Texte intégral
Ouest France. Selon un sondage de Liaisons sociales, la CFDT perdrait du terrain aux élections prud'homales. Réaction ?
François Chérèque. Un sondage n'est qu'une photo à un moment donnée. Mais c'est aussi une alerte qui doit nous pousser à accentuer notre mobilisation, à renforcer notre action de proximité avec les salariés, pour leur démontrer ce que la CFDT leur apporte tous les jours, dans les entreprises : de l'écoute, des droits et des résultats grâce à la négociation.
La CFDT semble désarmée face aux multiples plans de suppressions d'emplois qui voient le jour ?
La CFDT se bat dans les entreprises dans un contexte difficile où les politiques ont un discours économique assez défaitiste. Ils feignent de découvrir que le chômage augmente après l'avoir zappé pendant les élections, alors que ça dure depuis 17 mois. Voilà pourquoi j'en appelle au patronat et aux autres syndicats pour négocier enfin sur tous les sujets qui concernent l'emploi : formation, licenciements, reconversions. Réagissons bon sang. On ne peut pas rester les bras croisés face au chômage, et d'abord celui qui vient des petites entreprises où ont lieu 85 % des licenciements. Alors, je dis à Ernest Antoine Seillière, Bernard Thibault, Marc Blondel, et les autres : arrêtons les faux fuyants, mettons les mains dans le cambouis, et négocions des solutions pour atteindre l'objectif " zéro chômeur " en cas de restructuration. Il serait tout de même paradoxal et inconséquent de tout attendre de la loi et du gouvernement.
Que proposez-vous précisément en faveur des PME ?
Deux propositions sont prioritairement à prendre en compte 1, Amener les grandes entreprises à assumer leur responsabilité par rapport à leurs sous-traitants. 2, Mutualiser les moyens des entreprises au niveau des bassins d'emplois pour qu'elles puissent financer des aides au réemploi de leurs salariés quand il y a un pépin.
Le Medef ne semble pas chaud pour négocier sur l'emploi ?
On le jugera sur pièces le 18 novembre quand il nous soumettra son programme de sujets à négocier. Ce serait une curieuse contradiction de sa part que de prôner sans cesse le dialogue social, l'autonomie des partenaires sociaux et ne pas se saisir du sujet de préoccupation numéro un des Français.
Le gouvernement a mis en place un "M. Licenciements", M. Viet. Qu'en attendez-vous ?
Après avoir fait toute sa carrière dans une entreprise publique, M Viet va devoir affirmer ses compétences dans la reconversion des salariés du privé. Nous ne connaissons pas sa feuille de route mais nous attendons de lui qu'il redonne du tonus aux services publics de l'emploi pour aider les entreprises dans leurs plans d'anticipation et de reconversion.
La préoccupation emploi semble éclipser celle des salaires à la CFDT ?
Lors de notre rassemblement récent à Bercy nous avons clairement situé nos trois priorités du moment : emploi, salaires, retraites. Mené par la CFDT, le conflit des routiers montre bien que nous sommes présents dans l'action sur tous les terrains. Et là, dans un secteur où les salaires sont bas, les risques professionnels élevés, la durée du travail encore élevée, nous disons clairement aux patrons du transport : vous n'avez pas respecté l'engagement à négocier le 13ème mois prévu dans le contrat de progrès signé en 1994. Alors si vous n'ouvrez pas les négociations il y aura sans aucun doute un conflit dur.
Vous semblez moins déterminé dans les conflits du secteur public ?
La CFDT appelle à la manifestation des cheminots le 26 novembre. Mais il est hors de question pour elle de chercher à créer un mouvement globalisé dans le secteur public. Tout doit se discuter entreprise par entreprise, parce que les problèmes posés et les revendications ne sont pas uniformes. Ces conflits ne doivent pas prendre le pas sur la priorité numéro 1 : c'est l'emploi dans le privé.
Sur le dossier France Télécom quelles sont vos exigences ?
Je tiens à souligner la responsabilité majeure des États en Europe sur le téléphone de troisième génération : ils ont fait payer un prix exorbitant pour ces licences, en entraînant les opérateurs (France Télécom) comme les équipementiers (Alcatel) dans la débâcle. Thierry Breton, le Pdg, doit d'abord trouver, avec l'aide l'État, son actionnaire majoritaire, des solutions pour assurer la pérennité des emplois. Nous les défendrons dur comme fer.
En six mois la méthode Fillon a eu le temps de faire ses preuves. Bilan ?
Des discussions plutôt ouvertes, ça ne suffit pas, il faut être entendu. On souhaiterait sur les nouveaux sujets en débat un peu plus d'écoute que sur les 35 heures. Car nous avons quelques motifs d'inquiétude, notamment sur les retraites. Que ce soit le prélèvement que le gouvernement vient de faire sur le régime de retraite du privé au profit des régimes spéciaux, sans aucune discussion. Ou la modification des règles de cessation d'activité chez les fonctionnaires. (coupure) Le gouvernement prend des décisions au coup par coup, subrepticement. S'il a décidé de faire une réforme tout seul, il court à l'échec ! Si, au contraire, il veut avancer le calendrier de la négociation, nous sommes prêts.
Vous êtes également très inquiet sur la Sécurité sociale, avec le débat petit risque - grand risque lancée par Jacques Barrot ?
Jacques Barrot connaît trop bien le système de santé français pour s'être pris les pieds dans le tapis. Il faut donc le prendre très au sérieux car il est en train de nous dire que l'assurance maladie c'est comme l'assurance automobile. Ceux qui ont les moyens pourraient se payer du tout risque. Ceux qui ne les ont pas seraient assurés au minimum. C'est la voie toute tracée pour une assurance maladie à deux vitesses. C'est hors de question pour la CFDT.
(source http://www.cfdt.fr, le 8 novembre 2002)
François Chérèque. Un sondage n'est qu'une photo à un moment donnée. Mais c'est aussi une alerte qui doit nous pousser à accentuer notre mobilisation, à renforcer notre action de proximité avec les salariés, pour leur démontrer ce que la CFDT leur apporte tous les jours, dans les entreprises : de l'écoute, des droits et des résultats grâce à la négociation.
La CFDT semble désarmée face aux multiples plans de suppressions d'emplois qui voient le jour ?
La CFDT se bat dans les entreprises dans un contexte difficile où les politiques ont un discours économique assez défaitiste. Ils feignent de découvrir que le chômage augmente après l'avoir zappé pendant les élections, alors que ça dure depuis 17 mois. Voilà pourquoi j'en appelle au patronat et aux autres syndicats pour négocier enfin sur tous les sujets qui concernent l'emploi : formation, licenciements, reconversions. Réagissons bon sang. On ne peut pas rester les bras croisés face au chômage, et d'abord celui qui vient des petites entreprises où ont lieu 85 % des licenciements. Alors, je dis à Ernest Antoine Seillière, Bernard Thibault, Marc Blondel, et les autres : arrêtons les faux fuyants, mettons les mains dans le cambouis, et négocions des solutions pour atteindre l'objectif " zéro chômeur " en cas de restructuration. Il serait tout de même paradoxal et inconséquent de tout attendre de la loi et du gouvernement.
Que proposez-vous précisément en faveur des PME ?
Deux propositions sont prioritairement à prendre en compte 1, Amener les grandes entreprises à assumer leur responsabilité par rapport à leurs sous-traitants. 2, Mutualiser les moyens des entreprises au niveau des bassins d'emplois pour qu'elles puissent financer des aides au réemploi de leurs salariés quand il y a un pépin.
Le Medef ne semble pas chaud pour négocier sur l'emploi ?
On le jugera sur pièces le 18 novembre quand il nous soumettra son programme de sujets à négocier. Ce serait une curieuse contradiction de sa part que de prôner sans cesse le dialogue social, l'autonomie des partenaires sociaux et ne pas se saisir du sujet de préoccupation numéro un des Français.
Le gouvernement a mis en place un "M. Licenciements", M. Viet. Qu'en attendez-vous ?
Après avoir fait toute sa carrière dans une entreprise publique, M Viet va devoir affirmer ses compétences dans la reconversion des salariés du privé. Nous ne connaissons pas sa feuille de route mais nous attendons de lui qu'il redonne du tonus aux services publics de l'emploi pour aider les entreprises dans leurs plans d'anticipation et de reconversion.
La préoccupation emploi semble éclipser celle des salaires à la CFDT ?
Lors de notre rassemblement récent à Bercy nous avons clairement situé nos trois priorités du moment : emploi, salaires, retraites. Mené par la CFDT, le conflit des routiers montre bien que nous sommes présents dans l'action sur tous les terrains. Et là, dans un secteur où les salaires sont bas, les risques professionnels élevés, la durée du travail encore élevée, nous disons clairement aux patrons du transport : vous n'avez pas respecté l'engagement à négocier le 13ème mois prévu dans le contrat de progrès signé en 1994. Alors si vous n'ouvrez pas les négociations il y aura sans aucun doute un conflit dur.
Vous semblez moins déterminé dans les conflits du secteur public ?
La CFDT appelle à la manifestation des cheminots le 26 novembre. Mais il est hors de question pour elle de chercher à créer un mouvement globalisé dans le secteur public. Tout doit se discuter entreprise par entreprise, parce que les problèmes posés et les revendications ne sont pas uniformes. Ces conflits ne doivent pas prendre le pas sur la priorité numéro 1 : c'est l'emploi dans le privé.
Sur le dossier France Télécom quelles sont vos exigences ?
Je tiens à souligner la responsabilité majeure des États en Europe sur le téléphone de troisième génération : ils ont fait payer un prix exorbitant pour ces licences, en entraînant les opérateurs (France Télécom) comme les équipementiers (Alcatel) dans la débâcle. Thierry Breton, le Pdg, doit d'abord trouver, avec l'aide l'État, son actionnaire majoritaire, des solutions pour assurer la pérennité des emplois. Nous les défendrons dur comme fer.
En six mois la méthode Fillon a eu le temps de faire ses preuves. Bilan ?
Des discussions plutôt ouvertes, ça ne suffit pas, il faut être entendu. On souhaiterait sur les nouveaux sujets en débat un peu plus d'écoute que sur les 35 heures. Car nous avons quelques motifs d'inquiétude, notamment sur les retraites. Que ce soit le prélèvement que le gouvernement vient de faire sur le régime de retraite du privé au profit des régimes spéciaux, sans aucune discussion. Ou la modification des règles de cessation d'activité chez les fonctionnaires. (coupure) Le gouvernement prend des décisions au coup par coup, subrepticement. S'il a décidé de faire une réforme tout seul, il court à l'échec ! Si, au contraire, il veut avancer le calendrier de la négociation, nous sommes prêts.
Vous êtes également très inquiet sur la Sécurité sociale, avec le débat petit risque - grand risque lancée par Jacques Barrot ?
Jacques Barrot connaît trop bien le système de santé français pour s'être pris les pieds dans le tapis. Il faut donc le prendre très au sérieux car il est en train de nous dire que l'assurance maladie c'est comme l'assurance automobile. Ceux qui ont les moyens pourraient se payer du tout risque. Ceux qui ne les ont pas seraient assurés au minimum. C'est la voie toute tracée pour une assurance maladie à deux vitesses. C'est hors de question pour la CFDT.
(source http://www.cfdt.fr, le 8 novembre 2002)