Texte intégral
ALAIN DUHAMEL - Bonsoir. Ernest-Antoine SEILLIERE, Monsieur le Président du MEDEF, bonsoir.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Bonsoir.
ALAIN DUHAMEL - Les agriculteurs, les chauffeurs routiers, la manifestation imposante de défense des services publics et des statuts publics, comment est-ce que vous trouvez que le gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN a traversé ces premières turbulences sociales ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - C'est un peu une habitude française en effet que d'accueillir un nouveau gouvernement avec une rentrée sociale un peu ferme. Là, selon l'habitude, il s'est agi en effet de se mettre dans la tradition, je pense que j'ai de bonnes raisons d'obtenir quelque chose, alors je vais m'installer dans la rue, je vais arrêter tout le monde et puis je vais obtenir satisfaction. Le gouvernement a été confronté donc à cette espèce, je dirais, de " bizutage ", et il a, à mon sens et à notre sens, nous, les entrepreneurs, mêlé fermeté et sens du dialogue, donc il a gouverné.
ALAIN DUHAMEL - Vous êtes plutôt content de lui sur ce point ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Le sentiment, si vous voulez, qu'il a gouverné, c'est-à-dire qu'il a mis en place en quelque sorte une alliance entre les employeurs, qui étaient prêts à la négociation et prêts à faire un accord, beaucoup dans les syndicats qui souhaitaient la même chose et qui n'étaient pas partisans d'aller vers les blocages, il a facilité tout ça. Et ça a donné l'impression d'être une crise qui a été, je dirais, traitée. C'est ce qu'on appelle gouverner encore une fois. Ca nous convient.
ALAIN DUHAMEL - L'objectif proclamé de Jean-Pierre RAFFARIN, c'était de relancer le dialogue social, de lui donner plus de vie, d'efficacité, est-ce que vous avez le sentiment que de ce point de vue, il y a vraiment quelque chose de changé ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Si vous voulez, le gouvernement précédent, chacun le sait et le reconnaît, n'aimait pas le dialogue social, ne cherchait pas à le favoriser alors que le gouvernement a dit avec beaucoup de précision que c'est sa voie. Nous, avec la refondation sociale, on en a beaucoup parlé, nous sommes également du sentiment que c'est comme ça qu'il faut faire et nous sommes en train de relancer actuellement, comme vous le savez, toute une série de négociations avec les syndicats. Donc, les choses se prêtent au dialogue. D'ailleurs, selon nous, il n'y a pas d'autre voie possible pour régler les difficultés de la société française. Et je pense que le gouvernement, là aussi, est dans la bonne voie.
ALAIN DUHAMEL - Vous sentez un vrai changement ? Concret ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Oui, il y a un vrai changement, concret. Il y a un partenariat qui se met en place entre les syndicats et les ministres, entre nous-mêmes et les ministres, on voit que tout ceci commence à fonctionner, la mayonnaise prend.
ALAIN DUHAMEL - Au départ, pendant les premiers mois de Jean-Pierre RAFFARIN, vous, vous le présentiez comme, selon vos critères libéraux, un peu timide, est-ce que vous avez l'impression de ce point de vue qu'il prend de l'assurance ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Oui, certainement plus libéral que son prédécesseur, ça va de soi. Selon nous, comme vous le savez, nous avons trouvé que son démarrage était lent, précautionneux, qu'on ne marquait pas après l'alternance la volonté d'avancer résolument dans d'autres voies. Et nous l'avons d'ailleurs dit. Depuis lors, le gouvernement a beaucoup affirmé, je dirais, sa méthode, il a dit, donnez-moi le temps, je ferais ça à mon heure et nous lui reconnaissons parfaitement cette responsabilité-là et nous lui disons, écoutez, si c'est comme ça que vous voulez faire, allez-y, vous avez votre chance et notre appui pour le faire. On vous jugera bien entendu un peu, si vous permettez, aux résultats.
ALAIN DUHAMEL - Le CREDIT LYONNAIS, par exemple, la méthode qui a été utilisée pendant le week-end dernier, mise aux enchères rapide, etc, est-ce que ça, c'est pour vous une bonne méthode, efficace ? C'est nouveau
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Ca a coûté 8 milliards d'euros, je crois, aux contribuables, aux Français, et voilà un ministre qui, de manière imprévue, par surprise, met en vente, obtient 2,2 milliards, beaucoup plus que les uns et les autres prévoyaient, qui viennent dans les caisses de l'Etat. Et il fait ça, je dirais de façon énergique et rapide alors qu'on tergiversait depuis des semaines et des mois ou des années peut-être
ALAIN DUHAMEL - Donc, ça vous plaît ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Donc, c'est aussi gouverner. Ca, ça nous plaît en effet, ce sont des décisions qui se prennent, des choses qui se règlent.
ALAIN DUHAMEL - C'est parce que c'est un ministre des Finances qui était chef d'entreprise avant ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Ecoutez, c'est un peu peut-être, en effet, la manière de faire des chefs d'entreprise. Là, je crois qu'elle a été tout de même saluée comme une réussite.
ALAIN DUHAMEL - FRANCE TELECOM, vous savez que " Le Figaro " de ce matin révélait que sur les 122 000 salariés qui y sont, il y en aurait 45 000 qui, dans les années qui viendraient, progressivement, verraient leurs emplois supprimés. Et, cette originalité si ça se produit vraiment, c'est-à-dire 20 000 fonctionnaires ou titulaires de contrat du secteur public qui sont actuellement à FRANCE TELECOM qu'on renverrait dans les administrations, il faudrait qu'ils soient volontaires, mais on les renverrait dans les administrations soit nationales, soit collectivités territoriales. Est-ce que ça, c'est le genre de méthode qui vous paraît innovante, intéressante ou au contraire un peu dangereuse ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Si vous voulez, FRANCE TELECOM est encore un peu un résidu de l'économie mixte, c'est une entreprise qui a les opportunités et les risques du privé, qui est en concurrence, qui peut prendre des initiatives, et en même temps elle a les rigueurs, les lourdeurs, les raideurs du service public et notamment des statuts pour ses personnels, et tout ça. Alors, qu'est-ce qui se passe ? Il y a besoin en effet d'une restructuration, on ne peut pas en juger, et on nous dit, écoutez, il y a là-dedans 20 000 personnes qui vont avoir le privilège de devenir fonctionnaire, d'entrer dans l'administration
ALAIN DUHAMEL - Devenir, ils sont déjà fonctionnaires
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Alors, je dis tout de suite que les concurrents, eux, devraient peut-être avoir le même privilège. Ce que nous demandons, c'est l'égalité des Français devant le service public, devant les chances et les risques de la société. Et nous trouvons évidemment que si on le demande là, et on l'obtient pour FRANCE TELECOM, on peut peut-être le faire aussi pour CEGETEL, il n'y a pas de raison.
ALAIN DUHAMEL - Vous disiez que vous reveniez à la table des négociations et en particulier en ce qui concerne l'assurance chômage qui est redevenue lourdement déficitaire, donc vous allez négocier avec les syndicats. Est-ce que vous pensez sincèrement qu'on va pouvoir échapper à une augmentation des cotisations ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Je vous dirais que malheureusement quand la croissance ralentit beaucoup, il y a beaucoup plus de versements à faire à des demandeurs d'emploi et beaucoup moins de cotisations versées, donc le régime devient très rapidement lourdement déficitaire. Et les partenaires sociaux qui gèrent ce régime, se sont engagés d'ici la fin de l'année à prendre les mesures nécessaires à le rééquilibrer. Donc, il me semble que tout le monde devra faire un effort, il y aura un effort sur les salariés, sur les entreprises, sur les demandeurs d'emploi et, penchons-nous également sur l'Etat qui a évidemment des liens avec tout cela. Donc, nous souhaitons, et je pense que les partenaires sociaux y sont prêts, traiter cette question de façon à montrer que nous sommes responsables, il y a un déficit, il faut arriver à le régler.
ALAIN DUHAMEL - Vous allez discuter également avec les syndicats en ce qui concerne les fameux plans sociaux, c'est-à-dire les licenciements collectifs. Est-ce que là, vous aurez quelque chose d'un peu plus encourageant à dire ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Nous sommes du sentiment que la négociation dans ce domaine est assez difficile. Vous savez qu'on a fait la loi dite de modernisation sociale qui a mis en place des choses très lourdes et très difficiles, nous en demandions l'abrogation
ALAIN DUHAMEL - Vous ne l'avez pas eue.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - On ne l'a pas eue. On nous demande de négocier. Et nous, nous disons, écoutez, nous allons bien entendu faire le nécessaire, c'est-à-dire des études, des groupes de travail, essayer de regarder tout ce qui s'est fait d'intelligent dans les entreprises
ALAIN DUHAMEL - Mais, vous n'avez pas encore de propositions précises ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Nous avons l'impression que ça va être difficile de s'entendre entre les salariés et les employeurs sur ce sujet clé, ce n'est pas un bon sujet sur lequel relancer le dialogue social parce qu'il est particulièrement difficile. Mais cela dit, on va s'y prêter bien sûr. Et nous avons proposé bien d'autres sujets sur lesquels, je pense, on pourra faire des avancées plus importantes.
ALAIN DUHAMEL - La grande affaire du début de l'année prochaine, ça va être la réforme des retraites, qu'est-ce que vous aimeriez, vous, président du MEDEF, entendre le gouvernement dire en ce qui concerne les retraites des fonctionnaires et des salariés du secteur public ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - D'abord, égalité des Français devant la retraite. Pour les mêmes retenues ou les mêmes cotisations, les mêmes retraites aux mêmes âges, bien entendu avec les différences qu'il peut y avoir entre telle ou telle profession où le travail est plus ou moins difficile bien sûr. Mais, il n'y a pas de raison, si vous voulez, qu'il y ait des privilèges, donc c'est la fin des privilèges que nous demandons parce que je vois que les Français, notamment les 15 millions de Français salariés qui contribuent à la retraite des fonctionnaires le demandent. Deuxièmement, prendre en compte le fait que l'allongement de la durée de cotisation est inévitable, on peut discuter si vous voulez du montant, mais c'est quelque chose qui nous paraît fondamental et que les syndicats d'ailleurs ont, semble-t-il, reconnu.
ALAIN DUHAMEL - En un mot, de façon plus frivole, Jacques CHIRAC a 70 ans demain, qu'est-ce que vous lui souhaitez ? Un peu plus de croissance ? Un troisième mandat ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - D'abord, bon anniversaire bien sûr de la part du président du MEDEF. Et puis, peut-être de renforcer sa conviction, si c'est possible, pour réformer fort et vite notre pays parce qu'il a créé les conditions pour cela, elles sont en place, il peut avancer. Alors, en avant, Monsieur le Président, en avant, l'entreprise France !
ALAIN DUHAMEL- Merci.
(source http://www.medef.fr, le 10 janvier 2003)
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Bonsoir.
ALAIN DUHAMEL - Les agriculteurs, les chauffeurs routiers, la manifestation imposante de défense des services publics et des statuts publics, comment est-ce que vous trouvez que le gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN a traversé ces premières turbulences sociales ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - C'est un peu une habitude française en effet que d'accueillir un nouveau gouvernement avec une rentrée sociale un peu ferme. Là, selon l'habitude, il s'est agi en effet de se mettre dans la tradition, je pense que j'ai de bonnes raisons d'obtenir quelque chose, alors je vais m'installer dans la rue, je vais arrêter tout le monde et puis je vais obtenir satisfaction. Le gouvernement a été confronté donc à cette espèce, je dirais, de " bizutage ", et il a, à mon sens et à notre sens, nous, les entrepreneurs, mêlé fermeté et sens du dialogue, donc il a gouverné.
ALAIN DUHAMEL - Vous êtes plutôt content de lui sur ce point ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Le sentiment, si vous voulez, qu'il a gouverné, c'est-à-dire qu'il a mis en place en quelque sorte une alliance entre les employeurs, qui étaient prêts à la négociation et prêts à faire un accord, beaucoup dans les syndicats qui souhaitaient la même chose et qui n'étaient pas partisans d'aller vers les blocages, il a facilité tout ça. Et ça a donné l'impression d'être une crise qui a été, je dirais, traitée. C'est ce qu'on appelle gouverner encore une fois. Ca nous convient.
ALAIN DUHAMEL - L'objectif proclamé de Jean-Pierre RAFFARIN, c'était de relancer le dialogue social, de lui donner plus de vie, d'efficacité, est-ce que vous avez le sentiment que de ce point de vue, il y a vraiment quelque chose de changé ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Si vous voulez, le gouvernement précédent, chacun le sait et le reconnaît, n'aimait pas le dialogue social, ne cherchait pas à le favoriser alors que le gouvernement a dit avec beaucoup de précision que c'est sa voie. Nous, avec la refondation sociale, on en a beaucoup parlé, nous sommes également du sentiment que c'est comme ça qu'il faut faire et nous sommes en train de relancer actuellement, comme vous le savez, toute une série de négociations avec les syndicats. Donc, les choses se prêtent au dialogue. D'ailleurs, selon nous, il n'y a pas d'autre voie possible pour régler les difficultés de la société française. Et je pense que le gouvernement, là aussi, est dans la bonne voie.
ALAIN DUHAMEL - Vous sentez un vrai changement ? Concret ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Oui, il y a un vrai changement, concret. Il y a un partenariat qui se met en place entre les syndicats et les ministres, entre nous-mêmes et les ministres, on voit que tout ceci commence à fonctionner, la mayonnaise prend.
ALAIN DUHAMEL - Au départ, pendant les premiers mois de Jean-Pierre RAFFARIN, vous, vous le présentiez comme, selon vos critères libéraux, un peu timide, est-ce que vous avez l'impression de ce point de vue qu'il prend de l'assurance ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Oui, certainement plus libéral que son prédécesseur, ça va de soi. Selon nous, comme vous le savez, nous avons trouvé que son démarrage était lent, précautionneux, qu'on ne marquait pas après l'alternance la volonté d'avancer résolument dans d'autres voies. Et nous l'avons d'ailleurs dit. Depuis lors, le gouvernement a beaucoup affirmé, je dirais, sa méthode, il a dit, donnez-moi le temps, je ferais ça à mon heure et nous lui reconnaissons parfaitement cette responsabilité-là et nous lui disons, écoutez, si c'est comme ça que vous voulez faire, allez-y, vous avez votre chance et notre appui pour le faire. On vous jugera bien entendu un peu, si vous permettez, aux résultats.
ALAIN DUHAMEL - Le CREDIT LYONNAIS, par exemple, la méthode qui a été utilisée pendant le week-end dernier, mise aux enchères rapide, etc, est-ce que ça, c'est pour vous une bonne méthode, efficace ? C'est nouveau
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Ca a coûté 8 milliards d'euros, je crois, aux contribuables, aux Français, et voilà un ministre qui, de manière imprévue, par surprise, met en vente, obtient 2,2 milliards, beaucoup plus que les uns et les autres prévoyaient, qui viennent dans les caisses de l'Etat. Et il fait ça, je dirais de façon énergique et rapide alors qu'on tergiversait depuis des semaines et des mois ou des années peut-être
ALAIN DUHAMEL - Donc, ça vous plaît ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Donc, c'est aussi gouverner. Ca, ça nous plaît en effet, ce sont des décisions qui se prennent, des choses qui se règlent.
ALAIN DUHAMEL - C'est parce que c'est un ministre des Finances qui était chef d'entreprise avant ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Ecoutez, c'est un peu peut-être, en effet, la manière de faire des chefs d'entreprise. Là, je crois qu'elle a été tout de même saluée comme une réussite.
ALAIN DUHAMEL - FRANCE TELECOM, vous savez que " Le Figaro " de ce matin révélait que sur les 122 000 salariés qui y sont, il y en aurait 45 000 qui, dans les années qui viendraient, progressivement, verraient leurs emplois supprimés. Et, cette originalité si ça se produit vraiment, c'est-à-dire 20 000 fonctionnaires ou titulaires de contrat du secteur public qui sont actuellement à FRANCE TELECOM qu'on renverrait dans les administrations, il faudrait qu'ils soient volontaires, mais on les renverrait dans les administrations soit nationales, soit collectivités territoriales. Est-ce que ça, c'est le genre de méthode qui vous paraît innovante, intéressante ou au contraire un peu dangereuse ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Si vous voulez, FRANCE TELECOM est encore un peu un résidu de l'économie mixte, c'est une entreprise qui a les opportunités et les risques du privé, qui est en concurrence, qui peut prendre des initiatives, et en même temps elle a les rigueurs, les lourdeurs, les raideurs du service public et notamment des statuts pour ses personnels, et tout ça. Alors, qu'est-ce qui se passe ? Il y a besoin en effet d'une restructuration, on ne peut pas en juger, et on nous dit, écoutez, il y a là-dedans 20 000 personnes qui vont avoir le privilège de devenir fonctionnaire, d'entrer dans l'administration
ALAIN DUHAMEL - Devenir, ils sont déjà fonctionnaires
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Alors, je dis tout de suite que les concurrents, eux, devraient peut-être avoir le même privilège. Ce que nous demandons, c'est l'égalité des Français devant le service public, devant les chances et les risques de la société. Et nous trouvons évidemment que si on le demande là, et on l'obtient pour FRANCE TELECOM, on peut peut-être le faire aussi pour CEGETEL, il n'y a pas de raison.
ALAIN DUHAMEL - Vous disiez que vous reveniez à la table des négociations et en particulier en ce qui concerne l'assurance chômage qui est redevenue lourdement déficitaire, donc vous allez négocier avec les syndicats. Est-ce que vous pensez sincèrement qu'on va pouvoir échapper à une augmentation des cotisations ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Je vous dirais que malheureusement quand la croissance ralentit beaucoup, il y a beaucoup plus de versements à faire à des demandeurs d'emploi et beaucoup moins de cotisations versées, donc le régime devient très rapidement lourdement déficitaire. Et les partenaires sociaux qui gèrent ce régime, se sont engagés d'ici la fin de l'année à prendre les mesures nécessaires à le rééquilibrer. Donc, il me semble que tout le monde devra faire un effort, il y aura un effort sur les salariés, sur les entreprises, sur les demandeurs d'emploi et, penchons-nous également sur l'Etat qui a évidemment des liens avec tout cela. Donc, nous souhaitons, et je pense que les partenaires sociaux y sont prêts, traiter cette question de façon à montrer que nous sommes responsables, il y a un déficit, il faut arriver à le régler.
ALAIN DUHAMEL - Vous allez discuter également avec les syndicats en ce qui concerne les fameux plans sociaux, c'est-à-dire les licenciements collectifs. Est-ce que là, vous aurez quelque chose d'un peu plus encourageant à dire ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Nous sommes du sentiment que la négociation dans ce domaine est assez difficile. Vous savez qu'on a fait la loi dite de modernisation sociale qui a mis en place des choses très lourdes et très difficiles, nous en demandions l'abrogation
ALAIN DUHAMEL - Vous ne l'avez pas eue.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - On ne l'a pas eue. On nous demande de négocier. Et nous, nous disons, écoutez, nous allons bien entendu faire le nécessaire, c'est-à-dire des études, des groupes de travail, essayer de regarder tout ce qui s'est fait d'intelligent dans les entreprises
ALAIN DUHAMEL - Mais, vous n'avez pas encore de propositions précises ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - Nous avons l'impression que ça va être difficile de s'entendre entre les salariés et les employeurs sur ce sujet clé, ce n'est pas un bon sujet sur lequel relancer le dialogue social parce qu'il est particulièrement difficile. Mais cela dit, on va s'y prêter bien sûr. Et nous avons proposé bien d'autres sujets sur lesquels, je pense, on pourra faire des avancées plus importantes.
ALAIN DUHAMEL - La grande affaire du début de l'année prochaine, ça va être la réforme des retraites, qu'est-ce que vous aimeriez, vous, président du MEDEF, entendre le gouvernement dire en ce qui concerne les retraites des fonctionnaires et des salariés du secteur public ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - D'abord, égalité des Français devant la retraite. Pour les mêmes retenues ou les mêmes cotisations, les mêmes retraites aux mêmes âges, bien entendu avec les différences qu'il peut y avoir entre telle ou telle profession où le travail est plus ou moins difficile bien sûr. Mais, il n'y a pas de raison, si vous voulez, qu'il y ait des privilèges, donc c'est la fin des privilèges que nous demandons parce que je vois que les Français, notamment les 15 millions de Français salariés qui contribuent à la retraite des fonctionnaires le demandent. Deuxièmement, prendre en compte le fait que l'allongement de la durée de cotisation est inévitable, on peut discuter si vous voulez du montant, mais c'est quelque chose qui nous paraît fondamental et que les syndicats d'ailleurs ont, semble-t-il, reconnu.
ALAIN DUHAMEL - En un mot, de façon plus frivole, Jacques CHIRAC a 70 ans demain, qu'est-ce que vous lui souhaitez ? Un peu plus de croissance ? Un troisième mandat ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE - D'abord, bon anniversaire bien sûr de la part du président du MEDEF. Et puis, peut-être de renforcer sa conviction, si c'est possible, pour réformer fort et vite notre pays parce qu'il a créé les conditions pour cela, elles sont en place, il peut avancer. Alors, en avant, Monsieur le Président, en avant, l'entreprise France !
ALAIN DUHAMEL- Merci.
(source http://www.medef.fr, le 10 janvier 2003)