Texte intégral
R. Elkrief-. Bonjour M.-G. Buffet. Vous êtes secrétaire nationale du parti communiste, merci d'être avec nous. La Conférence sur la famille avec un milliard d'euros classe moyenne notamment pour les enfants, la loi sur le surendettement des familles, faillite civile, le gouvernement Raffarin se soucie malgré tout des défavorisés, non ?
- " Je crois surtout que le gouvernement essaye de se donner une couleur sociale pour cacher ses projets, notamment concernant la retraite ou d'autres projets de casse sociale. Mais sur les mesures concernant la famille, l'effort est quand même minime par rapport à ce qui était déjà en place. Et surtout il y a quand même deux points assez dangereux. Le premier point c'est celui qui pourrait encourager des femmes, notamment des salariées très modestes, à abandonner le travail par une allocation parentale, compte tenu du coût très élevé des frais de garde et de leur salaire très modeste. Donc ça c'est une mesure dangereuse. Nous, nous proposons plutôt un allongement du congé de maternité avec de véritables allocations de maternité à haut niveau. Deuxièmement, la mesure concernant les crèches privées. Quand même, écoutez, au moment où on fait plein d'allégements de charges au patronat, on appelle en fait à une forme de mécénat du patronat pour les crèches.
Ce n'est pas mal de mettre ses enfants dans une crèche privée, en tout cas quand en a les moyens.
- " Je crois qu'on a besoin d'un grand service public pour la petite enfance avec des crèches et que ces crèches soient financées par l'Etat et par les cotisations sociales et non pas par le mécénat. "
Alors il y a effectivement des manifestations qui s'annoncent dans lesquelles le Parti Communiste est engagé : le 1er mai, le 6 mai il y a un mouvement de protestation dans l'Education Nationale, le 13 mai manifestations sur les retraites. Vous aimeriez bien que ça tourne à décembre 95, à un grand mouvement. Est-ce que vous pensez que c'est possible, c'est ça la situation aujourd'hui ?
- " Ecoutez c'est pas ce que j'aime ou ce que j'aime pas. Je crois que ce qui est important c'est que face aux mesures prises par le Gouvernement, les différentes lois qui sont en cours, il y a une forte réaction des salariés. Moi je sens une très grande mobilisation, notamment sur la question des retraites. Je crois que chacun dans sa tête calcule quel va être son avenir. Je regardais pas exemple pour un professeur des écoles, s'il veut garder une retraite correcte à taux plein, il va devoir travailler jusqu'à 65-66 ans. Vous imaginez ces institutrices dans les maternelles qui sont obligées de travailler aussi longtemps, sinon elles perdront à peu près 15% de leurs revenus au niveau de la retraite. "
Vous savez ce qu'on va vous dire : vous qui étiez au gouvernement il y a peu de temps, pourquoi ne l'avez-vous pas fait dans le sens que vous vouliez à l'époque?
- " Je suis extrêmement à l'aise parce que le parti communiste a tiré les enseignements de son échec et de sa participation au gouvernement. Nous avons porté un regard critique sur la façon dont nous avons participé à ce gouvernement, sur le fait que nous n'avons pas répondu aux attentes populaires ; donc raison de plus aujourd'hui pour être de toutes ces mobilisations et surtout au-delà de ces mobilisations sociales, pour jouer notre rôle de parti politique, c'est-à-dire contribuer à l'ouverture d'une nouvelle alternative à gauche. "
Lorsque par exemple O. Besancenot dit qu'il faudrait une grève générale reconductible, ce sont des mots qui font écho, vous y croyez ?
- " Aujourd'hui, nos compatriotes n'ont pas besoin d'un homme providentiel qui les appelle à la grève générale. Tout ça c'est de l'ancien temps. Je crois qu'aujourd'hui les salariés se prennent en main dans la démocratie sociale, la démocratie syndicale avec leurs organisations. C'est à eux de décider de leur forme d'action. Nous, en tant que parti, je crois que nous avons un rôle sur les propositions alternatives, sur comment vraiment faire en sorte que nos compatriotes soient maîtres d'oeuvre des décisions qui se prennent concernant leur vie ou concernant le monde d'ailleurs. "
Vous avez vraiment le sentiment que vous pouvez être entendu alors que y compris votre congrès, a été critiqué à la manière dont il s'est passé. J'ai lu " finalement, M.-G. Buffet tente de redonner une ligne à des militants déboussolés " au prix d'un verrouillage de l'appareil.
- " Oui mais écoutez on a eu un congrès très vif, très animé, mais c'est normal quand on se prend un score comme on se prend un score comme on s'est pris aux présidentielles, il faut qu'il y ait du débat, parce que sinon ça serait dramatique. "
On vous a reproché plutôt d'escamoter le débat.
- " On a eu un débat très riche; ensuite il y a eu une direction qui a été élue avec toute sa diversité ; ensuite j'ai été chargée de mettre en place un exécutif et en effet je me suis donnée les moyens d'avoir un exécutif qui travaille au service des communistes, au service de l'impulsion de l'activité du parti communiste français. Je crois qu'on a besoin dans ce parti d'avoir une organisation qui soit au service de l'action et de la réflexion. C'est ce que nous allons essayer de faire maintenant. "
Comment vous voyez justement l'évolution parallèle des socialistes; ils approchent de leur congrès eux aussi, c'est dans 15 jours. Ça va dans le bon sens à votre avis ou bien...
- " On faudra attendre les choix de congrès. Je crois qu'il faut absolument que toutes les forces de gauche tirent les enseignements de la période passée, notamment de l'échec de la gauche au pouvoir. Pour l'instant, je n'ai pas le sentiment que ça se fasse réellement au sein du Parti socialiste. Et puis ensuite, j'ai entendu certains propos de dirigeants socialistes un peu se plaçant comme un peu le seigneur et puis les autres forces de gauche seraient un peu les vassaux qui devraient suivre. Il faut vraiment qu'à gauche on apprenne à travailler d'égal à égal. Il n'y a pas de super puissance et les autres qui doivent se plier au choix de cette super puissance. Donc je crois qu'on reconstruira la gauche sur une autre base que celle d'un parti dominant. "
Ça dépend quand même des scores de chacun et de l'influence de chacun, non ?
- " Oui mais si on raisonne comme ça, cela veut dire qu'à un moment donné, il faut une seule formation sous le leadership de ceux qui ont dominé un moment une élection. Je crois que la gauche a besoin de diversité, dans la réflexion, dans les propositions et ensuite d'une construction d'un rassemblement à partir de ce que désirent nos compatriotes. Donc ne cherchons pas toujours à créer des leadership. Essayons de travailler de façon plus neuve. "
Evidemment il y a un débat qui monte dans la société française. On ne vous a pas entendue comme communiste. Faut-il une loi sur le foulard ? Faut-il une loi sur la laïcité, faut-il revenir un petit peu sur ces grands principes de façon législative ?
- " Une nouvelle loi je pense pas. Je crois qu'on a les instruments législatifs nécessaires. Par contre, je pense qu'il faut être très ferme dans l'application de tout ce qui concerne le respect de la laïcité. Moi je le dis, tout à fait honnêtement, je suis contre le port du foulard à l'école. "
Dans les Administrations, sur la carte d'identité ?
- " Je suis très inquiète d'une recrudescence de toute forme d'intégrisme qui touche parfois d'ailleurs pas simplement comme on dit souvent les quartiers, mais qui touche parfois les universités, des milieux intellectuels, etc. Il faut faire en sorte que chacun puisse trouver sa place dans la société, chacun puisse s'il le souhaite bien sûr, pratiquer sa religion mais dans le respect des autres, donc dans le respect de la laïcité, et là-dessus je crois que le parti communiste développera une forte campagne. "
Certains vous ont reproché dans les manifestations d'avoir abrité des drapeaux du Hezbollah pendant les dernières manifestations contre la guerre.
- " Il y a eu en effet beaucoup de choses de dites sur ces manifestations. Chaque fois qu'il y a eu dans ces manifestations des gestes qui comportaient des formes de racisme ou d'antisémitisme, nous avons tout de suite réagi. Mais ces manifestations étaient avant tout des manifestations contre la guerre, et pour la paix. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 mai 2003)
- " Je crois surtout que le gouvernement essaye de se donner une couleur sociale pour cacher ses projets, notamment concernant la retraite ou d'autres projets de casse sociale. Mais sur les mesures concernant la famille, l'effort est quand même minime par rapport à ce qui était déjà en place. Et surtout il y a quand même deux points assez dangereux. Le premier point c'est celui qui pourrait encourager des femmes, notamment des salariées très modestes, à abandonner le travail par une allocation parentale, compte tenu du coût très élevé des frais de garde et de leur salaire très modeste. Donc ça c'est une mesure dangereuse. Nous, nous proposons plutôt un allongement du congé de maternité avec de véritables allocations de maternité à haut niveau. Deuxièmement, la mesure concernant les crèches privées. Quand même, écoutez, au moment où on fait plein d'allégements de charges au patronat, on appelle en fait à une forme de mécénat du patronat pour les crèches.
Ce n'est pas mal de mettre ses enfants dans une crèche privée, en tout cas quand en a les moyens.
- " Je crois qu'on a besoin d'un grand service public pour la petite enfance avec des crèches et que ces crèches soient financées par l'Etat et par les cotisations sociales et non pas par le mécénat. "
Alors il y a effectivement des manifestations qui s'annoncent dans lesquelles le Parti Communiste est engagé : le 1er mai, le 6 mai il y a un mouvement de protestation dans l'Education Nationale, le 13 mai manifestations sur les retraites. Vous aimeriez bien que ça tourne à décembre 95, à un grand mouvement. Est-ce que vous pensez que c'est possible, c'est ça la situation aujourd'hui ?
- " Ecoutez c'est pas ce que j'aime ou ce que j'aime pas. Je crois que ce qui est important c'est que face aux mesures prises par le Gouvernement, les différentes lois qui sont en cours, il y a une forte réaction des salariés. Moi je sens une très grande mobilisation, notamment sur la question des retraites. Je crois que chacun dans sa tête calcule quel va être son avenir. Je regardais pas exemple pour un professeur des écoles, s'il veut garder une retraite correcte à taux plein, il va devoir travailler jusqu'à 65-66 ans. Vous imaginez ces institutrices dans les maternelles qui sont obligées de travailler aussi longtemps, sinon elles perdront à peu près 15% de leurs revenus au niveau de la retraite. "
Vous savez ce qu'on va vous dire : vous qui étiez au gouvernement il y a peu de temps, pourquoi ne l'avez-vous pas fait dans le sens que vous vouliez à l'époque?
- " Je suis extrêmement à l'aise parce que le parti communiste a tiré les enseignements de son échec et de sa participation au gouvernement. Nous avons porté un regard critique sur la façon dont nous avons participé à ce gouvernement, sur le fait que nous n'avons pas répondu aux attentes populaires ; donc raison de plus aujourd'hui pour être de toutes ces mobilisations et surtout au-delà de ces mobilisations sociales, pour jouer notre rôle de parti politique, c'est-à-dire contribuer à l'ouverture d'une nouvelle alternative à gauche. "
Lorsque par exemple O. Besancenot dit qu'il faudrait une grève générale reconductible, ce sont des mots qui font écho, vous y croyez ?
- " Aujourd'hui, nos compatriotes n'ont pas besoin d'un homme providentiel qui les appelle à la grève générale. Tout ça c'est de l'ancien temps. Je crois qu'aujourd'hui les salariés se prennent en main dans la démocratie sociale, la démocratie syndicale avec leurs organisations. C'est à eux de décider de leur forme d'action. Nous, en tant que parti, je crois que nous avons un rôle sur les propositions alternatives, sur comment vraiment faire en sorte que nos compatriotes soient maîtres d'oeuvre des décisions qui se prennent concernant leur vie ou concernant le monde d'ailleurs. "
Vous avez vraiment le sentiment que vous pouvez être entendu alors que y compris votre congrès, a été critiqué à la manière dont il s'est passé. J'ai lu " finalement, M.-G. Buffet tente de redonner une ligne à des militants déboussolés " au prix d'un verrouillage de l'appareil.
- " Oui mais écoutez on a eu un congrès très vif, très animé, mais c'est normal quand on se prend un score comme on se prend un score comme on s'est pris aux présidentielles, il faut qu'il y ait du débat, parce que sinon ça serait dramatique. "
On vous a reproché plutôt d'escamoter le débat.
- " On a eu un débat très riche; ensuite il y a eu une direction qui a été élue avec toute sa diversité ; ensuite j'ai été chargée de mettre en place un exécutif et en effet je me suis donnée les moyens d'avoir un exécutif qui travaille au service des communistes, au service de l'impulsion de l'activité du parti communiste français. Je crois qu'on a besoin dans ce parti d'avoir une organisation qui soit au service de l'action et de la réflexion. C'est ce que nous allons essayer de faire maintenant. "
Comment vous voyez justement l'évolution parallèle des socialistes; ils approchent de leur congrès eux aussi, c'est dans 15 jours. Ça va dans le bon sens à votre avis ou bien...
- " On faudra attendre les choix de congrès. Je crois qu'il faut absolument que toutes les forces de gauche tirent les enseignements de la période passée, notamment de l'échec de la gauche au pouvoir. Pour l'instant, je n'ai pas le sentiment que ça se fasse réellement au sein du Parti socialiste. Et puis ensuite, j'ai entendu certains propos de dirigeants socialistes un peu se plaçant comme un peu le seigneur et puis les autres forces de gauche seraient un peu les vassaux qui devraient suivre. Il faut vraiment qu'à gauche on apprenne à travailler d'égal à égal. Il n'y a pas de super puissance et les autres qui doivent se plier au choix de cette super puissance. Donc je crois qu'on reconstruira la gauche sur une autre base que celle d'un parti dominant. "
Ça dépend quand même des scores de chacun et de l'influence de chacun, non ?
- " Oui mais si on raisonne comme ça, cela veut dire qu'à un moment donné, il faut une seule formation sous le leadership de ceux qui ont dominé un moment une élection. Je crois que la gauche a besoin de diversité, dans la réflexion, dans les propositions et ensuite d'une construction d'un rassemblement à partir de ce que désirent nos compatriotes. Donc ne cherchons pas toujours à créer des leadership. Essayons de travailler de façon plus neuve. "
Evidemment il y a un débat qui monte dans la société française. On ne vous a pas entendue comme communiste. Faut-il une loi sur le foulard ? Faut-il une loi sur la laïcité, faut-il revenir un petit peu sur ces grands principes de façon législative ?
- " Une nouvelle loi je pense pas. Je crois qu'on a les instruments législatifs nécessaires. Par contre, je pense qu'il faut être très ferme dans l'application de tout ce qui concerne le respect de la laïcité. Moi je le dis, tout à fait honnêtement, je suis contre le port du foulard à l'école. "
Dans les Administrations, sur la carte d'identité ?
- " Je suis très inquiète d'une recrudescence de toute forme d'intégrisme qui touche parfois d'ailleurs pas simplement comme on dit souvent les quartiers, mais qui touche parfois les universités, des milieux intellectuels, etc. Il faut faire en sorte que chacun puisse trouver sa place dans la société, chacun puisse s'il le souhaite bien sûr, pratiquer sa religion mais dans le respect des autres, donc dans le respect de la laïcité, et là-dessus je crois que le parti communiste développera une forte campagne. "
Certains vous ont reproché dans les manifestations d'avoir abrité des drapeaux du Hezbollah pendant les dernières manifestations contre la guerre.
- " Il y a eu en effet beaucoup de choses de dites sur ces manifestations. Chaque fois qu'il y a eu dans ces manifestations des gestes qui comportaient des formes de racisme ou d'antisémitisme, nous avons tout de suite réagi. Mais ces manifestations étaient avant tout des manifestations contre la guerre, et pour la paix. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 mai 2003)