des très jeunes enfants pour la transmission de la culture, c'est aussi la vigilance sur les grands enjeux éthiques, des grands enjeux liés au développement durable, une vigilance orientée vers les générations futures, qu'on porte et qu'on protège.
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Dans cette perspective, le Ministère, par l'intermédiaire de la Mission pour la Parité s'attachera à poursuivre des actions existantes : le Salon de l'éducation où il serait bon qu'un stand parité commun aux différents ministères concernés soit mis en place ; la Fête de la Science dont l'édition 2003 pourrait avoir comme thème-phare, parallèlement à la dimension européenne - la France étant chargée de conduire les actions 7 et 8 du 6ème PCRD sur les semaines de la science européennes - la promotion des femmes dans les filières scientifiques ; enfin le Prix Curie qui sera remis au printemps 2003 sur la base d'un appel à projets comprenant différentes catégories - incitation, soutien, reconnaissance - et ouvert autant que possible à un public dépassant le cadre des associations : journalistes scientifiques ou créatrices de jeunes entreprises innovantes, par exemple.
J'aimerais terminer par une évocation de la dimension européenne qu'il me semble indispensable d'encourager encore davantage dans ce champ de la mixité. Vous avez pu voir ce matin à la fois la cohésion qui règne entre la Mission Parité et le Groupe d'Helsinki. Vous avez pu, comme moi, constater la diversité des approches à l'échelle européenne et mesurer à quel point le transfert d'expériences et le partage d'idées pouvait être fécond. Je ne peux qu'encourager la poursuite d'un tel échange dans la perspective du 6ème PCRD qui vient, et nous en sommes très heureux, d'être adopté. Il ouvre, dans son volet "Science et société" des perspectives particulièrement stimulantes pour la mixité : j'ai parlé à l'instant de l'action consacrée aux fêtes de la science européennes et Michèle Baron a évoqué tout à l'heure les chapitres dans lesquels l'action en faveur de la promotion des femmes dans les carrières scientifiques pourra être efficacement menée.
Sur les 15 pays membres, 7 ont pour Ministre de la science ou de la recherche une femme. Ce chiffre, presque paritaire, est en soi très encourageant pour l'avenir.
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Je souhaite, pour conclure, que le cadre du débat puisse, lors de cette réunion et de celles qui suivront, être élargi, en passant de la thématique "femmes et sciences" à la thématique "femmes et société". Madame Ameline nous a présenté il y a quelques minutes les grands traits de la vision de la mixité qu'elle souhaite porter dans le cadre de ses attributions de Ministre déléguée à la Parité et à l'égalité professionnelle.
Je forme le vu que cette vision et l'élan qu'elle porte pour les jeunes, filles et garçons, puisse se communiquer à l'ensemble de notre société, afin que les progrès accomplis dans certaines sphères de la société, dans certaines disciplines, dans certaines régions puissent être généralisés au plus grand bénéfice des femmes et de l'ensemble de la société.
Je vous adresse enfin un conseil, presque une exhortation : restons vigilants, mais surtout restons ouverts pour que, c'est très important à mes yeux, les idées des hommes qui côtoient les femmes dans leurs carrières et qui ont beaucoup à apporter dans cette réflexion soient prises en compte et alimentent notre dialogue. Femmes et sciences, ce n'est pas qu'une histoire de femmes, cela touche l'ensemble de la société, hommes et femmes confondus ; je souhaiterais que dans le prochain Livre blanc de la recherche privée, on puisse trouver un chapitre sur cette mixité équilibrée, sur cette complémentarité entre hommes et femmes dans la recherche.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 octobre 2002)