Texte intégral
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,
Les 3.200 salariés d'Air Lib sont les derniers en date des victimes d'une avalanche de licenciements collectifs. Mais, en réalité, avec ceux des entreprises sous-traitantes, ce sont 15.000 ou 20.000 travailleurs qui iront grossir les rangs des chômeurs. Et des licenciements sont en préparation, à la Banque de France, à Giat Industries et dans bien d'autres entreprises dont sans doute à Air France après sa privatisation. Aux toutes dernières nouvelles, c'est France Télécom qui prépare la suppression progressive de plus de 13.000 emplois dont 7000 en France. Sa direction jure qu'il n'y aura pas de licenciements secs. Mais même si elle ne ment pas, cela fait autant de chômeurs en plus !
Deux jours de suite, les travailleurs d'Air Lib, qui ont manifesté contre leur licenciement, se sont heurtés aux CRS et aux gardes-mobiles. Cela fait deux ans qu'on promène les travailleurs de cette entreprise de promesses non tenues en espoirs trahis, pour finir par leur annoncer, brutalement, que leur entreprise ferme et qu'ils sont jetés à la porte. Les responsables de la déconfiture d'Air Lib sont parfaitement identifiés. Et, d'abord, le baron Seillière et le groupe financier dont il est le patron, actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne avant sa décision, de retirer ses capitaux, il y a deux ans, sans se préoccuper des conséquences catastrophiques que cela aurait pour le personnel. Seillière s'est comporté dans cette affaire comme un de ces voyous du patronat dont certains ministres prétendent se démarquer. Or, ce n'est pas contre ces voyous que Chirac, Raffarin et Sarkozy envoient les forces de répression, mais contre les travailleurs qui défendent leur emploi et leur droit à l'existence. C'est un rappel que les forces de répression, la police, les CRS, les gardes mobiles, les seuls de la Fonction publique à échapper aux restrictions budgétaires, ne sont pas là pour défendre la sécurité de tous. Elles sont d'abord les bras armés du gouvernement et du patronat contre les travailleurs.
Eh bien non, ce n'est pas aux travailleurs, mais aux actionnaires de payer pour les restructurations ou pour les dégâts de la concurrence !
Les annonces de licenciements ou de suppressions d'emplois se succèdent en rafales : ACT, Daewoo, MétalEurop, Arcelor, Péchiney, rien qu'au cours des toutes dernières semaines ! Ces noms viennent s'ajouter la longue liste des grandes entreprises où, de Danone à Alcatel, les licenciements collectifs sont déjà en cours d'exécution.
Arcelor, le plus grand trust de la sidérurgie mondiale, fermera six hauts fourneaux, éparpillés entre la France, la Belgique et l'Allemagne. 5.000 emplois supprimés, c'est-à-dire le double avec la sous-traitante ! Ce n'est même pas que les hauts fourneaux de Florange, en Moselle, ne soient pas rentables. Mais ils ne rapportent pas les 15 % de profit net exigés par les actionnaires. Et, dans le système capitaliste, un conseil d'administration a le droit, pour cette seule raison, de fermer une usine, quelle que soit la conséquence pour ses travailleurs et pour toute la région.
Même chose pour Daewoo. Pour attirer, il y a quelques années, cette entreprise, le Conseil régional de Lorraine comme les institutions européennes ont déboursé un total de 450 millions d'euros. Daewoo les a empochés. Et maintenant que ce trust, dont les affaires sont par ailleurs florissantes, ferme ses trois usines de Lorraine, personne du côté des pouvoirs publics, n'a "l'impolitesse" de lui demander le remboursement des sommes indûment touchées. Intégrer les aides directes des pouvoirs publics et les dégrèvements d'impôt dans le calcul des profits fait aujourd'hui tout naturellement partie des comptabilités patronales.
Vous avez, ici, l'exemple de Mitsubishi. Cette entreprise a touché 1,7 million d'euros de subventions. Elle a bénéficié d'une multitude d'aides, jusque y compris la construction de certains des bâtiments qui abritaient l'usine par la Communauté de communes. Non seulement cela ne l'a pas empêchée de fermer, mais elle a annoncé sa fermeture juste au moment où se terminait la période d'exonération de la taxe professionnelle !
Pendant que les gouvernements se succèdent, chacun avec sa potion qu'il prétend meilleure pour combattre le chômage, le grand patronat agit, cyniquement, réduit ses effectifs et pousse un nouveau contingent de travailleurs vers le chômage et la pauvreté.
Certains licenciements ont été perpétrés dans des conditions particulièrement scandaleuses. A MétalEurop, les travailleurs ont appris par un communiqué de presse que leur entreprise allait fermer. Les actionnaires du groupement retirent leurs capitaux et laissent derrière eux 830 chômeurs, une usine morte, transformée en poubelle et une pollution par le plomb responsable du saturnisme de 260 enfants des quartiers populaires voisins. Les profits accumulés pour les uns. Le chômage, la pollution, la maladie, la misère pour les autres. Et on ose présenter leur économie, l'économie capitaliste, comme la meilleure possible !
A Palace Parfums, à Saint Nicolas d'Aliermont en Seine Maritime, les travailleurs revenant de vacances ont découvert leur atelier vidé de ses machines et leur patron en fuite. A la filature Mossley, les travailleurs jetés dehors n'ont eu une misérable indemnité de licenciement que parce que le Conseil régional du Pas-de-Calais s'est substitué au patron défaillant pour la verser.
Oui, il y a de quoi être indigné. Pas seulement par la façon de procéder, mais indignés par les licenciements eux-mêmes ! Les patrons voyous, ce ne sont pas seulement ceux qui ne respectent pas les règles pour licencier, les seuls contre lesquels Raffarin fait mine de se fâcher. Les patrons qui jettent à la porte des milliers de travailleurs, après avoir bâti leurs fortunes sur le travail et sur la sueur de leurs salariés, même s'ils licencient dans les règles, sont des voyous, et de la pire espèce car ils sévissent à une échelle bien plus grande et avec des conséquences bien plus graves.
Chaque fermeture se traduit pas par des centaines, par des milliers de vies détruites. Car, lorsque Péchiney ferme son usine d'Auzat, dans l'Ariège, chacun sait, et avant tous les travailleurs concernés, que la plupart d'entre eux ne retrouveront jamais de travail dans une région où il n'y a pas d'autres industries.
Le baron Sellière, premier responsable de la déconfiture d'Air Lib, continue pourtant, sans la moindre gêne, à pérorer à la télévision pour affirmer que c'est le patronat qui crée des emplois. Et pas un journaliste pour oser lui dire ses quatre vérités ! Quant aux ministres, ils s'aplatissent, y compris le Premier ministre Raffarin qui, en participant au congrès du MEDEF en pleine vague de licenciements, a tenu à afficher son engagement du côté de Sellière et du monde patronal. C'est que la droite se sent forte et peut prétendre parler au nom de toute la population avec les 82 % de voix obtenus par Chirac à la présidentielle avec l'appui des dirigeants de la gauche.
Et quand Fillon, ministre des Affaires sociales, s'insurge, ce n'est pas contre les patrons licencieurs, mais contre ceux qui (et je cite) ont "laissé croire que l'Etat pourrait empêcher les entreprises de licencier" ! C'est, a-t-il ajouté "comme vouloir empêcher la maladie". Les malades, les médecins essaient pourtant de les guérir ! Mais les charlatans qui nous gouvernent, Raffarin, aujourd'hui comme Jospin hier face à l'annonce de licenciements chez Michelin, lèvent les bras au ciel et ne font rien. Et s'ils font semblant de s'émouvoir de certaines méthodes, ils justifient les licenciements par, disent-ils, les nécessités économiques. Ils ont le cynisme d'expliquer que, si l'Etat n'a pas à intervenir contre les patrons qui licencient, son rôle est en revanche de favoriser les reconversions. C'est une sinistre plaisanterie. De Cellatex à, Moulinex, les travailleurs dont les entreprises ont fermé il y a un ou deux ans, ou plus, ont eu le temps de faire le triste constat qu'une fois dehors, plus personne ne s'occupe d'eux et que seule une petite minorité de licenciés a pu se reconvertir, et encore, souvent en acceptant des emplois précaires ou en quittant la région où ils vivaient.
L'Etat lui-même continue à supprimer des emplois en tant qu'Etat-patron. La SNCF et La Poste viennent d'annoncer de nouvelles suppressions d'emplois.
Quant à celles annoncées par la Banque de France, elles ont attiré la protestation non seulement des syndicats de l'entreprise mais aussi celle de l'Association des maires des petites villes de France. Car le projet est de fermer la quasi-totalité des succursales de la Banque de France situées dans des petites villes de moins de 20.000 habitants. Ces fermetures s'ajoutent à celles de maternités, de dispensaires, de bureaux de poste locaux ou de petites gares. Elles s'ajoutent à la suppression ou au regroupement d'autres administrations étatiques ou para-étatiques, des centres de Sécurité sociale aux centres des impôts. Tout cela contribue à la désertification de nombre de régions. Ce qui n'empêche pas le gouvernement de présenter son projet de décentralisation comme une volonté de rapprocher les administrations des administrés. En réalité, la décentralisation n'est qu'un prétexte pour démanteler les services publics et de supprimer les statuts qui compensent, un peu, pour leurs salariés, les contraintes de leurs fonctions.
Depuis neuf mois que la droite est arrivée au gouvernement, elle montre chaque jour, sans gêne, ouvertement, que son rôle est de servir le grand patronat et d'exécuter ses volontés.
Servir le grand patronat, à commencer par le laisser licencier comme il veut, payer les salaires qu'il veut, imposer les horaires de travail qu'il veut. Mais le servir aussi en engageant ce qu'il appelle des réformes qui, toutes, visent à réduire encore la part des travailleurs dans le revenu national.
L'attaque contre les retraites n'est certainement pas la seule attaque de ce gouvernement contre les travailleurs mais elle est la plus spectaculaire.
Les gouvernants mènent, avec les médias, une campagne d'intoxication pour nous dire : "réformer les retraites est une urgence car les caisses de retraite vont au déficit avec l'augmentation du nombre des retraités par rapport au nombre d'actifs".
Mais cet argument démographique est une fumisterie. Les caisses de retraite ne seraient pas menacées de déficit si l'Etat n'accordait pas des réductions de cotisations aux patrons, s'il ne fermait pas les yeux devant leurs retards et s'il payait lui-même les cotisations qui lui incombent, au lieu de se servir dans les caisses. Et, surtout, s'il y avait moins de chômeurs et donc plus de cotisations.
C'est une fumisterie encore que de ne parler que de la proportion entre actifs et retraités, et jamais de la productivité du travail. Or les statistiques officielles elles-mêmes estiment que la productivité horaire a été multipliée par 16 au cours du siècle dernier. Ceux qui travaillent sur les chaînes d'automobiles savent que le nombre de voitures produites a été multiplié avec des effectifs en diminution. Et ils ressentent aussi dans l'usure de leurs muscles et de leurs nerfs la part des cadences démentielles dans cet accroissement de la productivité.
Il n'y aurait pas de problème des retraites si la productivité du travail était mieux répartie : moins pour les profits patronaux et plus pour les travailleurs.
Raffarin, porte-parole des possédants, le plus en vue actuellement, a encore le culot d'en appeler au "dépassement des égoïsmes" !
Mais cela fait combien d'années que les retraites diminuent ? Elles sont rognées par des prélèvements en augmentation comme la CSG. Elles subissent les effets de la loi Balladur qui a fait passer la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein de 37 ans et demi à 40 ans pour le privé et qui a élargi des 10 meilleures à 25 le nombre d'années de travail servant de référence pour déterminer le montant des pensions. Rien que l'application mécanique de ces mesures a diminué de plus de 10 % au cours des dix dernières années le montant de la pension pour un salarié moyen qui part en retraite.
Et, aujourd'hui que certains dirigeants du Parti socialiste se retrouvent dans l'opposition et se posent en défenseurs des retraités, il faut rappeler que Balladur s'est contenté d'appliquer des mesures préparées par le gouvernement Rocard. Rappelons aussi que, pendant ses cinq ans au gouvernement, Jospin n'a pas abrogé cette loi Balladur. Au contraire ! La gauche plurielle a préparé le terrain pour Raffarin, en commençant à opposer les travailleurs du public et du privé, en décrivant ceux des services publics comme des privilégiés.
Alors, il ne faut pas que les travailleurs soient affaiblis par cette manoeuvre de division. Si le gouvernement parvient à repousser la durée de cotisation pour le public à 40 ans, il nous expliquera qu'il faudra cotiser encore plus et plus longtemps. Le patronat le dit déjà, par la voix du Medef qui vient d'affirmer qu'il veut 43 ans de cotisation. Et qui peut assurer qu'il s'arrêtera là ? Oh, les patrons n'embaucheront pas pour autant des travailleurs âgés, mais cela leur permettra de réduire encore les pensions et leurs propres cotisations !
Les travailleurs n'ont pas à accepter les attaques contre leurs retraites ni pour le public ni pour le privé. Et l'égalité entre le privé et le public, ce doit être sur la base de 37 ans et demi de cotisation pour tous et sans diminution des pensions.
Les attaques contre les retraites, c'est le nouveau front ouvert par le gouvernement et le patronat dans la guerre qu'ils mènent pour diminuer, encore et toujours, la part du monde du travail pour accroître celle du patronat.
Ces attaques s'ajoutent à celles menées contre les services publics. Priver de moyens et de personnel suffisant les hôpitaux, les maternités, les écoles, la poste, les transports publics ; livrer un nombre croissant des services publics à l'avidité des intérêts privés, c'est un recul pour l'ensemble de la société. Mais c'est aussi une attaque contre les classes populaires, contre ceux qui ont le moins les moyens de compenser les défaillances du service public en faisant appel au privé.
Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas le laisser faire. L'aggravation de la pauvreté est visible dans ce pays. Depuis plusieurs années, aucun des gouvernements qui se sont succédé au cours de ces années n'a été capable d'arrêter la dégradation générale et la montée de la misère. Car, pour cela, il aurait fallu s'en prendre au grand patronat, aux plus riches, freiner leur avidité, les empêcher de recourir à des licenciements collectifs dès que les bénéfices n'atteignent pas 15 ou 20 %, les empêcher de généraliser la précarité avec les salaires réduits qu'elle entraîne.
Mais on a vu que les gouvernements prétendument de gauche n'étaient pas plus capables d'aller tant soit peu contre les intérêts de la bourgeoisie que les gouvernements de droite.
Alors, pourtant responsables de la montée de la pauvreté, ils s'en prennent aux pauvres. Et, on le voit, toute la politique dite sécuritaire de Sarkozy est marquée par cette volonté de contenir les pauvres, de les chasser, de les sanctionner s'ils mendient parce qu'ils ont le mauvais goût d'être pauvres. Ils ne réduisent pas la pauvreté, ils font en sorte de cacher les pauvres pour ne pas heurter la vue des riches et troubler leur digestion.
Oui, la succession des mesures prises par Sarkozy n'a rien à envier aux mesures que proposent Le Pen et le Front National depuis des années. Ce n'est pas pour rien que, d'après les sondages et les élections partielles qui se sont déroulées au cours des dernières semaines, le camp politique de Chirac-Raffarin- Sarkozy mord sur l'électorat lepéniste.
La démagogie sécuritaire n'est que pure démagogie car l'agitation fébrile du ministre de l'Intérieur n'a évidemment rien changé à la vie dans les quartiers populaires. Il n'empêche que, lors du débat à l'Assemblée nationale sur le projet de loi sur la sécurité intérieure présenté par Sarkozy, ce ne sont pas seulement les députés réactionnaires de la droite qui ont joué à qui sera le plus sécuritaire, c'est-à-dire le plus répressif encore que le ministre de l'Intérieur. Ce dernier a trouvé du soutien auprès d'un certain nombre de députés socialistes.
Un des ténors du Parti socialiste, un de ses jeunes espoirs à ce qu'il paraît, le dénommé Manuel Valls, a affirmé que, et je le cite : "Punir, ordre, norme, règle ne sont pas des mots tabous. Je suis de ceux qui pensent que la sanction est la seule façon d'être reconnu digne d'une réinsertion",.
Un langage qui a dû sonner ô combien agréablement aux oreilles non seulement de Sarkozy mais aussi irriter de Le Pen car cela veut lui voler son électorat ! Et le socialiste Valls d'ajouter que "pour retrouver la confiance des Français qui vivent mal, ont peur de subir l'insécurité, il nous faut être clairs et ne pas nous laisser impressionner par quelques manifestants dont le principal but n'est pas de combattre Monsieur Sarkozy mais de nous combattre" !
Le maire de Paris, Delanoé, autre ténor du Parti socialiste, n'a pas eu d'état d'âme pour faire évacuer par un escadron de CRS les 150 sans-papiers qui occupaient le gymnase Japy. Ces sans-papiers ne font pourtant que réclamer la régularisation de leur situation que Jospin leur avait promise avant d'arriver au pouvoir, promesse oubliée après, comme bien d'autres promesses.
Voilà le nouveau Parti socialiste qui se mijote à l'écart du pouvoir ! Là où les déclarations de Valls sont fondées, c'est qu'on ne peut combattre vraiment Sarkozy ni derrière, ni même aux côtés, des dirigeants du Parti socialiste. Car comment oublier que, si aujourd'hui Chirac et Raffarin sont au pouvoir et si Sarkozy occupe le ministère de l'Intérieur, c'est pour une large part grâce au Parti socialiste.
Grâce, d'abord, à la politique menée sous la direction de Jospin pendant cinq ans qui a dégoûté, désespéré les classes populaires. Mais grâce aussi au lamentable abaissement des dirigeants du Parti socialiste, rejoints par le Parti communiste, qui ont appelé à voter pour Chirac, lui assurant ainsi le plébiscite que l'on sait. Ce qui fait que ce président, qui n'a eu au premier tour que les voix d 'un électeur sur cinq, peut aujourd'hui se payer le luxe de se poser en représentant de 82 % de la population et, à ce titre, de prendre toues les mesures anti-populaires possibles...
Que l'on se souvienne de ces dignitaires de la Gauche plurielle qui, pour éviter de s'expliquer sur les raisons de leur déconfiture électorale, ont pris des poses de courageux combattants antifascistes ! Le Pen pouvait être battu rien qu'avec les seules voix de la droite. Mais, grâce aux 82 % de voix qui lui ont fait obtenir les partis de la gauche plurielle, une grande partie de la politique lepéniste, est au pouvoir et ce n'est pas fini. Elle y est avec la caution de l'ex-gauche plurielle. La politique sécuritaire, oui. Mais aussi la haine et le mépris pour les travailleurs.
Et pour les victimes de cette politique, pour les pauvres réduits à la mendicité que l'on chasse des centres-villes, pour les sans-logis que l'on arrête, le soulagement est faible de savoir que ce n'est pas Le Pen qui applique cette politique mais Chirac, Raffarin et Sarkozy !
Alors, souvenons-nous-en, maintenant que les coups pleuvent sur les travailleurs et sur les pauvres, que la gauche gouvernementale ne s'est pas seulement contentée de préparer les conditions pour le retour au pouvoir de la droite, comme souvent dans le passé. En plébiscitant Chirac, elle a cautionné par avance sa politique.
Chaque coup victorieux porté par le patronat et le gouvernement contre les travailleurs les encourage à en porter d'autres.
Mais regardons en même temps leur prudence pour parachever leur offensive contre les retraites. L'orientation fondamentale du gouvernement ne fait pas le moindre doute. Il sait en outre qu'il peut compter sur la complicité de l'opposition de gauche sur le fond. Et, pourtant, Chirac et Raffarin cherchent à enrober les attaques, à désamorcer les oppositions, en essayant d'obtenir la complicité des confédérations syndicales par la promesse de négociations. C'est, bien sûr, parce que le souvenir des grèves de 1995, lorsque les travailleurs de la Fonction publique ont fait reculer Juppé, n'est pas si lointain. Et cela leur inspire une crainte salutaire. Ils savent que ce qui était possible en 1995 est possible aujourd'hui. Ils savent que, lorsque les travailleurs se mobilisent, ils représentent une force que tous les gouvernements ont à craindre.
Bien des indices leur montrent que les travailleurs n'accepteront pas facilement que l'on touche à leur retraite. Il y a eu le vote des travailleurs d'EDF-GDF qui, malgré toute la campagne d'intoxication méthodique, malgré la pression du gouvernement, malgré, surtout, les chefs syndicaux eux-mêmes, ont rejeté massivement le projet qui les aurait obligés à cotiser plus pour une pension au montant de plus en plus aléatoire.
Des sondages plus récents encore indiquent, et je cite leurs chiffres, que 80 % des personnes interrogées seraient prêtes à se mobiliser pour défendre leur niveau de retraite. Ce n'est bien sûr pas l'expression du mécontentement dans un sondage qui fera reculer le gouvernement, ni même l'intention affirmée de réagir, mais c'est la réaction des travailleurs elle-même.
Tout cela rappelle en tout cas que les travailleurs ne sont pas désarmés, qu'ils peuvent faire reculer le gouvernement sur les retraites. D'autant plus que les hommes de la bourgeoisie ont souvent une certaine conscience du rapport de force et ils savent que, si les travailleurs entrent en lutte pour les retraites, ils peuvent ne pas en rester là.
Ils savent que, si les travailleurs font reculer le gouvernement sur les retraites, ils risquent de menacer le grand patronat en revendiquant une augmentation substantielle des salaires pour rattraper le pouvoir d'achat perdu ! Il risque surtout d'imposer cet objectif vital pour le monde du travail qu'est l'interdiction des licenciements collectifs !
Mais les travailleurs doivent se méfier de leurs propres organisations, et en particulier des confédérations syndicales. Oh, tous les chefs syndicaux étaient présents à la manifestation du 1er février, bras dessus bras dessous au premier rang ! Mais, pour le moment, ils ne proposent aucun plan de bataille pour la suite. Or, si les travailleurs ont répondu présent, le 1er février comme lors des manifestations précédentes, s'ils ont montré qu'ils n'acceptaient pas qu'on touche à leurs retraites, il est évident que deux ou trois manifestations éloignées dans le temps ne suffiront pas pour faire reculer le gouvernement. Il faudrait une véritable mobilisation. Il faudrait que les actions, les manifestations régionales ou nationales, accompagnées ou non de grèves, se suivant d'assez près pour que le mouvement puisse aller en grandissant, redonne confiance à ceux qui hésitent, et crée les conditions d'un mouvement puissant.
Mais il faut aussi se méfier des objectifs des dirigeants confédéraux. On a entendu le principal dirigeant de la CGT insister sur la nécessité des négociations sans dire ce qui ne serait pas négociable, sans même parler des dirigeants de la CFDT qui sont pour ainsi dire les porte-parole des projets gouvernementaux auprès des travailleurs. Mais le problème n'est pas de négocier la couleur et le goût de la sauce avec laquelle on servira l'allongement de la duré de cotisation et les coupes claires dans le montant des pensions. La négociation, que les responsables syndicaux présentent comme l'objectif de la lutte, est déjà l'annonce de leur capitulation, moyennant peut-être quelques concessions.
L'objectif doit être de faire reculer le gouvernement sur tous ses projets. Le retour à 37 ans et demi de cotisation pour tous, avec une retraite pleine, n'est pas une revendication révolutionnaire, loin de là. Car il s'agit seulement de revenir au système de retraite qui existait avant la loi Balladur. Or, je le rappelle, ce système, déjà, était favorable surtout au patronat et à l'Etat, et pas aux travailleurs. Car cela fait bien longtemps que les caisses de retraite, comme les caisses de Sécurité sociale, servent de réserve pour l'Etat chaque fois qu'il a envie d'accorder des faveurs supplémentaires au patronat sans toucher directement au budget de l'Etat. Cela fait longtemps que l'Etat puise dans l'argent des travailleurs accumulé dans les caisses de retraite.
Et puis, au-delà des mille et un moyens dont l'Etat vole les travailleurs au profit des patrons, il y a cette injustice fondamentale des retraites qui est qu'on oblige les travailleurs d'écorner leur salaire déjà insuffisant pour assurer leurs vieux jours, lorsqu'ils seront trop usés pour pouvoir se faire exploiter.
C'est leur travail qui assure toute la vie économique et sociale. C'est grâce à leur travail que s'accumulent toutes les richesses, y compris celles monopolisées par la classe capitaliste. Alors, ce serait à la société d'assurer une vieillesse convenable à ceux qui ont tant donné.
On nous dit que le système de répartition consiste à faire payer les actifs pour assurer la retraite des inactifs. Mais le vocabulaire lui-même est déjà un mensonge. Car les véritables inactifs de cette société, ce ne sont pas les retraités, pas ceux qui sont usés par une vie de travail ! Les véritables inactifs, ce sont ceux qui vivent grâce aux profits accumulés et qui, sans rien faire ni de leurs dix doigts ni de leur intelligence ont le droit, du simple fait d'être à la tête du capital, de se payer des revenus dix, cent, mille fois plus importants que la majorité de ceux qui travaillent.
Eh bien oui, les retraites devraient être payées sur les profits. Mais, évidemment, pour imposer cela, il faudrait non seulement un tout autre rapport de force mais aussi la volonté collective de la classe ouvrière de se mêler du fonctionnement de l'économie, de ne pas laisser aux groupes industriels la dictature qu'ils exercent sur la vie économique aujourd'hui.
Toutes les grandes organisations de la classe ouvrière ont abandonné les unes après les autres le programme de l'émancipation des travailleurs, le programme de transformation sociale. Elles l'ont fait en prétendant qu'il est plus efficace d'avancer à petits pas par des réformes à l'intérieur de l'organisation sociale actuelle. Aujourd'hui encore, elles nous caricaturent en nous présentant comme les partisans du "tout ou rien" et nous reprochent de ne pas les soutenir lorsqu'elles prennent l'initiative de réformes, là où selon eux cela peut seulement se faire, c'est-à-dire dans un fauteuil ministériel au gouvernement.
Mais chaque fois que le Parti socialiste et le Parti communiste ont été au gouvernement, ils n'ont même pas fait de réformes, si ce n'est des réformes certes utiles mais qui ne coûtent rien à la bourgeoisie, comme le PACS ou la CMU. Pour le reste, pour l'essentiel, ils n'ont fait que mener la politique correspondant aux intérêts majeurs de la bourgeoisie. Un point, c'est tout !
Alors oui, nous sommes, à Lutte ouvrière, de ceux qui persistent à défendre le programme de la transformation complète de la société. Exproprier la grande bourgeoisie afin d'enlever aux grands groupes industriels, financiers et commerciaux le pouvoir dictatorial qu'ils exercent sur la société : voilà ce qu'est le programme révolutionnaire dans le domaine économique. Mettre fin à une organisation économique où les décisions sont prises en fonction des profits escomptés et pour rapporter un maximum de revenus pour une minorité de possédants. C'est à l'ensemble de la société de décider quoi produire et comment, afin que la production vise à satisfaire au mieux les besoins de tous, en respectant l'environnement et en préservant la planète pour les générations futures.
Et, dans le domaine politique, ce programme se résume à ce que l'ensemble de la population exerce le pouvoir, par l'intermédiaire d'assemblées locales ou à l'échelle du pays, élues au suffrage universel à la proportionnelle mais dont les élus sont contrôlés parce que révocables à tout instant par ceux qui les ont élus. Ce serait infiniment plus démocratique que l'ersatz qu'on appelle aujourd'hui une démocratie parlementaire. La comédie qui se déroule, en ce moment même, autour du mode de scrutin constitue une illustration de plus.
Chirac qui n'avait obtenu, je l'ai rappelé tout à l'heure, qu'un vote sur cinq au premier tour de la présidentielle, profite de sa majorité pour rendre le mode de scrutin pour les élections régionales et européennes encore moins démocratiques. Raffarin a le toupet d'affirmer que la réforme vise à rapprocher les élus de leurs électeurs. Mais le but est une bipolarisation de la vie politique entre deux grandes formations, l'UMP à droite et le PS à gauche qui ne recueillent pourtant à eux deux que moins la moitié des votes. Cette réforme écartera un plus grand nombre d'électeurs encore de toute représentation. Et le bouquet est que, pour faire passer cette loi anti-démocratique, malgré une majorité à sa botte, Raffarin utilise l'article 49-3, cet article de la constitution qui permet au gouvernement de se passer du parlement. Comment mieux souligner que les assemblées élues sont pour ces gens surtout un décorum pour faire croire aux citoyens que ce sont eux qui décident !
Eh bien, nous sommes pour une démocratie la plus large et la plus directe et libérée de la dictature des puissances d'argent !
Est-ce une ambition déraisonnable pour la société ? Est-ce irréaliste ? C'est en tout cas en défendant cette perspective que le mouvement ouvrier s'est développé dans le passé. Et, nous en avons la conviction, c'est en se situant dans cette perspective que le mouvement ouvrier pourra retrouver toute sa vigueur...
Jospin a publié récemment dans un grand quotidien un pesant plaidoyer pour sa politique. Il l'a fait dans l'intention de se dégager de ses propres responsabilités en rejetant sur d'autres les causes de sa déconfiture lamentable lors de la présidentielle. Et, dans ce texte, il se hasarde, après bien d'autres, à enterrer... le communisme. Il affirme que (et je cite) "la confrontation séculaire entre le socialisme autoritaire et révolutionnaire et le socialisme démocratique et réformiste a été tranchée : l'un s'est effondré et l'autre continue son chemin".
Ce qui s'est effondré en Union soviétique, ce n'est pas le communisme, c'est sa caricature stalinienne, et ceux qui, aujourd'hui, au nom de l'économie de marché et sous les applaudissements du monde capitaliste continuent à piller la Russie, sont rigoureusement les mêmes que ceux qui l'ont pillée les décennies précédentes en se prétendant communistes.
Mais, en revanche, ce socialisme réformiste qui, d'après Jospin "continue son chemin", il le continue en jouant les utilités pour le capitalisme.
Un système économique qui n'arrive pas à se sortir de trois décennies de stagnation économique. Un système économique qui, tout en permettant des accumulations de richesses extravagantes entre quelques milliers de mains de par le monde, est de moins en moins capable d'assurer la survie de l'écrasante majorité de l'humanité. Un système économique qui aggrave sans cesse les inégalités entre classes sociales, comme entre pays. Un système économique où les progrès techniques eux-mêmes se retournent contre l'humanité. Et, non seulement parce que le meilleur du progrès technique est détourné vers le militarisme, mais aussi parce que les retombées civiles de ce progrès sont réservées à une petite fraction de la population mondiale. Et, pendant ce temps, la grande majorité est empêchée d'accéder aussi bien à la culture et aux connaissances qu'à la nourriture, aux soins élémentaires, ou tout simplement à l'eau potable.
Alors oui, nous combattons cet ordre mondial ou, plus exactement, nous défendons une politique, la seule politique qui permette à la majorité laborieuse de la population de parvenir à y mettre fin un jour. Nous disons et nous répétons devant les travailleurs que mettre fin à l'organisation capitaliste de l'économie est non seulement une nécessité vitale pour la société mais que c'est possible et qu'ils peuvent le faire, et qu'ils sont les seuls à pouvoir le faire.
Notre combat sur ce terrain est un combat d'idées car nous n'avons pas la stupidité de penser qu'on peut mettre fin au capitalisme sans l'accord de la quasi-totalité de la société et sans la participation active et démocratique de sa classe laborieuse...
Mais même les idées seules, et surtout les idées, soulèvent la haine des bien-pensants, de droite comme de gauche.
Ces jours derniers, nous avons eu accès un peu plus que d'habitude aux grands médias. L'occasion en a été fournie par la parution du livre de notre plus ancien camarade, livre dont, soit dit en passant, je vous recommande la lecture pour connaître et comprendre "La véritable histoire de Lutte ouvrière". Vous avez pu voir sur certaines chaînes de télévision la façon dont la presse déforme nos idées et dont les propos à notre sujet disputent la malveillance à la bêtise.
Ce que nous avons à dire sur le chômage, sur les licenciements collectifs, sur les drames vécus par ceux qui sont poussés vers la pauvreté, n'intéresse pas les journalistes, pas plus que notre politique. Non, ils préfèrent colporter des rumeurs ou des ragots et surtout les inventer. Ils ont fait des investigations pointues sur l'importante question de savoir si nos militants ont des enfants ou pas, s'ils sont mariés ou pas, comment sont disposés les lits dans les endroits où nous organisons des stages. La malheureuse bâtisse bourgeoise où nous organisons nos fêtes annuelles, dont la valeur est probablement inférieure à celle de l'appartement du présentateur de l'émission a été montré, pour ainsi dire dans le même mouvement, tantôt comme un château - preuve que nous sommes riches -, tantôt comme une caserne - preuve que nos adhérents sont embrigadés. Et comment ne pas rigoler de cette présentatrice de radio qui trouve extraordinaire que nos camarades se réunissent dans les arrière-salles de café, comme si c'était encore l'occupation. Elle ignore que si des résistants avaient à se réunir, il valait mieux éviter les cafés, même dans les arrières sales.
Quant à la misogynie dont font preuve tous ces gens, pour qui une femme qui est porte-parole d'une organisation révolutionnaire ne peut être qu'une marionnette manipulée, elle fait la preuve que la société n'est pas encore sortie de la barbarie en considérant les femmes comme inférieures aux hommes. Il faut dire aussi que nombre de chaînes de télévision ou de radio, de grands journaux, appartiennent à de grands groupes financiers qui n'ont aucune, mais vraiment aucune raison de nous apprécier. Pas plus la Lyonnaise des eaux, propriétaire avec RTL de la chaîne de télévision M6, que Bouygues, Lagardère, Vivendi, les Seydoux et quelques autres qui monopolisent la presse écrite et parlée. Et, quant à leurs journalistes-vedettes, ils font là où on leur dit de faire et ils sont payés pour cela ! Et j'en profite pour dire qu'en revanche, ce qui me réconforte toujours personnellement, c'est la sympathie que je trouve auprès du personnel qu'on dit petit, techniciens, maquilleuses, caméramen.
Eh bien oui, ces attaques, nous en sommes fiers car, dans le passé, le Parti socialiste, lorsqu'il était vraiment socialiste, le Parti communiste, lorsqu'il était vraiment communiste, ont subi et à une bien plus grande échelle que nous-mêmes les attaques, les injures, les calomnies, sans même parler de la répression !
Et nous en sommes fiers aussi parce que ce ne sont pas au fond nos faibles forces qui les inquiètent. Ce qui les inquiète, ce sont les idées que nous continuons à propager, les idées de lutte de classe, les idées du communisme. Ils savent que ces idées, qui sont aujourd'hui cantonnées dans et autour d'un petit parti comme le nôtre, redeviendront une force lorsque des masses de travailleurs s'empareront d'elles. Ce qui les inquiète, c'est qu'alors, pour reprendre un vers de cet ancien chant des Canuts révoltés de Lyon, il y a un siècle et demi : "Et notre règne arrivera quand votre règne finira".
Et leur règne, ce n'est pas seulement l'exploitation, les inégalités, c'est aussi la guerre et, dans l'immédiat, la guerre annoncée en Irak. Une guerre qui, dans la réalité, n'est même plus en préparation puisque, depuis la première guerre du Golfe, depuis plus de dix ans, les bombardements n'ont jamais cessé sur ce malheureux pays, pas plus que l'embargo qui affame et tue des milliers d'enfants. Ce qui fait qu'avant même qu'une nouvelle guerre soit officiellement déclarée, la population de ce pays a payé par des centaines de milliers de morts les crimes du dictateur Saddam Hussein dont elle est la principale victime.
Les inspecteurs de l'ONU n'ayant rien trouvé en Irak qui puisse fournir aux Etats-Unis un prétexte pour déclencher l'agression, on ne sait pas encore à cette heure-ci si le Conseil de Sécurité qui se réunit en ce moment même donnera quand même carte blanche à Bush. Mais les dirigeants de Washington n'ont cessé de répéter qu'ils n'ont pas besoin de justification pour partir en guerre. Et on verra alors si la France, souhaitant participer à la curée en Irak, rentre dans les rangs pour s'aligner sur les Américains ou si, estimant que les Etats-Unis ne laisseront de toute façon rien au grand capital français, Chirac choisira de s'abstenir sur le plan militaire. Mais si le gouvernement français soigne le suspens sur le plan diplomatique et militaire, il ne cesse de répéter depuis le début à quel camp il appartient : celui de l'impérialisme et pas celui du peuple agressé !
Une autre guerre est également menée, cette fois-ci par notre propre impérialisme, en attendant qu'il se joigne à la coalition impérialiste contre l'Irak. Cette autre guerre, c'est celle qui se mène en Côte-d'Ivoire. Car, là encore, derrière les discours pseudo-humanitaires se cachent de sordides intérêts de grands groupes impérialistes français. L'ordre que la France essaie d'imposer est celui qui permettrait à ces groupes, aux Bouygues, Bolloré et autres continuer à piller tranquillement les richesses de ce pays, de continuer à exploiter des ouvriers payés au cinquième des ouvriers ici en France. Et ce n'est pas le fait que l'impérialisme français ne parvient pas à trouver une solution politique qui rend ces tentatives plus justifiées.
Je tiens à affirmer que la France n'a rien à faire en Afrique. La seule chose qu'elle aurait à faire, c'est que ses capitalistes, ses groupes industriels et financiers rendent à l'Afrique tout ce qu'ils ont volé au fil du temps. Car, en permettant à ce pays de sortir de la misère où le maintiennent les pillages du passé et l'exploitation d'aujourd'hui, les neuf dixièmes des problèmes qui ont conduit aux affrontements fratricides seraient résolus. En tout cas, nous sommes de ceux qui revendiquent : "troupes françaises, hors d'Afrique !".
Et je tiens à affirmer, ici, notre opposition à la guerre qui se prépare en Irak, qu'elle se mène sous l'égide de l'ONU ou pas, et j'appelle à participer à toutes les manifestations de protestation contre cette guerre.
Les manifestations ne seront sans doute pas suffisantes pour empêcher la guerre. Elles ne peuvent, pour le moment, que montrer que la guerre contre l'Irak ne se mène pas avec notre accord. Et rien que cela, c'est important. Car, si les victimes des aventures sanglantes des puissances impérialistes se trouvent surtout en Irak, elles se trouveront aussi dans les pays impérialistes agresseurs, les Etats-Unis et aussi la France. Car l'argent dépensé dans ces aventures guerrières, on le prendra sur les sommes déjà insuffisantes que l'on consacre aux hôpitaux, aux maternités, aux écoles et, plus généralement, aux services publics indispensables aux classes populaires.
Mais c'est dire aussi que tout se tient. De la riposte aux attaques contre les retraites ou contre les services publics à la protestation contre les aventures guerrières de notre impérialisme, tout dépend de la renaissance d'un mouvement ouvrier digne de ce nom.
Bien sûr, pour que renaisse un parti qui représente les intérêts politiques de la classe ouvrière, un nouveau parti communiste, et pour qu'il puisse peser sur la politique de ce pays. Il faudra un nouvel essor de l'ensemble du mouvement ouvrier, une lame de fond dans les luttes, redonnant confiance aux travailleurs en leur force, et leur redonnant aussi le goût et la volonté de s'organiser. Mais il faut aussi qu'il y ait des militants qui ne trahissent pas la cause des exploités pour un fauteuil de ministre, qui défendent le programme communiste. Il faut des militants et une organisation qui ne cèdent pas à la pression des possédants et de leurs serviteurs, pas même à ses pressions indirectes si souvent véhiculées par les milieux de la gauche réformiste. Il faut des militants qui n'abandonnent pas les traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier, mais qui aient la fierté et le courage de les propager, avant tout dans la classe exploitée qui pourra en faire l'instrument de sa victoire.
Eh bien, pour notre part, c'est cette voie que nous avons choisie. Et nous nous y tiendrons. Nous participerons aux combats quotidiens de notre classe, la classe des travailleuses et des travailleurs. Et ce ne sont pas les combats qui manqueront dans la période à venir tant les travailleurs sont attaqués sur une multitude de terrains. Et nous continuerons à défendre parmi les travailleurs, dans la population laborieuse, les idées communistes, ce que nous sommes à peu près les seuls à faire aujourd'hui.
Eh bien, camarades, tous mes voeux pour affronter ensemble et victorieusement l'avenir proche qui nous menace !
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 24 février 2003)